géopolitique

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PARTIE 1 Méthodologie et géopolitique La géopolitique aujourd’hui La géopolitique est l’étude des rivalités de pouvoirs pour prendre le contrôle de territoires et celui de la population qui s’y trouve. Sa particularité est de prendre en compte I différents protagonistes du con détermination des u Comme on le dit or21 Sni* to View rritoire qu’en ont les r et comprendre la ger dans le conflit. trop souvent et à tort, la géopolitique n’est pas une science qui aurait ses lois déterminées par la géographie physique des territoires en conflit et qui s’appliqueraient quels que soient les contextes politiques.

En evanche, c’est une démarche scientifique rigoureuse qui permet de comprendre des situations conflictuelles complexes. 1. Qu’est-ce que la géopolitique ? Ce qui caractérise les situations géopolitiques, c’est le fait que des territoires, petits ou grands, sont l’objet de rivalités de pouvoirs ou d’influences : rivalités grands, États-Unis et URSS, celle-ci n’a jamais été qualifiée de géopolitique car cette rivalité ne s’est pas traduite par un affrontement direct sur un ou des territoires précis.

Les conflits géopolitiques les plus graves ne sont donc pas toujours ceux qui ont pour enjeux de vastes parties du monde. En effet, des espaces de petites dimensions, comme la Palestine, ou plus petit encore, Jérusalem, que se disputent juifs et musulmans, contribuent, par contrecoups, à entretenir de graves tensions entre le monde arabe et les États-Unis, et, plus largement, roccident. L’intérêt porté aujourd’hui aux situations géopolitiques s’explique par l’inquiétude que suscitent certains conflits dont on craint que par contrecoups ils puissent menacer l’équilibre d’une région, voire du monde. . Une démarche rigoureuse et scientifique pas plus que la géographie ou les sciences que l’on appelle « humaines » ou ? sociales la géopolitique n’est une science au sens (précis) du terme, c’est-àdire un ensemble cohérent de connaissances relatives à une catégorie précise IO de faits, d’objets ou de phénomènes obéissant à des lois et vérifiées par les méthodes expérimentales.

Dans le domaine des sciences humaines ou des sciences sociales, il n’y a ni loi ni expérimentation possibles. Il s’est d’ailleurs avéré extrêmement dangereux de vouloir construire des lois géopolitiques, PAGF 91 construction de modèles géopolitiques (ou de géographie politique) censés correspondre à des situations conflictuelles territorialisées omplexes n’est pas non plus un objectif scientifique recommandable.

Le modèle construit par abstraction conduit inexorablement à la mise à l’écart d’un grand nombre de caractéristiques qui peuvent avoir ensuite une très grande importance. Les situations géopolitiques sont constituées d’un enchevêtrement et d’une multiplicité de facteurs tant d’un point de vue spatial que temporel, et non seulement dans le passé mais aussi dans le présent, ce qui en fait des situations dynamiques qui évoluent, plus ou moins rapidement, et qui peuvent, parfois, brusquement basculer dans le drame.

Ce qui peut et doit être théorisé avec rigueur, c’est la démarche géopolitique qui sert à comprendre des situations compliquées dont il est difficile de percevoir les tenants et les aboutissants et qul nécessitent donc de mener un raisonnement diatopique et diachronique, c’est-à-dire s’appuyant à la fois : – sur le raisonnement géographique à différents niveaux d’analyse et sur les intersections des multiples ensembles spatiaux, – sur le raisonnement historique qui intègre les différents temps de l’histoire et du présent, – sur la nécessaire prise en compte des représentations plus ou oins subjectives que se font les différents acteurs à propos de chaque territoire, enjeu d’une rivalité de pouvoirs. 1 pouvoirs et des territoires Pouvoir et territoire sont étroitement liés, car tout pouvoir politique officiel (qu’il s’agisse de celui d’un État ou d’une tribu) a son territoire, c’est-à-dire une étendue clairement délimitée sur laquelle s’exerce en principe sa souveraineté et où il est responsable de l’ordre public. Il existe différents types de rapports du pouvoir politique au territoire selon le système politique et l’histoire : État centralisé, État fédéral, État émocratique, État totalitaire, État théocratique, État-nation, État plurinational… , il en existe d’autres types qui s’exercent sur le territoire : pouvoir religieux, pouvoir tribal, pouvoir économique, mais il est parfois plus difficile de tracer les limites du territoire sur lequel s’exercent ces pouvoirs. En revanche, les territoires des États et leurs frontières peuvent être représentés cartographiquement de façon très précise.

