Un roi langlois
Affirmation défensive, certes, bisexuelle protège la mémoire de son ancienne idole, mais étonnante vue la façon dont langeais a occupé et occupe encore les esprits… A première vue, et malgré tous les efforts de Saucisse, celui-ci n’ rien d’un homme ordinaire, comme le suggère la réaction du narrateur villageois : « A croire que nous étions tous des hommes comme les autres au bout du compte. Si c’était ça qu’elle voulait dire, qu’elle le dise ! N’avions-nous pas déjà entendu langeais dire que M.
V. Était un homme comme les autres ? » . Il faut donc distinguer entre la figure d’exception que langeais incarne pour le village et la signification que oignon donne à ce spécimen d’humanité pour le lecteur. Un héros n’est jamais « comme es autres » dans la mesure même où il est constitué en héros, mais il n’est pas pour autant hors-humanité comme le rappelle Saucisse après langeais et sans d Un roi langeais premier boy publie I harpe 12, 2009 13 pages homme comme les autres ! . Un hormone comme les autres ? » . Il faut donc distinguer d’humanité pour le acteur. Un héros n’est jamais « comme swaps toi vie nixe page doute oignon à travers l’un et l’autre. D’une part parce qu’il est lié au collectif humain au sein duquel il agit, d’autre part parce qu’il incarne et révèle en sa qualité de héros une vision, une interprétation de la condition humaine.
On peut donc répondre à a question en ménageant deux temps (de discussion) : d’abord la manière dont se constitue l’image du héros au fur et à mesure de la lecture (et à cet égard, langeais est plutôt un personnage d’exception qu’un « homme comme les autres »), ensuite la manière dont le personnage retentit sur son entourage humain et révèle, au-delà de lui-même, une figure d’homme plus large, allégorique et peut-être universelle. La. Le ‘héros’ : un personnage d’exception 1.
Un « sacré lascar » Dès sa première apparition, langeais attire les regards : malgré sa pipe banane, ses pantoufles fourrées et sa séquestre en poil de baccara qui lui permettent de ‘faire le bourgeois’ (comme il le dit), il est déjà repéré comme un dur : pas « un rigole », un ancien de la conquête d’algérien… Bien armé, autoritaire et méthodique, il s’impose aux villageois comme un chef incontestable qui impose immédiatement sa marque à la vie quotidienne du village (patrouilles, mots d’ordre, mots de passe, etc.. . Cette autorité martiale se renforce dans la seconde partie d’une élégance remarquée qui ajoute à son prestige social. A son retour en 1846, paradant sur son cheval noir en redingote serrée et en gibets tremblons , land A son retour en 1846, paradant sur son cheval noir en redingote serrée et en gibets tremblons , langeais frappe les regards : son chapeau est « un coup de pied au cul collectif et circulaire » à tous ceux qui le regardent , tout annonce un personnage d’exception : « on se dit : ‘En voilà un ! , on ne savait pas de quoi, mais c’en était un sûrement. » . Cette statue équestre raffine l’aspect martial du personnage d’un soupçon de désinvolture stalinienne, et c’est ce qui va généraliser son statut d’homme en vue auprès du public féminin (« un de ceux auxquels pensent les femmes » selon Saucisse en il). « Tigre » déguisé en bourgeois puis en dandy, langeais n’est en rien un homme « comme les autres » si l’on en juge par la manière dont il impose sa supériorité et son prestige… . Héros du regard des autres langeais est venu de l’extérieur, appelé et attendu par le village en détresse, il est apparu comme un homme providentiel. Il gardera cette image de protecteur et de sauveur malgré son échec à empêcher les disparitions. Il a été accueilli en « Messie » , a débarrassé le village de son er fléau (M. V. ) et, « les bras » « en croix » au fond de acclamant, a vaincu le second fléau envoyé par l’hiver (le grand loup-cerisier).
Sa royauté villageoise se dégage au cours de la battue de la Emme partie, où l’on voit qu’il a supplanté « lois-pépie» lui-même dans l’esprit de ses nouveaux sujets, et qu’il acquiert même une sorte de dimension napperon lui-même dans l’esprit de ses nouveaux sujets, et qu’il acquiert même une sorte de dimension napoléonienne dans l’exaltation du ‘combat’, digne de « bossues austérité » selon un villageois. Roi, Messie, sauveur, justicier…
langeais est le résultat du fantasme vil agios qui ‘élève au-dessus des simples mortels et le charge d’une dimension légendaire. Même son cheval en profite, puisqu’ se voit humanisé, fantasmatiques paré de toutes les vertus que l’on voudrait trouver en langeais (chaleureux, serviable, amical… ) : un prodige vivant. C’est cette faculté à réveiller les imaginations et les élans qui arrache le personnage à l’humanité ordinaire pour le faire voisiner avec les ‘grands hommes’. . Familier et étranger langeais n’est en rien « comme les autres », tout d’abord parce qu’il est le nouveau venu, l’étranger d’un groupe accola fermé et reclus entre ses montagnes : « l’anglais ». De plus, il est sans attaches sociales et familiales, le rôle qu’il joue dans le village rompt avec les habitudes : les villageois soulignent le caractère inédit d’un corps de louveter dans leur région.
