Entr Sociale Et Le Devellopement Durable

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L’entrepreneuriat social et le développement durable : quels modèles d’affaires dans le champ social ? Amina Omrane, Chercheur associée en sciences de gestion Dynamique des Processus Entrepreneuriaux, EM Lyon Business School UREMO, Institut des Hautes Etudes Commerciales à Carthage (IHEC) Email: amina. omrane@yahoofr, amina. omrane@em-lyon. com Route de unis Krn 5. -sakiet EZZit- Sfax-3021-Tél: (0021 6) 24 512 Sni* to 792 Alain Fayolle, Profess Dynamiques des Pro Email : fayolle@em-ly Résumé sus EM Lyon Business Face aux défis soulevés par le développement durable, plusieurs nations, et en leur sein plus articulièrement des organismes et autres acteurs sociaux, s’interrogent sur leurs rôles et souhaitent engager des démarches volontaristes de responsabilité sociale. Cependant, en général ils disposent de peu de moyens leur permettant de concrétiser leurs objectifs.

L’objet de cette communication est de montrer que l’entrepreneuriat social, en tant qu’outil d’aide au gouvernement, appliqué à la résolution de problématiques sociales, peut offrir un associée en sciences de gestion Alain Fayolle, Professeur à EM Lyon Business School Dynamiques des Processus Entrepreneuriaux, EM Lyon Business adre d’analyse afin d’apporter une réponse aux défis posés par le développement durable. pour ce faire, nous montrons l’utilité de différents modèles d’affaires développés en entrepreneuriat social, notamment dans le contexte Européen.

Nous en concluons que les modèles d’affaires sociaux constituent bel et bien un relais fondamental qui permet aux entrepreneurs sociaux de contribuer activement au développement durable. Mots clés : entrepreneuriat social, développement durable, modèles d’affalres sociaux. 2 Introduction Les évolutions en cours, d PAGF 8 s années 1970, liées à la ‘accélération des changements induits par l’internationalisation des activités économiques. Face à ces mutations profondes, les gouvernements se sont activés afin de chercher des solutions à ces divers problèmes, dans l’optique de relancer la croissance economlque.

Plusieurs organisations ont alors adopté un comportement défensif consistant en une simple réaction aux pressions exercées par l’environnement. Cependant, il s’avère que leurs réactions étaient disparates et mal coordonnées (Davis, 1992). D’autres organismes, conscients de la nécessité d’adopter des démarches de développement durable, nt souhaité s’engager dans la voie de la durabilité via des projets entrepreneuriaux forts, ambitieux, offensifs, mais surtout pérennes.

Or, si les recherches portant sur la thématique du développement durable se sont largement multipliées ces dernières années, elles portent dans leur majorité, soit sur la conceptualisation et les déterminants du développement durable soit sur son impact sur la performance des entreprises, voire des nations. Aussi, au regard de la littérature disponible, il s’avère que le développement durable demeure un concept complexe, aux contours flous, et ui souffre d’une cruelle absence de consensus quant à ses conceptualisations, dimensions et modes d’opérationnalisation (Mathieu, 2005 ; Faivre-Tavignot et Lehmann-Ortega, 2008).

Notre réflexion part du constat que les recherches qui suggèrent de véritables outils ? l’attention des acteurs du développement durable sont rares. A cet effet, nous proposons de montrer que l’entrepreneuriat social en tant que moyen privilégié de résolution des problèm aux défis soulevés par le développement durable. Pour ce faire, nous nous appuyons sur les différents modèles d’activités dans le champ social qui ont ?té développés en entrepreneuriat dans le contexte Européen. Ce travail s’articule autour de trois parties.

Dans une première partie, nous présentons au sein d’un cadre conceptuel les liens théoriques entre le développement durable et l’entrepreneuriat social. Nous appréhendons ensuite le concept d’entrepreneur social, en positionnant racteur comme le précurseur de tout engagement dans la voie de la durabilité. Finalement, dans la troisième partie, il est question d’explorer les différents modèles d’affaires qui permettent aux entrepreneurs sociaux de contribuer au développement durable, otamment dans le contexte européen. – L’entrepreneuriat soclal orienté vers le développement durable : Cadre théorique Ce cadre théorique a pour objectif de montrer dans quelle mesure l’entrepreneuriat social pourrait contribuer pleinement à répondre aux défis soulevés par Lé développement durable La notion de développement durable est au cœur des préoccupations actuelles et suscite un véritable eneouement aus des chercheurs, que des 8 Godard, 2001 ; Gabriel et Gabriel, 2004 ; Gabriel, 2007).

