Antigone de Jean Anouilh
Sommaire Antigone de Jean Anouilh 2 1 Fiche signalétique d’Antigone:2 1. 1-Le contexte historique : 2 1. 2- Présentation de la pièce :4 1. 3- Structure de la pièce : 4 1. 4- Les personnages de la pièce 6 a) Antigone : 6 b) Ismène : 7 c) Créon : 7 d) Les gardes e) Hémon : 9 f) Eurydice : 9 g) Le page IO h) La Nourrice : 10 2 Jean Anouilh : 10 9 p g l- Antigone de Jean Anouilh Il- Fiche signalétique d’Antigone: Le texte de référence est celui publié par les Éditions de la Table Ronde, en 1999.
La pièce est composée sous sa forme quasi-définitive en 1942, t reçoit à ce moment l’aval de la censure hitlérienne. Elle n’est jouée la première fois que deux ans après, le 4 février 1 944, au théâtre de l’Atelier à Paris, sans doute à cause de difficultés financières. Après une interruption des représentations en août 1944, due aux combats pour la libération de Paris, elles reprennent normalement. Antigone sera ensuite à nouveau représentée à Paris en 1947, réside à Paris, qui est occupée par les Allemands depuis la débâcle de 1940 et l’Armistice.
La République a été abolie et remplacée par l’État français, sous la direction du maréchal Pétain. La France est alors découpée en plusieurs régions : une zone libre au Sud, sous l’administration du régime de Vichy, une zone occupée au Nord, sous la coupe des Allemands, une zone d’administration allemande directe pour les départements du Nord et du Pas-de-Calais, rattachés à la Belgique, une zone annexée au Reich : l’Alsace-Lorraine et enfin, une zone d’occupation italienne dans le Sud-Est (Savoie).
Refusant l’Armistice et le gouvernement de Vichy, le général Charles de Gaulle lance un appel aux Français le 18 juin 1940 depuis Londres et il regroupe ainsi autour de lui les Forces rançaises libres (F. F. L). C’est le début de la Résistance. Le 23 septembre 1941, un « Comité national français » a été constitué, c’est une première étape vers un gouvernement en exil. En métropole, la Résistance s’organise, tout d’abord de façon indépendante et sporadique (qui se produit occasionnellement), puis en se rapprochant de de Gaulle sous la forme de réseaux, comme Combat.
En 1942, le mouvement a déjà pris une certaine ampleur qui se manifeste par des actes de sabotage et des attentats contre des Allemands et des collaborateurs ; l’armée d’occupation réplique par des représailles massives et anglantes. L’année 1 942, marque un tournant décisif dans cette période. Les rapports de force se sont modifiés, car les États-Unis viennent de décl lg décisif dans cette période. Les rapports de force se sont modifiés, car les États-Unis viennent de déclarer la guerre à l’Allemagne.
En France, le 19 avril 1942, Pierre Laval revient au pouvoir après une éclipse d’un an et demi et accentue la collaboration avec Hitler. Dans un discours radiodiffusé le 22 juin 1 942, il déclare fermement : souhaite la victoire de l’Allemagne » et il crée le Service du travail obligatoire (S. T. O. ) pour l’aider en envoyant des ouvriers dans leurs usines de guerre. La rafle du Vél. d’Hiv. le 16 juillet 1942 envoie des milliers de juifs, via Drancy, dans les camps de concentration de d’extermination. Ce n’est qu’en 1944 que nazis et collaborateurs subissent de véritables revers. Le Comité national de la Résistance (C. N. R. , institué le 15 mai 1943, fédère les différentes branches de la lutte antinazie et prépare l’après-guerre. Le 6 juin 1944, le débarquement des Alliés en Normandie déclenche l’insurrection des maquis en France et organise la reconquête du territoire rançais. Paris se soulève avant le moment prévu et se libère seul fin août 1944 Avant même que la guerre ne soit terminée, l’épuration se met en place : de nombreux sympathisants du régime de Vichy sont jetés en prison et condamnés, certains sont exécutés, parfois sans procès ; les milieux culturels (journalistes, écrivains et acteurs) ne sont pas épargnés.
Cest dans ce climat troublé que de Gaulle regagne la France et en assure dans un premier temps le gouvernement. C’est à un acte de résistance qu’Anouilh do assure dans un premier temps le gouvernement. C’est à un acte de résistance qu’Anouilh doit l’idée de travailler sur le personnage d’Antigone. En août 1 942, un jeune résistant, Paul Collette, tire sur un groupe de dirigeants collaborationnistes au cours d’un meeting de la Légion des volontaires français (L. V. F. ) ? Versailles, il blesse Pierre Laval et Marcel Déat.
