Cosmopolites De Tous Les Pays Encore Un Effort

essay A

Cosmopolites de tous les pays, encore un effort ! DU MÊME AUTEUR Aux Éditiom Galilée LARCHÉOLOGIE Du FRIVOLE (Introduction à L e ss ai sur l’origine des connaissances h GLAS, 1974. OCELLE COMME PAS JOS Joliet, 1980. or29 Sni* to View 973. u chien-assis, de DUN TON APOCALYPTIQUE ADOPTE NACUERE EN PHILOSO PHIE, 1983. OTOBIOGRAPHIES. Liemeignement de Nietzsche et la politique du nom propre, 1984. SCHIBBOLETH. Pour Paul Celan, 1986. PARAGES, 1986. ULYSSE GRAMOPHONE. Deux mots pour Joyce, 1987. DE L•ESPRIT. Heidegger et la question, 1987. PSYCHÉ. Inventiorn de l’autre, 1987.

MÉMOIRES. pour Paul de Man, 1988. LIMITED INE, 1990. reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Cenrre français d’exploitation du droit de copie (CFC), 3, rue Hautefeuille, 75006 paris. ISBN 2-7186-0484-0 ISSN 1242-8434 Cet écrit fut d’abord destiné au premier congrès des villes refuges qui se tint les 21 et 22 mars 1996 au Conseil de l’Europe à Strasbourg, l’ initi a ti ve du Par lement international des écrivains Empêché d’y parti ciper,j ‘ avais tenu à adresser à mes amis ce message.

Après avoir été lu en séance, celui ci fut p u bli é et diffusé en raduction espagnole (par Julian Mateo Ballorca), aux Éditions Cuatro, à l’Université de Valladolid, première ville refuge d’Espagne. Le 6 novembre 1995 à Strasbourg, au cours de la séance de clôture de ses deuxièmes rencontres, le Parle ment international des écrivains ar la voix de son Pré sident et de ses vice prési Rushdie, Adonis, PAGF OF refuges rédigée par Fernando Marti nez Lopez, maire d’Almeira et rapp orteur du projet de résolution. Cette Charte prévoit les conditions d’accueil d’un écrivain persécuté.

Dans sa résolution du 21 sep embre 1995, enfin, le Parlement européen avait aussi exprimé son so utien au parlement international des écri vains et appelé les villes européennes à rej o indre I e réseau Pour IOure information: P. l. E. , B. P. 13, 67068 Stras bourg. 9 des villes refuges. Celles ci sont aujourd’hui au nombre de vingt quatre, aux États unis et en Europe (Alle magne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Italie, Norvège, Pays Bas, Suède, Suisse). La figure du cosmopolitisme, d’où nous arrive-t-elle ? Et que lui arrive t-il? Comme à celle de citoyen du mande, on ne sait si quelque avenir ui reste réservé.

On se de PAGF ensuite pour la ville-refuge», dans le re-nouvellement du droit internatio nal auquel nous aspirons? N’atten dons pas de réponse simple à une question ainsi posée. Il faudrait donc procéder autrement, surtout si lion pense, comme je suis tenté de le faire, que la Charte des villes-refuges ou l’Agence internationale des villes refuges qui paraissent à notre pro gramme doivent ouvrir vers autre chose et plus qu’un banal chapitre de convention dans une littérature du droit international, plutôt l’appel au dacieux à une véritable innovation 12 ans l’histoire du droit d’asile ou du devoir d’hospitalité.

Le nom de villes-refuges nous le savons, semble s’inscrire en lettres d’or dans la constitution même du Parlement international des écri vains. Dès notre premiere rencontre, nous avons appelé à ouvrir de telles villes-refuges à travers le monde. Et cela ressemble bien, en à une nouvelle cosmopolitique.

Nous avons entrepris de susciter, à travers le monde, la proclamation et l’institu tion de villes-refuges» nombreuses et surtout’ autonomes, au agisse de l’étranger en général, de l’immigré, de l’exilé, du réfugié, du déporté, de ‘apatride, de la personne déplacée (autant de catégories à distinguer pru demment), nous invitons ces nou velles villes-refuges à infléchir la po litique des États, à transformer et ? refonder les modalités de l’apparte nance de la cité à l’État, par exemple dans une Europe en formation ou dans des structures juridiques inter nationales encore dominées par la règle de la souveraineté étatique, règle intangible ou supposée telle, mais règle aussi de plus en plus précaire et problématique.

Celle-ci ne peut plus et ne devrait plus être l’horizon ultime des villes-refuges. Est-ce possible? En nous engageant ainsi, en invi14 tant métropoles et villes modestes ? s’engager dans cette voie, en Choi sissant pour elles ce nom de villes refuges», nous avons sans doute vou lu plus d’ une chose, comme ce fut le cas pour le nom de parlement». En réactivant le sens traditionnel d’une expression et en réveillant à sa dignité un héritage mémorable, nous avons tenu simultanément à proposer, sous le vieux mot, un concept inédit de l’hospitalité, du devoir dihospitalité et du droit à Ihospitalité. Que serait donc un tel concept?