Malgré sa pleine intégration la vie du village (dont il occupe le centre, au Café de la Route), les uns et les autres notent à plusieurs reprises la distance qui marque son comportement (jusqu’ Saucisse, qui admet avoir été tenue « à distance respectueuse » lors de la fête à est-baudroie). Selon le narrateur de la battue : « On a rêvé les yeux spécieuses » lors de la fête à est-baudroie). Selon le narrateur de la battue : « On a rêvé les yeux ouverts à cet homme qui nous connaissait comme sa poche et qui ne consentait jamais à nous sourire. » (AI).
Cette phrase résume le paradoxe du personnage, qui tout en entretenant une relation sémiotique avec le village, lui reste extérieur : ‘austère et cassant’, inaccessible. Cette impression se renforce pour le lecteur de l’opacité du personnage : toujours décrit ou interprété de l’extérieur, par d’autres que lui, langeais est psychologiquement béant, aussi illisible pour nous que pour ceux qui l’entourent. A l’égard des villageois, on pourrait le soupçonner de hauteur vu qu’il semble se plaire à la fréquentation des ‘huiles’ (le procureur royal, les tint, etc.. . Mais d’une part, il est tout aussi féru de la compagnie de Saucisse et d’autre part il impose la même distance (respectueuse et ‘diplomatique’) à la petite société mondaine de est-baudroie. Selon Saucisse (qui interprète langeais) : « Le désert est un pays de diplomates » (il). Quels déserts ? Ceux de la vie mondaine (humainement vides) ou ceux de l’algérien coloniale, où langeais a appris à se contenter de rester ‘vivant’ (« sans encore réclamer d’être des bons vivants’ » ? il). Le drame de langeais, c’est qu’il semble avoir deviné tous les désirs des « autres » sans jamais cesser de vivre son propre drame solitaire, imperméable au regard social. 4. Au-dessus des lois ? Même dans sa fonction de gendarme, langeais déjoue les attentes normatives en transgressant la loi qu’il est censé faire respecter. Au mépris des « lois de paperasse » (dont il ‘se torche’, l), il passe par-dessus le manque de preuves et de témoins en exécutant sommairement M. V.
Mais, dit-il, il respecte les « lois humaines », comme par exemple de n’arrêter « personne, même pas les plus grands criminels, entre le coucher et le lever du soleil Gendarme peu conventionnel qui interprète et transcender la Loi au nom d’autres lois, langeais dévoile une sorte d’hybride du jugement qui en fait aussi un asocial masqué, un justicier au-dessus de la justice, entre morale aristocratique et anarchisme de la gâchette (à l’image de son ancêtre mythique, dépit Roi, qui élève son jugement au-dessus de l’ordre de la Cité).
Mais il faut également rappeler que c’est un ancien combattant marqué par son passé, un homme de bivouacs et de garnisons à peine intégré à la vie civile, mal taillé pour les temps de paix, bref un marginal qui a beaucoup de peine à reprendre le chemin de la vie bourgeoise, mondaine ou conjugale, comme le montre son mariage manqué, sa crainte de l’enfermèrent domestique, son amitié pour une autre marginale et ‘ancienne combattante’ (Saucisse)…
Il. Un homme « comme les autres » ou rien de ce qui est humain ne nous est étranger I. Le point de vue de Saucisse autres » ou rien de ce qui est humain ne nous est étranger 1. Le point de vue de Saucisse L’énoncé de Saucisse surgit dans un contexte particulier : elle répond ici en gardienne de la mémoire de langeais aux murmures des villageois. Or, ceux-ci s’interrogent visiblement. Il est question de l’exécution sommaire de M. V. De la manière dont les tribunaux ont été contournés, de l’étrange connivence entre le procureur royal et langeais (il, bref de tout ce qui fait le caractère peu orthodoxe du personnage, sans compter le mystère de son suicide retentissant… Or, selon Saucisse, langeais aurait tout simplement été incompris et ignoré des villageois, trop occupés à leurs vaches et à leurs foins. ‘Rien d’extraordinaire à tout cela’, ‘ne cherchez pas midi quatorze heures… Saucisse se pose en interprète de l’homme langeais, elle connaît ses ‘raisons’ et se charge de les rendre compréhensibles, de la même manière que langeais s’était chargé de rendre compréhensible M. V. C’est dire qu’il n’ a pas d’étranger, que langeais demandait simplement à être compris grâce à ceux qui ont ‘vécu’ comme lui, qui sont les ‘profonds connaisseurs des choses humaines’, de la ‘marche du monde au fond de acclamant’, c’est-à-dire de la partie a plus sombre de l’être humain.
D’autre part, Saucisse, ancienne experte es-hommes, s’applique à souligner le côté humain de langeais : un être chaud et de velours » selon elle, alors que tout le monde le trouvait « austère et langeais : un être « chaud et de velours » selon elle, alors que tout le monde le trouvait « austère et cassant », un homme « souffreteux » et tourmenté qui fait de ses scrupules à l’égard de la brodeuse une « question d’humanité » (il, p. 183).