Dom juan
Dom Juan . Molière Acte 1, Scène 1 La première et la dernière phrase de ce passage (éloge du tabac) donnent une image de la complexité de toute la pièce. Cet éloge ne constitue qu’une partie de la première réplique de Sganarelle, qui retrouve ce que le spectateur attend d’une exposition ensuite La première proposition de la réplique se construit sur une opposition à Aristote et à toute la philosophie. Très vite apparaissent des valeurs clés du 17ème siècle : honneur, vertu, âme, savoir vivre (de manière obligeante).
Honnête homme : H se comporte avec ret connait malgré tout eprésente un modèl siècle. Symbole du m ue, org to View oir vivre. Il odération. Il i savant, cultivé : il la société du 17ème a Renaissance. Aristote : philosophe grecque (3ème siècle av. JC) de l’antiquité, qui fait argument d’autorité. Sa Poétique régule tous les codes tragiques. Parodie : détournement comique d’une certaine forme littéraire. Satire : porte directement sur la réalité (guignols de l’info) : satire des hommes politiques, parodie du IT.
La première réplique de la scène d’exposition fonctionne d’une manière très particulière, puisque le cadre de la scène 1 et les ropos tenus par Sganarelle reposent sur une ambigüité. En effet, le spectateur est confronté à un décors de palais et entend discourir sur Aristote. Ambigüité sur le genre de la pièce comédie ou tragédie ? pour Molière, il s’agit bien d’une comédie, mais qui reprend les ressources du genre noble qu’est la tragédie, et pourtant Molière ne respecte pas les codes théâtraux qui regissent la tragédie ? son époque (règle des trois unités).
Problématique : Comment relier l’éloge du tabac au reste de la pièce et quel est son rôle ? l- La double énonciation : à qui s’adresse cet éloge ? La conversation entre les deux personnages semble démarrer « in medias res » (en cours de route), d’autant plus que Sganarelle dit : « reprenons un peu notre discours La pièce débute donc par une scène entre deux serviteurs, dans laquelle Sganarelle semble monopoliser la parole dès la première réplique, ce que va confirmer le reste de la scène 1, car le volume des répliques est déséquilibré en faveur de Sganarelle.
Dès la tirade de Sganarelle également, le spectateur apprend que Gusman est un serviteur : Done Elvire, ta maîtresse et que Sganarelle est probablement un valet lui-aussi : « Sganarelle, ton aître Molière construit donc son exposition sur deux valets. Cette même exposition joue sur les codes de la représentation, puisqu’elle implique une confusion volontaire entre un décors tragique (palais) et un dispositif comique (échange entre les deux valets). Telle que la décors tragique (palais) et un dispositif comique (échange entre les deux valets).
Telle que la pièce nous est parvenue, elle comporte très peu de didascalies. Dès l’exposition, Molière met à nu les conventions du théâtre, et met en jeu ces conventions : cela concerne non seulement la ouble énonciation, mais aussi la construction de l’exposition. Les premiers mots de la tirade mentionnent Aristote et la philosophie, et semblent donc annoncer une pièce qui va traiter de problèmes abstraits, ce que va confirmer progressivement la portée argumentative de chaque scène de la pièce. l- Le genre de féloge Toute la première partie de cette première réplique est construite sur une éloquence de féloge. Pourtant, le personnage reste bien un valet, et peu à peu, ses propos vont devenir bouffons. Les premiers mots s’opposent aux arguments d’autorité. D’entrée de jeu, l’éloge s’érige contre l’autorité impliquée sur les règles du théâtre par Aristote, non seulement de la philosophie, mais aussi implicitement contre l’autorité religieuse qui avait interdit l’usage du tabac. Ce passage est vislblement une parodie qui reprend la structuration de l’éloge.
