philosophie

essay B

Aspects de l’art musical des tchaman de côte d’ivoire AKA Konin Publications digitales @ Musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren (Belgique) 2010 or 124 www. africamuseum. be Toute reproduction d éducative, que ce soi ar photocopie ou tout a e écrite préalable du S Leuvensesteenweg 1 isbn : 978-9-0747-5278-7 Dépôt légal : D/201 0/0254/16 autre que privée ou sans l’autorisation u mrac, Photo de couverture : Un chef guerrier taprognan exécutant des pas de danse guerrière au cours de la fête de génération afatchué (Agban-village, sous-préfecture d’Abidjan). Photo : Aka Konin, 2004. ) Aspects de l’art musical des tchaman de côte d’ivoire 2010 serait présomptueux de notre part d’affirmer qu’il est parfait. Mais nous osons néanmoins espérer qu’il constituera une modeste contribution à Vétude des traditions musicales de la Côte d’Ivolre. Afin de fournir le maximum d’informations au lecteur, les instruments de musique disparus ou tombés en désuétude mais dont l’existence nous a été révélée sur le terrain ou par la littérature seront également mentionnés.

Il convient de noter qu’en ce qui concerne les aspects musicologiques, une restriction doit toutefois être faite. Les faits musicaux tels que l’échelle, la mélodie, le rythme, la polyphonie, le style, etc. , c’est-à-dire la musique reproduite à l’aide de notes, sont exclus de cet ouvrage. Les instruments de musique (étudiés dans la première partie) seront présentés dans l’ordre de la célèbre classification de Sachs-Hornbostel, reprise par H.

Zemp2 : idiophones, membranophones, cordophones, aérophones. Cette division des types instrumentaux en quatre catégories est une classification quasi universellement adoptée par les organologues et les muséologues ; elle se fonde conjointement sur les propriétés onores de la matière et de l’air et sur quelques procédés de mise en vibration. Ce travail serait tout à fait incomplet, si nous n’exprimions ici toute notre gratitude au Dr.

Jos Gansemans, anciennement chef du département d’Anthropologie culturelle et de la section d’EthnomusicoIogie au Musée royal de l’Afrique centrale, qui nous a encadré lors de nos différents stages effectués au sein de cette institution. Nous exprimons également notre gratitude au Dr. Ignace de Keyser, l’actuel chef de la section d’ethnom exprimons également notre gratitude au Dr. Ignace de Keyser, ‘actuel chef de la section d’Ethnomusicologie du MRAC pour l’intérêt qu’il porte à nos travaux de recherche.

Grâce à lui, nous avons pu effectuer une cinquième visite au musée et bénéficier du soutien financier et matériel de cet institut pour la collecte des données, base du présent travail. Nous exprimons aussi notre reconnaissance aux chefs et notables des différents villages tchaman visités, notamment les chefs d’Abadjin-Doumé, Abadjin-Kouté, Abadjin-Brimbresso, Songon-Té, Songon-Dagbé, Adiapoto 1 .

Il s’agit de messieurs Agba Antoine, Akré Djro Abel (chef de village t chef adjoint d’Abadjin-Doumé), Gbeutié N’guessan Laurent (doyen de la génération dougbo-djéou d’Abadjin-3rimbresso), Koutouan Yorokoua Bertin, Gobé Kiédan, Djomo Félix (chef de village, chef notable et deuxième doyen d’Abadjin-Kouté), Nandjui Nathanaël, Osée Danho (chef notable et notable de Songon- é), Mobio Nigbo Hyacinthe, Angbeni Yapo Appolinaire (chef de village et représentant du doyen de Songon-Dagbé), Gbaka Sylvestre Roger (chef de village d’Adiapoto 1) pour l’agréable accueil qu’ils nous ont réservé ainsi que pour les précieuses informations fournies sur leurs raditions musicales.

Nous remercions également messieurs Akéo Yves du village d’Anonkaua-Kouté, Aliman Fabrice d’Agban-vilIage, Djama Djama Samuel (chef guerrier de la génération tchagba-assoukrou), Toba Philippe Djama (membre de la génération dougbô-assoukrou) de Locodjro, pour les données qu’ils nous ont communiquées dans le cadre de ce travail. Pour terminer nous exprimons notre infinie reconnaissance à Jacq cadre de ce travail. Pour terminer nous exprimons notre infinie reconnaissance ? Jacqueline Renard, ex-illustratrice scientifique au MRAC, qui, bien qu’elle soit à la retraite, a bien oulu réaliser les cartes et croquis. La présente publication est subdivisée en deux parties • Les instruments de musique Partie Il : Le fatchué ou afatchué, fête de génération 1 Ces publications peuvent être consultées uniquement en ligne sur le site vwuw. africamuseum. be. 2 ZEMP Musique dan.

