Dissertation Sur Le Lyrisme
DISSERTATION SUR LE LYRISME Sujet : Dans ses Elégies, André Chénier écrit : « L’art ne fait que des vers, le cœur seul est poète » Ce jugement vous paraït-il rendre compte de ce qu’est la poésie ?
Proposition de corrigé pour la dissertation Si l’on se réfère à certains clichés persistants, un lecteur tant soit peu cultivé imagine sans peine le poète comme un être torturé, traversé par des émotions plus intenses et plus profondes que chez au romantisme et à s conception de la poé l’expression des senti être le matériau natu org to w nextp3ge age doit beaucoup t de même que ut-ëtre cette idée qui pousse Chénier à d clarer dans ses Élégies : « L’art ne fait que des vers, le cœur seul est poète Très radicale, la pensée de Chénier fait de la poésie lyrique le foyer de la poésie en général.
La création poétique se définirait alors pour lui avant tout comme une expression des sentiments, reléguant au second plan la recherche formelle et le savoir faire sur le langage. Sil paraît difficile d’écarter la poésie de toute expression des sentiments, en revanche, la dévalorisation de la virtuosité ormelle à travers les limites de « l’art » qui ne ferait « que des vers » ne va pas de soi. En effet, une telle approche contredit l’étymologie même du mot poésie , qui signifie de la notion d’art.
En outre, comment interpréter cette image du « cœur » poète ? Siège des sentiments, le cœur peut être le foyer de la parole poétique mais l’exploratlon des sentiments et des recoins de l’âme humaine semble impliquer un travail sur soi du poète, qui paraît difficilement pouvoir se passer d’un travail sur le langage. Peut-on alors soutenir que le cœur fait le poème en deçà ou au delà de toute orme de travail ? Quels seraient alors les enjeux de cette focalisation de la poésie sur le lyrisme ?
Tout d’abord, il faut examiner la place du sentiment au cœur de l’écriture poétique avant d’envisager en quoi la poésie reste fille de l’art et du travail. Enfin, le travail sur le langage, loin d’abolir la pureté et Vintensité des sentiments, n’est- il pas le plus sûr moyen de les sublimer ? l- L’expression du sentiment au cœur de la poésie En véritable pré-romantique, Chénier recentre la poésie sur le lyrisme au point de définir les sentiments du poète comme l’origine du poème. La poésie est pour lui épanchement direct du cœur et non plus art du langage. – Le cœur comme matériau du poème Chénier impose les sentiments comme un matériau indispensable pour le poème (l’amour en tête, d’ailleurs y aurait-il eu des poètes sans amour et inversement de ramour sans poète ? ). Les poètes romantiques comme Musset vont incarner la pensée de Chénier • Ex : « La Nuit de Mai », Poésies nouvelles. « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sa Les plus désespérés sont les chants les plus beaux
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs sanglots » La souffrance du poète détermine la qualité artistique du poème, travail sur la perfection formelle reléguée au second plan. Comme son personnage du « pélican », le poète apporte son cœur « pour toute nourriture du poème » (cf. dossier en ligne). Le cœur = le centre de la poésie, cœur au sens d’une métonymie de toute la palette des sentiments.. b- Le poème comme épanchement du cœur La formule de Chénier implique alors que la poésie soit un épanchement des sentiments, une expression du cœur.
Thèse de Chénier impose d’ancrer la oésie autour du lyrisme qui devient le foyer d’où elle rayonne. Lamartine rejoint Chénier dans sa « Préface de 1849 » aux Méditations poétiques. Critiquant à travers La Fontaine la poésie classique, il dévalorise l’art pour mettre en avant la puissance du cœur. La poésie des XVIIe et XVIIIe sicèle privilégiait un langage précieux, galant, brillant sur le plan formel mais qui s’est ensuite figé dans des clichés. « Car ce vieillard était de son temps, et en ce temps là aucun poète ne se serait permis d’appeler les choses par leur nom.
Il fallait avoir un dictionnaire ythologique sous son chevet si l’on voulait rêver des vers. Je suis le premier qui ait fait descendre la poésie du Parnasse, et qui ait donne à ce qu’on nommait la muse, au lieu d’une lyre à sept cordes de convention, les fibres mêmes du cœur de l’homme, touchées et émues par les innombrables frisso de frissons de l’âme et de la nature La plume virtuose dont il faudrait maîtriser laborieusement les gammes est écartée. La poésie trop formelle du classicisme dévalorisée car elle a le cœur sec. Le cœur et le moi du poète deviennent les nouveaux instruments de musique. ? tout rendre, le poète ne crée plus, il transcrit ses sentiments qui sont poésie pure. c- Explorer le cœur par tous les moyens Le cœur poète ne se limite pas à ridée d’épanchement des sentiments. La pensée de Chénier éclaire indirectement toutes les poésies qui ont exploré le cœur pour y puiser un matériau, une inspiration, un mouvement poétique. « L’art ne fait que des vers » rappelle ainsi que le poète ne saurait être qu’un parfait versificateur et que la poésie doit révéler le cœur par d’autres moyens, qui semblent pourtant plus loin de cette perfection formelle.
Ex : Baudelaire et ses poèmes en prose dans Le Spleen de Paris. Lettre à Arsène Houssaye » qui sert de préface « Quel est celui de nous qui n’a pas, dans ses jours d’ambition, rêvé le miracle d’une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverle, aux soubresauts de la conscience ? » Trouver une autre écriture plus adaptée aux mouvements de l’âme (donc aux sentiments ? ). L’écriture automati ue des Surréalistes fonctionne de la même manière, elle