Totalitarisme
Totalitarisme talitarisme signifie étymologiquement « système tendant Vous lisez un « bon article » Le totalitarisme est l’un des trois grands types de à la totalité[l] . L’expression vient du fait qu’il ne s’agit pas seulement de contrôler l’activité des personnes, comme le ferait une dictature classique. Le régime totalitaire va au-delà en tentant de s’immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l’adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté.
Les caractéristiques totalitarisme sont : u ru conception d’une vér • Sni* to View doute, qui est impos orientée vers la lutte pour définir le , c’està-dire la ralement eglme, un parti unique contrôlant la totalite de l’appareil étatique c’est-à-dire disposant de l’ensemble des moyens de communication de masse qu’il utilise comme des instruments de propagande, qui crée des structures d’embrigadement de chaque catégorie de la société et qui dispose d’une direction centrale de l’économie.
Le parti unique est dirigé idéalement par un chef charismatique et autour duquel est formé un « culte du chef faisant de lui plus qu’un imple dictateur mais plutôt un guide pour son peuple car lui seul en connaissant les véritables aspirations.
Un monopole de la force armée, un système à la fois policier qui a recours à la terreur avec par exemple un réseau omniprésent d’agents dormants et de surveillance des individus, basée sur la suspicion, la dénonciation et la délation ; et à la fois concentrationnaire car tout individu systèmes ont systématiquement recours à l’emprisonnement, la torture et l’élimination physique des opposants ou personnes soupçonnées comme telles, et la déportatlon des groupes de itoyens jugés « suspects », « inutiles » ou « nuisibles Benito Mussolini et Adolf Hitler, en 1937. Les origines du concept On peut définir le totalitarisme comme une idéologie qui « nie toute autonomie à l’individu et à la société Civile et s’emploie à les supprimer autoritairement au profit d’une vision moniste du pouvoir et du monde ; recouvrant tous les aspects de la vie humaine, cette idéologie fonde et justifie la domination absolue de l’État À partir de cette définition simple et très généralement admise, ont été développées des interprétations et surtout des utilisations du oncept de totalitarisme.
Elles s’appuient en particulier sur l’analyse développée par Hannah Arendt (1906-1975) dans Les origines du totalitarisme (1 951)[3] . Mao Zedong et Joseph Staline, en 1949. systèmes politiques avec la démocratie et l’autoritarisme. Cest un régime à parti unique, n’admettant aucune opposition organisée et dans lequel l’État tend à confisquer la totalité des activités de la société.
Cest un concept forgé au XXe siècle, durant l’entre-deux-guerres, avec une apparition concomitante en Allemagne et en URSS. Le tol 2 L’adjectif « totalitaire totalitario ») apparut en Italie ès le mois de mai 1923 (on prête parfois son invention ? Giovanni , opposant et victime du fascisme). Ce concept fut d’emblée un instrument de pensée et de lutte politique.
Son em it dans les PAGF anticommuniste) et surtout Luigi Sturzo (démocrate-chrétien) furent dans « Entre-deux-guerres des utilisateurs du concept de totalltarisme. En 1925, les théoriciens du fascisme reprirent de manière opportuniste le terme à leur compte, en lui attribuant une connotation positive, celle d’unité du peuple italien. Benito Mussolini exaltait sa « farouche volonté totalitaire », appelée à délivrer la société des oppositions et des onflits d’intérêts[6] .
Dans la seconde moitié des années 1920, l’ancien président du Conseil des ministres italien Francesco rio Nitti « aurait le premier établi des rapprochements entre la structure du fascisme italien et le bolchevisme[7] Clovanni Gentile, théoricien du fascisme, mentionna le totalitarisme dans l’article « doctrine du fascisme » qu’il écrivit pour Enciclopedia Italiana et dans lequel il affirma que « pour le fasciste tout est dans l’État et rien dhumain et de spirituel n’existe et il a encore moins de valeur hors de l’État.
En ce sens le fascisme est totalitaire[8] L’écrivain allemand Ernst Jünger, par son exaltation de la « mobilisation totale », décrit les contours du totalltarisme[9] . Il célèbre la guerre et la technique moderne comme annonciatrices d’un nouvel ordre, incarné par la figure de l’ouvrier-soldat, œuvrant au sein d’une société encadrée et disciplinée comme une armée.
