En quête de Respect : Le crack à New York
BASTIEN CORTO Sociologie Fiche de Lecture or 18 Sni* to View En Quête de Respect • Le Crack à New-York -Philippe Bourgois- 2013, Seconde édition française la presqu’ile de Manhattan, où l’économie se trouve florissante dans les années 1980. une méthode détude et d’analyse : l’observation participative La nécessité de l’observation participative Bourgois énonce dès sa préface puis au cours du premier chapitre les raisons qui l’ont fait choisir la méthode de l’observation participative dans son étude du Barrio.
Selon lui, les chiffres qui sont fournis par l’administratlon américaine oncernant les facteurs de pauvreté, de violence, de drogue, et même de recensement (d’après Bourgois près de milles hommes habitant le Barrio ne sont pas pris en compte ) ne correspondent en rien à la réalité sociale de l’East Harlem. Les études quantitatives se retrouvent ainsi grandement erronées et seul une étude « sur le terrain » pourrait davérer à même de pallier ? un tel manque d’information.
Le choix de l’observation participative s’avère d’autant plus nécessaire pour Bourgois qu’il s’aperçoit que l’économie clandestine, qui assure aux ménages en difficultés économiques a possibilité de s’assurer un niveau de vie minimum, ne possède pas un rôle indirect et secondaire au sein de la communauté du Barrio mais constitue le cœur de la vie économique et surtout sociale du quartier. L’ampleur est ainsi telle qu’une simple observation extérieure s’avèrerait inutile pour comprendre la totalité des mécanismes existants.
Il est donc nécessaire, pour l’enquêteur, de s’intégrer pleinement dans la communauté qu’il étudie et ce aussi bien au niveau matériel que social. ‘enquêteur et son intégration dans la communauté Sur le plan matériel, l’inté ur PAGF 18 L’enquêteur et son intégration dans la communauté Sur le plan matériel, l’intégration de l’auteur semble avoir été complète. Au cours des cinq années de l’étude, Bourgois s’est installé avec sa femme et son fils, Emiliano, dans un appartement de East Harlem, en mauvais état, en plein cœur du quartier, donc de son lieu d’étude.
Ses voisins de paliers étaient ainsi directement membre de la communauté qu’il étudiait et son cadre de vie pendant toute la durée de son étude était identique à celui des individus auxquels il s’intéressait. Bien que blanc au sein d’un quartier à majorité hispanique et afro-americaine, Bourgols a tout de même eté en mesure de s’intégrer facilement dans son environnement malgré les méfiances pouvant exister à son égard en le considérant comme un policier en civil ou « au mieux » comme un junkies.
L’insertion dans le quartier a été favorisée par deux éléments. D’une part sa femme, portoricaine, comme près de la moitié du Barrio et la présence de son fils ont quelques peu dissipé certains doutes quant à sa profession. D’autre part, l’auteur a très vite reçu un outien de Ray, le propriétaire des différentes maisons de crack dans lesquelles l’auteur mène son enquête, qui lui assure, par sa confiance, une certaine égitimité mais également une certaine sécurité physique.
De l’enquête de terrain à la retranscription et l’analyse sociologique Une grande part de l’étude réalisée par Bourgois se base sur les témoignages croisés de nombreux habitants du Barrio dont les plus interrogés sont désignés sous les pseudonymes, pour garder leur identité, de Primo, César, et Candy. L’auteur, 18 désignés sous les pseudonymes, pour garder leur identité, de Primo, César, et Candy.
L’auteur, qui se lie petit à petit d’amitié avec eux, se trouve en mesure de les interroger sur de nombreux phénomènes soclaux en les questionnant sur leurs ressentis, sur leur vie dans le Barrio. La ligne initiale de l’étude est fortement incertaine et c’est véritablement autour de ces dialogues et de leurs évolutions que Bourgois se trouve en mesure d’analyser la société du Barrio sous de multiples problématiques.
Il utilise un dictaphone pour retranscrire les dialogues et échanges qu’il a avec différents habitants du quartier lors de son nquête, lui assurant ainsi la possibilité de rapporter un grand nombre de discours directs. Ces discours qul sont retranscrit dans son livre en grande quantité assurent au récit une dimension narrative conséquente qui assure au texte, selon mon avis, une nature plus accrocheuse et vivante à l’étude ethnographique.
