Montesquieu

essay A

L’œuvre de Montesquieu Montesquieu est un philosophe du droit et de la légalité du pouvoir. C’est principalement aux « Lettres persanes » et à « l’Esprit des Lois » qu’il doit sa gloire . Au XVIIème siècle, on a vu ressurgir l’idée stoicienne selon laquelle la raison gouverne non seulement la nature, mais la société. Avec la naissance de la politique moderne cette idée a débouché sur une étude rationnelle de la genèse de l’État. Vipe View next page Au XVIIIème siècle, M entreprenant de con choses, gouvernent I relation de la vie poli avec la nature tout c 2 tte étude, en nt de la nature des ulté la mise en ine, mais aussi L’étude rationnelle de la politique s’est aussi accompagnée d’une politique de la raison, cherchant à lutter contre le despotisme. Cette politique a abouti au principe de la non-confusion des pouvoirs réformant le pouvoir de l’intérieur en l’auto-limitant.

Ses adversaires lui ont toujours reproché son caractère abstrait et formel. Pourtant, son aventure intellectuelle est inséparable de sa vie, qui est comme une quête philosophique et pragmatique sur « l’Esprit des Lois » En parcourir les étapes de sa vie on capte les deux grandes idées qui s’y expriment en laissant une marque exceptionnelle dans ‘histoire de la pensée politique : le respect de la « nature des choses » et le souci de la liberté des citoyens. es Lois » ouvrage auquel Montesquieu se consacre pendant 20 ans Montesquieu est un humaniste prudent sensible aux leçons du sto-ltisme. Il parvient au constat suivant : « tous les êtres ont leurs lois » : de la divinité aux anges, aux hommes, aux bêtes et à la matière, ne règnent ni la fatalité ni le hasard, mais ces « rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses » et qui s’appellent des lois. L ‘Esprit des Lois et les Lettres persanes 1. Les « Lettres persanes » est un roman épistolaire publié par Montesquieu en 1721.

Cest l’histoire de deux Persans, Usbek et Rica qui visitent Paris pour découvrir un monde pas tout à fait comme le leur et l’expliquer à leurs proches restés en Perse. Ce stratagème inventé par Montesquieu explique comment se fait manipuler le peuple par le Roi. Montesquieu dénonce l’abus de pouvoir qu’a le Roi envers ses sujets et le Pape envers ses croyants. Montesquieu a voulu faire comprendre au Peuple qu’il était manipulé. Malheureusement, l’anonymat de la publication va s’avère de courte durée et Montesquieu se voit ajourner son ?lection à l’Académie Française.

Il fait donc une critique assez irrévérencieuse des mœurs sociales et politiques de Paris, mais il va élargir son champ d’investigation afin d’établir les bases d’une anthropologie et d’une philosophie de l’histoire, toile de fond des « Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence » (1734) 2. Comme son nom Pindique, « l’Esprit des Lois » parle de l’origine des lois passées et celles qui lui sont contemporaines. Montesquieu les analyse et distin 20F 12 Montesquieu les analyse et distingue des causes culturelles (traditions, religions… t naturelles (climat, géographie… ). Montesquieu a examiner les hommes de tous lieux, de tous horizons, de tous milieux. Au cours de ses voyages, il observe « une infinité de diversité de lois et de mœurs il s’attache aux « histoires de toutes les nations », II prend des notes et souligne les ressemblances, les différences, signale les stagnations et les évolutions toujours par le but scientifique de dévoiler les causes qui commandent au destin des peuples. Comme s’il était ? la recherche de « l’essence même de l’humanité. ? Je cite : « Je n’ai point tiré mes principes de mes préjugés, mais de la nature des choses. ? a) Causalité et liberté Il va chercher les causes qui se cache derrière la diversité des coutumes, des usages et des institutions: « Dans toutes les sociétés, qui ne sont qu’une union d’esprit, il se forme un caractère commun. Cette âme universelle prend une manière de penser qui est Peffet d’une chaîne de causes infinies, qui se multiplient et se combinent de siècle en siècle. ? La causalité est inscrite dans le monde humain comme une nécessité immanente, mais complexe, en laquelle s’entrelacent des causes physiques et des causes morales : « le climat, la religion, les lois, les maximes de gouvernement, les exemples es choses passées, les mœurs, les manières » gouvernent les hommes. » les causes morales l’emportent généralement sur les causes physiques pour fonder une explication rationnelle du de 30F 12 l’emportent généralement sur les causes physiques pour fonder une explication rationnelle du destin des peuples. ) ypes de régimes politiques Méthodiquement, il étudie les différentes formes de gouvernement. « II y a trois espèces de gouvernements : le républicain, le monarchique et le despotique. » Son critère est la manière dont s’exerce dans les faits le gouvernement : 1. La république a ou bien une forme démocratique « lorsque e peuple a la souveraine puissance », ou bien une forme aristocratique « lorsque la souveraine puissance est entre les mains d’une partie du peuple. » – La République, ce sont Rome et Athènes pour fantiquité, Venise et Gênes pour des temps plus modernes 2.

