extrait d’Alice au pays des merveilles
Notre barque glisse sur l’onde Que dorent de brûlants rayons ; Sa marche lente et vagabonde Témoigne que des bras mignons, Pleins d’ardeur, mais encore novices, Tout fiers de ce nouveau travail, Mènent au gré de leurs caprices Les rames et le gouvernail. Soudain trois cris se font entendre, Cris funestes à la langueur Dont je ne pouvais me défendre Par ce temps chaud, « Un conte ! Un cont Toutes d’une commu Il fallait céder aux cru Que pouvais-je, hélas or 2 Sni* to View La première, d’un ton suprême, Donne l’ordre de commencer. La seconde, la douceur même,
Se contente de demander Des choses à ne pas y croire. Nous ne fûmes interrompus Par la troisième, c’est notoire, Qu’une fois par minute, au plus. Puis, muettes, prêtant l’oreille Au conte de l’enfant rêveur, Qui va de merveille en merveille Causant avec I l’oiseau causeur ; Leur esprit suit la fantaisie. Où se laisse aller le conteur, Et la vérité tôt oublie Pour se confier à l’erreur. Le conteur (espoir chimérique l) Cherche, se sentant épuisé, À briser le pouvoir magique Du charme qu’il a composé, Et « Tantôt » voudrait de ce rêve Finir le récit commencé : ? Non, non, c’est tantôt ! as de trêve ! » Est le jugement prononcé. Ainsi du pays des merveilles Se racontèrent lentement Les aventures sans pareilles, Incident après incident. Alors vers le prochain rivage Où nous devions tous débarquer Rama le joyeux équipage ; La nuit commençait à tomber. Douce Alice, acceptez l’offrande De ces gais récits enfantins, Et tressez-en une guirlande, Comme on voit faire aux pélerins De ces fleurs qu’ils ont recueillies, Et que plus tard, dans l’avenir, Bien qu’elles soient, hélas ! flétries, Ils chérissent en souvenir.