Pierre de Ronsard, Sur la mort de Marie commentaire
Texte . Ronsard Second livre des Amours Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose, En sa belle jeunesse, en sa première fleur, Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur, Quand l’Aube de ses pleurs au point du jour l’arrose ; La grâce dans sa feuille, et l’amour se repose, Embaumant les jardins et les arbres d’odeur : Mais battue ou de pl or 12 Languissante elle me d’ Sni* to View Ainsi en ta première Quand la Terre et le La Parquel t’a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs, Ce vase plein de lait2, ce panier plein de fleurs, Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses. Commentaire . Aux XVe et XVIe siècle, une des grandes préoccupations des poètes est de valoriser et glorifier la langue française, à la fois par la recherche de formes nouvelles, et par le recours à l’imitation des Anciens, dans laquelle on voit une possibilité d’intégrer des formes nobles délaissées par le Moyen Age et d’enrichir le vocabulaire, ainsi que la pensée.
Ainsi, on voit se développer de nouvelles formes littéraires, comme le sonnet en poésie, hérité pensée. [Intro auteur et œuvre] Les poèmes de Ronsard, par xemple, traitent de thèmes épicuriens, dignes du fameux carpe diem (« Profite du jour présent ») du poète latin Horace, en empruntant à la fois le langage fleuri et amoureux commun à Pétrarque ou aux poètes lyriques médiévaux et des formes modernes telles que le sonnet. Présentation texte à étudier] C’est ainsi que dans le sonnet « Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose… » extrait du Second livre des Amours, Ronsard, sous couvert de célébrer une femme aimée et trop tôt disparue, traite du thème épicurien de la rapidité de la vie, du cycle de vie et de mort. Nous allons donc voir comment Ronsard, en célébrant une femme aimée, rend compte du caractère éphémère de la vie.
Dans un premier temps, nous évoquerons l’image de la femme, comparée à une rose, en ce qu’elle est éphémère, ce qui nous conduira à étudier la réflexion sur la vie et la mort que mène le poète ; enfin, nous nous demanderons si le poète, par l’écriture, ne cherche pas à immortaliser son amour et cette femme aimée. Tout d’abord, nous voyons que le poète évoque une femme aimée, trop tôt disparue, qu’il compare à une rose, à la fois en ce u’elle est belle et éphémère. (Phrase introductive paragraphe Ill Le poème file une comparaison entre la femme et la rose. Analyse et interprétation des procédés] Cela est visible tout d’abord p 12 femme et la rose. [Analyse et interprétation des procédés] Cela est visible tout d’abord par la structure même du sonnet. En effet, un sonnet traditionnel doit observer une rupture sémantique entre les quatrains et les tercets. Ici, nous observons que les quatrains sont consacrés au comparant et les tercets au comparé, grâce à la structure binaire explicite « Comme… », vers 1, « Ainsi… ?, vers 9.
Ensuite, nous voyons que la rose a bien des points communs avec une jeune fille : sans être totalement personnifiée, elle est caractérisée par un vocabulaire plutôt réservé à un être humain : « jeunesse », au vers 2, « grâce » et « amour D, au vers 5, « languissante » et « elle meurt » au vers 8. Ces mêmes éléments caractérisent la femme aimée (« en ta première et jeune nouveauté vers 9, « beauté vers IO, « t’as tuée vers 1 2, par exemple), rapprochant ainsi encore le comparant et le comparé. (Phrase conclusive paragraphe Il] La femme est la rose.
Phrase introductive paragraphe 12] Ce qui, en premier lieu, est remarquable chez cette femme, comme chez la rose, c’est sa beauté. En effet, ce poème d’amour se présente évidemment comme un éloge à la femme aimée. [Analyse et interprétation des procédés] La comparaison à la rose, tout d’abord, est laudative, en ce qu’elle connote la beauté, mais aussi par sa mise en valeur : le terme « rose » est mis en attente à la fin du premier 19 beauté, mais aussi par sa mise en valeur : le terme « rose » est mis en attente à la fin du premier vers, répété à la rime dans « arrose repris à la rime du dernier vers.
Cela montre bien son importance, la considératlon que le poète a pour elle. On trouve pour ‘éloge de la femme, mêlé à l’évocation de la rose, un champ lexical mélioratif On remarque que la rose (la femme) est objet de l’admiration, d’abord de son entourage, à qui elles prodiguent leur aura bienfaisante • objet exclusif du regard au vers 1 Comme on voit… a rose ») : on note remploi de l’indéfini qui prouve l’attrait universel que « la » rose provoque, elle- même déterminée par un article défini, qui l’isole, la promeut, elle prodigue sa grâce et protège l’amour aux vers 5-6. On note ci une certaine sensualité, évoquée par la convocatlon des sens de la vue et de l’odorat, celui-ci mis d’autant plus en valeur par l’encadrement du vers 6 par les termes « embaumant » et « odeur ».