Le jeune homme n’appartient à aucun réseau de résistance, à aucun mouvement politique ; son geste est isolé, son efficacité douteuse. La gratuité de son action, son caractère à la fois héroïque et vain frappent Anouilh, pour qui un tel geste possède en lui l’essence même du ragique. Nourri de culture classique, il songe alors à une pièce de Sophocle, qui pour un esprit moderne évoque la résistance d’un individu face à l’État. II la traduit, la retravaille et en donne une version toute personnelle.
La nouvelle Antigone est donc issue d’une union anachronique, celle d’un texte vieux de 2400 ans et d’un événement contemporain. Ill- Présentation de la pièce : Il faut garder en mémoire que dans la pièce de Sophocle le personnage tragique n’est pas Antigone, mais Créon. Comme Œdipe, son neveu, dont il prend la suite, Créon s’est cru un roi heureux. En cela, il fait preuve de « démesure » (ubris, en grec), pour cela il doit être puni. Antigone est l’instrument des dieux, Hémon le moyen, Créon la victime.
Lui seul est puni en fin de compte. La mort d’Antigone n’est en rien une punition, puisqu’elle n’a commis aucune faute, au regard de la loi divine -a 4 OF lg n’est en rien une punition, puisqu’elle n’a commis aucune faute, au regard de la loi divine – au contraire. La tragédie est celle d’un homme qui avait cru à son bonheur et que les dieux ramènent aux réalités terrestres. Représentée dans un Paris encore occupé, Antigone à sa création suscité des réactions passionnées et contrastées.
Le journal collaborationniste Je suis partout porte la pièce aux nues : Créon est le représentant d’une politique qui ne se soucie guère de morale, Antigone est une anarchiste (une ‘terroriste », pour reprendre la terminologie de l’époque) que ses valeurs erronées conduisent à un sacrifice inutile, semant le désordre autour d’elle. Des tracts clandestins, issus des milieux résistants, menacèrent l’auteur. Mais simultanément, on a entendu dans les différences irréconciliables entre Antigone et Créon le dialogue impossible e la Résistance et de la collaboration, celle-là parlant morale, et celui-ci d’intérêts.
Cobsession du sacrifice, l’exigence de pureté de l’héroÎne triomphèrent auprès du public le plus jeune, qui aima la pièce jusqu’à l’enthousiasme. Les costumes qui donnaient aux gardes des imperméables de cuir qui ressemblaient fort à ceux de la Gestapo aidèrent à la confusion. Pourtant, même sur ces exécutants brutaux Anouilh ne porte pas de jugement : « Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde, mais ils vous mpoigneront les accusés le plus tranquillement du monde tout ? l’heure.
Ils sentent l’ail, le cuir e les accusés le plus tranquillement du monde tout à l’heure. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes de la justice. « . Et ne pas juger ces « auxiliaires de la justice », les excuser même, un an après la rafle du Vel’d’Hiv peut paraître un manque complet de sensibilité – ou la preuve d’une hauteur de vue qui en tout cas démarque la pièce de l’actualité immédiate.
Même si les positions politiques ultérieures d’Anouilh, et tout son théâtre, plein de personnages cyniques et désabusés, le situent dans un conservatisme ironique, on peut postuler qu’Antigone est en fait une réflexion sur les abominations nées de l’absence de concessions, que ce soit au nom de la Loi (Créon) ou au nom du devoir intérieur (Antigone). Cest le drame de l’impossible voie moyenne entre deux exigences aussi défendables et aussi mortelles, dans leur obstination, l’une que l’autre. IV- Structure de la pièce : Anouilh a repris le cadre général de la pièce de Sophocle.
Le ideau s’ouvre au petit matin sur la ville de Thèbes, juste après la proclamation du décret de Créon, au sujet duquel Antigone s’oppose à sa sœur Ismène. Créon apprend d’un garde que le corps de Polynice a reçu les hommages funèbres, puis voit Antigone amenée devant lui et la condamne à mort. Hémon vient supplier son père, sans succès et s’enfuit. Antigone fait une dernière apparition, puis marche vers la mort. Un messager apporte sur scène la nouvelle du su 6 OF lg apporte sur scène la nouvelle du suicide d’Hémon, puis de la reine.
Le rideau tombe sur Créon, qui reste seul sur une scène évastée. Le texte d’Anouilh se présente comme une suite ininterrompue de répliques, sans aucune des divisions formelles qui font la tradition du théâtre français. Sans acte, sans scène, Antigone se veut dans sa présentation le récit continu d’une journée où se joue le destin de l’héroÎne. Anouilh ne se propose toutefois pas de révolutionner l’écriture théâtrale, et l’absence de divisions n’est qu’affaire de forme.