Une première étape dite de dénonciation. Pendant cette phase, maintes institutions nternationales ont largement contribué à une montée en généralité du développement durable, visant de confronter le problème environnemental aux solutions globales envisagées. Le sommet de Stockholm de 1972 est considéré comme la première prise de conscience de la communauté mondiale.

Ensuite, l’expression développement durable a été proposée pour la première fois en 1980 par l’union mondiale de la conservation de la nature (IJMCN) pour désigner un développement qui tient compte de l’environnement, de l’économie et du social. En 1987, le concept de développement durable est devenu élèbre et institutionnalisé suite ? sa parution dans le rapport Brutland par la Commission Mondiale sur PEnvironnement et le Développement (CMED).

Depuis, le développement durable, dans son acception la plus 4 générale, est défini comme un développement capable de répondre aux besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. Cependant, force est de constater qu’au cours de cette première étape, le développement durable a représenté un projet promu par les grandes instances internationales, non encore onstruit, ni concrétisé par les acteurs concernés.

La deuxième étape de diffusion du développement durable est relative à l’élaboration d’u PAGF s 8 1996). Ces institutions ont commencé à porter effectivement le projet à partir de la deuxième moitié des années 1990. L’OCDE, participant ? ce mouvement, a défini le développement durable comme un concept qui « englobe des préoccupations d’équité et de cohésion sociale, ainsi que la nécessité de parer aux menaces contre les biens communs de l’humanité n.

La troisième étape quant à elle concerne la mise en pratique des rocédures et normes d’action ayant pour principale vocation l’implication pragmatique des divers acteurs économques, notamment des entreprises, pour qu’ils s’inscrivent dans la voie de la durabilité, visant toujours la réconciliation entre croissance économique, respect de l’environnement et équité sociale (Bansal, 2004, Boutillier, 2008).

Ainsi, il serait utile de mentionner que cette troisième phase représente l’étape la plus importante quant à la diffusion concrète des pratiques du En effet, à ce stade, deviennent effectives la contribution et l’implication des différents cteurs, entre autres des entreprises, qui s’inscrivent dans la voie de la durabilité. Ceci se traduit par ce que l’Union Européenne qualifie de responsabilité sociale des entreprises ou RSE, pour laquelle le terme « social » comprend un aspect environnemental et un aspect sociétal.

Une entreprise socialement responsable est une entreprise qui agit de manière responsable en respectant les intérêts et les attentes de toutes ses parties prenantes (Campbell, 2007). Dans une vision plus engageante et intégrée de la RSE, plusieurs chercheurs affirment qu’une entreprise sociale le est une entreprise PAGF 6 8 se posent des problèmes et des philosophies de réponse face ? ces problèmes sociaux » (Carroll, 1979 ; Watrick et Cochran, 1985 ; Wood, 1991 ; Swanson, 1995). ne tene démarche prône des pratiques d’entreprises coordonnées porteuses à terme de performance et de bien être social soulignant, par ailleurs, l’interdépendance qui existe entre les entreprises et la société. Dans cette même perspective, les travaux de Husted (2000) font appel à la logique de contingence pour expliquer l’interaction qui existe entre les problèmes sociaux, la structure et a stratégie de réponse volontaire à ces problèmes.

Dans cette recherche, nous souscrivons à cette approche volontariste qui met en exergue l’interdépendance existant entre les entreprises et la société. Cette approche, à l’encontre d’une vision utilitariste fondée sur la durabilité et la pérennité financière, fait l’éloge d’une éthique et d’un certain altruisme, à travers des actions mobilisées pour résoudre les problèmes sociaux et agir en faveur du bien être de la communauté dans son ensemble.

Dans ce contexte, force est de mentionner que, même si l’attention est davantage portée à la imension sociétale, les dimenslons économique et écologique ne sont pas ignorées mais valorisées de façon indirecte, d’autant plus que les trois aspects sont intimement liés dans une logique de développement durable : ce qui est bénéfique pour la société est utile pour un PAGF 7 8 concourt activement au développement durable, par le biais de modèles d’activités développés afin de satisfaire des besoins sociaux non encore explorés par l’Etat et le marché.

