Le jeu de l’amour et du hasard acte 2 scène 9
Séance 4 : C. A. n’2 (Acte Il, scène 9) : un duo amoureux entre Silvia et Dorante (de « Ah, ma chère Lisette » P86 à « sans difficulté » P88) Questions préparatoires 1) Relisez l’acte l, scène 7 puis l’acte II, scène 9 et situez le passage. 2) Comment Dorante exprime-t-il son amour et sa douleur ? 3) Comment Silvia tient-elle Dorante à distance ? 4) Après avoir analysé le rôle des apartés, vous vous demanderez si les paroles de Silvia sont slnceres.
Présentation du pass – Il s’agit du deuxièm ntr et Dorante : la surpri de l’amour a eu lieu à Ila – Le ton est grave et différent du ton de badinage de 1,7) car amoureux, Silvia e douleur (bien l’amour est Impossible à cause de la différence de statut social (Silvia pense que Dorante est un valet, lui-même croit qu’elle n’est qu’une soubrette). – Dans cet extrait, Silvia s’évertue à combattre son amour naissant en maintenant Dorante ? distance, tandis que ce dernier cherche à partager son amour et sa souffrance. Le texte est bâti sur un jeu entre la mauvaise foi et la sincérité (les personnages mentent et se mentent à eux-mêmes, mais la vérité transparait parfols sous le masque trom SWipe page trompeur des mots). L’extrait est ainsi marqué par : des contradictions permanentes entre les sentiments réels des personnages et leur discours, – un affrontement entre la raison et la passion (le cœur aime mais la raison empêche la mésalliance) – le plaisir indéniable du public devant les ruses, les dénégations et les faux-fuyants des personnages.
Problématique : En quoi cet échange à double sens est-il révélateur des vérltables sentiments des personnages ? I )lJn duo désaccordé en apparence Différence d’état d’esprit et de motivations pour S et D : S veut maintenir D à distance. D veut partager son amour et sa douleur. a) Silvia : garder D à distance S, injonctive, veut recentrer le dialogue sur autre chose que l’amour (1. 2 « Venons à ce que tu voulais me dire de quoi était-il question ? lus loin, à la ligne 26, elle ne veut pas entendre parler d’amour : « Je ne t’arrêtais pas pour cette réponse-l? – Mise à distance de D : exclamation ironique + passage du tu au il à la ligne16 Le beau motif qu’il me fournit là ») / Elle appelle D. « Bourguignon » pour souligner son état de valet. – S domine l’échange. Ton de commandement qui trahit son origine sociale (1. 10 « Elle se l’imagine, et si elle t’en parle encore, tu peux le nier hardiment, je me charge du reste e charge du reste Elle coupe la parole à D à la ligne 29.
D a le sentiment d’être moqué . tu me rallles »à la Ilgne 19. b) Dorante : partager son amour, sa douleur D veut parler d’amour. Il emploie le langage direct du cœur : 14/5 « j’avais envie de te voir je n’ai pris qu’un prétexte » + 1. 12 « Eh, ce n’est pas cela qui m’occupe ! » (veut ramener la conversation sur son amour). Langage de l’amour aussi à la ligne 28 : « Et je n’ai fait qu’une faute, c’est de n’être pas parti dès que je t’ai vue » – Manlfestations affectives sur un registre lyrique (l. 1 « Ah, ma chère Lisette, que je souffre ! ?, . 32 « Si tu savais, Lisette, l’état où je me trouve Personnage désorienté / troublé : « je ne Page 8 sur 40sais ce que je dis, ni ce que je te demande » l. 19/20. Prière de D : « Laisse-moi du moins le plaisir de te voir » (l. 15) traduction de sa soumission dans l’échange. – Dilemme de D à la ligne 24 : « pour moi il faut que je parte, ou que la tête me tourne » (obéir à la raison : partir et respecter l’ordre social / céder à la passion : perdre la tête par amour). Mais S ne peut comprendre tout l’enjeu et la portée de ces paroles. ) Un tête à tête qui se solde par une séparation Le motif ‘enjeu et la portée de ces paroles. – Le motif du départ traduit l’alliance impossible des deux personnages : -S : « Si tu n’as que cela à me dire, nous n’avons plus que faire ensemble » (1. 