Selon lui, la Première Guerre mondiale avait marqué un tournant historique vers cette forme nouvelle de civilisation : pour la première fois dans l’histoire de l’Europe, les forces humaines et matérielles du monde industriel moderne avaient été mobilisées dans leur « totalité » pour ccomplir l’effort de guerre.
La première utilisation du terme de totalitarisme pour désigner dans le même temps les États fasciste et communiste semble avoir été semble avoir été faite en Grande-Bretagne en 1929[10] . Dans les années 1930, le concept fut utilisé sous la plume d’écrivains pro-nazis. Carl Schmitt employait ce terme pour mettre en lumière la crise du libéralisme et du parlementarisme et exprimer la nécessité d’une politique plus autoritaire[1 1] .
Simone Weil écrivait en 1934 : « il apparait assez clairement que l’humanité contemporaine tend un peu partout à une forme totalitaire ‘organisation sociale, pour employer le terme que les nationaux-socialistes ont mis à la mode, c’est-à-dire ? un régime où le pouvoir d’État déciderait souverainement dans tous les domaines, même et surtout dans le domaine de la pensée[12] Le régime autoritaire franquiste issu de la guerre civile espagnole s’est défini comme totalitaire dans ses premières années, affirmant ainsi sa parenté avec le fascisme, avant d’effacer ce terme de la constitution.
II en est de même du régime imperial japonais lors de la première 1 LES ORIGINES DU CONCEPT Emblème de l’Association de Soutien à l’Autorité Impériale ( Taisei Yokusankai), le parti fondé le 12 octobre 1940 par Fumimaro Konoe, qui visait à implanter au sein de l’empire du Japon une structure totalitaire destinée à promouvoir la guerre totale. partie de l’ère Shbwa, à compter de la constitution de « Association de Soutien à l’Autorité Impériale.
En 1940, dans une entrevue accordée au New York Herald, le ministre des Affaires étrangères du cabinet de Fumimaro Konoe, YOsuke Matsuoka, n’hésitait pas à faire l’apologie du totalitarisme, prédisant sa « victoire sans équivoque dans le monde » et « la ban ueraute du système démocratique PAGF OF nglo-saxon, William Henry Chamberlin et Michael Florinsky ont été parmi les premiers ? faire usage du concept de totalitarisme[14] .
Divers théoriciens de gauche, comme Franz Borkenau ou Richard Ldwenthal, ont employé le concept « pour caractériser tout ce qui leur paraît nouveau et spécifique dans le fascisme (ou le nazisme), en dehors de toute comparaison avec le communisme soviétique[1 5] Le concept de totalitarisme cristallisait également la réflexion sur les formes modernes de tyrannie et, plus particulièrement, sur la violence exercée sur autrui, qui semblait inséparable du fonctionnement es régimes nazi et communiste.
Finalement, les traits fondamentaux qui ont dominé la discussion de l’après-guerre sur le totalitarisme étaient déjà présents dans les années 1930. Pierre Hassner affirme : « On peut dire qu’en un sens Hannah Arendt n’a fait que nouer en une synthèse géniale [… l les différents éléments en dégageant la logique qui les sous-tendait[16] . ? Le pacte germano-soviétique, signé en 1939 entre l’Allemagne nazie et l’URSS, fut présenté par certains comme une illustration de l’apparition d’un nouveau type de régime (l’antithèse du libéralisme) qui ferait le lien ntre les idéologies fasciste et soviétique. Par exemple, dans The Totalitarian Enemy, paru à Londres en 1940, l’ancien communiste autrichien Franz Borkenau voulait éclairer l’opinion publique sur les vrais enjeux de la guerre : il s’agissait de détruire le totalitarisme incarné dans le nazisme et le bolchevisme. Les différences entre 2. Définition selon Hannah Arendt ces deux courants étaient minimes pour l’auteur : le bolchevisme se limitait à un « fascisme rou e » et le nazisme à un « bolchevisme brun D’apr s OF Borkenau, la dynamique inhérente au marché capitaliste conduisait névitablement à une centralisation et une planification de l’économie : la révolution totalitaire n’était rien d’autre que la révolution socialiste prophétisée par Karl Marx. Mais cette sous-estimation des différences entre le bolchevisme et le nazisme « ne diminue pas, selon Krzysztof Pomian, l’importance historique de Totalitarian Enemy.
