ASSOMMOIR

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‘Assommoir- Incipit Situation initiale (incipit) du roman L’Assommoir : le romancier doit tenir compte de certaines contraintes : fournir les informations et les repères nécessaires au lecteur. Mais Zola veut donner l’illusion de créer des personnages réels et faire de son roman « une tranche de vie Comment s’y prend-il ? Ier axe : Un incipit réaliste : – Début « in medias res » : « Gervaise avait attendu Lantier » les deux personnages ne sont pas présentés, comme s’i Zola donne uniquem OF l’héroine pour que ce -ci Swipe p même ligne, on a « son compagnon. comme les personnages importants eur depuis toujours. lecteur. Sur la tier nous paraissent de l’action, le lecteur entre dans un univers réel, déjà constitué. Absence de description physique des personnages. – Valeur du verbe « avait attendu » : plus-que-parfait qui donne l’impression que l’histoire a déj? commencé. – Ancrage de la fiction dans la réalité : Allusion à des réalités connues du lecteur contemporain de Zola : « Le Grand-Balcon » = bal célèbre c’est ce qu’on appelle un « effet de réel » – Focalisation interne : « croyait l’avoir vu avait aperçu » scène est vue par le personnage : enforce son aspect vraisemblable, réaliste.

Les personnages ne parait pas au début être son mari mais son amant. Ils vivent dans un hôtel. Lantier : mari ou amant ? Allusion à « Adèle » (« une brunisseuse » = ouvrière qui polit le métal) quartier populaire + Lantier apparaît comme infidèle Deux enfants : gros plan émouvant sur « Claude » et « Etienne » (enfants de Gervaise) — registre pathétique. L’espace Nombreux « effets de réels » dans la description de la chambre : « misérable chambre « un tiroir manquait », « petite table graisseuse », « un châle troué » petits étails qui renforcent l’illusion réaliste.

Vocabulaire de la misère, du manque. Gervaise vit ? l’hôtel car elle vient d’arriver à Paris et ne connait personne. De plus cet espace est comme entravé : « un lit de fer qui barrait la commode et emplissait les deux tiers de la pièce » connotation de misère Ceffacement du narrateur Le narrateur s’efface devant son personnage, ici Gervaise. Elle attend son compagnon à la fenêtre (en surplomb), d’où l’importance du champ lexical de la vue guettait, avoir vu, regarder, yeux b). Gervaise regarde aussi l’intérieur de la chambre (focalisation interne). L’écrivain naturaliste veut ancrer le récit dans le réel.

CYoù l’emploi de modalisteur : « elle croyait l’avoir vu ». Les masses populaires étaient rejetées à la périphérie de Paris. Zola effectue une description de la chambre pour faire plus réel (misérable, garnie meublée) ce qui signifie qu’elle n’a pas de bien propre). L’univers de Gervaise est com arable à celui que Zola a connu (il a vécu dans un hôtel miséra 20F 14 est donc ici quelque peu metteur en scène : il plante un décor pour montrer comment vivaient les ouvriers. Mais la description zolienne n’est jamais une plate description de la réalité.

Zola essaie de concilier le réel et le tempérament (notion scientifique). Néanmoins, il met son talent au service. ( » une œuvre d’art est un point de création vue à travers un tempérament « ) La seule couleur est le rose tendre, clin d’œil ironique de Zola semblant optimiste, mais montrant le thème de l’endettement progressif. IIè axe : une description à valeur symbolique Symbolique des couleurs : « au bal du Grand-Balcon, dont les dix fenêtres flambantes éclairaient d’une nappe d’incendie la coulée noire des boulevards extérieurs » Opposition rouge # noir (sang, passion, enfer, lie de vin # euil, mort, inconnu). ? il y avait un paquet de reconnaissances du mont-de-piété, d’un rose tendre » contrepoint ironique de cette couleur Un espace clos : Gervaise vit dans un espace clos hôtel Boncoeur ») Elle sera enfermée entre l’abattoir (qui mène ? la mort), Passommoir (qui mène à l’alcool puis à la mort) et l’hôpital (qui mène à la maladie puis à la mort). Zola construit un espace symbolique de la vie de Gervaise et de celle des ouvriers du XIXè siècle. Gervaise vit dans un espace sinistre, dangereux, où l’on tue les gens : c’est un quartier ouvrier , meurtrier, délinquant.

