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www. enseignement-et-religions. org/ Méthodes et enjeux d’une lecture anthropologique d’un texte littéraire : le sacrifice de Katow Jean-Paul Tourrel et Jean-Pierre Gerfaud, janvier 1999 Comment aborder la lecture d’un texte littéraire marqué par le linéament religieux, en respectant tout à la fois les signes du texte et les démarches propres à la discipline littéraire ?

Jean-Paul Tourrel et JeanPierre Gerfaud, enseignants ? l’Université Catholique de Lyon, chercheurs au département d’anthropologie culturelle, répondent à la question à partir de leur Sni* to expérience d’enseign formateurs d’enseign or 17 ature anthropologiq et texte que peut s’envi véritable intelligibilité om même de la ntribue à une qui l’a produit et, parl m me, l’intelligibilité par les lycéens de la dimension religieuse qui marque cette œuvre de culture. LES METHODES DU TEXTE Précisons, avant toute chose, que l’œuvre littéraire est une production culturelle et que cette nature de l’œuvre ne peut être occultée, sauf à peser lourdement sur ses significations et ses fonctions.

La prise en compte de cette nature, longtemps estompée dans la recherche universitaire, suite aux options structuralistes et immanentistes des méthodes du texte, rejoint es préoccupations les plus récentes de l’anthropologie culturelle et des sciences humaines pour les productions culturelles et artistiques, Pobjet l’objet de leur étude, et les replacent dans la complexité du système culturel dans lesquelles elles ont été produites.

Reconnaître qu’un texte littéraire a une nature anthropologique, c’est reconnaître sa nature éminemment sociale, sa fonction symbolique, sa réalité linguistique, son existence de fait textuel, la complexité des significations qui y sont liées… Cest ce à quoi se sont employées les différentes critiques dans le cadre espectif des différentes méthodes d’approche du texte littéraire. A quelles conditions méthodologiques est-il possible de rendre compte de la complexité du texte littéraire ?

Dans un premier temps, la gestion de cette complexité passe par une utilisation multiple et maitrisée d’approches diverses. Le lecteur peut mettre en évidence l’imaginaire du texte en lien avec la production du mande particulier de l’auteur, à partir d’une approche thématique. Il peut faire émerger la vision du monde d’un groupe social et expliquer cette vision du monde par le contexte historique et social qui a résidé à l’élaboration de l’œuvre.

Le lecteur peut par ailleurs élucider le rapport entre le texte et la personnalité inconsciente qui l’a produit, à partir d’une approche psychocritique. En recourant aux méthodes proposées par l’approche structurale, le lecteur est ? même d’identifier les structures ou relations internes qui constituent le système signifiant du texte. L’approche sémiotique, avec ses dispositifs relatifs aux différents niveaux de structuration du texte montre comment s’organisent l’univers du sens et le discours de l’œuvre.

PAG » 7 structuration du texte montre comment s’organisent l’univers u sens et le discours de l’œuvre. Quant à l’approche mythocritique, elle relève le substrat mythologique d’une culture comme source probable de l’émergence ou de la réémergence d’un sens. La complexité de l’œuvre littéraire ne se suffit pas de la juxtaposition des approches et du discours qu’elles produisent. une telle complexité appelle une synthèse interprétative des significations émises par le lecteur à l’occasion de sa lecture.

La lecture ne peut laisser le texte dans un état d’analyse et de déconstruction, sans que soient pris en compte les traits culturels communs observables dans les ifférentes identités qu’ont permis de manifester les approches précédemment citées, en particulier l’identité culturelle et sa dimension religieuse, dont la présence varie selon les textes et en vertu de leur intentionnalité propre.

S’impose donc une lecture qui dépasse la particularité et la pluralité des approches et qui dégage les signes ou les marques de cette identité culturelle, celle de l’auteur, ellemême liée aux mythes qui font partie de la culture dans laquelle il se reconnait. Document issu du site @www. enseignement-et-religions. org 2007 2 – LES ENJEUX D’UNE LECTURE ANTHROPOLOGIQUE

On aura compris que la lecture des œuvres littéraires présente une complexlté qui n’est pas que thématique et que cette complexité peut donc constituer un alibi en rencontrant l’œuvre de façon superficielle, y compris parfois en multipliant la lourdeur des appareils méthodologiques ou compris parfois en multipliant la lourdeur des appareils méthodologiques ou en se réfugiant dans le traitement privilégié d’œuvres qui d’évidence formulent de façon explicite ou apologétique la dimension religieuse.

La lecture anthropologique que nous préconisons et qui vise ? fournir le cadre méthodologique sans exclure les dimensions ythiques et religieuses du discours littéraire, non seulement permet à l’enseignant d’assurer à ses élèves une compréhension aussi complète que possible du texte littéraire, dans sa complexité propre, mais aussi une compréhension de la complexité d’un fat culturel. Cest en respectant le phénomène ittéraire dans la totalité de ses composantes que le lecteur peut découvrir la dimension culturelle de celui-ci et la part quy prend le discours mythique et religieux.

