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CORRIGÉ Les titres en couleurs servent à guider la lecture et ne doivent en aucun cas figurer sur la copie. Introduction Le bonheur nous est-il accessible ? Spontanément, on a tendance à faire du bonheur le but de notre vie, celui-ci étant compris comme un sentiment positif correspondant à une réalisation de soi, un sentiment d’accomplissement que l’on éprouverait de façon aussi immédiate que son contraire, la souffrance. Pourtant, sommes-nous vraiment capables d’éprouver immédiatement le bonheur ?
Force est de constater que l’expérience de la souffrance est une expérience frappante : je ne peux m’habituer ? ma souffrance ni la sois pas toujours aus souvent tendance ? enfui. Mais alors, le b dois de tenir pour le S -p page semble que je ne r : ce bonheur, j’ai oir qu’une fois nt positif que je me Cest cette question qu’aborde Schopenhauer dans ce texte. Il développe ici une thèse paradoxale : le bonheur n’est qu’une réalité négative puisque peu sensible sur le moment. Chercher le bonheur est donc une quête vaine. Sa démonstration se développe en trois temps.
Dans un premier temps, Schopenhauer énonce l’idée qu’il va développer tout au long du texte : la réalité première, immédiate, e notre existence, c’est la souffrance. D’emblée, il adosse cette idée à une expérience assez commune : il faut perdre ce à quoi nous tenons pour s’apercevoir que nous le possédions. Dans un deuxième temps, Schopenhau to next page Schopenhauer présente un premier élément d’explication : si nous sommes incapables de percevoir les biens au moment où nous les possédons, c’est en raison du phénomène de l’habitude.
Parallèlement, plus nous nous habituons au plaisir, plus nous en sommes dépendants, et plus la perte de celui-ci nous sera douloureuse. Enfin, Schopenhauer se réfère à notre expérience du temps l faut souffrir ou s’ennuyer pour sentir vraiment le temps. Ces deux expériences semblent donc conforter sa thèse : ce que nous percevons avec acuité, c’est ce qui nous fait souffrir. Le bonheur, lui, estune réalité peu sensible, qui n’a pour effet que de nous rendre plus malheureux lorsque nous l’avons perdu. 1. La seule réalité immédiate de notre existence, c’est la souffrance A.
La douleur est une réalité positive, le bonheur une réalité négative Schopenhauer énonce sa thèse de départ sous la forme d’un paradoxe : la souffrance est une réalité « positive e bonheur uneréalité « négative D. Comme l’indiquera la suite du texte, cela ne signifie pas que la souffrance est bonne pour nous. Au fond, la souffrance ne peut être dite positive que dans la mesure où elle s’impose à nous de façon immédiate : quand je souffre, je sais immédiatement que je souffre, et, en cela, on peut dire que la souffrance se « dénonce d’elle-même c’est-à- dire sans intermédiaire, sans médiation.
En revanche, le bonheur, le bien-être, le plaisir, toutes choses que l’on considère comme bonnes pour nous, sont des réalités « négatives », c’est-à-dire u’elles ne nous apparaissent pas immédiatement par elles- mêmes, mais seulement à travers l’absence de 2 OF s apparaissent pas immédiatement par elles-mêmes, mais seulement a travers l’absence de leur contraire (la souffrance, la douleur). . En effet, il faut perdre ce que l’on avait pour en connaître le prix pour expliquer cela, Schopenhauer s’appuie sur une expérience commune : souvent, il faut perdre les choses que nous considérons comme bonnes pour nous (« la vie, la santé, la jeunesse, la liberté ») pour nous rendre compte, a posteriori, que nous les possédions. ar exemple, il faut tomber malade our s’apercevoir que nous étions en bonne santé, ou, plus précisément, pour comprendre la valeur de la santé, cet état que nous sentions à peine puisqu’il était vécu jusque l? comme « normal De la même façon, souvent, il faut tomber dans le malheur pour s’apercevoir qu’avant ce malheur nous étions heureux : car, là encore, nous vivions cet état de bonheur comme « normal et il ne nous était pas immédiatement sensible.