Comment pourrions-nous le plier au OF pouvoir être pré sent au seuil de cette rencontre solen« nelle mais permettez-moi, en saluant ceux qui y participent, d’évoquer au moins la silhouette de cette nouvelle charte de l’hospitalité et d’en esquis ser trop schématiquement les traits prlncpiels. Quel est en effet le con texte dans lequel nous avons pro posé cette nouvelle éthique ou cette nouvelle cosmopolitique des villes-re fuges ? Est il nécessaire de rappeler les violences qui se déchaînent, à l’échelle mondiale? Doit-on encore souligner que ces crimes sont signés par des or ganisations parfois étatiques et parfois on étatiques? Est-il posslble d’énu mérer la multiplication des menaces, des actes de censure ou de terrorisme, des persécutions et des asservisse ments de toute sorte?

Les victimes en sont innombrables et presque tou jours anonymes mais ce sont de plus en plus souvent ce qu’ on appelle des 16 intellectuels, savants, jo urnalistes, écrivains, hommes et femmes ca pables de porter dans un mal et la condition de tous les autres. Si nous nous référons à la ville, plutôt qu’à l’État, c’est que nous es pérons d’une nouvelle figure de la ville ce que nous renonçons presque ? attendre de l’État. Et cela devra un jour être élaboré et marqué dans nos 17 Statuts. Quand l’État n’ est pas le pre mier auteur ou la première caution des violences qui font fuir les réfugiés ou les exilés (de l’extérieur et de l’in térieur) , il est souvent impuissant à as surer la protection et la liberté de ses propres citoyens devant la menace terroriste, qu’elle ait o u non un alibi nationaliste ou religieux.

C’est là un phénomène qu’il faudrait analyser, nous n en avons pas encore alJJourd’hui le temps et les moyens, dans une longue séquence historlque. une telle séquence a même précédé par xemple celle qui, au moins depuis la première guerre mondiale, a produit ce que Hannah Arendt a appelé, dans un texte que nouo devrions méditer et interroger de près, le «Déclin de l’État-nation et la fin des Droits de « Homme, Les nations de  » minorités » 18 7 OF symbole des Droits de l’ Homme dans le domaine des rela tions internationales». Arendt rap pelle que ce drolt a une « histoire sa crées et qu’il reste le « seul vestige et les peuples sans État» 1 . ln Les ongmes du totalitarisme. L’impérialisme, trad. Fr. Martine Leiris, coll. « points», Éd. Fayard-Seull, 1 984, p. 239 sq. moderne du pnncipe médiéval du quid est in territorio est de territorio ». (Il s’agit là d’un principe médiéval» dont s’inspire sans doute encore, jy reviendrai, notre figure des villes refuges Mais, poursultArendt, bien que le droit d’asile ait continué ? exister dans un monde organisé en États-nations et qu’il ait même, dans les cas individuels, survécu aux deux guerres mondiales, il est ressenti comme un anachronisme et comme un principe incompatible avec les droits internationaux de l’État » 1. A l’époque où elle écrivait ceci, autour de 1950, Arendt pouvait noter l’ab ence de ce droit d’asile dans la loi écrite » du droit international (par exemple dans la Charte de la Société des Nations).

Les choses PAGF E OF effets de ces traumatismes, Arendt situe peut-être l’une de nos tâches, et la perspective, au moins, de notre Charte et de nos Statuts. Elle ne parle pas alors de la ville, mais dans l’onde du double choc qu’elle décrit et qu’elle situe entre les deux guerres, nous devrions, nous, aujourdhui, po ser de nouvelles questions quant au destin des villes et au rôle qui peut leur revenir dans cette situation inédite. Comment redéfinir et développer le 1 droit d’asile sans rapatriement et sans naturalisation? Est-ce que la Ville, un droit des villes, une nouvelle souve raineté des villes ouvrirait ici un es pace original que le droit inter-état national a échoué à ouvrir?

Car nous ne devons pas hésiter à déclarer notre ultime ambition, celle qul donne son sens à notre projet: ce qu’en l’appe lant de nos vœux nous appelons la ville-refuge ce n’est plus simple ment un dispositif de nouveaux attri buts ou de nouveaux pouvoirs ajoutés à un concept classique et inchangé de la ville. Il ne s’agit plus simplement de ouveaux prédicats pour enrichir le vieux sujet nommé ville». Non, nous revons d’un autre concept, d’un autre droit, d’une autre politi ue de la ville. Cela peut paraître PAGF g OF sont af fectés, dans le temps long d’un pro cessus, les axiomes de notre droit international. y a-t-il donc une chance pour l’hospitalité des villes, si lion s’ac corde, comme je suis tenté de le faire, pour reconnaître avec Arendt que le droit international reste actuellement limité par des traités entre des États souverains?

Et qu’un gouverne ment mondial» n’arrangerait pas les choses? Arendt écrivait alors ceci, qui me paraît rester vrai aujourd’hui en core: « … contrairement aux Io ua b les ten tatives humanitaires qui réclament de 23 nouvelles Déclarations des Droits de l’Homme émanant des instances inter nationales, il faudrait imaginer que cette idée transcende le dom aine actuel du droit intern ational qui flnctio. nne encore dans les termes de conventions et de trai tés m u tuels entre États souverains; et, pour le moment, un monde qui serait au dessus des nations n’existe pas. Qul plus est, ce dilemne ne serait en aucun cas éliminé par un gouvernement mondial » 1