Céline réception voyage au bout de la nuit

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Nul ne fut indifférent. Ironie des chroniqueurs, échanges d’invectives, accusations et autres procès constituèrent l’arrière plan d’une réception pour le moins houleuse qui pouvait, à ce titre, rivaliser avec les scandales provoqués par les publications respectives des Fleurs du mal et de vecteurs novateurs mis en place par le roman. Tout d’abord, il convenait, pour comprendre l’accueil réservé à Voyage au bout de la nuit, de brosser un tableau du contexte historique et littéraire qui vit sa parution.

La mise en place de ce cadre devait permettre, en effet, de rendre conscience de « l’horizon d’attente » du public lecteur de l’époque, c’est-à-dire, « du système de références objectivement – codes éthiques et esthétiques – dans lequel apparaissait le nouveau texte : « la reconstitution de l’horizon d’attente tel qu’il se présentait au moment où jadis une couvre a été créée et reçue permet de poser des questions auxquelles l’?ouvre répondait, et de découvrir ainsi comment le lecteur du temps peut l’avoir vue et Nous avons pu constater que la période étudiée constituait un véritable tournant qui avait fait passer la France d’une période d’enthousiasme aveugle une phase d’inquiétude intense face aux problèmes politiques économiques et sociaux qui secouèrent l’européen. Sur le plan littéraire, ce tournant était marqué par un changement de ton qui opposait la frivolité passée une gravité inquiétante. Le roman de câline paraissait donc au moment même où l’attente du public était en pleine mutation.

Correspondait-il à cette attente et dans quelle mesure ? Contrairement aux idées reçues à propos de la publication de Voyage au bout de la nuit il est remarquable de constater que le roman répondait en grande partie, tant e vue littéraire, aux codes de l’époque[3]. Dans le premier cas, son aspect pamphlétaire s’accordait au mieux à une période de crise durant laquelle les revendications politiques allaient bon train. D’un point de vue littéraire, câline n’était pas non plus dans cette position d’isolement qu’on lui a trop souvent attribuée: soucieux d’intégrer le cercle de ses confrères, il n’hésita jamais à céder aux exigences du milieu.

Par ailleurs, sur de nombreux points, son ?ouvre ne dirigeait pas à la tradition littéraire et allait parfois jusqu’ se fondre dans la série littéraire de son époque. Toutefois, il convenait, bien entendu, s’agissant d’une ?ouvre telle que Voyage au bout de la nuit d’examiner le décalage entre les codes mis en place par l’expérience esthétique antérieure et ceux proposés par le roman de câline. Cet écart entre l’horizon d’attente et l’?ouvre – ce que H. R. Gaussa appelle écart esthétique – devait se révéler dans certains cas extrêmement important pouvant parfois entraîner un changement d’horizon. Ainsi, les subversions génériques réalisées par cette ?ouvre préformer annonçaient la libération d’un genre, qui n’ cessé, durant e EX me siècle, de faire reculer ses frontières.

D’autre part, la langue clientèle imposait une remise en cause de l’écriture dite « littéraire » voire de la notion même de littérature telle qu’elle était encore comprise en 1932. A la lumière de ces constatations, Voyage au bout de la nuit apparaît aujourd’hui comme une ?ouvre phare dans la littérature contemporaine dont l’influence fondamentale n’ pas encore fini de se faire sentir. Contemporaine dont l’influence fondamentale n’ pas encore fini de se faire sentir. Il convient, finalement, d’insister sur les limites de ce travail ui doit être compris comme le début d’une entreprise beaucoup plus longue qui pousserait l’étude de l’couvre clientèle jusqu’ nos jours.

On peut peut-être ici citer H. R. Gaussa lui-même : « il est nécessaire que la dialectique de la réception et de la production esthétique se poursuive en continuité jusqu’ moment où l’historien écrit. » Cette perspective, trop ambitieuse dans le cadre d’un mémoire, serait d’un intérêt certain concernant une couvre qui, au gré des événements – parution des pamphlets, exil, réhabilitation de câline, publication dans la Pléiade et rivaux universitaires – a vu sa réception évoluer d’une manière surprenante. L’accueil qui, encore aujourd’hui, est réservé à l’?ouvre de câline ne manque d’ailleurs pas de continuer à poser problème.

L’HORIZON D’ATTENTE nuit l’est singulièrement), elle est toujours déjà inscrite dans une époque historique et dans un contexte littéraire; en se démarquant de son temps ou des expériences qui la précèdent, elle manifeste ces éléments comme autant de modèles qu’il s’agit de dépasser ou de contester – ce qui revient à dire qu’implicitement, voire inconsciemment, elle ‘en réclame. L’indifférence même d’un écrivain face à son époque, par exemple, aussi ostentatoire soit-elle (on serait tenté de dire que plus cette attitude est « voyante » plus elle a de chances d’être chargée de sens), est emprunte d’une forte connotation idéologique qui entraîne l’?ouvre dans un réseau d’interprétations du point de vue de la réception.