Arno Stern, servant du jeu de peindre

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Arno Stern, servant du jeu de peindre Histoire Arno Stern est né le 23 juin en 1924 à Kassel en Allemagne. Il fuit le nazisme avec ses parents qui s’installent en France où il obtient sa nationalité. Il devra survivre aux poursuites, à la clandestinité et sera interné dans un camp de travail. Âgé d’un peu plus de vingt ans, Stern s’installe dans la banlieue parisienne. On lui propose un travail dans un orphelinat pour enfant, orphelins de guerre, âgés de 5 à 15 ans dont il doit s’occuper après les h qu’ils soient près d’u or 11 clnquantaine et malg qu Sni* to View pédagogie ou en psy guerre, Stern était tr ieux.

Stern entre dans la vie, les te volontiers, bien aissance en tudes et après, trop mains vides, sans aucune instruction, mais remplit d’ardeur, plein de désir de faire, prêt à faire des rencontres. Trouver des matériaux était difficile à cette époque d’après- guerre, même le papier était rare. Il utillsait alors ce qui lui tombait dans les mains ; cartons d’emballages, mauvais pinceaux, argile, etc. Le dessin était, à ce moment, le médium qu’il trouvait le plus satisfaisant, ne nécessitant pas d’aménagement particulier ; que du papier recyclé et du crayon de plomb et de couleur.

Un jour, il trouve, au grand bonheur des enfants, des pots de peinture et des pinceaux dans un colis envoyé par une œuvre de bienfaisance amér américaine. Un peu plus tard, il s’approvisionne en gouache et très vite, son atelier déborde d’enfants heureux. Même le directeur de l’établissement avait peine à coucher ces enfants et Stern était dans l’incapacité de freiner cet élan merveilleux dont il était alors témoin. Sa fonction d’alors était de veiller à ce que les enfants ne manquent pas de matériel et de ranger les tableaux une fois terminés.

Il ne peignait pas, il agissait plutôt comme un servant du jeu de peindre. Il était le témoin d’une activité exaltante. Il possédait ? nouveau l’innocence de l’enfance, il assistait au jeu. Il n’avait qu’? veiller à son bon déroulement, il n’avait rien d’autre à faire que de créer les conditions permettant la création libre. Il est le témoin de la trace spontanée, qu’il étudiera toute sa vie durant. Le servant du jeu de peindre Arno Stern est l’inventeur du concept du jeu de peindre. Cette pratique est fondée sur la spontanéité et le plaisir de l’acte créateur.

Dans ce jeu, la présence du sewant est Indispensable et stimulante. Il n’est pas le maître qui dispense un savoir ou un savoir-faire. Il crée les conditions d’un confort. Par exemple, si l’enfant a besoin de peindre tout en haut de sa feuille, il placera alors un tabouret sous les pieds de l’enfant. La relation ainsi créée entre le servant et l’enfant est souhaitée et indispensable. Cependant, il n’est pas dans le rôle du servant de contempler ni de Juger la peinture. C’est cela qui ne doit justement pas se produire. Sa présence PAG » 1 contempler ni de juger la peinture.

Cest cela qui ne doit justement pas se produire. Sa présence est attentive et discrète. Cest à force d’assister les partlcipants à la création que Stern se dit ivre de joie devant autant de réativité. Cest alors qu’il constate que les œuvres des enfants sont beaucoup plus riches et personnelles lorsqu’elles sont effectuées librement, sans thème imposé. Quelques années après avoir quitté l’orphelinat, il met sur pied son premier atelier, qu’il nomme Académie du jeudi et où il met en pratique cette idée de création libre.

Il y recevait beaucoup d’enfants, des petits et des grands, même des adultes ont envie de jouer librement, en oubliant leurs soucis et en éliminant tout ce qu’on leur a appris sur la manière de faire de la peinture. Ils devenaient capables de spontanéité. Ils prenaient ce jeu au érieux et trouvaient du plaisir à le partager avec des petits. Dans ce lieu, chacun est une personne parmi d’autres, dissemblable, incomparable. Nul n’est modèle, nul n’est inférieur. pendant le moment dans l’atelier, le participant, au milieu des autres, laisse jaillir par la main ce que son corps lui dicte.

Sa peinture, appelée « trace n, n’appartient qu’à son propre cheminement. La Formulation, l’étude de la trace spontanée Cette trace sur la feuille, née d’une impulsion spontanée – sauvegardée ou retrouvée – n’appartient pas à l’art, mals à la théorie de la Formulation. Issue à partir ‘observations rigoureuses, cette théorie met en relief la capaci PAGF30F11 Formulation. Issue à partir d’observations rigoureuses, cette théorie met en relief la capacité de la main à être en connexion avec un mécanisme de la mémoire inexplorée et indépendante des processus qui concernent l’intelligence et l’affectivité.