Y sont évoqués, en effet, presque tous les thèmes repris plus tard par l’abondante littérature consacrée au totalitarisme[17] » Des définitions diverses plus généralement tous les individus dans tous les aspects de leur vie (domination totale). D’un point de vue totalitaire, cette ision est erronée : il n’y a qu’un partl parce qu’il n’y a qu’un tout, qu’un seul pays, vouloir un autre parti c’est déjà de la trahison ou de la maladie mentale (une forme de dédoublement de la personnalité, amenant à se croire plusieurs alors qu’on est un).
Le totalitarisme tel qu’il est ainsi décrit par Hannah Arendt n’est pas tant un « régime » politique qu’une « dynamique » autodestructive reposant sur une dissolution des structures sociales. Dans cette optique, les fondements des structures sociales ont été volontairement sabotés ou détruits : les camps pour la jeunesse ont par exemple contribué à saboter ‘institution familiale en instillant la peur de la délation à l’intérieur même des foyers la reli ion est interdite et remplacée par de nouv nventés de toute PAGF 6 OF le cran de sureté de mon Browning. ? (Cette phrase a également été prononcée en public par Baldur von Schirach, chef des Jeunesses hitlériennes). L’identité sociale des individus laisse place au sentiment d’appartenance à une masse informe, sans valeur aux yeux du pouvoir, ni même à ses propres yeux. La dévotion au chef et à la nation devient la seule raison d’être d’une existence qui déborde au-delà de la forme individuelle pour n résultat allant du fanatisme psychotique à la neurasthénie. La domination totale est réalisée : les « ennemis objectifs » font leur autocritique pendant leurs procès et admettent la sentence.
Les agents du NKVD russe arrêtés avaient ainsi un raisonnement du type « si le parti m’a arrêté et désire de moi une confession, c’est qu’il a de bonnes raisons de le faire Arendt remarque en outre qu’aucun agent arrêté n’a jamais tenté de dévoiler un quelconque secret d’État, et est toujours resté fidèle au pouvoir en place, même lorsque sa mort était assurée. Parade en l’honneur de Staline, Dresde, Allemagne de l’Est, 953. La philosophe Hannah Arendt a apporté une définition du concept de totalitarisme dans son livre Les Origines du totalitarisme (1951).
Selon elle, deux pays seulement avaient alors connu un véritable totalitarisme : l’Allemagne sous le nazisme et l’URSS sous Staline. Elle distingue toutefois des tendances ou des épisodes totalitaires en dehors de ces deux cas. Elle cite notamment le maccarthisme au début des années 1950 aux États-Unis ou encore les camps de concentration français où furent enfermés les réfugiés de la guerre d’Espagne. Les sociétés totalitaires se distinguent par la promesse ‘un « paradis », la fin de l’histoire ou la pureté de la race par exemple, et fédèr contre un ennemi oblectif.
PAGF 7 OF race par exemple, et fédèrent la masse contre un ennemi objectif. Celui-ci est autant extérieur qu’intérieur et sera susceptible de changer, suivant l’interprétation des 1015 de l’Histoire (lutte des classes) ou de la Nature (lutte des races) à l’instant « t ». es sociétés totalitaires créent un mouvement perpétuel et paranoïaque de surveillance, de délation et de retournement. Les polices et les unités spéciales se multiplient et se concurrencent dans la plus grande confusion.
Contrairement aux dictatures traditionnelles (militaires ou autres), le totalitarisme n’utilise pas la terreur dans le but d’écraser l’opposition. La terreur totalitaire ne commence réellement que lorsque toute opposition est écrasée. Même si le groupe considéré comme un ennemi a été Ces régimes n’admettent qu’un parti unique qui contrôle anéanti (par exemple les trotskistes en URSS), le pouvoir l’État, qui lui-même s’efforce de contrôler la société et 4 2 DES DEFINITIONS DIVERSES en désignera continuellement un autre.