Une élucidation de l’expression mythique que prend la dimension religieuse de l’œuvre littéraire suppose un pprentissage et la mise en évidence progressive des traits qui caractérisent la culture propre et les productions, y compris littéraires, qui lui sont liées. une telle lecture ne met-elle pas en cause le principe d’autonomie du texte, celle de l’enseignant ou celle de l’élève ? Reconnaître le texte comme un fait objectif ne dispense pas de l’analyser ou de l’appréhender dans les différentes relations qui le lient à la culture, l’impose même dans sa nature de fait anthropologique.

Reconnaitre le texte comme un fait objectif contenant des dimensions anthropologiques et culturelles ne dispense pas l’enseignait, en vertu ême des instructions officielles, qui r 13 culturelles ne dispense pas l’enseignait, en vertu même des instructions officielles, qui régulent son enseignement, et du respect dû à l’objectivité du texte, de prendre en compte les dimensions anthropologiques et culturelles. ar ailleurs, tout lecteur, y compris l’enseignant et son élève, faisant office de récepteur du texte, ne saurait lire indépendamment du milieu culturel dans lequel il s’inscrit et que sa lecture peut lui permettre d’identifier, et ce, en particulier, dans le cas de l’apprenti-lecteur.

Quant à l’élève lui-même, il est invité à découvrir rogressivement, à l’occasion de sa lecture anthropologique du texte, tout à la fois les traits distinctifs du religieux et son rapport à la culture qui est son principe du texte, à construire peu à peu un savoir à propos du fait religieux, en découvrant son caractère dynamique et structurant à l’œuvre dans la culture et dans le texte. Une telle démarche amène l’élève à identifier sa propre culture et son propre degré d’autonomie par rapport au système culturel ainsi découvert.

SEQUENCE D’APPRENTISSAGE A DESTINATION DES APPLICATION DES MÉTHODES PRÉCÉDEMMENT DÉCRITES ELEVES DU LYCEE EN 3. ) Cadre didactique prend le sacrifice dans chacune de ces dimensions ; – de découvrir la manière spécifique dont ce texte, inspiré par le système culturel, ici le judéochristianisme, qui est à son principe, donne sens au sacrifice. Prérequis En préalable à cette séquence, les élèves auront lu le texte de la Genèse décrivant le sacrifice d’Abraham (ch. XXII, 1. 19), ainsi que les récits de la Cène et de la Passion du Christ (Me, XIV-XV).

Les élèves auront eu connaissance, à travers l’étude antérieure de textes, du schéma sacrificiel permettant de rendre compte des acteurs et des facteurs intervenant raditionnellement dans la situation du sacrifice. Les élèves auront acquis progressivement des éléments concernant le fait religieux. Ils auront progressivement appris a maîtriser les approches textuelles. Document issu du site C v. mw. enseignement-et-religions. org Situations d’apprentissage Le texte proposé à l’analyse de la classe est emprunté au roman d’André Malraux, La Condition Humaine, Paris, Gallimard, 1933.

La séquence se deroule sur deux heures consécutives ou non. Lors de la première heure, la classe est divisée en différents groupes de travail, chacun abordant le texte à partir d’une approche et d’une onsigne particulière. Chaque groupe doit aboutir à la formulation écrite dune ou plusieurs interprétations et authentifier les significations mises à jour par un choix de références précises empruntées au texte étud consacrée à la remontée des travaux des groupes et à une synthèse interprétative des apports obtenus à l’aide des approches. 2) Texte et questionnaire proposés aux élèves Extrait de la Condition Humaine – Hé là, dit-il à voix très basse. Souen, pose ta main sur ma poitrine, et prend dès que je la toucherai : je vais vous donner mon cyanure. Il n’y en a absolument que pour deux. Il avait renoncé à tout, sauf à dire qu’il n’y en avait que pour deux. Couché sur le côté, il brisa le cyanure en deux. Les gardes masquaient la lumière qui les entouraient d’une auréole trouble ; n’allaient-ils pas bouger ?

Impossible de voir quoi que ce fût ; ce don de plus que sa vie, Katow le faisait à cette main chaude qui reposait sur lui, pas même à des corps, pas même à des voix. Elle se crispa comme un animal, se sépara de lui aussitôt. Il attendit, tout le corps tendu. Et soudain, il entendit l’une des deux voix : – C’est perdu. Tombé. Voix à peine altérée par l’angoisse, comme si une telle atastrophe n’eût pas été possible, comme si tout eût dû s’arranger. Pour Katow aussi, c’était impossible.

Une colère sans limites montait en lui mais retombait, combattue par cette impossibilité. Et pourtant ! Avoir donné cela pour que cet idiot le perdit Quand ? Demanda-t-il. Avant mon corps. Pas pu tenir quand Souen l’a passé : je suis aussi blessé à la main. Il a fait tomber les deux, dit Souen. Sans doute cherchaient-ils entre eux. Ils cherchaient ensuite entre Souen et Katow, sur qui l’autre était probablement presque couché, car Katow, sans rien voir, sentait près de PAGF70F17