le système Oasien au Maroc
Programme d’études « Changement climatique impacts sur le Maroc et options d’adaptation globales » Le système oasien du Maroc : essai pour l’établissement d’une stratégie d’aménagement du système oasien du Maroc AVRIL 2011 Auteur du rapport M.
Driss FASSI Professeur à rlJniver propriété de le programme d’études 02 Svipe v t – Agdal ans le cadre du « Changement climatique : impacts sur le Maroc et options d’adaptation globales De par les opinions qui y sont exprimées, ce rapport engage la responsabilité de son auteur et en aucun cas celle de l’IRES 2 Table des matières troduction à la problématique des systèmes oasiens marocains 4 l’aménagement de l’espace oasien 46 2,3. Essai de détection des ruptures d’équilibre 57 3. Ruptures d’équilibre et voies de durabilité 70 3. 1 . Des marques de rupture 3. 2. Orientations pour un développement durable 87 3. . 1 . Stratégie de Développement Durable dans la Réserve de Biosphère des Oasis du Sud Marocain (RBOSM) 90 3. 2. 2. Eléments pour un Développement Durable du Maroc Atlantique subatlasique, depuis le Souss jusqu’aux Provinces Sahariennes. Conclusion 153 Bibliographie 157 Liste des figures 65 3 123 Introduction à la problémati ue des s stèmes oasiens marocains 2 02 Cependant, alors que le pays semble toujours à la recherche de moyens pour aménager ces atouts, l’actualité nationale ainsi que les perspectives d’avenir sont le plus souvent obscurcies par une sorte de constante climatique négative.
Le climat du pays est, en effet, doublement affecté par une puissante dominante de sécheresse : une tendance au réchauffement et à l’aridité et un déséquilibre spatial de son climat. Des deux constats, le plus débattue, et certainement le moins grave car pparemment conjoncturel et diluée dans une perspective de cataclysme global, se confirme comme une tendance lourde et avérée. Un rapide survol des données météorologiques du vingtième siècle, débordant sur la décennie qui s’achève, montre que les périodes de sècheresse au Maroc, se sont faites, progressivement, plus longues et plus Insistantes (Bahhou A„ 2002).
De plus, alors qu’au départ, les sécheresses constituaient des événements redoutés, qui accidentaient le cours normal du climat, elles sont devenues la règle lors de la dernière quarantaine ‘années où les bonnes années se sont faites exceptionnelles. I faudrait n’y voir, pour ce qui concerne notre pays, que la marque d’une circonstance aggravante dont les mécanismes, réputés anthropiques, mus et exacerbés par les pays riches et industriels, nous échappent complètement.
Les retombées de la tendance, globalement pernicieuses, mais dont les manifestations multiformes peuvent être ppréciées sous 3 02 fait la structure spatiale du climat méditerranéen tel qu’il nous échu, et qui est, dans sa version dite de la rive sud, déj? profondément indigente et déséquilibrée. Bien sûr, les nombreux avantages naturels dont bénéficient le Maroc, et dont l’analyse serait utile à mener par ailleurs, lui permettent d’être, indiscutablement, le pays le mieux loti de la rive sud de la Méditerranée.
Cette manne naturelle a, cependant, de sérieuses limites : La répartition climatique actuelle ne permet pas de compter sur plus de dix pour cent (10%) du territoire national, au maximum, pour assurer une agriculture pluviale garantie. Les neuf autres dixièmes du pays (90%) s’enfoncent dans une aridité croissante, selon un gradient nord-sud, accentué par la ontinentalité, et qui se termine, au-delà des Atlas, dans l’espace absolu du plus grand désert du monde. Ce vaste espace marqué par l’aridité, est d’abord semi-aride.
Il se présente en écharpe SW-NE, en position assez centrale, et peut être estimé ? un peu plus de 20% du territoire national. Il offre un certain potentiel pour des cultures pluviales toujours possibles, mais aux rendements incertains, et qu’il convient souvent, sinon toujours, de complé e irrigation d’appoint. 4 02 sont proprement accidentelles. 6 Cette structure spatiale, qui apparait comme un train de simples arges climatiques, est un handicap permanent qui rend difficile tout pronostic sur la sécurité alimentaire du pays, et mitige les ambitions quant aux projets et aspirations.
Encore faut-il conjuguer les chiffres de cette première vision spatiale, assez lapidaire, avec les autres données de l’environnement pour une meilleure explication de l’ensemble. C’est ainsi que lorsqu’on rapproche notre espace climatiquement privilégié, ou espace agricole pluvial climatiquement garanti, estimé ici en valeur brute à près de 10% de la superficie du pays, il peut paraître, en effet, assez onsidérable, car aussi vaste qu’un pays comme l’Irlande il jouit, de surcroît, de la forme la plus avantageuse du climat méditerranéen, dans ses étages humide et subhumide de la classification bioclimatique d’Emberger.