Eloge : présence d’hyperboles et de propos mélioratifs : « passion », « des honnêtes gens », « n’est pas digne de vivre », syntaxe typiquement argumentative, avec des questions oratoires « ne voyez-vous pas Sursaturation de connecteurs logiques : « non seulement « mai uestions oratoires « ne voyez-vous pas Sursaturation de connecteurs logiques : « non seulement « mais encore », « tant il est vrai que de quelle manière « mais « comme » Cet formules rhétoriques servent à introduire des rythmes binaires, qui vont être mis au service d’un effet de généralisation rhétorique que l’on peut relever : « l’on apprend », « fon en prend on en demande s, « on attend « on n’attend Y, « on court » L’effet de généralisation montre que, chez Sganarelle, il y a une volonté de montrer une théorie. Or, cette théorie est en fait caustique et satirique.
Relevé de l’éloge du tabac « Passion des honnêtes gens » « digne de vivre » hyperboles « purge les cerveaux humains » « instruit les âmes » « comme on en use avec tout le monde », « on court au souhait des gens » hyperboles purge : thème de médecine « inspire des sentiments d’honneur et de vertu » D’après Sganarelle, le tabac n’aurait que des qualités, qui sont précisément les qualités qu’on attend d’un honnête homme. Or, pour Sganarelle, toutes ces qualités sont liées au tabac (interdite). Donc, sans tabac, plus de civilités. Toutes les qualités morales ont liées à une marchandlse, c’est-à-dire qu’en prononçant cet éloge, Sganarelle se livre à une inversion des valeurs : il déclare le tabac vertueux alors même que l’Eglise le condamne. Critique du comportement des hommes dans la société, sans l’Eglise le condamne. tabac, il n’y a plus d’honnête homme, ni de civilité.
En définitive, féloge du tabac est une satire soclale, qul en plus se fait avec une substance controversée. Cette éloge est déjà la transgression d’un interdit religieux en lui-même. « Dès qu’on en prend ». Dans l’éloge, Sganarelle montre bien que cette archandise constitue une utopie des rapports sociaux. Or, c’est l’effet inverse que produit le texte, puisqu’à contrario, il dénonce le côté artificiel de tous les rapports sociaux qui ne sont basés que sur de la marchandise, serait-elle aussi controversée que le tabac. Tabac = dessert des Enfers qualifié par PEgllse. Ill- ‘exposition 1) Présentation implicite de Dom Juan Cette première partie de la tirade de Sganarelle est particulièrement dense.
On ne peut pas s’empêcher de penser au raisonnement de Dom Juan dont Sganarelle serait ici un imitateur un peu ridicule. Le valet adopte les raisonnements spécieux de on maître, il en serait donc une sorte de double. 2) L’annonce d’une scène d’exposition Pas de présentation des lieux qui sont évoqués dans la toute dernière phrase de la scène : « ce palet On note par ailleurs l’absence de didascalies de lieux. L’essentiel de l’exposition, y comprls dans cette réplique-là, consiste à faire un portrait de Dom Juan : « son cœur que mon maître a su toucher trop fortement L maitre a su toucher trop fortement La première présentation de Dom Juan le décrit comme un séducteur.
Sganarelle emploie le pronom « nous » : assoclation très étroite ntre Sganarelle et Dom Juan, le valet et son maitre. Rapports de complicité, de peur mais aussi de violence. Sganarelle est quasiment présent dans toutes les scènes de toutes la pièce. Même dans la manière dont Sganarelle s’adresse à Gusman, le valet vient le premier. Autrement dit, si Dom Juan est bien le personnage le plus important de la pièce, son valet n’en demeure pas moins une sorte de double bouffon, comique du maitre. L’intrigue de la pièce est présentée également du point de vue de Sganarelle et de Gusman. En quelques mots, « son cœur » indique le lien passionnel entre Elvire et Dom Juan. ? notre départ » : euphémisme de la rupture avec Done Elvire et pour la fuite de Dom Juan, tout comme « n’a pu vivre sans le venir chercher » reprend e souligne la passion amoureuse de Done Elvire. Enfin, la dernière phrase qui débute par« j’ai peur que » permet à Sganarelle de donner son opinion. « Mal payé de son amour », « vous eussiez autant gagner à ne pas bouger de là » indiquent que le voyage d’Elvire est inutile. La première indique de manière extrêmement concentrée tout l’arrière-plan e la pièce : Dom Juan a rompu son mariage avec Done Elvire qui le suit. Dans cette tirade, « repren pièce : Dom Juan a rompu son mariage avec Done Elvire qui le suit.