Il a mis à jour cette capacité spécifique de la mémoire à collecter la gamme des sensations perçues au cours des toutes premières années de la petite enfance. C’est par la main que cette mémoire, inscrlte à tout jamais, se manifeste en des tracés précis, qu’il a intitulé la Formulation. Le dessin enfantin est généralement considéré comme le produit de l’imagination. Pour Stern, il est dicté par une nécessité organique, et il s’accomplit selon des lois spécifiques qui, seules, permettent de le comprendre. La Formulation est une manifestation complexe, originale, structurée et universelle.

Ces tracés qui ne sont rien d’autre que l’expression de la nature profonde de chacun : la mémoire organique. Les conditions propices à l’émergence de la Formulation sont • 0 un lieu mettant la personne à l’abri des pressions et des influences. 2 0 la présence des autres, non pas en tant que spectateurs, mais omme des compagnons de jeu qui acquiescent à l’émission, lui confèrent son caractère de non- communication et de normalité. 3 0 la présence d’un praticien ne faisant pas figure de référence, ni de récepteur pour ce qui est formulé. Son rôle est celui d’un servant.

Ainsi, la Formulation ne serait ni tributai PAGFd0F11 Son rôle est celui d’un servant. Ainsi, la Formulation ne serait ni tributaire, ni caractéristique d’un milieu socioculturel particulier. Elle ne serait pas le fruit d’un apprentissage, mais seulement d’un entraînement qui développe des aptitudes innées et les oriente vers cette anifestation au lieu de la création d’œuvres servant à la communication. (Stern, en ligne) Les caractéristiques de la Formulation : La Formulation naît très tôt parmi les besoins des tout-petits enfants. Elle évolue selon un parcours programmé et ne tarit jamais.

Elle possède également un répertoire de figures qul lui est propre. Elle est distincte de l’art dont elle n’emprunte ni les éléments, ni les lois, ni les habitudes. Pratique de la Formulation… La pratique de la Formulation – un jeu qui n’est pas une thérapie 1 satisfait des nécessités inassouvies. Il en résulte un équilibre et un épanouissement qui ortifient la personnalité. Cette pratique développe aussl un grand savoir-faire et la conscience de capacités engageant profondément la personne, quels que soient son âge, son expérience, sa situation.

Celui qui pratique la Formulation se libère de la dépendance de modèles et développe une autonomie positive. Celui qui se réalise dans ce jeu naturel ne recourt pas à la violence pour s’affirmer, ne cherche pas refuge dans la drogue pour se consoler, se soulager. L’acte de Formulation est vital et, dans les conditions du Closlieu, il développe le besoin d’affirmation de soi en même temps que la relation s 1 onditions du Closlieu, il développe le besoin d’affirmation de soi en même temps que la relation aux autres, dans un parfait équilibre excluant la compétition.

Cette approche devient à ce point populaire qu’il forme des élèves qui donneront des ateliers, dans les années 1960 et 1970 dans des écoles, centres sociaux et centres culturels, suivant le méthode de leur maitre à penser. Cet atelier sera renommé le «Closlieu». Le Closlieu Comment rendre possible, à tous, le jeu simple et bénéfique de la peinture ? En créant les conditions propres à surmonter les préjugés et les inhibitions • « Chacun est capable – tel le petit nfant – de s’adonner à ce jeu lorsqu’il se déroule dans un espace mis au point à cet effet.

Du jeu dans le Closlieu ne résultent pas des œuvres regardées par d’autres et faites pour véhiculer un 1 Son approche se distingue de l’Art-thérapie avec laquelle elle pourrait être confondue. Arno Stern tient à cette distinction et au fait que ce qu’il propose n’est pas une thérapie, mais plutôt une pratique qui est source de bienfaits pour le développement des êtres (enfants ou adultes) sans chercher à atteindre aucun but proprement thérapeutique. Ainsi, l’activité dans le Closlieu n’est pas une thérapie ; mais elle st préventive de thérapie, parce qu’elle stimule des capacités qui permettent à l’individu de se réaliser.

Elle développe précisément des aptitudes que la culture a étouffées et elle fait de chaque être, quel que soit le moment dans l’existence où il s’adonne à la 6 1 elle fait de chaque être, quel que soit le moment dans l’existence où il s’adonne à la Formulation, une personne plus accomplie. message, mais une trace sur la feuille dont l’émergence, à elle seule, apporte un entier plaisir ? celui qui la laisse se produire. » (Stern, en ligne) Au départ, Stern n’avait aucune intention de créer un lieu où se etirer du monde tel un couvent.

Cest pour résoudre des problèmes pratiques qu’il aménage cet espace isolé, sans fenêtres, clos. Cest bien plus tard qu’il découvre les vraies vertus du lieu qu’il a créé. À force de se faire poser des questions sur les secrets de son succès, Stern réfléchit et trouve enfin pourquoi les choses se passent ainsi dans ce lieu. « Et tel je l’ai créé, il subsiste, invariable, dans une perfection définitive, un lieu de permanence, une enclave dans le remue-ménage de la société, un havre de vie préservée, au milieu de tout ce qui est factice. » (Stern, en ligne)

C’est dans ce lieu qu’il met au point les conditions qu’il considérait comme idéales pour y parvenir, en respectant les consignes suivantes • Le rituel L’instauration d’un rituel précis et pratique permet d’acquérir autonomie et habileté : accrochage de la feuille au mur, tenue du pinceau en son milieu, bon dosage de l’eau et de la gouache, gestuelle sans entrave face à la peinture. l_Jn lieu clos Il s’agit d’isoler la personne des habitudes de la vie quotidienne, la placer dans une situation différente, la soustraire aux pressions et aux influences.