La monarchie est le régime où « un seul gouverne mais par des lois fixes et établies. » – la monarchie constitue « le régime de tous les Etats qui se formèrent des débris de l’Empire romain » et plus particulièrement, elle est le régime de la France et de l’Angleterre 3. Le despotisme, est ce mode de gouvernement dans lequel « n seul, sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et ses caprices. » -le despotisme désigne le régime des pays d’Orient, Asie, Perse, Turquie Montesquieu déduit à la trilogie des gouvernements une idée- force.

L’observation des lois fondamentales et la liberté des citoyens vont de pair en politique. Il explique, rend intelligible le pouvoir des lois selon les divers ré imes. Et ceci renvoie à ce qui est essentiel, dans les lois. 4 2 gouvernements La nature d’un gouvernement est « ce qui le fait être tel son principe est « ce qui le fait agir ». Montesquieu est l’initiateur d’une sorte de psychologie politique, ui se développe autour de la notion de vertu politique. La vertu politique n’est ni une vertu morale, ni une vertu chrétienne ; elle est, « une chose très simple : c’est l’amour de la république. ? Dans la République, elle se définit comme « l’amour de la patrie et de l’égalité » et tous les hommes, du plus grand au plus humble, devraient pouvoir l’éprouver puisqu’elle ne fait qu’un avec le civisme qui fait passer l’intérêt commun avant les intérêts particuliers. Dans une démocratie, vertu politique et responsabilité vont de pair. Abandonner la responsabilité ruine la vertu politique. Il faut donc aimer la démocratie pour la conserver. Cette vertu, qui est le civisme du peuple et qui consiste dans le respect des lois qu’il a voulues, est le garde-fou des passions funestes comme l’ambition, l’avarice, l’inconstance.

Dans un gouvernement aristocratique, il faut aussi de la vertu, de la part des gouvernants. Elle n’est pas faite, comme dans la démocratie, de l’esprit d’égalité ; la modération, mélange de modestie et de simplicité, en tient lieu et place. Dans une monarchie, c’est l’honneur qui tient lieu de vertu. L’honneur, à ne pas confondre avec la soif des honneurs, ient chacun à sa juste place, condition d’ordre et de stabilité. L’honneur n’a pas la pureté simple de la vertu républicaine, mais il est politiquement vrai et efficace.

Le code d’honneur commande aux nobles de servi 2 aux nobles de servir le prince à la guerre, de tenir pour fondamentale la liberté de choix, de dominer ses caprices… et cela donne à l’Etat ses gloires et une raisonnable fierté. Dans les États despotiques, il n’y a ni vertu ni honneur. Le despote ne respecte rien et, dans le pouvoir sans borne qu’il s’attribue, il fait en sorte que la crainte abatte tous les courages et éteigne usqu’au moindre sentiment d’ambition Partout, la crainte rôde dans ce « gouvernement monstrueux » où elle est l’unique ressort de l’obéissance.

Chacun tremble, frémit et se réfugie dans l’obéissance extrême. d) Corruption des gouvernements Dans un cas comme dans l’autre, le peuple veut détenir le monopole du pouvoir. En voulant commander au lieu d’obéir, en voulant que tous, également, commandent, le peuple se fait tyran de lui-même. La corruption du principe démocratique s’explique par le refus du peuple de suivre la nature. L’unique souci de l’Etat corrompu devenant celui de l’argent, les « suffrages s’achètent ontre monnaie sonnante. ? Il laisse le peuple s’enivrer de son désir de posséder, il lui fait miroiter la fortune ou la gloire, et ainsi il lui prend sa liberté. L’appétit de l’égalité extrême introduit dans la démocratie, y introduit l’illusion d’une fausse liberté confondue avec la licence. La chute est inévitable. L’idée essentielle qui ressort de l’Esprit des lois est que par la corruption de son principe, un régime verse dans un processus de dénaturation qui tue tout espoir de liberté véritable. ) Théorie politiqu 6 2 un processus de dénaturation qui tue tout espoir de liberté ) Théorie politique des dimensions une théorie politique des dimensions Sorte de préoccupation géo-politique. La Politique d’Aristote prend valeur d’exemple aux yeux de Montesquieu. « Il est de la nature d’une république qu’elle n’ait qu’un petit territoire. » Si une république s’agrandit, resprit de modération s’efface, l’individualisme triomphe et le bien commun est sacrifié. A contrario, une république trop petite qui gouverne une seule ville est toujours menacée.

Sa petitesse doit être compensée par une autorité qui se fait oppressive, et elle est la proie faible et facile pour des agressions extérieures. Un Etat monarchique doit être de taille moyenne car s’il est trop grand il faut le partager (empires d’Alexandre et de Charlemagne) ou bien les monarchies vont vers le despotisme, comme les fleuves coulent vers la mer. Quant au despotisme, il s’installe dans de grands empires. ly a donc un remède radical à la maladie politique : c’est l’adéquation entre la taille d’un Etat et les structures définissant le type de gouvernement qui sy installe.

