La tirade d’Etéocle dans les Phéniciennes d’Euripide
Commentaire de la tirade diEtéocle, extrait des Phéniciennes La tirade d’Étéocle prend place dans la deuxième partie du premier épisode des Phéniciennes. Un débat s’élève entre lui et Polynice, réunis pour une trêve autour de leur mère Jocaste. La discussion prend l’apparence d’un jugement ; l’accusation (Polynice) prend la parole avant la défense (Etéocle). Polynice a déjà parlé : il a montré par la force de l’évidence la justice de sa cause, et demande à Etéocle de lui rendre le trône de Thèbes, comme promis. Au tour d’Étéocle de prendre la parole.
Celui-ci cherche à m org ustifier ses choix, co Sni* to rejeter la faute sur premier lieu sa défini texte se place sous l’ e de ses actions, ? ut également d’attaquer en certaine manière, ce téocle croit pouvoir être au service de sa cause, mais ce qu’il cherche à démontrer est injustifiable : il a menti et expulsé son propre frère pour garder le pouvoir à lui seul. Son honnêteté apparaît alors comme hypocrisie, et tous ses efforts pour se montrer sous un meilleur jour ne font que renforcer l’image de l’homme aveuglé dans la démesure qu’il donne à voir au spectateur.
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Deux parties se distinguent clairement dans son discours : une première (v. 503-51 2), marquée par éYûJ yàp (v. 03) où, comme Polynice, Etéocle évoque son cas particulier : exposition de la grandeur de son ambition, biaisée par les reven cas particulier : exposition de la grandeur de son ambition, biaisée par les revendications de son frère, qui est selon lui illégitime par la manière dont il se revendique. La deuxième partie (v. 512-523), avec rtpòq 6è (v. 512) se caractérise par le renversement des valeurs posées par Polynice et la mise en avant d’Etéocle, seul souverain légitime pour Thèbes. Alors que Polynice montre par l’évidence la justice de sa cause, Étéocle doit construire un discours d’autant plus retors que les faits sont contre lui. Toutefois, il fait preuve d’un sophisme à toute épreuve : il renverse tout d’abord son rôle dans cette affaire et renvoie la faute à Polynice. Puis il reprend les termes de justice de celui-ci pour convaincre l’auditoire que la faute revient à son frère t que lui n’agit que dans le sens du bien. Mais même si cette construction s’avère savante, le spectateur n’est pas dupe et les faits son contre lui. Etéocle se révèle d’une hypocrisie et d’une démesure sans failles, aveuglé tout autant que son frère dans sa recherche de pouvoir. Etéocle tout d’abord chercher, comme Polynice, à justifier ses actions. Il prend appui pour cela sur le fait que les termes KaÀòv et ootpév n’ont pas la même définition pour tout le monde (v. 499). Il fait ainsi table rase de la tirade de Polynice et expose sa propre définition de la justice. Polynice dénonçait comme injuste les actions de son frère, celui-ci commencera par dire que ces accusations sont infondées : selon le sens qu’il donne au term celui-ci commencera par dire que ces accusations sont infondées : selon le sens qu’il donne au terme de oocpòv, il est dans son droit. En s’adressant à sa mère, il fait foi d’honnêteté et il tiendra parole, contrairement à celle donnée à Polynice. Dans les deux adresses qu’il fait à sa mère (v. 503 et v. 507) pfi1Ep est placé au milieu du vers, ce qui renforce l’importance qu’Etéocle lui accorde. Il ne lui mentira pas : c’est sa mère et il ‘a aucune raison de le faire (contrairement à Polynice, elle n’a aucune chance de lui prendre le pouvoir). Jocaste apparait alors nettement comme le juge qu’il s’agit de convaincre. Il expose ses ambitions démesurées : il veut aller plus haut que les astres, au plus profond de la terre (v. 504-505). Si pour le spectateur cette ambition peut faire figure de démesure, pour Etéocle, il s’aglt là de la taille de son ambition et son objectif est la Tupawiba (v. 06), même si pour cela il doit évincer son propre frère. La TupavvC6a, d’ailleurs, demande cette ambition car elle est trhv EüJV VEY[orrlV (v. 506) : si l’on peut penser qu’il dépasse les bornes, Etéocle répond qu’il ne fait que se mettre à la hauteur de son ambition. Toutefois, il ne justifie pas pour autant ses actions par l’adage « la fin justifie les moyens Il agit ainsi car Polynice a tort dans la manière dont il se revendlque. Etéocle est celui qui sacrifierait le plus (v. 08), puisque pour honorer la parole donnée, il abandonnerait la royauté, mais il n’en retirerait que de l’dvav5pta PAGF honorer la parole donnée, il abandonnerait la royauté, mais il n’en retirerait que de l’dvav6pta (v. 09) car Polynice est en faute : pour obtenir ce qu’il veut, il veut ravager le pays (v. 511-512). On voit un contraste se dresser entre l’action d’Etéocle et celle de Polynice : le premier ferait tout pour atteindre tì1V eEüv uzytotnv (v. 506) il ne peut donc pas laisser le deuxième l’obtenir parce qu’il le menace. Etéocle veut renforcer l’image qu’il a de son frère, image dépréciative d’un homme qui n’agit que pour provoquer honte et lâcheté par la guerre, moyen non moins honteux et lâche. Il en oublie les raisons des revendications de son frère et n oublie même qu’il s’agit de son frère. Polynice n’est