13) – Adieux réciproques : D : « adieu » (1. 20) / S : « Adieu, tu prends le bon parti… » (1. 21) – La fin du passage se solde en apparence par l’affirmation d’une union impossible – D nie vouloir séduire S : « je ne me propose pas de te rendre sensible » 1. 4 – S affirme son indifférence totale à D (à la questlon de la ligne 42: tu ne me hais, ni ne m’aimes, ni ne m’aimeras ? S répond « Sans difficulté ») Parfois, les personnages semblent ne pas pouvoir communiquer : chacun des personnages poursuit son propre discours sans prendre en compte celui de l’autre (ex: 124/29, 132/35) Cette incapacité à communiquer peut s’entendre aussi comme le signe d’une union impossible. Il) Où se révèle cependant la vérité des cœurs Au-delà des mots prononcés et des apparences, la vérité de l’amour entre les deux personnages transparaît. ) Faux-fuyants et émotion Les adieux (1. 20/21) sont de faux adieux : S ne part pas et retient D en faisant semblant de s’informer du départ du maître alors que c’est celui du valet qu’elle redoute. La difficulté à pre PAGF – La difficulté à prendre parfois en compte la parole de l’autre (124/29, 132/35) traduit sans doute plus le trouble de l’amour qu’une incompatibilité de nature ? compromettre l’union des deux Montée de l’émotion réciproque à partir de la ligne 34 • questions / exclamations. ) Le rôles des apartés – Apartés de S : ils peuvent marquer le trouble de la jeune fille ou être révélateurs de la vérité du coeur. – 1. 617 « Que dire à cela ? Quand je m’en fâcherais, il n’en serait ni plus ni moins » : désarroi et surtout mauvaise foi de S qui se ment à elle-même pour justifier u’elle continue à écouter Dorante. 1. 30 : aparté révélant l’amour de S J’ai besoin à tout moment d’oublier que je l’écoute ») – . 36 « Il ne faudrait pas s’y fier » : clef de lecture de tout le passage les mots sont trompeurs et ne peuvent être pris au pied de la lettre. ) Paroles ambiguës ou à double sens La double énonciation donne une saveur particulière à certains propos tenus sur scène, propos que le public interprète différemment des personnages. .17 « le souvenir de tout ceci me fera bien rire un jour » : propos que D. ne peut comprendre complètement, mais qui prend une saveur particulière pour eut comprendre complètement, mais qui prend une saveur particulière pour le public qui est au fait des travestissements. sens de « tout ceci » différent pour S, pour D et pour le public] -32 « Oh, il n’est pas si curieux à savoir que le mien, je tien assure » : faille dans le discours de S. qui révèle son trouble profond. Cest une demi-aveu que D ne peut véritablement comprendre, mais que le public comprend très bien. 1. 34 « je ne me propose pas de te rendre sensible » : D. se ment à lui-même et à S ; le public sait très pertinemment que c’est l’exact contraire. – 1. 39 « Que le ciel m’en préserve ! ?? : malgré la dénégation, le public sait très bien que le coeur de Page 9 sur 40S a déjà été ravi par D. 1. 39 Usage du conditionnel : « quand tu l’aurais, tu ne le saurais pas, et je ferais si bien, que je ne le saurais pas moi-même Énoncé présenté comme un irréel du présent, mais le public sait que c’est l’expression exacte de la vérité (pour le public, on peut gloser par : tu as mon coeur, tu ne le sais pas, et je ne le sais pas moi-même) Conclusion : sous le masque des mots, la vérité de l’amour transparait pour le lecteur et d’une manière plus discrète pour les personnages.