En combinant différentes sortes de cartes, qui montrent chacune l’extension particulière des phénomènes nationaux, on comprend alors les conflits géopolitiques. 4. Des ensembles spatiaux et des réseaux Les territoires dont il est question en géopolitique sont le plus souvent ceux des États et chacun d’eux représente un ensemble spatial dont la superficie est délimitée par une frontière officiellement définie et reconnue par les autres États. Ces frontières, mêm ivent en partie des 1 chaînes de montagnes ou ensembles littoraux), résultent de rapports de force plus ou moins anciens entre les États car il n’y a pas véritablement de « frontières naturelles » bien que l’expression soit souvent utilisée comme argument de revendications.

Les ensembles spatiaux que sont les ?tats comprennent des subdivisions administratives, ou des sous- ensembles culturels ou linguistiques, dont les significations géopolitiques sont importantes, car leurs limites ne correspondent pas forcément à celles de l’État, ce qui peut avoir dans certaines situations, des conséquences géopolitiques importantes. Les réseaux sont un autre type d’ensemble spatial, certains sont faciles à cartographier, comme les réseaux fluviaux ou ferroviaires. Ce sont des ensembles spatiaux linéaires caractérisés par leur longueur et la hiérarchie de leur organisation : lignes principales, lignes secondaires ; il xiste d’autres réseaux qui peuvent quadriller un territoire sans matériallsation, à l’image d’un réseau bancaire ; ils sont eux aussi hiérarchisés.

Ces réseaux multiples (grand commerce, réseaux des affaires et des banques ou des lignes aériennes) se sont étendus au-delà des limites de l’ensemble spatial de leur État d’origine et ont pris une importance de plus en plus grande. Il existe également un autre type de réseau très important en géopolitique, ce sont les réseaux clandestins. Ceux-ci peuvent mettre en péril un État, voire plusieurs, et conduire à des affrontements de grande envergure. Parmi les plus célèbres et les plus mena s 1 à des affrontements de grande envergure. Parmi les plus célèbres et les plus menaçants aujourd’hui, on trouve les réseaux terroristes d’Al-Qaida.

Les attentats du 11 septembre 2001, qu’ils ont organisés, sont ? l’origine des dernières guerres, en Irak et Afghanistan, où la plus puissante armée du monde se trouve « empêtrée » depuis des années, avant peut-être de devoir aller combattre au Pakistan. Outre les réseaux terroristes internationaux, ces réseaux clandestins alimentent les rivalités de pouvoir sur certaines portions de terrltoires entre les ppareils d’État et ceux, par exemple, des mafias, comme en Italie du Sud et en Sicile. L’usage du terme « mafia » s’est généralisé pour désigner les réseaux internationaux des trafiquants de drogue ou les circuits de prostitution, dont l’influence géopolitique n’est pas négligeable. Ces réseaux sont de surcroit rivaux et leurs cartes sont changeantes, au fur et à mesure de leurs rivalités et de la répression policière. pour aller plus loin LACOSTE Y. Géopolitique, la longue histoire d’aujourd’hui, Larousse, 2009. LACOSTE Y. , Dictionnaire de géographie. De la géopolitique au paysage, Armand Colin, 2003. LACOSTE Y. , Dictionnaire de géopolitique, Flammarion, 1995. 12 Diatope lacostien REPRÉSENTATION FORMÉE PAR LA SUPERPOSITION SCHÉMATIQUE DE DIFFÉRENTS PLANS CROQUIS THÉORIQUE PAGF 1 américaine. 2 1er ORDRE DE GRANDEUR 10 000 km ÉCHE LES SPATIALES Continents, océans, pays continents, aires de civilisations. EXEMPLES D’ESPACES OU D’ACTEURS Bassin méditerranéen, Sahara, Moyen-Orient, Russie, Brésil, Indonésie, Chine. 2e ORDRE DE GRANDEUR 1 000 km PAGF 7 1 ethnique, nation politique ?