plus qu’un ôauq (v. 509) impersonnel et ennemi, quand il est nommé, car c’est la seule fos qu’Etéocle le désigne de toute la tirade. Dans cette première partie, Etéocle apparaît alors comme celui qui fait preuve d’une honnêteté à toute épreuve, puisqu’il témoigne de la dimension extraordinaire de son ambition. Il essaie également de rejeter la faute sur Polynice en dénonçant sa démarche : égo-lSte et agressive. Cest ainsi qu’Etéocle justifie ses actions : par l’ampleur de son ambition et par l’action, qu’il juge honteuse et âche, de Polynice. Etéocle ne voit aucun mal dans son ambition : elle est exigeante, et ne peut céder à la menace d’un homme qui vient lui demander d’abdiquer. pour se justifier, Etéocle essaie donc de grandi son image et de rabaisser Polynice. Il devient se justifier, Etéocle essaie donc de grandir son image et de rabaisser Polynice. Il devient l’homme qui cherche la réussite et son frère celui qui veut l’en empêcher seulement pour provoquer sa honte. On voit déjà poindre la rhétorlque mise en place dans la deuxième partie, où Etéocle cherche à se mettre en avant et ù il tente de renverser les valeurs établies pour les rendre à son avantage. Dans la deuxième partie du texte (v. 512-523), Etéocle va tout d’abord chercher à se mettre en avant. Il a donné précédemment ses justifications, mais il faut tout de même qu’il se montre meilleur s’il veut emporter ce duel oratoire contre Polynice. Il grandit tout d’abord l’importance et les conséquences de ce qu’on lui demande : rendre le sceptre serait une honte car Polynice l’aurait obtenu par les armes, honte qui se répercuterait non pas sur sa seule personne mais sur Thèbes toute entière (v. 512-514). Alors que dans la première partie, la honte retomberait sur lui seul (v. 509), la deuxième partie s’ouvre tout de suite avec Thèbes. En impliquant la ville entière, il veut montrer l’importance qu’il y tient et se prend vraiment pour le souverain incontesté de la cité. Pour se hisser plus haut, il répète encore une fois la faute de Polynice et force le contraste entre son frère et lui en proposant « hospitalité à celui qui attaque sa propre patrie (v. 518-519). Au vers 51 S, Etéocle veut se mettre en avant en montrant la sagesse dont il fait preuve (il sait que le dialogue vainc mieux que I n avant en montrant la sagesse dont il fait preuve (il sait que le dialogue vainc mieux que les armes) et en soulignant l’impétuosité de l’attaque de Polynice. Il fait tout pour paraître mellleur aux yeux de Jocaste et du public : il prend en compte les masses que cette guerre entraîne, se montre magnanime en laissant son frère habiter le pays mais se dresse également comme un souverain fort et puissant, qui ne peut pas simplement rendre son sceptre sous la menace. Toutefois, pour que ceci ne passe pas pour de la démesure, Etéocle va s’appliquer à renverser les valeurs établies. Il l’avait nnoncé au début du discours : Kahòv et oocpôv n’ont pas la même définition pour tous les hommes (v. 499). La justification qu’il apportait établissait qu’il est capable de gouverner : mieux vaut lui laisser le sceptre et puisqu’il est capable de commander pourquoi lui demander d’obéir ? (v. 520) Même si ces vers sont contestés, ils reflètent la pensée d’Etéocle : il est arrivé au pouvoir, c’est donc qu’il est capable d’y rester. Il part du principe qu’il faut que les plus compétents (en l’occurrence lui) gouvernent et qu’il ne peut pas laisser Polynice à sa place sous prétexte qu’il ient avec une armée. C’est là sa définition du ootpôv. Quant au KaXòv, c’est ce qui le pousse à vouloir garder le trône : s’il le donnait alors la ville entière en subirait la honte. On peut bien parler d’un renversement total des valeurs : la mesure, qui donne tort à Etéocle, prend la forme de la démesure et l’inju renversement total des valeurs : la mesure, qui donne tort ? Etéocle, prend la forme de la démesure et l’injustice de son action devient justice, à tel point qu’il est lui aussi capable d’entraîner une guerre dans une ville qu’il veut laver de toute honte. Les deux erniers vers, qui terminent son discours cherchent à obtenir la clémence de Jocaste en lui disant qu’il ne se fait pas impie dans sa soif de pouvoir : il a menti pour éviter un conflit, et qu’il n’agit ainsi que pour se maintenir au pouvoir ; il montre déjà qu’il fera tout pour le bien de Thèbes en disant qu’il veut lui éviter toute honte. Etéocle, tout comme Polynice, a de bonnes raisons d’agir comme il le fait : il est à la mesure de son ambition et ne peut laisser son frère gouverner ; il fait preuve de trop d’impétuosité et veut déclencher une guerre pour arriver à ses fins. Alors qu’il tente de se mettre en avant et de renverser les valeurs traditionnelles pour les mettre à son avantage, Etéocle oublie que le spectateur, tout comme Jocaste, n’est pas dupe. Les faits sont accablants et aucune explication ne pourra les justifier, surtout pas par ambition. Au contraire, tous les procédés qu’il utilise pour paraitre meilleur nous apparaissent encore aujourd’hui comme de la pure démonstration d’orgueil. Etéocle est tout aussi aveuglé que son frère dans sa recherche de pouvoir, aveuglement qui présage déjà du conflit à venir.