Hitler et les na- 2. 2 Définition selon Carl Joachim Friezis avaient ainsi prévu ‘extermination des peuples ukraidrich niens, polonais et russes une fois les Juifs éliminés. Des purges régulières ordonnées par le chef de l’État, Dans les années 1950, le politologue Carl Joachim Frieseul point fixe, donnent le tempo d’une société qui éli- drich et son assistant Zbigniew Brzezinski identifient mine par millions sa propre popu ation, se nourrissant en comme « totalitaire » un régime dans lequel on trouve six quelque sorte de sa propre chair.
Ce programme est appli- éléments : une idéologie officielle un rti « de masse » qué jusqu’à l’absurde, les rtés vers les camps PAGF BOF policière, le monopole des médias, celui [20] de concentration et d’extermination de l’Allemagne nazie des forces armées et une économie planifiée . restèrent toujours prioritaires sur les trains de ravitaillement du front alors même que l’armée allemande perdait la guerre.
Les régimes totalitaires se distinguent des ré- 2. 3 Définition selon Claude Lefort gimes autoritaires et dictatoriaux par leur usage permanent de la terreur, contre l’ensemble de la population (y Claude Lefort fait partie des théoriciens du politique compris les « innocents » aux yeux même de l’idéologie en qui ostulent la pertinence d’une notion de totalitarisme vigueur) et non contre les opposants réels.
L’usage perma- dont relèvent le stalinisme comme le fascisme, et consinent de la terreur a pour corollaire celui de la propagande, dèrent le totalitarisme comme différent en son essence des grandes catégories utilisées par le monde occidenamniprésente dans un État totalitaire. tal depuis la Grèce antique, comme les notions de dicPar ailleurs, le totalitarisme n’obéit à aucun principe tature ou de tyrannie.
Cependant, contralrement aux aud’utilité : les structures administratives sont démultipliées teurs comme Hannah Arendt ui limitent la notion à l’Alsans se superposer, les divisions du territoire sont mul- lemagne nazie et à l’Union soviétique entre 1936 et 1953, tiples et ne se recoupent pas. La bureaucratie est consub- Lefort l’applique aux régimes d’Europe de l’Est dans la stantielle du totalitarisme.
Tout cela a pour but de sup- deuxième moitié du XXe siècle, c’est-à-dire à une époque prlmer toute hiérarchie entre le chef et les masses, et ga- où la terreur, un élément central du totalitarisme chez rantir la domination totale, sans aucun obstacle la rela- d’autres auteurs, avait perdu sa dimension paroxys otale, sans aucun obstacle la rela- d’autres auteurs, avait perdu sa dimension paroxystique. tivisant. Le chef commande directement et sans média- C’est ? l’étude de ces régimes, et à la lecture notamment tion tout fonctionnaire du régime, en tout point du terri- de L’Archipel du Goulag (1973) d’Alexandre Soljenittoire.
Le totalitarisme est à différencier de l’absolutisme syne, qu’il a développé son analyse du totalitarisme. Sans (le tyran tient sa légitimité des masses et non d’un concept la théoriser en un ouvrage unifié, il a publié en 1981 sous extérieur comme Dieu et « le tyran gouverne conformé- le titre L’Invention démocratique : les limites de la domiment à sa volonté et à son intérêt et de l’autorltarisme nation totalitaire un recueil d’articles parus entre 1957 et (« même le plus draconien des régimes autoritaires est lié 1980. par des lois »[18] ).
La source de ces lois est elle-même extérieure au pouvoir exercé par le régime : ce peut être la loi de nature, dieu, les idées platoniciennes. Dans le cas 2. 4 Définition selon Bernard-Henri Lévy de l’autoritarisme, toute la société est hiérarchisée et le pouvoir se transmet de couche en couche, du sommet de Bernard-Henri Lévy opère une critique du totalitarisme a pyramide vers les bas alors que dans le cas du totalita- proche de celle d’André Glucksmann, et des prises de porisme, aucune instance intermédiaire de ne vient relayer sition que prend Michel Foucault en 1977.
Centrée par l’autorité du chef totalitaire. Glucksman sur la question de la responsabilité de la phiDans son introduction d’une nouvelle édition de The Origins of Totalitarianism, en 1966, Hannah Arendt s’est opposée à l’usage idéologique du terme de totalitarisme concernant tous les régimes communistes à parti unique. Elle considérait que son interprétation ne