LES JUSTES Camus

essay B

« L’homme n’est rien d’autre que se qu’il se fait. Tel est le premier principe de l’existentialisme » écrivait Jean-Paul Sartre en 1946 dans son ouvrage philosophique L’existentialisme est un humanisme. Sartre s’oppose à Albert Camus en fondant son engagement non pas sur la foi en l’existence d’une nature humaine mais sur la certitude que l’homme est ce qu’il se fait.

Cette question de l’engagement dans un débat entre ces deux intellectuels engagés est en lien avec le passage étudié. En effet, dans la question des rapports critiques unissant théâtre, réflexion politique et société, le théâtre engagé de Camus s’impose par a vivacité avec laquelle il interroge la morale. Dans cet extrait des Justes publié en 1949, une polémique éclate entre les révolutionnaires de l’ moyens. L’un d’eux, première bombe de mais il renonce en rai duc.

LECTURE DU TEXTE om des fins et des gé de lancer la and-Duc de Russie, fants près du grand- Nous pouvons alors nous demander comment Albert Camus impose t-il son théâtre engagé et Dans un premier temps nous analyserons le contexte d’une dispute entre révoltés puis la présence d’une polémique d’ordre éthique. l) Une dispute entre révoltés A/ Un rapport de force en évolution Au début de l’extrait, Kaliayev est directement placé comme le personnage qui méritait mépris et reproches « je vous devais des comptes » ceci montre la culpabilité qu’éprouve Yanek Kaliayev au départ. Ensuite, certains approuvent le choix de Yanek comme Annenkov à la ligne 12 « Yanek a raison » et d’autres se rallient à sa déclsion de ne pas executer sa mission : comme Voinov et Dora respectivement aux lignes 18 et 21 où l’on remarque l’utilisation du même outil de comparaison « comme Yanek C’est alors après cette intervention de Dora que le dialogue est bouleversé et n’est plus orienté sur l’abandon de Kaliayev mais aintenant sur l’absence de sentiment moral de Stepan. Celui-ci, contre ces camarades révolutionnaires agit comme un automate : il utilise des répliques très courtes et informelles : ligne 13 « il devait obéir Cette attitude lui révèle un caractère très peu humain. -Enfin, l’évolution de ce rapport de froce est perceptible dans les didascalies nombreuses : la scène commence dans le silence avec un ton « plus bas » à la ligne 19, puis le ton s’échauffe « avec violence » à la ligne 21. B/ Un dialogue en tension C’est en effet cette évolution qui mene le dialogue dans une tension extrême.

Camus utilise des stichomythies ( phrases courtes) « Ceci n’était pas prévu » 1. 12 ; « Je suis le responsable » l. 14 ; ou encore « je ne sals pas » 1. 18 afin de rythmer son dialogue et des didascalies « violemment » 1. 46 « avec violence 1. 21 pour augmenter l’impression de tension. De plus, la personnification des mains à la ligne 19 mes mains tremblent » montre que Vainov ne les contrôle plus. Ce geste est perçu comme un reflex qui révèle sa part d’hu PAG » rif 7 montre que Voinov ne les contrôle plus. Ce geste est perçu comme un reflex qui révèle sa part d’humanité.

Enfin, après les allusions à l’état psychologique de ses personnages (j’ai honte de moi, 1. 59 Kallayev), Camus met en scène une critique poignante entre ses personnages : Stepan qualifie de « niaiseries » les actes de ses camarades quand eux- mêmes accuse et dénonce la révolution réclamée de Stepan qui « sera haïe » à la ligne 43. C/ Une constante opposition entre les révolutionnaires C’est en rappelant l’objectif de Camus dans sa pièce de théâtre qui était de savoir si la justice justifie les meurtres, que cet extrait révèle une constante opposition entre Kaliayev et Stepan.

D’un côté, Kaliayev est présenté comme une al égorie de l’amour, il paraît perdu dans ses sentiments comme il le dit à la ligne 59 « j’ai honte de moi Il apparaît comme un adolescent qui découvre cet amour avec Dora et qui est chamboulé : « je pars » ? la ligne 32 montre bien cette déstabilisation devant un débat qui lui paraît à la fin de l’extrait rédhibitoire : « je ne te laisserai pas continuer » à la ligne 59.

Mais de l’autre côté, Stepan dy oppose par son impartialité comparable à celle de la justice et sa froideur : « il n’y a pas de limites » ligne 46 montre qu’il est près à tout pour arriver à ses ins. Enfin l’expression qu’il emploie à la ligne 41, « les maîtres du monde » souligne le fait que son intérêt personnel prend le dessus sur l’intérêt commun = en tuant des enfants. Les deux révolutionnaires représentent donc deux valeurs positi PAGF3C,F7 l’intérêt commun en tuant des enfants.

Les deux révolutionnaires représentent donc deux valeurs positives que sont Yamour et la justice, souvent associées mais paradoxalement opposées. Les nombreux silences présent dans l’extrait forment un silence de révolte pour le lecteur qui est choqué et qui reste perplexe devant le paradoxe que fait Camus. Si Camus met en scène un débat violent opposant deux figures très éloignées, celui-ci, en exprimant son engagement, permet de faire réfléchir le lecteur sur une question d’ordre éthique.

Il) Une polémique d’ordre éthique A/ Le meurtre d’Innocents -Le débat tourne autour de la question des fins et des moyens. Kaliayev partage ridée de Camus, qui disait qu’aucune cause ne justifie le meurtre d’innocents. Il renonce ainsi à tuer le grand-duc accompagnés par deux de ses neveux. -La réplique de Dora à la ligne 38, « les enfants fussent broyés » est volontairement choquante : son atrocité révele son ncompatibilité avec l’innocence des enfants. Enfin, à la ligne 36, l’impératif « ouvre les yeux » montre la volonté de Dora d’éclairer Stepan qui refuse d’admettre l’atrocité comme on le voit à la ligne 64 avec l’emploi du terme « qu’importe » qui souligne sa négligence. Et l’allusion à ses yeux montre un geste physique presque irréalisable pour cause d’épuisement de Stepan. B/ Le thème de la justice -Les « pouvoirs » ligne 37 et le devoir se rencontrent de façon conflictuelle. Stepan tente de persuader ses camarades que la révolution mène à une vérité incontestable malgré so