La femme comme la rose bénéficient aussi d’une aura qui s’étend à l’univers entier : le « ciel », vers 2, est personnifié, éprouvant des sentiments humains, jaloux » ; « l’Aube vers 3, dont la majuscule semble indiquer que l’on fait référence ? la déesse l’Aurore aux doigts de roses nous dit Homère), semble être au service de la rose ; enfin, au vers IO, « la Terre et le Ciel diptyque qui nous montre cette service de la rose ; enfin, au vers 10, « la Terre et le Ciel » diptyque qui nous montre cette aura universelle, sont eux aussi en position d’infériorité, surpassés par la beauté de la femme (« honoraient ta beauté [Phrase concluslve paragraphe 12] Ainsi, le poète célèbre la beauté de la femme, qui touche non seulement son entourage (vers 6), mais l’univers entier. Cette beauté est intimement liée à la jeunesse de la femme aimée.
Dès le premier vers, au sein de la comparaison avec la rose, est évoqué le « mois de mai qui connote à la fois la nouveauté, avec le renouveau du printemps, et l’amour. De même, à deux reprises, la jeunesse et la beauté sont intimement liées : au vers 2, elles sont associées par l’épithète « belle jeunesse » ; aux vers 9-10, elles le sont encore, à la rime (« nouveauté » / « beauté h). Le thème de la jeunesse, ailleurs exprimé par le champ lexical assez redondant est aussi lié à la vitalité : « première fleur au vers 2, rime avec « vive couleur Mais on remarque surtout que la jeunesse possède un caractère éphémère : deux fois, le poète répète l’adjectif ordinal « premier » (vers 2 et 9), toujours associé à cette jeunesse, la fixant comme un instantané.
La jeunesse semble donc être une caractéristique qui condense en elle le destin de la femme, belle et trop tôt disparue, et la pensée du poète, rivée sur ce constant du caractère ép PAGF s 9 la femme, belle et trop tôt disparue, et la pensée du poète, rivée sur ce constant du caractère éphémère de la vie. Dans ce sonnet, le poète semble donc vouloir faire l’éloge de l’être aimé, dont il exalte la beauté fragile et éphémère, à peine née et aussitôt ravie. En effet, on remarque qu’à ce thème de l’amour perdu se joint une réflexion sur la brièveté tragique de la vie. La composition du sonnet, le choix même de cette forme brève, semble propice à rendre compte de la brièveté de la vie et ? décrire ce passage rapide de la vie à la mort.
On note la même composition dans les deux quatrains et le premier tercet : les deux quatrains décrivent d’abord la vie de la rose et réservent les deux derniers vers à sa mort ; le premier tercet consacre deux vers à la vie de la femme et un vers à sa mort. Dans le tercet particulièrement, le passage de la vie à la mort est très rapide la vie est évoquée dans une proposition temporelle, à l’imparfait, ui a une valeur durative, avant d’être interrompue et presque reléguée au second plan, par la mort évoquée au passé composé dans la principale. Dans les quatrains, on garde le présent à la fois général et narratlf pour la vie et la mort, ce qui donne l’impression que la mort fait déjà son œuvre au sein même de la vie. Vie et mort sont intimement liées.
En effet, tout au long du poème, alors même qu’il décrit la vie, la mort pès PAGF 19 sont intimement liées. mort pèse déjà sur la rose ou la femme, révélant l’aspect tragique de la vie. [Analyse et interprétation des procédés] Là encore, la omposition du poème est révélatrice : il alterne deux vers sur la vie et deux vers sur la mort. Les vers 1 et 2 évoquent l’apparition de la rose, de la vie, tandis que les vers 3 et 4 montrent déjà une menace sur cette vie : le « ciel » est « jaloux », et à la césure du vers suivant, comme « jaloux » l’était au vers 3, on trouve les « pleurs » de l’Aube. C’est-à-dire qu’au moment même ou la rose est à son apogée, on a déjà des signes de mort.