C’est une affaire d’équilibre naturel. Elle répond à la juste mesure dont la Nature tout entière offre le modèle. Toute exacerbation et tout élargissement du Pouvoir dans un adre qui ne lui est pas naturel constituent des dangers pour la sûreté et la liberté. Il importe donc ue la vertu, dont la place naturelle est aux côtés de nde d’abord au principe réponde d’abord au principe de modération. f) Le devoir politique de modération La typologie des trois formes de gouvernement correspond en fait à une compréhension binaire qui distingue les gouvernements modérés des gouvernements non modérés.

Si dans les gouvernements non modérés, un attentat perpétuel ? la liberté est perpétré, la tâche des gouvernements modérés doit être d’édifier et de protéger cette liberté. Aucun gouvernement n’est modéré par nature. L’esprit de modération doit être celui du législateur ; le bien politique, comme le bien moral, se trouve toujours entre deux limites. La modération est la norme que le législateur ne doit jamais perdre de vue en matière d’éducation, de justice, de propriété…

Dans la modération d’un régime politique, on touche ce fonds intouchable de liberté qui fait la dignité de l’homme et situe l’homme à sa juste place dans la Nature. La modération s’inscrit dans la nature des choses. La plus haute valeur de l’humanisme appartient à l’ordre naturel de l’univers. L’idée de modération est le fil conducteur du libéralisme politique. g) La liberté et le droit politique La liberté ne consiste pas à faire ce qu’on veut ; elle ne saurait non plus se confondre avec l’indépendance. Elle est le « droit de faire tout ce que les lois permettent. ? Il met raccent tour à tour sur les lois fondamentales – la Constitution puis sur le dispositif législatif qui régule les divers secteurs de la vie quotidienne et artant l’histoire des États. Il élabore ainsi la doctrine d utionnel : quelles sont les 8 2 élabore ainsi la doctrine du droit constitutionnel : quelles sont les ispositions nécessaires à la Constitution de la liberté. e premier chapitre de CEsprit des Lois peut être interprété comme la charte du libéralisme politique moderne. C’est auss l’œuvre d’un philosophe et pas seulement d’un juriste.

I reprend l’ancienne idée stoïcienne que développa Cicéron : « sous la lumière naturelle de la raison, il existe, avant qu’il n’y eût « des lois faites », « des rapports de justice possibles. » (E. L. I,I) es décrets de la volonté législatrice des hommes ne peuvent poser de « bonnes lois » qu’en se rapportant à la notion transcendante du juste naturel. L’ordre juridique que le juriste écouvre dans le monde ne trouve sa fondation ultime que sur l’horizon méta-juridique où s’inscrit la loi du Créateur de l’univers.

Il ne s’agit pas pour lui d’un dogme ou d’une postulation idéaliste a priori : c’est seulement après l’examen des hommes et des lois qu’il a saisi le nécessaire enracinement des normes juridiques dans ces lois non-écrites que sont les préceptes fondamentaux du « droit naturel La liberté qui fait l’humanité de l’homme exige des législateurs, lorsqu’ils établissent les lois politiques, le respect du paradigme divin qu’est la Justice naturelle. Les lois de la liberté ne peuvent as être étrangères à l’ordre ontologique de runivers.

Lorsque l’homme, en raison des limites de son intelligence, des élans de sa volonté et de ses passions, a tendance à violer les lois que Dieu a établies, il faut le rendre à ses devoirs par des lois dont l’esprit soit en communio que Dieu a établies, il faut le rendre à ses devoirs par des lois dont l’esprit soit en communion avec la nature des choses. Donc des mécanismes institutionnels mais surtout un enracinement de loi dans l’ordre même de la nature. dans la profondeur méta-juridique du cosmos. « Un peuple libre n’est pas celui qui a telle ou telle forme de ouvernement. » La liberté est donc une tâche à accomplir.

Elle doit conjurer la décadence qui gangrène le cours irrationnel qu’a pris l’histoire. h) Légalité et la nature des choses e titre complet de FEsprit des Lois est le suivant : De l’esprit des lois ou du rapport que les lois doivent avoir avec la Constitution de chaque gouvernement, les mœurs, le climat, la religion, le commerce, à quoi l’auteur a ajouté des recherches sur les lois romaines touchant les successions, sur les lois françaises et sur les lois féodales. Le concept de loi est très vaste : « Tous les êtres ont leurs lois » ; ‘est dire que la légalité est universelle.

Cette légalité universelle exprime l’ordre unitaire d’un monde caractérisé par la régularité et l’homogénéité. Rien en lui n’est l’effet d’une fatalité, aveugle, ni d’un hasard, capricieux, ni d’une contingence imprévisible. Seul, le déterminisme causal rend compte de ce qui se produit dans le monde. Les lois sont les « rapports nécessaires qui dérivent de la nature des choses. » Toute loi implique une relation entre plusieurs données. Même si les rapports sont complexes ils sont intelligibles. Si les lois sont, horizontalement, les rapp êtres entre eux, elles 0 2