La musique dans la pensée et la vie sociale d’une société africaine, Paris, Cahiers de 1’Homme, 1971, p. 13. 6 sommaire Avant-propos Sommaire Introduction 8 Partie : Les instruments de musique Chapitre i – les idlophones 12 membranophones 1 . Tambours à une peau chevillée Attèkprè Tégbré/tégblé/tingblé/tingbré/atégbré/atingblé/atingbré Bogogbrô/bôgôbrô/brôgôbrô/bôgôgbrô/gbogoblo/brôgôbrôgô Gougoussou ou gougounsou Kpinkpa/kpemkpa/kpékpa et kinkékéni/kinéguénou/kénékéni/ pinnégbéli N’kprobi Djidji bi 2. Tambour d’aisselle en forme de sablier Donga 3. Tambours sur cadre Banwn, dandoum, sadrôm, bangnonman, kindèma 23 24 25 27 28 Chapitre iii — la musique et la pratique musicale 1.

La musique vocale Le répertoire musical La musique instrumentale 2. 3. Les musiciens 4. Les instruments de musique . Musique et rituels 6. Musique et initiation . Les types de danses exécutées au cours du fatchué ou La danse guerrière ou taprognan bi La danse féminine ou alégnin 8. Les chorégraphies Conclusion 42 43 44 47 48 du grand mouvement d’immigration du groupe akan en Côte d’Ivoire entre le we et le xviiie siècles. Les guerres Incessantes entre les populations trop nombreuses furent à l’origine de ces migratlons5. Les membres de ce groupe ethnique seraient une fraction des premiers Abrons émigrés en Côte d’Ivoire au début du xviie siècle. ? l’instar des Abron (qui ne parlent que koulango), ils auraient, au cours des nombreux éplacements, abandonné leur langue d’origine pour celle qu’ils utilisent de nos jours dans la communication quotidienne6. Mais les habitants de Cacody se disent autochtones, tandis que ceux du village d’Anna seraient venus d’une migration de l’Ashanti en passant par Bonoua. Quant à ceux d’Akwadjamé ils gardent le souvenir d’un premier village qu’ils situent à Bago, près de Dabou. Enfin, ceux de Blockhaus (boloko, « le vieux seraient l? depuis près d’un siècle. Les Tchaman occupent neuf tribus goto : Kwè, Bidjan (Kobriman), Yopougon, Nonkoua, Songon, Bobo, Diapo, Bia et Niangon. L’organisation politique traditionnelle des Tchaman repose sur le système des classes d’âge apasa.

Tout Tchaman se situe dans la société par la classe d’âge dont il relève tout autant que par son village ou par son clan. L’ensemble de la population, hommes et femmes, comprend quatre classes d’âge, qui se succèdent dans un ordre immuable : dougbô, tchagba, blésswé, niando. Les quatre classes se partagent le village, deux occupent le haut, deux le bas7. Celles-ci sont toujours présentes toutes ensemble. une nouvelle classe est formée environ tous les 16 ans. Ce ui donne un cycle de 16×4=64 ns8. Les fils des blésswé formée environ tous les 16 ans. Ce qui donne un cycle de 16×4= 64 sont toujours dougbô, et les fils niando sont toujours tchagba.

Il y a en pays tchaman quatre échelons : « enfants » (de 16 à 32 ans), « guerriers » (de 32 à 48 ans), hommes mûrs » (de 48 à 64 ans), « vieillards » (de 64 à 80 ans)9. L’âge moyen est de 16 ans pour entrer dans le 3 Selon G. Niangoran-gouah, Tchaman (Djaman) serait un terme d’origine twi (ashanti), signifiant « ceux qui ont fait bande à part ; ceux qui ont qu’tté le pays » (slngulier, Tchabio) ; pour les femmes, n dit Tchabia (pluriel, Tchabya). Ce serait le même nom que ces derniers emploient pour désigner les Abron de la région de Bondoukou. Cf. NIANGORAN-BOUAH « Les Ébrié et leur organisation politique traditionnelle », in Annales de l’Université d’Abidjan, série F, tome l, fascicule l, Ethnosociologie, 1969, p. 51. 4 Les Tchaman doivent le nom péjoratif d’Ébrié/Abrié aux Abouré.

