Chercheur du roman
Cette femme, Emma Bovary, a donné le nom au terme de « Bovarysme » qui signifie une « insatisfaction romanesque consistant à vouloir s’évader de sa condition en se créant une personnalité idéalisée » (Larousse 2002 : 222). Les étudiants ont suivi le même cours avec le même professeur et ils ont tous répondu à la même question, c’est-à- dire : « Quelle est l’actualité de Madame Bovary aujourd’hui ? ». Le nombre des pages des 97 réponses varie entre deux et quatre pages.
Ce groupe détudiants est particulier parce qu’il est composé des personnes qui ont lu un livre en français, te langue comme langue 4E français, n’ayant pas cette langue comme langue maternelle. Parmi ces étudiants seulement IO pour cent sont des hommes, ce qui peut être intéressant comme il s’agit d’un livre sur une femme. Afin de mieux comprendre comment cette œuvre est reçue chez ce groupe, les réponses sont étudiées à partir des thèmes différents : La rêverie, La dette, L’adultère, Le mariage et Le suicide.
Ceux-ci, à leur tour, sont examinés sous trois aspects différents ; Le roman, c’est-à-dire une description objective du thème du roman ; Les critiques, qu’est ce u’ont les critiques écrits par rapport à ce thème ? ; et finalement Les étudiants, un relevé de ce que les étudiants ont écrits sur ce thème. Cette étude vise donc à répondre à la question « Quelle est l’actualité du roman Madame Bovary selon 97 étudiants suédois ayant étudié le français au niveau B à Lund entre les années 1998 et 2006 ?
Comme les étudiants n’ont pas eu d’autres Instructions sauf que leur texte doit traiter l’actualité du roman, des choses divergentes ont été soulevées. Cette premisse classe le corpus comme plutôt qualitatif que quantitatif. En analysant de l’information qualitative, il s’agit de trouver des normes, de découvrir des tendances et de donner d’exemples. (Larsen 2009 : 104) Pour pouvoir faire cela, il est utile de regrouper et catégoriser l’information afin de découvrir des ressemblances et des rapports, ce qui est nécessaire pour pouvoir interpréter et analyser l’information. Larsen 2009 : 101) Afin de rendre fétude plus profonde et plus claire, il est 4 E alors nécessaire de regrouper et systématiser le corpus, à savoir, les textes des étudiants. Comment faire ce groupement d’information ? s thèmes choisis pour cette étude, ou « les problèmes de lecture » (Larsson 1988 : 17) sont ceux qui m’ont semblé le plus centraux dans le roman. Ils ne sont pas le plus mentionnés par les étudiants, parce qu’ils sont fixés avant que les textes aient été étudiés. Même si on fait des délimitations du corpus, et il faut en faire, il n’empêche que le résultat du mémoire soit intéressant.
Particulièrement comme des « études empiriques de la réception littéraire sont le plus souvent basés sur la réception des critiques et rarement celle des lecteurs « ordinaires » (Larsson 1988: 14). Et alors que l’étude que voici est basée sur ce dernier groupe. Comme il a été nécessaire de délimiter le corpus, il y reste plusieurs aspects qui n’ont pas été étudié, mais comme récrit Bjorn Larsson : « Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas tout faire qu’on ne peut rien faire. » (Larsson 1 988 : 6).
Selon René Dumesnil, « Madame Bovary » est définitivement d’actualité même aujourd’hui, ou en tout cas il l’était en 1958 quand René Dumesnil a publié « Madame Bovary de Gustave Flaubert : étude et analyse Selon lui, c’est un livre dont l’importance ure à travers le temps, même si on n’a plus les mêmes mœurs et idées. Cette « actualité permanente » résulte de « la vérité humaine » chez ces grands livres dont « Madame Bov s E été bien reçu par les contemporains. L’auteur Gustave Flaubert a été accusé d’enfreindre la morale et les mœurs du temps (Dumesnil 1958 : 8).
Dumesnil admet que, un siècle après la publication du livre, le lecteur n’est pas aussi bouleversé par cette histoire comme il l’était jadis (Dumesnil 1958 : 9). Il se demande donc si l’appétit pour le plaisir n’est pas seulement le même aujourd’hui, mais plus grand. Il prétend que le tourment causé par le manque d’argent est plus important aujourd’hui, parce qu’on a des tentations plus nombreuses et plus fortes (Dumesnil 1958 : 3 Pendant sa jeunesse, Emma lit beaucoup et en conséquence elle rêve des histoires de ses romans (p. 84)1. Quand elle a treize ans, elle est mise en couvent par son père (p. 85).
Au couvent, elle lit des romans historiques, ce qui a fait qu’elle commence à rêver des « bahuts, salle des gardes et ménestrels Elle souhaite vivre comme les châtelaines dans ses romans. Elle lit et vénère des femmes célèbres et malheureuses (p. 7). Avant qu’elle se marie, Emma croit qu’elle aura de Yamour et que cet amour résultera en bonheur, ce qui n’arrive pas. Elle souhaite éprouver félicité, passion et ivresse, ce dont elle entendu parler dans les livres et dont elle a été fascinée (p. 84). II lui parait que le bonheur se produit dans certains endroits dans le monde, qu’il y a des circonstances fixées qui le créent. p. 91 ). Avant le mariaee avec Cha cause de l’inquiétude de 6 4E passion. Pourtant, après le mariage, quand les mariés s’installent à Tastes, elle a du mal à s’imaginer qu’elle vit ce dont lle a rêvé (p. 90). Elle ne trouve pas la conversation de Charles intéressante, et elle a des idées de ce que doit être un homme, auxquelles Charles ne correspond pas (p. 92). Elle commence à rêver d’une autre vie, avec un autre mari, une autre destinée (p. 96). Elle trouve que sa vie médiocre est une exception dans le monde, que tous les autres vivent cette vie dont elle rêve (p. 11). Elle souhaite que le nom de Bovary soit célèbre, présent dans les librairies et dans les journaux. Pourtant, Charles lui n’a pas la même ambition (p. 115-116). Le couple est invité à un bal à la Vaubyessard, ce dont elle rêve longtemps après. Elle y danse avec un vicomte de Paris, dont elle est si fascinée qu’elle consomme et rêve de tout ce qui touche à Paris (p. 1 11). Les rêves de Madame Bovary sont un peu contradictoires, parce qu’elle rêve en même temps de voyager, de retourner au couvent, de mourir et d’habiter Paris (p. 1 14).