Dans ce lieu PAGF70F11 lieu clos, sans fenêtre, évoquant ne caverne, on ne reçoit rien de l’extérieur, on fait surglr ce qu’on porte en soi. Cet isolement coupe la personne de toute pression afin que l’expression puisse avoir lieu. La table-palette La table-palette est une table sur laquelle une palette de 18 couleurs, sans nécessité de préparation et mise à la disposition des créateurs, au centre de l’espace. Cette table-palette est le lieu de partage, de rencontre avec l’Autre.

Elle est également le lieu de la rigueur, des règles du jeu, du respect de l’outil et du respect de l’autre. Cet aménagement crée un parfait équilibre entre iberté et règles, entre l’individuel et le collectif. Des supports Chacun a à sa disposition un espace sur le mur où est apposée une feuille blanche ou tout autre support permettant de peindre des dessins de grandes surfaces. Cet espace n’est partagé avec personne et, contrairement à la table-palette, cet espace exclut les autres. La feuille est l’espace de liberté, exclusif de la personne et de format illimité.

Les règles du jeu et du lieu. À ces conditions matérielles s’ajoutent des règles du lieu : Les peintures ne sortent pas de l’atelier et l’œuvre n’est pas destinée à être vue ou commentée par ‘autres personnes. Surtout, l’enfant ou l’adulte ne doit pas être influencé. Il peint ce qu’il souhaite et décide seul si son dessin est terminé. Sans jamais imposer de thème, ni de modèl B1 souhaite thème, ni de modèle, le servant accompagne les participants dans le « geste de peindre » pour que peur concentration soit optimale.

Le Closlieu est un lieu vibrant, de multiples couleurs, où les murs sont vierges de toute image et de toute influence extérieure ; un espace spécifique pour stimuler et protéger l’émergence de la Formulation. Le jeu de peindre fonctionne, dans le Closlieu, selon un dispositif offrant, à la ois, la liberté de tracer selon la nécessité profonde de la personne, et reposant sur une très stricte discipline. Il a lieu avec régularité, dans un groupe de 15 participants au maximum, ayant des âges divers.

Chacun dispose de sa feuille, y trace selon une spontanéité retrouvée. L’IRSE – Institut de Recherche en Sémiologie de l’Expression Cette recherche fait de Stern l’initiateur d’un nouveau domaine scientifique : la Sémiologie de « Expression. La Sémiologie de l’Expression est une science nouvelle. Son étude porte sur des phénomènes, jusque-là ignorés, dont la connaissance est de nature à transformer le regard sur la Trace. L’étude de la formulation a lieu à l’Institut de Recherche en Sémiologie de l’Expression.

On y trouve par ailleurs des collections constituées de document provenant du Closlieu, datant des débuts de cet espace instigateur de la « formulatlon que l’on verra plus loin. L’essentiel des œuvres qu’il s’y trouve fait foi de la manifestation spontanée et délivrée de tout corps ét délivrée de tout corps étranger, assurant ainsi une garantie d’authenticité pour la recherche de l’institut. Elle contient aussi, sur des milliers de feuilles, les premières traces faites par des populations vivant dans la forêt vierge, a brousse, le désert… Non pas collectées au hasard des rencontres, mais obtenues – telles celles du Closlieu – dans les conditions préservant la trace naturelle. ) L’étude sémiologique s’intéresse aux caractéristiques universelles de l’acte traceur. Elle s’abstient de toute interprétation subjective. Elles permettent d’affirmer que la Formulation est liée au code génétique et représente l’unique moyen d’expression de la mémoire organique. Conclusion Je crois qu’Arno Stern était un être fondamentalement bon, qui, ? partir de rien, d’aucune éducation a réussi à embellir ce monde, surtout celui des enfants.

Ayant subi des traumatismes insoutenables, il a appris à se relever. Se relever d’une manière exceptionnelle, d’une façon remarquable. Il aurait pu choisir la guerre, le travail en chaîne ou l’inéducation2, il a choisi l’art. l’art est ce qui lui a ouvert les yeux, le cœur et l’âme. Il a trouvé, en l’art, le bonheur d’être enfant à nouveau, le bonheur… à nouveau. Aussi, j’éprouve une fascination pour cet homme, quoique je reste un peu sceptique quant aux résultats de ses recherches. Je n’ai pas trouvé beaucoup de documentation sur le sujet, mais beaucoup de publicité. J’aurais aimé lir 11