Madrigal Ronsard
Ronsard, le fondateur de la Pléiade, a 54 ans lorsqu’il rencontre la jeune Hélène de Surgères, demoiselle de compagnie à la cour de Catherine de Médicis. Elle vient de perdre durant la guerre civile, le capitaine Jacques de la Rivière, dont elle était éprise. La reine invite Ronsard à la consoler. Il lui composera les sonnets restés si célèbres. Dans ce madrigal rédigé en 1578, dont l’incipit est « Si c’est aimer, Madame b, il lui fait une déclaration d’amour inspirée de la tradition de l’amour courtois.
Reprenant le topos du « fou d’amour » médiéval, il va évoquer ses souffrances d’amoureux dédaigné en idéalisant sa dame, avant d’oser lui avouer sa flamme. Nous examinerons d’abord l’expression du sentiment amoureux, puis la difficulté à l’exprimer par des mots. * madrigal : courtep le Sni* to View l) Le fou d’amour A) Les symptômes du mal d’amour – Le vocabulaire de la souffrance est omniprésent et appartient au lexique de la maladie : langueur (vers 10), fièvre (vers 12), souffrir (vers 7), furieux = pris de folie (vers 14).
Les contradictions de l’état amoureux sont marquées par des antithèses qui montrent le déséquilibre qui mène à la folie : « Bonheur qui me fuit » (vers 5), « front joyeux et langueur extrême » (vers 10), « chaud, froid » (vers 12). – L’intensité des sensations et des sentiments se révèle dans les procédés d’amplification : les adjectifs hyperboliques comme « furieux » accentué par la diérèse, « «fatal « extrême » ou encore par l’accumulation d’infinitifs comme « r ? rester, songer, penser oublier et ne vouloir P. Les anaphores « Si c’est aimer » au début des trois premiers quatrains miment l’aspect obsessionnel et répétitif des atteintes de ce mal d’amour. C’est donc un amoureux souffrant et sans espoir qui s’exprime et quand on songe à la différence d’âge entre les deux personnes, on peut penser à une sorte de chant du cygne du poète. La dame aimée, si inaccessible, est d’ailleurs fort peu évoquée dans le poème, comme si l’idéalisation la rendait encore lus lointaine.
B) La femme idéalisée – Les termes traditionnels du « service d’amour (on l’appelle fin’amor en langue d’oc, ce qui veut dire « amour parfait » ou « amour sublimé ») sont repris grâce aux termes « adorer et servir ». On note que le vocabulaire chevaleresque se combine ainsi avec celui du culte religieux. – Le seul éloge de la dame aimée est « euphémisé » par la métonymie « servir la beauté » comme si le poète, par pudeur, n’osait évoquer les charmes physiques de la femme et la onsidérait plus comme l’incarnation du concept de la beauté. Il s’adresse à elle de manière fort respectueuse par l’apostrophe « Madame en apposition et avec une majuscule à Pinitiale et par le vouvoiement : « vivre en vous – Le poète s’efface aussi dans les trois premiers quatrains où son « moi » n’apparaît qu’en position objet : « qui me nuit » ou « me perdre La femme aimée est donc eu incarnée, comme si elle était plus un fantasme qu’un êt ‘il faut conquérir en PAG » OF d