Les liaisons dangereuses le film

essay A

La nature de l’action (les préparatifs physiques des protagonistes) durant laquelle le générique s’inscrit l’écran indique que cette séquence appartient à un moment précédant la véritable entrée en scène des deux héros, autrement dit avant le début de leurs frasques libertines. Une femme, le visage sévère, le menton un peu haut en signe de défi, se mire dans un miroir [la]. C’est la marquise de meurtrier, I’ alter ego féminin de ce libertin de vallons dont la figure va tarder à se montrer dans cette couenne au montage alterné (le procédé de l’attente mime premier boy alinéa HOF16pB 12, 2009 5 pages D.

R. La coquetterie des mondains qui ne se présentent en public qu’une fois parés de leurs artifices physiques). La marquise de meurtrier face face à son propre reflet… Bête emblématique du libertinage, le miroir exalte l’amour-propre et engage la séduction puisqu’ s’ regarde et puisqu’ y est vu. AI permet d’agir et de se regarder agir. Démultiplication d’images, il abonde dans la littérature libertine comme il est omniprésent dans notre film. Les miroirs sont autant de « mises en Abymes » de dédoublements suggestifs de la réalité et de soi.

Ils poussent au narcissisme et à l’égoïsme des mondains qui soignent leur apparence et se conforment aux modèles culturels. La marquise de meurtrier les affectionne puisqu’ lui permettent de s’admirer et l’aident à mettre en scène son comportement de rouée. Piège de la vanité et jeu constant entre la réalité et l’illusion, glaces et miroirs sont, par ailleurs, partout présents dans les appartements des Grands de la société du suivie siècle.

Enfin, moyen servant à la répétition d’une scène de séduction (le libertin ou la libertine apprend son rôle, essaie ses mimiques ou rejoue la comédie d’un sourire, [1 b]), le miroir est d’abord solitaire ; c’est celui des premiers apprêts au saut du lit et d’une toilette indispensable loin des regards qui pourraient surprendre la meurtrier comme ici sans ses artifices de séduction et laisser voir la chair (signe de vulnérabilité) sous le cuir de la cruauté.

Aussi, la préparation du corps, le maquillage, la coiffure, l’habillage se théâtraliser comme Aussi, la préparation du corps, le maquillage, la coiffure, l’habillage se théâtraliser comme nous allons le constater. En attendant, la marquise de meurtrier-auteur observe dans son miroir la meurtrier-actrice.

Surprise en plein dédoublement nécessaire à la mise en scène de son propre personnage, la première semble ourdir un plan (le sourire est le signe de son arrêt) que la seconde, instrument de séduction de la perfide conscience de son Auteur, ordonnera bientôt : se venger de Bastiat, un amant qui la éconduite, en « volant » la vertu de cécité de volantes, une une femme tout juste sortie du couvent, qu’il doit épouser, et ceci par le biais du terrible vallons. vallons dont les nombreux valets organisent parallèlement le réveil dans une sorte de ballet d’une grande théâtral.

Chacun d’eux remplit une fonction dans ce qui constitue un véritable cérémonial du lever où chaque geste de la domesticité, calculé et précis [4], ?ouvre à la première représentation quotidienne du maître. Retour à la marquise de meurtrier, silencieuse et un peu lasse, dont les femmes de chambre préparent le généreux décolleté [6] entendant que vallons, la tête enveloppée dans un linge, est entrepris par un manucure et un barbier qui lui épile l’intérieur du nez [7].

Une servante place un cerceau de jupons autour de la taille de la meurtrier [8] ; vallons choisit ses souliers ; une femme de chambre attache des boucle de la meurtrier [8] ; vallons choisit ses souliers ; une femme de chambre attache des boucles aux oreilles de la meurtrier pendant qu’une autre lui applique quelque onguent parfumé ; le prédiquer de vallons place la presque ; laçage du corset de la meurtrier ; poudrera de la presque e vallons. Dans ce dernier gros plan [ha], la figure de vallons est protégée par un masque, clin d’?il à ce jeu de dupes qu’est le libertinage.