Compte tenu de la jeunesse des investigations et du champ d’application en matière d’entrepreneuriat social, il serait judicieux de partir d’une ynthèse de la littérature autour de ce concept afin de mieux l’éclairer, l’appréhender et cerner ses différentes perspectives théoriques. -2- L’entrepreneuriat social, levier du développement durable Si les recherches en entrepreneuriat ne sont pas encore assez consistantes pour faire l’objet d’une unanimité autour de sa conceptualisation, les études portant sur l’entrepreneuriat social, en tant que thématique de l’entrepreneuriat, soulignent également la prolifération des 6 définitions, des conceptions et corroborent l’absence d’un paradigme fédérateur dans ce hamp de recherche (Dees, 1998) 1.

Dans cette même logique, Mair et Marti (2006) 2 soulignent que l’entrepreneuriat social demeure à un stade d’émergence, du fait que « peu de gestionnaires et encore moins de chercheurs en entrepreneuriat s’intéressent à ce phénomène » (Boncler et Hlady-Rispal, 2004, p. 21). Néanmoins, nul ne peut contester u’actuellement, le contexte est résolument tourné ver PAGF 8 8 la fin des années 1990. Ainsi, force est de constater que ce concept est encore à un stade embryonnaire tant dans le monde francophone, qu’Anglo-Saxon Oohnson, 2000, 2003 ; Audet et Julien, 2006) 3.

L’entrepreneuriat social a pour principale vocation, outre la création d’entreprise, la réponse ? des besoins sociaux, non encore satisfaits par l’Etat et/ou par le secteur marchand (Thompson, 2002 ; Alvord et al, 2004). A l’encontre d’une économie marchande et capitaliste qui plaide pour la réalisation d’objectifs strictement financiers, l’entrepreneuriat social s’inscrit dans une logique solidaire, se donnant pour priorité la cohésion sociale.

Mort et al (2002) avancent que l’entrepreneuriat social est un construit multidimensionnel qui comprend l’expression d’un comportement entrepreneurial afin ‘accomplir une mission sociale. Il désigne, en outre, l’aptitude à reconnaitre la valeur sociale via la création d’opportunités et la détention de caractéristiques clés de prise de décision axées sur l’innovation, la proactivité et la prise de risque.

Cité par Bacq et Janssen (2008, p. 4), « Définition de l’entrepreneuriat social : revue de la littérature selon les critères géographique et thématique », Association Internationale de Recherche en Entrepreneuriat et PME, 2 Cité par Bacq et Janssen (2008, p. 4), « Définition de l’entrepreneurlat social : revue de la littérature selon les ritères géographique et thématique Association Internationale Cité par Brouard. F. 2006, reneuriat social, mieux l’entrepreneuriat social par les « processus liés à la découverte d’occasions afin de créer de la richesse sociale et les processus organisationnels développés et utilisés pour atteindre les fins désirées Selon Martin et Osberg (2007), l’entrepreneuriat social comprend trois éléments fondamentaux : 1- l’identification d’un équilibre stable mais injuste qui exclut, marginalise ou cause de la souffrance à un groupe qui n’a pas les moyens de ransformer l’équilibre, 21’identification d’une opportunité et le développement d’une valeur sociale nouvelle proposée afin de défier l’équilibre et enfin 3- le développement d’un nouvel équilibre stable afin d’alléger la souffrance du groupe visé à travers l’imitation et la création d’un écosystème stable autour du nouvel équilibre afin d’assurer un meilleur futur pour le groupe et la société. Enfin, nous nous attachons aux apports de Zahra et al (2008, p. ) qui ajoutent et synthétisent une revue de la littérature sur l’entrepreneuriat social en édictant u’il « englobe les activités et les processus entrepris pour découvrir, définir et exploiter les opportunités afin d’augmenter la richesse sociale en créant de nouvelles entreprises ou en gérant les organisations existantes d’une manière innovante ». Ayant présenté ces différentes définitions et conceptions de l’entrepreneuriat social, nous pouvons donc mettre en avant que ce concept renvoie à l’existence de deux éléments fondamentaux : 1- la découverte et l’exploitation d’opportunités d’affaires, via la recension de problèmes nouveaux, non és ou comblés par les