Ces derniers estimaient que les Tchaman étaient des gens ayant un sale caractère (Abrié ou plus précisement bibrié est un mot abouré qui signifie « noir » et désigne une variété de silures oirs des marécages), un peuple belliqueux. Les Abouré les appellent Ébrié, les Attié, Bi, les Brignan (Avikam), èsinlin, les M’batto, Gbon, les Alladian, Tchrimbo, les Adjoukrou, Ébou (singulier, Boubou). Cf. NIANGORANBOUAH op. cit. , p. 51 5 COULIBALY (N J, « Bingervllle à l’époque des Gouverneurs (1900-1934) in Annales de l’Université d’Abidjan, série l, tome Histoire, 1982, pp. 183-195. 6 NIANGORAN-BOUAH op. Cit. , p. 52. 7 PAULME « Mission en pp. 183-195. 6 NIANGORAN-BOUAH op. cit. , p. 52. 7 PAIJLME (D. , « Mission en pays atié (Côte d’Ivoire) » L’Homme, année 1965, vol. , no 1, p. 106. 8 PAIJLME Classes et associations d’âge en Afrique de l’Ouest, pans, Librairie Plon, 1971, p. 221 . g Ibid. , p. 222. Aspects de l’art musical des tchaman de Côte d’Ivoire système des classes d’âge. Mais, dans certaines régions, il est de 20 ans10. Les générations abèpasa sont divisées en quatre sous-classes ou catégories appelées abè. Les fils d’un même père seront toujours de la même classe d’âge mais de sous-classe différente. Ainsi, nous avons dans l’ordre : djéou (fils ainés), dogba (fils puînés), agban (fils cadets), assoukrou (fils benjamins).

Au niveau des sous-classes, nous retrouvons également le principe des alliances : ainsi djéou et dogba demeurent des classes rivales (tout comme agban et assoukrou) ; les alliances existent entre aînés et cadets, entre puinés et benjamins. La vie culturelle, religieuse et politique repose sur l’organisation des générations d’habitants. Ainsi, le guide ou père de la sous-classe ou abè oté est le premier né djéou. En principe, c’est le plus âgé d’entre eux sans distinction de clan. Il transmet les instructions reçues concernant l’exécution des travaux d’intérêt public. Il est leur porte-parole. Il peut aller jusqu’à être le chef du vill oté (akoubè « village G. Niangoran-Bouah11, ce principe des classes d’âge met en évidence le caractère militaire du système politique tchaman.

Le chef du village akoubè oté gouverne avec quatre ou cinq anciens n’kpomaman (singulier, n’kpomanwo) de sa génération, ? raison de trois pris avec lui dans la première sous-classe (celle des fils aînés djéou) et deux dans la seconde (celle des puînés dogba). Le chef du village, dans l’ordre traditionnel, n’est ni le chef guerrier ni son doyen, pas plus que Vhomme e plus âgé d’un clan déterminé. Il est le chef reconnu de l’échelon d’âge qui réunit les « hommes mûrs » de 45 à 60 ans avec l’approbation de nanan ou akoubè nanan (patriarche). Autrefois, ce dernier était le plus vieil homme du village. Il était nommé par le conseil des anciens et était également la dernière instance juridique du village. Son rôle était très important dans les domaines religieux et politique. Il possédait des pouvoirs plus étendus. On l’appelait même bringbi (roi).

La notion tchaman de « village sous le gouvernement d’une classe d’âge » (tchagbakoubè : illage sous les tchagba) exprime cette indivisibilité du groupe et l’identification du groupe avec le pouvoir qu’il assume pour un temps déterminé 12. L’ako est quant à lui un dignitaire important dans l’institution des classes d’âge tchaman. II est le conseiller, le « bailleur de fonds » de la classe d’âge. Il est choisi parmi les aînés. Il joue le rôle de tuteur ou parrain ; il est élu en secret par la nouvelle génération à la veille de sa formation. Il plaide la cause de ses filleuls devant les ainés qui sont ses pairs. Cest lui qui fixera également la date du fa PAGF ID OF lu