En fait, il faudrait plus que nuancer cette approche, car il s’agit d’un espace ? près de 85% montagnard, majoritairement propice à la forêt, avec même une forte composante de haute montagne de milieu froid à glacial, perchée au-dessus de la ligne des arbres, et d’ailleurs bien représentée tout au long de la puissante diagonale du Haut Atlas. Il est même permis de co S 02 eloppement agricole dans méditerranéennes adaptées à l’économie d’eau, n’excède pas les 30%. our le reste de la superficie nationale, soit près de 70%, l’agriculture pluviale est excessivement aléatoire à Impossible, et le seul mode d’aménagement viable semble devoir être axé sur le système oasien, agro-pastoral, le plus près possible de ses formules traditionnelles et de ses principes fondateurs, assortis de retouches modernes afin d’en mitiger les pénibilités et en améliorer la performance. 7 Par conséquent, il conviendrait d’adopter une démarche territoriale dans la éfinition des vocations, et des attitudes de développement qu en découlent. approche devrait, au départ, dégager les volumes montagneux. pourvoyeurs essentiels des ressources naturelles, non pas pour les momifier, mais pour y concevoir, avec la participation des populations, des modes de développement régional conciliables avec l’incontournable vocation de fournisseur national. Quant au bas pays, il faudrait d’abord y déterminer un espace méditerranéen, luimême différencié dans le détail, et évidemment aménageable en fonction de ses capacités propres, spatialement raduées.
Ce monde de vieille aysannerie immensités du Sahara marocain, avec leurs déploiements de systèmes oasiens. Le Sahara marocain se présente ainsi comme le biome le plus vaste de nos régions bioclimatiques. Il ne constitue, cependant, qu’une transition au grand Sahara Arabo-africain. Ce côtoiement est ancien de près de trois millions et demi d’années. Il existe depuis que le désert est venu s’interposer, au Pliocène moyen, entre nos latitudes méditerranéennes et les latitudes tropicales du continent (Fassi D. , 1999).
Deux séries de conséquences fondamentales en ont découlé, et se sont développées conjointement. Notre Sahara a eu le privilège d’en être le principal dépositaire. La première série découle de ce que ces marges sahariennes septentrionales ont été naturellement et continuellement fluctuantes. Des variantes climatiques alternées et répétitives du Quaternaire, toujours sur fond méditerranéen, ont permis tantôt l’incursion du souffle saharien jusque dans le Gharb ou le Saïs, tantôt la transgression d’éléments biotiques méditerranéens jusque dans les massifs centraux sahariens, tels que le Hoggar.
Les sols, les formations végétales et les réserves hydrologiques en ortent encore localement la arque, et 02 oasien du Maroc tient ainsi sa valeur d’exception : de la grande durée de ses rapports étroits avec le grand Sahara, permettant une maturation des liens et complémentarités à une échelle quasiment géologique ; de l’état d’éveil auquel il a été astreint, du fait de l’insécurité climatique sur ces franges dynamiques, très incertaines ; de son isolement par rapport aux influences du N, empêchant pendant longtemps, grâce à Fépaisse muraille atlasique, toutes formes d’infiltrations inadaptées ou de travestissements ; et dune ouverture millénaire sur des influences orientales, enues des nations mères des civilisations humaines, telles que celles d’Egypte ou de Mésopotamie, elles mêmes d’essence oasienne. Il en est résulté un environnement oasien de qualité exceptionnelle, indexé notamment sur le nombre et la valeur des endémismes, qu’ils soient naturels ou agricoles, et sur le cumul d’ex ertise des populations locales, parfaitement 8 02 bouleversement a affecté tous les domaines essentiels, tels que les modes de faire valoir agricole, les infrastructures d’irrigation ou les types d’habitat. Régions et communautés se sont alors mises à y perdre âme et repères.
Il ‘a pas fallu plus que quelques petites décennies pour que la banqueroute de tout l’environnement ne devienne générale. 9 Aujourd’hui, les aménagistes les plus avertis commencent à se départir de leur admiration inconditionnelle du monde oasien d’antan, pour se rendre à l’évidence et se laisser gagner par le désespoir de voir jamais les oasis se relever de ce qui apparaît actuellement comme une déchéance structurelle irréversible. Pourtant, une option responsable devrait impérativement être prise quant au mode de gestion de cette partie essentielle du pays. On ne saurait la constituer en ntité perpétuellement assistée, tout en y institutionnalisant implicitement l’émigration comme solution ultime obligatoire.
En effet, la systématisation du mode d’équipement calqué sur les sociétés d’abondance, condamne nos régions à la faillite environnementale progressive, indexée, en dernier recours, sur le tarissement des disponibilités en eau, en commençant justement par nos franges sahariennes. Il importe de se garder de rentrer dans le processus cessif des régions à faible g 202 avoir été une menace que les aménageurs et les exploitants croyaient lointaine, c’est devenu ne réalité contraignante. Cependant, passer à des stratégies Innovantes et claires de substitution aux options toujours actuellement en vigueur, n’est pas à l’ordre du jour. Ces stratégies sont, en effet, difficiles à concevoir et encore plus difficiles ? mettre en pratique.
Avant de proposer les grandes lignes d’une stratégie d’aménagement possible, il convient tout d’abord de rappeler les caractères fondateurs du système oasien marocain, en introduisant les aspects essentiels, physiques et humains, de notre Sahara, ainsi que les jalons de son évolution et les prémisses et ssais de son aménagement. 10 1. Paysages et facteurs naturels du monde oasien Tous les facteurs naturels se sont conjugués pour faire du Sahara araboafricain Pétendue désertique chaude la plus grande du La condition constitutive c’est que le Sahara concerne la façade occidentale d’un vaste continent où des anticyclones subtropicaux, considérés comme permanents, font chasse d’air et empêchent assez rigoureusement toute précipitation d’origine marine. La continentalité afro-asiatique solidaire rajoute sa massivité spatiale, sans pareil au monde, pour tra unité zonale, ailleurs