La pièce se déroule de façon classique, rythmée par les entrées et les sorties des personnages, qui permettent de restituer ‘architecture traditionnelle des scènes et de proposer la numérotation suivante : Pages Scène Personnages 9-13 Le Prologue 13-20 2 Antigone, la Nourrice 21 3 Antigone, la Nourrice, Ismène 22-31 4 Antigone, Ismène 31-36 5 37-44 6 Antigone, Hémon le Garde 117-119 19 e Chœur, le Messager 119-122 20 Le Chœur, Créon, le Page 122-123 Le Chœur, les Gardes V- Les personnages de la pièce Les relations entre personnages sont en partie imposées par le modèle de Sophocle et la mythologie.
Les liens de parenté ne sont aucunement modifiés, et l’on retrouve le traditionnel tableau e famille des Labdacides. VI- Antigone : Personnage central de la pièce dont elle porte le nom, Antigone est opposée dès les premières minutes à sa sœur Ismène, dont elle représente le négatif. « la petite maigre », « la maigre jeune fille moiraude et renfermée » (p. 9), elle est l’antithèse de la jeune héroïne, l’ingénue, dont « la blonde, la belle, l’heureuse Ismène » est au contraire l’archétype.
Comme Eurydice, comme Jeanne d’Arc dans L’Alouette, elle a un physique garçonnier, sans apprêts : elle aime le gris : « C’était beau. Tout était gris », « monde sans couleurs », « La Nourrice Combien de fois je me suis dit : « Mon Dieu, cette petite, elle n’est pas assez coquette ! Toujours avec la même robe et mal peignée », Antigone le dit elle même : « je suis noire et maigre » Opiniâtre, secrète, elle n’a aucun des charmes dont sa sœur dispose à foison : elle est « hypocrite », a un « sale caractère », c’est « la sale bête, l’entêtée, la mauvaise ».
Malgré cela, c’est elle qui séduit Hémon : elle n’est pas dénuée de sensualité, comme le prouve sa scène face à son fiancé, ni de sensibilité, dont elle fait preuve dans son dialogue avec la Nourrice. Face à Ismène, Antigone se distin ue a BOF lg dont elle fait preuve dans son dialogue avec la Nourrice. Face à Ismène, Antigone se distingue au physique comme au moral, et peut exercer une véritable fascination : Ismène lui dit . ‘Pas belle comme nous, mais autrement.
Tu sais bien que c’est sur toi que se retournent les petits voyous dans la rue ; que c’est toi que les petites filles regardent passer, soudain muettes sans pouvoir te quitter des yeux jusqu’à ce que tu aies tourné le coin. » (pages 29-30) Comme le basilic des légendes, dont le regard est mortel, Antigone pétrifie et stupéfait, car elle est autre. Son caractère eçoit cette même marque d’étrangeté qui a séduit Hémon et qui manque à Ismène, ce que Créon appelle son orgueil.
Quelque chose en elle la pousse à aller toujours plus loin que les autres, à ne pas se contenter de ce qu’elle a sous la main : « Qu’est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi, je peux encore dire « non » encore à tout ce que je n’aime pas et Je SUIS seule juge. » (p. 78) Cette volonté farouche n’est pas tout à fait du courage, comme le dit Antigone elle-même (p. 28) ; elle est une force d’un autre ordre ui échappe à la compréhension des autres.
VII- Ismène : Elle « bavarde et rit », « la blonde, la belle » Ismène, elle possède le « goût de la danse et des jeux du bonheur et de la réussite, sa sensualité aussi », elle est « bien plus belle qu’Antigone », est « éblouissante », avec « ses bouclettes et ses rubans », « Ismène est rose et dorée comme un fruit » « sa s « sa sœur » possède une qualité indomptable qui lui manque : elle n’a pas cette force surhumaine. Même son pathétique sursaut à la fin de la pièce n’est pas à la hauteur de la tension qu’exerce Antigone sur elle-même : « Antigone, pardon !
Antigone, tu vois, je viens, j’ai du courage. J’irai maintenant avec toi. Si vous la faites mourir, il faudra me faire mourir avec elle . Je ne peux pas vivre si tu meurs, je ne veux pas rester sans toi (pages 97-98). Cest sa faiblesse même, et non sa volonté, qui la pousse à s’offrir à la mort. Antigone le voit bien, et la rudoie avec mépris : « Ah ! non. Pas maintenant. Pas toi ! Cest moi, c’est moi seule. Tu ne te figures pas que tu vas venir mourir avec moi maintenant. Ce serait trop facile ! Tu as choisi la vie et moi la mort. Laisse-moi maintenant avec tes jérémiades. » (page 98)
Les deux rôles féminins de la pièce sont diamétralement opposés. Ismène est une jolie poupée que les événements dépassent. Antigone au contraire est caractéristique des premières héroïnes d’Anouilh : elle est une garçonne qui dirige, mène et vit son rôle jusqu’au bout. VIII- Créon « son oncle, qui est le roi », « il a des rides, il est fatigué », « Avant, du temps d’Œdipe, quand il n’était que le premier personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures, les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes » Cest un souverain de raccroc, tout le contr 0 9