Ainsi, toutes ces réalités bonnes pour nous sont négatives, puisqu’on ne les appréhende qu’à travers leur disparition. Mais comment expliquer cela ? Pourquoi sommes-nous beaucoup lus sensibles à la souffrance, à ce qui est mauvais pour nous, qu’aux choses bonnes ? 2. Le plaisir est une réalité négative car on s’y habitue A. L’habitude émousse le plaisir À cela, Schopenhauer fournit un premier élément d’explication c’est que Ihabitude, en effet, émousse le plaisir. Car l’habitude nous fait percevoir comme normal, donc neutre, tout ce qui semble être bon pour nous.
Ainsi, on shabitue à la liberté, au plaisir, à la santé, et plus nous nous y habituons, moins nous nous rendons compte de leu 3 OF s plaisir, à la santé, et plus nous nous y habituons, moins nous ous rendons compte de leur valeur : nous oublions que nous pourrions ne pas les posséder. Par exemple, un plaisir continuel perd de son intensité, il nous devient de moins en moins sensible, puisqu’il n’est sensible que par le contraste avec la douleur. B. L’habitude du plaisir augmente la souffrance de la privation Mais Schopenhauer va plus loin . on seulement l’habitude nous rend insensibles aux bonnes choses, mais, de plus, elle nous rend dépendants de ces bonnes choses : cela amplifiera encore la souffrance que nous ressentirons quand nous les aurons perdues. Par exemple, si j’ai été en bonne santé toute ma vie, ‘en aurai pris l’habitude et n’en éprouverai même plus de plaisir . mais le jour où je tomberai malade, j’en serai d’autant plus malheureux puisque j’avais l’habitude de considérer la santé comme mon état normal. En somme, plus on a de plaisir, moins on est capable de l’éprouver, et plus on souffrira quand on l’aura perdu.
Cest ce qu’indique Schopenhauer dans la dern ère phrase de cette partie : « la possession accroît la mesure de nos besoins, et du même coup la capacité à ressentir la douleur. » Autrement dit, plus on a de plaisir plus on en est dépendant, et plus on souffrira en le perdant. . On ne peut pas être heureux A. On ne sent le temps que quand on souffre Enfin, dans un dernier temps, Schopenhauer complète sa démonstration par une comparaison entre notre perception du temps et notre perception du bonheur.
De fait, le temps est une réalité étrange : car en faisons-nous vraiment l’expérience ? Sommes-nous capables de 4 OF S Sommes-nous capables de sentir l’écoulement du temps ? Dans un contexte agréable, nous disons que « nous n’avons pas vu le temps passer », autrement dit que nous ne l’avons pas senti, mais en revanche dans un contexte pénible (souffrance ou ennui), ous disons au contraire que « nous avons trouvé le temps long Ainsi, un temps de plaisir nous est à peine sensible : le seul temps que nous éprouvons positivement, immédiatement, c’est le temps de souffrance.
B. On ne sent pas le bonheur De la même façon, dit Schopenhauer, toutes les choses bonnes nous sont insensibles. Par conséquent, « la partie la plus heureuse de notre existence est celle où nous la sentons le moins » : paradoxalement, plus nous sommes heureux, libres, jeunes, en bonne santé, et moins nous nous rendons compte de notre bonheur. Nous sommes ainsi faits que, impuissants à jouir es choses bonnes, nous ne sentons vivement que nos maux.
Conclusion En définitive, nous sommes par essence incapables d’éprouver le bonheur, sinon sous la forme d’un souvenir ou d’un regret. Le fond de notre existence c’est la souffrance, le malheur, seules choses auxquelles nous soyons réellement sensibles, puisque nous ne pouvons nous y habituer ni considérer qu’elles sont notre état normal. Les choses sont ainsi faites que nous ne nous sentons exister que quand nous souffrons : tel est, comme l’indique Schopenhauer à la toute fin du texte, le fond absurde et essentiellement tragique de notre existence. S OF s