Le mythe du bon sauvage

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Vivre en d’autres empesé, en d’autres lieux où paix et bonheur sont assurés par une Nature bienveillante, voilà ce que propose le mythe du bon sauvage dont l’expression même, très éloquente, mérite qu’on s’ attarde. En effet, qu’est-ce qu’un « mythe »? Mais surtout, qu’est-ce qu’un «bon sauvage» ? Les réponses à ces questions nous permettront de mieux approcher cette utopie des Lumières qui, malgré les siècles passés, fait rêver encore aujourd’hui. Chez les peuples anciens, le mythe a pour fonction d’expliquer soit les origines du monde, soit les phénomènes naturels énigmatiques.

Ainsi, pour les Grecs, a naissance de notre univers s’illustre par l’union d’aurons et gai, inca riant respectivement le ciel et la terre; le phénomène de la swaps toi vie nixe page Le mythe du bon sauvage premier boy AMASSÉES 1 21, 2009 7 pages la foudre, lui, qui terrifie le commun des mortels, s’explique par le dieu de la Lumière, sus, qui décharge sa colère par des lances enflammées dirigées contre la terre. Ce type de récit, qui présente des forces et des personnages symboliques, servira aussi à mieux raconter la vie des hommes et à mieux rêver d’un ailleurs pour fuir l’écrasante réalité.

Au suivie siècle, par la fiction du « bon sauvage », des philosophes tels que dédieront, volontaire et rousseur chercheront non seulement à critiquer la colonisation ethnologique des Européens en marquée, mais aussi les idées de progrès et de raison au c?Ur même de l’idéologie des Lumières. Inspirés par les nombreux récits de voyages de vésicule, colombe, mégalomane, et gamba des eue et eue siècles, ceux-ci, désireux de poursuivre la tradition humaniste de la Renaissance, interrogeront à travers elle de nouveaux modèles d’hommes et de sociétés.

En comparant leur monde à celui des indigènes titraient, résiliées, voire canadiens, ils feront le procès de l’européen qui, se croyant supérieure et indépassable, se donne pour mission de civiliser le Nouveau Monde. Ce Nouveau Monde, que ‘on aime dépeindre comme pur, vierge et bienheureux, sera bien sûr une représentation déformée, imaginée et amplifiée de la réalité : en effet, la vaste majorité des philosophes et littéraires n’ jamais même foulé la terre natale des « sauvages »! L foulé la terre natale des « sauvages »!

Le mythe, synonyme dans ce cas d’invention et d’affabulation, reprend donc ici tout son sens. Libres, sensuels, polygames, communistes et bons, voilà les traits communs, mas combien caricaturaux, des habitants de ce « meilleur des mondes Étrangement, les penseurs du suivie siècle se garderont longtemps de vouloir vérifier l’exactitude de ce genre de témoignage, car, on le sait, le « bon sauvage » ainsi présenté sert mieux réfléchir sur l’homme, sa nature, ses facultés ainsi que sur sa société.

Sans nul doute, Jean-jacquet rousseur (1712-1778) est reconnu pour celui qui a le plus participé ce mythe par la défense des idées suivantes qui traversent l’essentiel de son ouvre: Le luxe conduit à la corruption de l’âme. rousseur défend aussi que c’est la notion de propriété qui est responsable du malheur de l’homme. Fondement même de la société civile et moderne, celle-ci conduira toujours l’être humain à défendre son territoire ? au besoin par la violence ?, pour protéger ses biens accumulés.

Plus un homme possède, nous rappelle le philosophe, plus il est riche et considéré : la puissance engendre des rapports de force auxquels doivent remédier les lois qui, à leur tour et bien malgré elles, officialisent un système ? inégalitaire. Les besoins superflus e Eure tour et bien malgré elles, officialisent un système inégalitaire. Les besoins superflus et irréels sont, pour lui, une des causes principales de la dénaturation de la société.

L’éducation doit suivre l’exemple de la nature. Dans mile ou De l’éducation (1762)_, rousseur propose une pédagogie naturelle qui répond aux besoins réels de l’enfant. À travers l’histoire du jeune mile, orphelin élevé par un précepteur bienveillant, il s’appliquera à faire reconnaître non seulement les différences propres à tout enfant, mais le développement psychologique particulier e celui-ci qu’il faudra éviter de brusquer dans un désir de faire de lui un parfait citoyen.

Le précepteur, qui servira uniquement de tuteur de croissance, ? c’est-à-dire d’organisateur des conditions d’apprentissage?, voudra surtout faire du petit un homme épanoui et libre par le respect des différentes stades d’une éducation dictés par rousseur : v Dans un premier temps, rousseur préconise le retrait de la société. Le précepteur doit conduire l’enfant loin de la civilisation en le ramenant à la nature. Là, en dehors des influences de sa famille et de ses amis, sa curiosité et ses lents pourront se manifester librement.

La Nature et l’expérience serviront de principaux guides à ses sens qu’il développera jusqu’ l’âge de 12 ans. Le précepteur aura principalement pour tâche de répondre aux principalement pour tâche de répondre aux questions de l’enfant qui s’éveille au monde. Va Aussi, le contact des livres n’est-il permis que vers l’âge de 15 ans. Grâce à la lecture, mile découvrira les hommes par le biais de l’histoire et de la philosophie ? la religion, ou plus précisément l’existence de Dieu, précise-t-il, ne lui sera révélée qua l’âge de 18 ans.

Son précepteur aura donc le soin de bien veiller au développement de sa sensibilité au contact des hommes. Cette étape est cruciale, car elle assurera sa sociabilité par sa découverte de l’amitié, de la pitié et de la reconnaissance. Il n’est pas étonnant que la défense de ces idées fera de rousseur un des précurseurs de la pédagogie moderne et de la psychologie de l’enfant. Malheureusement, la pensée de ce philosophe est bien souvent malmenée : en effet, on réduit commodément sa philosophie à quelques caricatures ou citations à l’emporte-pièce.

L’homme « éternellement bon », par exemple, rousseur le savait chimérique. À preuve, «l_’homme, écrivait-il, ne rétrograde pas voulant ainsi rappeler que l’être humain touché par la civilisation ne peut revenir en arrière. Cette image du bon sauvage lui servira surtout à rappeler aux siens que plus ils s’éloignent de la simplicité de la vie naturelle, plus ils courent à leur perte. Seule une éducation s’éloignent de la simplicité de la vie naturelle, plus ils courent à leur perte.

Seule une éducation libre, ouverte et naturelle rendra à l’être humain l’état de bonheur et de noté qu’il doit regretter avoir perdu en rêvant du bon sauvage que lui proposent les utopistes de son époque. Il est bien connu que l’homme, foncièrement nostalgique, a toujours eu besoin de retrouver son passé: le mythe du bon sauvage lui propose l’image rassurante d’un primitif heureux qui vit du fond des âges en parfaite harmonie avec la nature. Ainsi, ces séduisantes fantasmagories lui permettront d’échapper au réel en voyageant dans des pays imaginaires exotiques et bienheureux.

Offrant d’autres manières de penser et de vivre, cette utopie chère aux philosophes défend la recherche du bonheur individuel t collectif tout en affirmant déjà les valeurs qui seront proposées quelques années plus tard par la devise même de la Révolution française : «Liberté, égalité et fraternité Si elle annonce en quelque sorte le monde rêvé de demain, elle maintient aussi d’anciennes croyances judo- chrétiennes associées au péché originel : l’homme, rappelle La Bible, aurait connu le paradis, mais l’aurait perdu après avoir croqué la pomme, symbolisant le la connaissance.