nympheas
rue de Bercy 75577 Paris CEDEX 12. Courriel : photo@rmn. fr ; site web Référence de l’image : 92-000121 / INV20105 Contexte historique Un climat de confiance Après le départ du maréchal-président Mac-Mahon en 1879 (marquant la fin de la République des Ducs), la Ille République, née le 4 septembre 1870 sur les décombres de Sedan et dotée depuis 1875 de lois constitutionnelles, entame une phase de consolidation et d’expansion. Elle adhère à rhumanisme hérité des Lumières, et elle prône la liberté et la laitité.
Attachée aux symbol des pouvoirs publics omme hymne natio le soin de diffuser se qui Sv. igeto nev:ÇËge ité (en 1879, le siège eillaise est choisie des grands édifices e français a, lui aussi, sa Vie des saints, sa legende dor e. Etudiez notre histoire, nourrissez-vous d’elle, et vous verrez comme le penseur et l’artiste peuvent y puiser des inspirations fécondes et puissantes. C’est ainsi, messieurs, que nous arriverons, comme ont fait les sociétés grecques, à faire de l’art la véritable glorification de la patrie, ce qui est pour l’art et pour la patrie le dernier degré de la randeur. ? (dlscours de Jules Ferry aux artistes en 1879, Clté par P. Vaisse, La Troisième République et les peintres, 1995, p. 276). Le mouvement, amplement relayé par les collectivités locales, donne naissance à une véritable « statuomanie » (monuments à la République et à ses figures tutélaires), et, dans Swlpe to vlew next page les édifices publics (mairies, universités, etc. ), à une floraison de décors peints subventionnés par l’Etat. Léonce Bénédite affirme • « nous attachons une idée de mission morale à la décoration des urailles publiques.
Nous leur donnons un rôle de consécration, de commémoration ou de haut enseignement » (cité par P. Vaisse, p. 269). Analyse de l’image Une œuvre d’art totale Les immenses toiles marouflées qui, depuis 1927, ornent ? Paris l’Orangerie des Tuileries sont aujourd’hui universellement connues. Dans deux salles ovales, sur 91 mètres linealres et sur une hauteur de 2,50 mètres, un paysage d’eau s’étire et se déploie, peuplé de nymphéas, de branches de saules, de nuages et de troncs d’arbres reflétés, « illusion d’un tout sans fin, d’une nde sans horizon et sans rivage » selon les termes mêmes de Monet.
Manifestation tardive et déroutante d’un impressionnisme auquel la monumentalité et l’absence de toute figure humaine confèrent un caractère abstrait, cette décoration est le bilan d’une vie. Réalisée entre 1914 et 1926, elle fut d’abord pensée sans destination précise, puisant dans l’univers familier de l’artiste le jardin d’eau entouré d’arbres et orné de plantes aquatiques, conçu à partir de 1 893 dans sa propriété de Giverny, et devant lequel, pendant plus de trente ans, le peintre posa son chevalet our en sonder les rythmes changeants.
Composés de huit séries de panneaux, le cycle des Nymphéas de l’orangerie évoque, sans solution de continuité, la marche des heures, depuis le lever du soleil avec le Matin, disposé à l’est, jusqu’au soir avec Soleil couchant, PAG » OF d heures, depuis le lever du soleil avec le Matin, disposé à l’est, jusqu’au soir avec Soleil couchant, à l’ouest. terprétation Le don des Nymphéas : génie et multitude C’est de sa seule initiative que Monet, au lendemain de Parmistice, chargea son ami Clemenceau, président du Conseil et « Père la Victoire d’offrir à l’État, par son intermédiaire, deux simples panneaux de la série des Nymphéas. Clemenceau, en retour, sut habilement convaincre le peintre d’étendre son geste ? l’ensemble décoratif auquel il songeait depuis 1897 sans en connaître la destination.
L’administration, qui laissait certes une grande latitude aux artistes chargés de décors publics et qui, avec le temps, « tendait à se transformer en gestionnaire de fonds qu’elle mettait sous son contrôle à la disposition des usagers » (P. Vaisse, p. 185), eût-elle néanmoins accepté ce don si Clemenceau ‘y avait apporté son soutien ? Auréolé de la victoire de la France, le Tigre détait acquis en effet une solide réputation de défenseur de l’art moderne et son autorité était indiscutable. ? la différence de la catéchèse militante des décors contemporains, comme par exemple le décor réalisé par Glaize dans la salle des mariages de la mairie du 20e arrondissement de Paris Assise entre la Vérité et le Temps, ayant la Justice auprès d’elle, la Postérité décerne l’immortalité à tous les citoyens qui ont concouru au triomphe de a République ») ou les innombrables Triomphes d’une République prospère et confiante, la série des Nymphéas n’illustre aucun épisode particulier ni n’explicite la fonction du bâtiment. érie des Nymphéas n’illustre aucun épisode particulier ni n’explicite la fonction du bâtiment. L’œuvre, atemporelle et intelligible par tous, s’adresse à un public « indifférencié et illimité » et, en offrant, après la barbarie de la guerre, « le spectacle réparateur de l’ordre cosmique et la consolation de la beauté » (P. Georgel, Le cycle des Nymphéas, 1999, p. 7-18), elle transcende les idéologies.
Clemenceau en a bien exprimé la singularité, parlant d’« une envahissante émotion de beauté » : « Lorsque les Nymphéas du Jardin d’eau nous emportent de la plaine liquide aux nuages voyageurs de l’esprit infini, nous quittons la terre, et son ciel même, pour jouir pleinement de l’harmonie suprême des choses, bien au delà de notre petit monde planétaire, dans le plein vol de nos émotivités » (Clemenceau, Claude Monet : les Nymphéas, 1928).
La décision prise de l’affecter à l’orangerie, Monet conçut, avec l’aide de ‘architecte Lefèvre, la disposition en ellipse des deux salles destinées à recevoir les toiles, disposition qui soustrait l’œuvre ? la traditionnelle subordination au cadre architectural.
Avec ce don (conditionné néanmoins par Monet à l’acquisition par l’État de ses Femmes au jardin de 1866), le peintre offrait à la Nation le « gage du pouvoir civilisateur de l’art » (P. Georgel, p. 17), tandis que l’État reconnaissait l’importance historique de l’impressionnisme. See more at: http://www. histoire-image. org/site/oeuvre/analyse =11 #sthash. 3bB5zHZk. dpuf