En tout cas, elle attend quelque chose, n’importe quoi 16). René Dumesnil décrit Emma comme une « nature rêveuse et romanesque qui viendrait à un besoin de tout ce qu’elle manque, tout ce que son mari ne peut ui donner (Dumesnil 1958 128). Sa mélancolie grandit et elle s’y enfonce (Dumesnil 1958 : 129). Emma rêve du bal, Toutes les références concernant l’histoire du roman se rapportent à l’édition paru rénavant E indiquées. tandis que la médiocrité de Charles lui rend de plus en plus malheureuse, ce qu’elle attend ne vient pas (Dumesnil 1958 : 131).
Quant à Léon Bopp, il décrit la situation d’Emma comme un « conflit intérieur » entre sa vie réelle et ses attentes de la vie (Bopp 1951 : 67). En fait, elle réalisera beaucoup de ses rêves, mais dans un sens réduit qui ne donne pas le entiment qu’elle s’est imaginée, ces fragments lui semblent même être une dérision (Bopp 1951 70-71). Au début, Emma s’est concentrée sur un amour irréel, mais ensuite elle commence à fausser son passé pour en faire quelque chose d’autre, quelque chose qui ressemble au monde des romans qu’elle a lus.
Elle ne souhaite plus seulement de vivre une autre vie, mais maintenant elle rêve également de son propre passé. L’insatisfaction avec laquelle elle vit, empêche les biens qu’elle pourra avoir (Bopp 1951 : 71). pour Emma, la solitude est un pas vers Yinfidélité, écrit Bopp. L’incompréhension de soi-même la pousse, dans la pensée, vers des maris possibles, qu’elle pourrait avoir, et non vers son propre mari, le mari réel. Le sentiment d’Emma s’aggrave quand elle pense que ses amies du couvent ont toutes trouvé l’homme dont elle rêve (Bop 1951 : 84).
Chaque fois qu’ un de ces rêves, elle fin du livre, Emma commence à baisser ses exigences du mari idéal. Au début il était « beau, spirituel, distingue et attirant », maintenant il suffit qu’il soit intellectuel et qu’il ait une grande réputation (Bopp 1951 : 109). Elle vit comme dans une ttente, de quelque chose qui pourra changer sa vie fastidieuse, quelque chose, soit heureux, soit malheureux (BOPP 1951 : 110). Le thème de la rêverie et de rinsatisfaction est celui le plus fréquemment traité des étudiants, il n’y a que 14 étudiants qui n’ont pas du tout mentionné ce thème.
Ils sont tous d’accord que rêver est quelque chose qu’on fait également aujourd’hui. Une personne va même jusqu’ prétendre que Ihomme a toujours cherché un ailleurs où la vie soit meilleure. La plupart écrivent aussi que rêver est quelque chose de bien et certains disent même qu’il est important our l’être humain de le faire, afin de vivre en harmonie. Pourtant, ils trouvent important de pouvoir distinguer les rêves de la réalité. De plus il y a certains qui expriment qu’il ne faut pas quand même prendre la vie trop au sérieux.
Même si la rêverie est quelque chose de courant également aujourd’hui, il y a ceux qui notent qu’Emma est un cas extrême. Selon eux, le problème d’Emma est qu’elle trouve ses rêves réalisables, et que la plupart de nous aujourd’hui sont conscients du fait qu’ils ne le sont pas. Il est écrit que la plus grande différence entre nous et Emma st qu’elle n’a pas la capacité de distinguer la r n, qu’elle ne vit pas dans dans la réalité et qu’elle n’a pas de connaissance de soi-même, contrairement à nous.
Eva Asplund distingue la rêverie dit normale et l’état constant de mécontentement dans lequel vit Emma. Certains étudiants ne pensent donc pas que la rêverie touche à tout le monde, mais aux groupes de la société. Par exemple des jeunes parents ou des jeunes filles. Certains pensent que la capacité de distinguer les rêves de la réalité s’est améliorée, pour des raisons différentes. Ils sont d’avis qu’aujourd’hui il est lus difficile à vivre si loin de la réalité que le faisait Emma, mais qu’on est tous toujours plus ou moins touchés par le Bovarysme.
On voit une tendance chez les étudiants à prétendre que la vie aujourd’hui est tellement différente que les rêves ne sont pas aussi dangereux comme ils étaient pour Emma. La raison en serait qu’aujourd’hui il y a plus de possibilités de réaliser ses rêves. La déception d’un rêve Irréalisé est toujours aussi grande, mais on n’est plus aussi naif que l’était Emma. Plusieurs comparent la littérature d’Emma avec la télévision.