Le rapport direct des dialogues permet offre également au lecteur la possibilité d’effectuer sa propre analyse sociologique, ou du moins, lui offre un support ethnographique relativement non- biaisé par une possible analyse de l’auteur. Le livre est également accompagné d’une dizaine de photos prises par l’auteur lors de son étude qul offrent un autre support matériel relativement neutre qui éclairent en illustre les dialogues et propos de l’auteur. enquête historique pour une intégration sociale intégrale Dans son objectif de comprendre au mieux les diverses logiques qui organisent les interactions sociales au sein de la communauté portoricaine du Barrio des année 8 les interactions sociales au sein de la communauté portoricaine du Barrio des années 1980, Bourgois pousse même la logique de ‘observation participative en étudiant et en analysant le passé de la communauté portoricaine et la culture dont elle a hérité après sa migration à Manhattan.
Il s’intéresse ainsi, dans un premier temps, aux conditions d’immigrations et d’arrivé des portoricains (dont la population constitue aujourd’hui le cœur du Barrio) avant de s’intéresser à Phistoire et au passé culturel de la communauté, notamment en étudiant la culture de Porto Rico. Bourgois réalise ainsi, dans le cadre de son étude de terrain, un voyage à Porto Rico, où il se rends dans les villages d’origines es différents indlvidus qu’il a rencontré au Barr10, afin d’étudier pleinement la culture portoricaine ayant été hérité.
Par une telle observation, il peut ainsi comprendre un certain nombre de logiques et de comportements sociaux, notamment vis à vis de l’idée de la société patriarcale, ou de la conception culturelle du jibara qui se retrouve mises à mal par le cadre social américain dans lequel évoluent désormais les descendants de migrants.
L’observation participative face à ses limites ‘enquête réalisée par Philippe Bourgois se retrouve toutefois onfrontée à de nombreux problèmes et difficultés à la fois particuliers à l’étude du Barrio et communes à toutes les enquêtes de types « observation participative La première difficulté rencontrée par l’auteur réside dans son interrogation quant à l’interprétation où les préjugés auxquels son enquête pourrait se trouver confrontée.
L’auteur se demande ainsi PAGF s 8 l’interprétation où les préjugés auxquels son enquête pourrait se trouver confrontée. L’auteur se demande ainsi, et ce dès la préface, si son étude ne comporte pas des stéréotypes égatlfs, ou pouvant être interprétés comme tels, vis-à-vis des portoricains, et plus généralement des habitants de quartiers pauvres tels East Harlem. De tels préjugés pourraient mener à un discours d’infériorisation des minorités, biaisant ainsi son étude.
Toutefois il souhaite rapporter la misère qui est présente au sein u Barrio, et apporter un regard critique sur la situation des minorités dans les ghettos aux Etats-Unis et ainsi dénoncer le ségrégation sociale de ce qu’il appelle « l’inner city Un tel objectif est d’ailleurs affiché très clairement dans le titre du remier chapitre qul s’lntitule « Vloler l’apartheid aux Etats-Unis Le problème inverse se trouve également posé dans la mesure où l’auteur craint, par sa proximité avec les individus qu’il étudie et par le rapport de leur condition sociale, de « dédramatiser » la violence dans les quartiers, et ainsi placer son ouvrage en plaidoyer pour la défense des dealeurs de crack de East Harlem.
Il est vrai que les relations qui existent entre fauteur de l’enquête et les revendeurs de cracks tels Primo, Ray ou César peuvent amener à apprécier les personnages et à les mettre dans une osition de simples victimes, position qui se retrouve renforcée par la forme narrative de l’ouvrage qui peut apparenter les individus interrogés à des sortes de « héros de roman », aux quels on s’attache et à qui l’on pardonne certaines choses. Toutefois certaines parties d 6 8 s’attache et à qui l’on pardonne certaines choses. Toutefois certaines parties du livre, et certains dialogues tranchent totalement avec une telle vision notamment lorsque l’auteur rapporte, indigné, les propos de primo et César sur le viol collectif et son caractère « innocent » apparent pour les deux hommes.