Des forces hostiles L’espace est peuplé de forces hostiles : le monde est animalisé La malle de Gervaise montrait ses flancs vides « pantal la boue » le verbe 3 4 mangé » symbolise le destin de Gervaise : elle va être mangée par les autres, être la proie de cet univers (elle sera victime de sa paresse, de la crasse, de la boue, du linge sale et de la graisse (elle va grossir). Dans l’univers du monde ouvrier, les hommes sont des animaux : la masse des ouvriers sera comparée à un troupeau, dont Gervaise fait partie. Ce sont des bêtes de somme. L’alcool assomme les hommes, il les mène à un univers enaçant, agressif.

Conclusion Cet incipit propose la confrontation d’un personnage et d’un espace et contient déjà les images et les thèmes principaux du roman. Dimension programmatique de ce début (les grands thèmes du roman sont déjà esquissés) La qualité de récit va se faire sur les effets d’échos et de rappels. C’est ainsi que dans le Ch. 12, elle va se prostituer, et se retrouver devant l’hôtel Boncoeur (la boucle est bouclée). Cette structure circulaire du récit renforce le caractère clos de l’espace et souligne l’enfermement du personnage dans une situation sans issue autre qu’une mort isérable.

L’Assommoir : chap. Il : L’alambic Et elle se leva » « la boisson me fait froid Abandonnée avec ses deux enfants par son compagnon Auguste Lantier (tanneur), Gervaise a rencontré Coupeau, ouvrier zingueur, dans un cabaret nommé « L’Assommoir » (quartier de la Goutted’Or). Dans cet extrait du chapitre Il, ils prennent une prune à l’eau-de-vie. Tous deux ont souffert jadis de l’alcoolisme : le pè e battait sa mère, quand il 4 14 qu’il était ivre. Pourtant, Gervaise éprouve une étrange fascination/répulsion pour l’alambic du père Colombe. Ier axe : Une scène populaire : -Atmosphère:

Zola fait la peinture d’une scène de cabaret dans un quartier pauvre. Nous assistons à la rencontre d’une blanchisseuse (Gervaise) et d’un « zingueur » (Coupeau) gens du peuple – Portrait d’un ivrogne Le personnage surnommé « Mes-Bottes » incarne l’ivrogne-type: Le narrateur note ses gestes (métaphore = « rire de poulie mal graissée ») et l’attitude de ses camarades. – langage : Zola utilise le langage de la rue pour faire parler ses personnages : Termes d’argot : « le vitriol » ( = l’eau-de-vie), « les dés à coudre » (z les petits verres), « ce roussin de père Colombe » (z cet indicateur de la police). ?? Et les camarades disaient que cet animal de Mes-Bottes avait un fichu grelot » (z était un fameux bavard) « effets de réel » qui donnent Jurons : « Tonnerre de Dieu ! » l’illusion de voir réellement la scène. IIème axe : la gradation vers la terreur : (le relais des regards) L’alambic est vu successivement par plusieurs personnages (focalisation interne) : — Le regard de Gervaise : « elle eut la curiosité d’aller regarder, au fond, derrière la barrière de chêne, le grand alambic » : curiosité, fascination paradoxale. L’alambic représente une sorte d’objet-tabou. ifficulté pour le voir : « au fond, derrière ») — ce dernier mot symbolise aussi le passé, l’hérédité qui pèse sur Gervaise. Puis relais avec le regard de Cou eau : « le zingueur lui expliqua » : guide qui se v 4 voudrait rassurant. On retrouve la volonté d’expliquer, d’observer propre ? l’esthétique naturaliste. Coupeau montre ainsi : « l’énorme cornue », « un filet limpide d’alcool ses récipients », les « enroulements sans fin de tuyaux Coupeau insiste sur la matière et les « formes » de l’objet on retrouve ici le Zola observateur des Carnets d’enquêtes.