Est-ce rÉtat qui construit la nation ou est-ce Finverse ? En France, le discours d’Ernest Renan « Qu’est-ce u’une nation ? » est devenu une référence presque obligée : partager une histoire et un destin communs, mais qu’en est-il désormais de l’histoire commune quand un pourcentage non négligeable de la population est issu de l’immigration ? 1 . La nation, un concept fondamental en géopolitique La mondialisation des échanges et l’accroissement des migrations, entraînant la circulation des hommes et des idées, contribuent à façonner des sociétés multiculturelles ; dont on aurait pu penser qu’elles conduiraient ? affaiblir l’idée de nation.

Or, la nation est un concept toujours d’actualité ui peut conduire des peuples au nom de la défense de leur souveraineté et/ou de leur identité nationale à des conflits meurtriers (comme, dans les années 1990, les guerres dans les Balkans qui ont suivi l’éclatement de la Yougoslavie), ou à des conflits gérés de façon plus politique et démocratique (comme les tensions actuelles entre Flamands et Wallons en Belgique). A « Vive la nation ! » et ce, quelle qu’en soit la puissance Dans les conflits géopolitlques, Yves Lacoste a montré le rôle que jouait l’idée de nation comme représentation fondamentale au service de rojets géopolitiques, en particulier dans les luttes pour conquérir ou preserver l’indépendance de son pa tion ! on le sait, fut le cri PAGF sait, fut le cri lancé par les sans-culottes à Valmy pour se donner du courage au moment de lancer l’assaut contre les forces coalisées prussiennes et autrichiennes trois fois plus nombreuses venues combattre les forces républicaines pour réinstaurer la monarchie.

Si la victoire de Valmy résulte surtout de l’intelligence tactique de Kellermann, il n’en est pas moins vrai qu’elle illustre aussi l’importance de l’engagement du citoyen en arme dans la défense du territoire de a patrie. 14 La nation se construit dans la volonté que partage un peuple d’être dirigé par l’un des siens, autrement dit, d’être souverain sur son territoire. C’est pourquoi il n’y a pas de nation sans territoire et toute affirmation d’un sentiment national conduit, à plus ou moins long terme, à revendiquer une autonomie de gestion du territoire, voire une totale indépendance. Ce fut le cas des peuples colonisés qui ont revendiqué leur indépendance et l’ont parfois conquise à l’issue de guerres longues et meurtrières. Pour se développer, ce sentiment d’appartenance à une même nation doit rencontrer ertaines conditions.

Parler la même langue est d’évidence l’une d’elles mais elle n’y suffit pas toujours car des peuples voisins qui parlent la même langue n’en constituent pas pour autant une seule et même nation, à l’exemple des pays d’Amérique centrale ou des pays arab en est une autre mais, comme pour les deux exemples précédents qui ont respectivement en partage une même religion, le catholicisme pour les uns, l’islam pour les autres. Dans l’histoire, ce fut souvent dans le combat contre un adversaire qui menaçait la souveraineté dun peuple sur son territoire que s’est développé le sentiment national. Celui-ci est plus ou moins puissant selon que le pays se trouve menacé ou pas. Ainsi, il est puissant en Israël alors même que les conceptions de l’État y sont très opposées (État laique ou relgieux) ou en Iran, où l’opposition au pouvoir politique des mollahs d’une partie de la population n’empêche pas un fort sentiment national ravivé par l’opposition de l’occident au développement nucléaire iranien.

Dans le cas de la Chine, ce n’est pas la menace mais la puissance retrouvée qui alimente la fierté nationale, y compris parmi la diaspora, pourtant hostile au régime communiste, mais désormais fière de sa réussite conomque. B L’État au service de la nation L’État est l’institution politique qui administre la population et le territoire sur lequel s’exerce la souveraineté nationale. Son organisation varie selon les conditions politiques de sa constitution mais aussi parfois selon leur évolution. L’État peut être centralisé, fédéral, confédéral selon le degré d’autonomie accordé aux sous-ensembles politiques territoriaux. Un très vaste territoire peut correspondre à une seule nation, à l’exemple des États-Unis, dont la population, pourtant aux origines dive rès majoritairement issue