Dans les vers 7 et 8, l’évocation de la mort est explicite, s’opposant aux vers 5 et 6 ; là encore, la rose est en proie aux éléments de l’unlvers, l’eau et la luie, cernée entre ces deux forces opposées, avec une violence certaine (« battue » « excessive [Phrase conclusive paragraphe 112] Ainsi, dès sa naissance, au sein même de sa jeunesse, la rose la femme – étaient menacées par la mort. Ronsard va même encore plus loin : la vie n’est pas seulement menacée, jalousée, elle est condamnée. Vivant, on est déj? mort. [Analyse et interprétation des procédés] Même dans les vers chantant la vie, on a déjà des signes de mort. Au vers 5, est employé le verbe « repose répété à la rime au vers 11, cette fois-ci, 7 2 mort.
Au vers 5, est employé le verbe « repose D, répété à la rime au vers 11, cette fois-ci, bien dans le sens de mort ; de même, on peut penser à une syllepse au vers 6, pour « embaumant Enfin, de manière explicite, la fgure mythique du destin, la parque, au vers 1 1, montre qu’à tout moment, la mort peut frapper, que notre vie est sans cesse aux mains de ce destin qui choisit quand il veut d’en couper le fil : l’acte de mort est un acte d’agression t’a tuée »), décidé. Ainsi Ronsard met bien en œuvre dans ce poème la pensée épicurienne de la mort déjà présente dans la Au-delà de regretter l’être aimé trop tôt disparu, Ronsard montre que la vie en général est brève et menacée par la mort, que ce soit « feuille à feuille » ou brutalement. Cependant, le poème ne se termine pas sur ce seul constat assez noir, mais propose une issue, par le chant poétique. En effet, ce poème est avant tout un poème d’amour. Alors même qu’il dit la mort de la femme, il est un moyen d’encore s’adresser à elle, et de lui dire, de vivre encore, son amour.
Registre dominant, le lyrisme apparaît d’abord à travers les images : la comparaison avec la rose, avec les connotations que ous avons décrites plus haut, réfère à la tradition bucolique, attachée au lyrisme. Aux images et aux connotations, s’ajoutent les sonorités et le rythme, qui font du poème un chant, qui rend compte, au 9 connotations, s’ajoutent les sonorités et le rythme, qui font du poème un chant, qui rend compte, au-delà des mots, par les sensations, de l’amour exprimé : des allitérations en [m] du vers 1, la répétition des sonorités en [ar] dans le rythme binaire au vers 6, les rythmes binaires des vers 2, 5, 9 et IO, rendent compte de la douceur et de l’harmonie de cet amour.
Enfin, le lyrisme permet un nouvel échange, à la fois intérieur et proclamé, entre le « je » et le « tu », ainsi que nous le voyons dans les deux tercets. moyen de célébrer l’amour. Par là même, il tend à immortaliser l’amour et l’être aimé. La comparaison avec la rose, avec les connotations que nous avons décrites plus haut, permet aussi d’immortaliser cet amour. En effet, on voit que le poème ne débute pas par un « je », mais par un « on à valeur généralisante, étendant la vision du poète ? une vision plus générale : ainsi, au-delà d’une figure imaginaire, la ose devient le symbole de la nature qui, aux yeux du poète, rend hommage à la femme aimée. L’amour et la femme sont inscrits dans la nature.
Le poète procède aussi à une déification de la femme, par le recours à des images fortes, dans lesquelles elle est en contact direct avec les éléments, eux-mêmes déifiés : « le ciel « l’Aube « la Terre et le Clel Enfin, on voit que les eux-mêmes déifiés : « le ciel » « l’Aube « la Terre et le Ciel Enfin, on voit que les « obsèques », dans le dernier quatrains, se transforment, d’hommage terrestre et traditionnel reçois mes armes et mes pleurs »), en cérémonie sacrificatoire : le « vase plein de lait » fait référence à une offrande antique. Mais en fait, cette offrande est le poème. En effet, l’emploi du démonstratif, vers 13, troqué contre le possessif du vers 12, « Ce vase de lait, ce panier plein de fleurs est un déictique, il réfère à la situation d’énonciation du poète. Or, ce qu’il offre ici à la femme, c’est son poème.
On note à la rime la métamorphose des « pleurs » (image du lyrisme) en « fleurs Le dernier vers, enfin, associe la vie à la mort, les assimile, par l’emploi de la conjonction « et les ond en cette image reprise de tout le poème : « roses [Phrase conclusive paragraphe 1112] La femme va trouver une nouvelle existence, une immortalité, dans la célébration du poète. Mais enfin, par cette reprise en fin de poème du mot rose, nous allons voir que c’est peut-être justement autant la femme que la poésie qui est célébrée. [Analyse et interprétation des procédés] La femme est comparée dans toute la première partie du poème à la rose, nous l’avons vu. Mais à la fin, ce n’est plus aussi sûr, et ce terme de « rose » prend peut-être trop d’importance dans le poeme pour que