Mais Coupeau aussi est asciné : malgré Pheure tardive (« s’inquiétant de l’heure »), il s’attarde devant la machlne. Mais les termes de la description se chargent pour Gervaise de connotation maléfique : Au début, la couleur « cuivre rouge » de l’alambic suggère qqch d’inquiétant (connote le sang, la violence) ; « forme étrange h, « mine sombre « puissant et muet » personnification de l’alambic. La simple machine devient un travailleur mystérieux, étrange (« un travailleur morne, puissant et muet A la fin, la simple peur de Gervaise se transforme en terreur : « Gervaise, prise d’un frisson, recula

Le regard de Mes-Bottes : c’est celui de l’ivrogne. Regard attendri devant l’alambic (# Gervaise) * « yeux attendris elle était bien gentille ! » termes mélioratifs * « Il y avait, dans ce gros bedon de cuivre huit jours » discours indirect libre qui restitue le bavardage de l’ivrogne. L’alambic = sorte de géante, une nourrice bienveillante : le « filet limpide d’alcool » (1 er paragraphe) est devenu « un petit ruisseau » de « vitriol ». Le fantasme de MesBottes est un rêve d’abondance, d’ivresse totale pour cet ouvrier pauvre. « aurait voulu qu’on lui soudât le bout du serpentin entre les dents » IIIème : De la réalité ? 6 4 le bout du serpentin entre les dents » IIIème axe : De la réalité à la vision : Cette scène de cabaret part d’une observation précise de la réalité. (esthétique naturaliste). Mais on glisse très vite vers le symbolique et le fantastique – Description du fonctionnement d’une machine monstre sinistre élargissement fantastique à la Progression réalité imaginaire.

La description de l’alambic (« lui expliqua »), d’abord précise, est relayée par l’imaginaire : Gervaise croit voir et entendre un monstre infernal : « enroulements sans fin de tuyaux « ronflement outerrain », « besogne de nuit faite en plein jour », « sourdement, sans une flamme » — image du feu souterrain symbolise le passé héréditaire de Gervaise, prêt ? ressurgir pour la dévorer) A la fin, élargissement fantastique, registre épique : « se répandre sur les boulevards extérieurs, inonder le trou immense de Paris conjonction du feu (« vitriol ») et de reau. ‘alcool représente pour le bourgeois Zola un fléau risquant d’atteindre toute la capitale. Conclusion • Cette fascination / répulsion des deux héros devant l’alambic est prémonitoire : cet objet symbolise la oute-puissance du destin (z hérédité) qui pèse sur les personnages du roman. L’alambic reviendra plusieurs fois dans l’histoire : véritable mythe narratif = mythe que crée un écrivain. Ex : l’alambic ou la maison ouvrière dans L’Assommoir ; la mine dans Germinal ; le grand magasin dans Au Bonheur des dames. eur causèrent un saisissement ») Coupeau et Gervaise viennent de se marier et en attendant de manger, la noce décide d’aller visiter le musée du Louvre à Paris. Seul M Madinier l’a déjà vu une fois et se propose de les guider. 1er axe : l’attitude des personnages Ils manifestent : le respect : « La nudité sévère de rescalier les rendit graves » / « Ce fut avec respect qu’ils entrèrent dans la galerie française » – L’émotion : « Un huissier superbe la livrée galonnée d’or redoubla leur émotion » contraste entre la pauvreté des invités, issus dun milieu populaire, et la richesse des lieux . ? galonnée d’or « les yeux emplis de l’or des cadres » invités de la noce sont Impresslonnes – L’ébahissement : ils sont ébahis devant ce monde qu’ils ne connaissent pas Le musée du Louvre devient pour eux un labyrinthe : « ils uivirent l’enfilade des petits salons », « ça ne finissait pas » ils perdent leurs points de repères Is regardent souvent tout, sauf l’essentiel : « le parquet surtout émerveilla la société, un parquet luisant, clair comme un miroir » ils admirent surtout ce qu’ils n’ont pas chez eux.