L’ultime problème auquel se trouve confronté Bourgois en entreprenant son étude par la méthode de l’observation participative réside dans sa confrontation avec la violence permanente des rues du Barrio qui ramène à s’interroger sur la nécessité d’habiter au cœur de son lieu d’étude, et ainsi mettre son propre enfant au contact de la société violente du Barrio, où la morts et les coups de feux font parti du paysage quotidien et où les revendeurs de crack semblent omniprésents. L’auteur se demande ainsi, au court de son enquête si il est véritablement égitime, au nom de l’intégration totale requise par l’observation participative, de mettre son propre enfant au contact d’une telle violence. Une telle interrogation se retrouve même renforcée lorsque l’on diagnostique une encéphalopathie, une grave maladie, à Emiliano, son propre fils, ramenant à s’interroger sur la continuité de son enquête.
Comprendre la ségrégation de l’inner-city : un enjeu sociologique L’inner city : rexclusion sociale et économique des minorités SI le lyre de Bourgois se particularise par la méthode d’étude ntreprise lors de l’enquête, les sujets qu’il traite se démarquent aussi par leur originalité d’approche. Dans En quête de respect, Bourgois se penche en premier lieu sur la ségrégation sociale qu 7 8 quête de respect, Bourgois se penche en premier lieu sur la ségrégation sociale qui existe au sein même de la presque ile de Manhattan avec la formation de quartier ségrégés et pauvres, les « Inner-city Son questionnement porte essentiellement, avant l’étude de terrain, sur les causes de l’exclusion économique comme sociale de ces quartiers, qui regroupent une immense ajorité d’immigrants, ou de descendants d’immigrant.
Son objectif, comme il l’a déjà été dit, est de dénoncer, par l’étude du terrain, la forme d’hypocrisie qu’adoptent les pouvoirs publics américains vis à vis des migrants. Selon Bourgois, en effet, ces dernier fournissent une analyse biaisée, erronée de ce phénomène de ségrégation, bien qu’il soit reconnu numériquement. D’après le recensement de 1 990, le taux de pauvreté à East Harlem est supérieur de à celui de l’ensemble de New York et la population portoricaine y est représentée à 52 % contre 12% en moyenne à New York. Bourgois propose en effet d’expliquer un tel phénomène par l’intégration incomplète, voire inexistante, de certaines minorités aux caractéristiques sociales particulières et différentes de celles de la structure sociale américaine.
Des problématiques sociologiques propres à « l’inner city Pour mettre en valeur l’ensemble des facteurs sociaux qui contribuent au phénomène de ségrégation des « inner-city Bourgois cherche à s’intéresser au maximum de problématiques possible lors de son étude sur le terrain dans le quartier du Barrio. Toutefois, l’inner-city qu’il cherche à étudier s’avère être un réseau immense et complexe où diverses logiques sociales coexi 8 qu’il cherche à étudier s’avère être un réseau immense et complexe où diverses logiques sociales coexistent et s’affrontent, formant le climat particulier dans lequel a lieu le phénomène de ségrégation.
L’ouvrage possède ainsi une organisation qui semble à la fois chronologique et thématique avec une présentation initiale et générale du quartier au moment de l’arrivée de l’auteur pour se préciser progressivement à la suite des discussions entre ‘auteur et les individus du quartier, et à la suite des thèmes de discussions abordés. Alors qu’il pensait n’être confronté qu’indirectement ? l’économie clandestine (travaux et emplois non déclarés, de démolition, de vente de drogue, etc. ), Bourgois s’aperçoit que celle ci constitue le cœur des activités économiques du Barrio et qu’elle est d’une telle ampleur qu’il s’avère impossible de l’aborder dans sa totalité.
Bien qu’il annonce clairement dès l’introduction, en page 30, à la ligne 22, que « Le sujet de cet ouvrage n’est ni le crack ni la drogue à proprement parler », ceux i ont une importance et une récurrence tellement importante qu’il est impossible dans le cadre de l’analyse sociologique de ne pas s’y intéresser pour expliquer certains types de phénomènes sociaux, sans toutefois passer outre un grand nombre d’autres éléments. Il offre une vision très large de « l’inner city et de la « street culture » en étudiant de nombreux thèmes tels l’éducation et le système scolaire, les conditions et les structures familiales, la place des femmes, qui touchent quotidiennement les habitants de East Harlem. Le cas de la vente de crack : conséquence ou ca