Dans cette tirade, « reprenons un peu notre discours » nous invite à considérer Péloge du tabac comme une sorte de digression entre les deux valets. Or, ce n’est pas tout à fait le cas, puisque ce passage annonce en fait [‘ensemble des grandes tirades argumentatives que prononcera Dom Juan dans la pièce. Dans cette première tirade, Sganarelle essaye de se faire passer aux yeux de Gusman comme un double de son maître, mais un double comique. La première réplique est extrêmement complexe et représente arfaitement les différents niveaux de lecture qu’on va trouver dans la pièce. Tous les personnages principaux y sont présentés, sauf Don Juan pour aiguiser la curiosité du spectateur. La derniere réplique de Sganarelle va en proposer un portrait-charges.
Mise en scène Lassal Mise en scène de Mesguich Sganarelle : tirade dans le public (l’orchestre) Disparition du 4ème mur Costumes réalistes, semblables aux costumes d’époque : vraisemblance ; rechercher Pesprit du 17ème siècle Illusion référentielle : Sganarelle est en costume d’époque et fume une vrai pipe en porcelaine Costume de voyage : gants, manteau économie de moyens, mais, même si la représentation n’est pas historique, visée critique à propos du 17ème siècle Portrait du maitre par son valet Valet : double du maître, qui cherche à l’imiter, y compris dans le discours tirade de Sga discours tirade de Sganarelle sur le tabac Gusman défend le parti de Elvire : valet associé à son maître + ordre établi Dévaluation sociale du rôle : valet Complicité entre les deux valets Scène pas éclairée, projecteur sur les comédiens Coffre sur le plateau Ne rejoint la scène qu’à l’entrée de Dom Juan
S’adresse directement au public Costumes à connotation comique (chapeau entonnoir), peu de soucis de vraisemblance Rideau fermé, scène vide jeu avec les conventions (rldeau, trois coups) Sons pour introduire actions d’arrière-plan (applaudissements, pas) Comique de parole, gestes humour bouffon accentuation des portraits Lever de rideau techniciens mise en place décors (statues nues) va et vient Trois coups, détournement à visée comique, comme si la pièce n’avait pas commencé Ambigüité tabac-théâtre Assimilation physique entre les valets (costumes identiques, complicité) Conclusion : Ce texte représente la première réplique de la scène d’exposition. Sa structure même reprend et dépasse (déplace) les fonctions de la scène d’exposition. Cet extrait contient également un coté surprenant de l’éloge prononcé.
La mise en scène de Mesguich et la mise en scène de Jacques Lasalle, pourtant très différentes, font prononcer cet éloge dans le public, et le comédien ne rejoint la scène qu’après l’avoir prononcé. Les deux metteurs e public, et le comédien ne rejoint la scène qu’après l’avoir Les deux metteurs en scène lisent cet éloge comme un propos ocial qui s’adresse directement au public. On peut en fait se demander si le tabac, par métonymie ne représenterait pas l’ensemble des usages dont sa mature de marchandise même dénonce sa superficialité : sans tabac (sans marchandise d’échange) la civilité ne serait plus possible. Cette premiere réplique est très fortement en rapport avec tout la pièce : elle annonce les portraits de Dom Juan et peut constituer une parodie des discours qu’il tient.
On y trouve également l’Inscrption des ruptures de lieux « surprise de notre départ « venir chercher ici » annonciateurs du non-respect de ‘unité de lieu durant la pièce. D’autres mots clés vont être développés au long de la pièce : « honnêtes gens », « honnêtes hommes « vertu « digne de vivre Un verbe semble parfaitement étrange : « il purge les cerveaux Le verbe est utilisé par Sganarelle à son sens médical, mais on peut également se demander si Molière ne correspondrais pas ? la Catharsls d’Aristote, c’est-à-dire à la purification des passlons que le théâtre opère sur le spectateur. L’acte 1 présente une multiplicité de portraits, qui permettent de saisir le personnage de Dom Juan, mais cette saisie n’est que partielle.