Ils sont totalement étrangers au monde de la culture et font des réflexions : – na’lVes : Gervaise demanda le sujet des Noces de Cana (Véronèse) ; c’était bête de ne pas écrire les sujets sur les cadres » (discours indirect libre) – terre à terre (prosaiques) : « Que de tableaux II devait y en voir pour de l’argent. ? / « la Joconde, à laquelle il trouva une ressemblance avec une de ses ils ne peuvent tantes » B4 admirer que ce qui entre dans leur univers quotidien : – grivoises : « Boche et Bibi-la-Grillade ricanaient, en se montrant du coin de l’œil les femmes nues « les cuisses IIè axe : Ce que dénonce Zola ici : Ceux qui refusent l’accès du peuple à la culture: A travers cette visite du Louvre, Zola fait un constat : la classe laborieuse souffre d’une pauvreté matérielle, mais aussi culturelle.

Il ne s’agit pas pour lui de rabaisser les petites gens issues du peuple, ais de faire prendre conscience aux élites de la nation, aux hommes politiques, qu’il est temps de s’occuper du peuple pour le faire accéder au monde de la culture. Aucun regard ironique de l’auteur Ceux qui critiquent les peintres impressionnistes, ses amis: Zola était ami des peintres impressionnistes, comme Cézanne, Manet, Monet. Ces peintres avaient été violemment critiqués par Pélite intellectuelle. On leur reprochait de faire des dessins flous, de ne pas respecter les codes de la peinture officielle. Or, ici, Zola cite des tableaux précis.

Incompréhension (excusable) des gens du peuple référence en ait au public imbécile et bourgeois de l’Exposition officielle où ses amis impressionnistes ont été exclus. C’est ces gens qui ricanaient devant le tableau de Manet « Le Déjeuner sur l’herbe » exposé au Salon des Refusés en 1863 (flou) et préfigure la manière de peindre des impressionnistes. Conclusion . Ce passage du chapitre Ill est donc très important. Zola montre le divorce existant entre l’accès à la culture pour les riches et les pauvres et veut le dénoncer (plus loin il montre les autres visiteurs ricanant devant cette noce stupide).

D’autre part, il veut prendre a défense de ses amis peintres, refusés par la culture officielle. La rencontre avec Goujet : « Cétait le tour de grande dame » (chap. VI) Comme son fils Etienne est en apprentissage chez le forgeron Goujet, Gervaise passe un jour à la forge. Coujet est discrètement amoureux de la blanchisseuse. Or, un autre ouvrier, surnommé Boitsans-Soif, se permet des plaisanteries au sujet de Gervaise. Irritation de Goujet: il jette alors un défi ? Boit-sans-soif : fabriquer seul un boulon de 40 mm. Boit-sans-soif forge son boulon (en 30 coups). Puis c’est le tour de Goujet, surnommé la Gueule-d’Or.

La scène st vue par Gervaise (focalisation interne) Ier axe de lecture : Une valorisation du travail manuel • En décrivant le forgeron Goujet et en l’opposant à Boit-sans-Soif, Zola montre la noblesse du travail manuel. Il fait l’éloge du véritable artisan. véritable dimension argumentative de ce passage. Ainsi, Goujet met en valeur : – la maitrise des gestes : « il ne se pressa pas », « avec une science réfléchie – la beauté des mouvements : «jeu [ … l balancé et souple » – la régularité : « à grandes volées ré ulières « en cadence » – l’élégance : importance e filée de la danse . 0 4