Coop ration pour linnovation au niveau local un exemple italien de succ s

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COOPÉRATION POUR L’INNOVATION AU NIVEAU LOCAL . UN EXEMPLE ITALIEN DE SUCCÈS Secondo Rolfo et Angelo Bonomi De Boeck Supérieur I Innovations 2014/2 – 44 pages 57 à 77 Document téléchargé depuis www. cairn. info – Université Ibnou Zohr 196. 200. 181. 120 – 14/10/2014 14h35. @ De Boeck Supérieur Article disponible en orq7 Sni* to View -http -page-57. htm Pour citer cet article : innovations-2014-2 –Rolfo Secondo et Bonomi Angelo, « Coopération pour l’innovation au niveau local : un exemple talien de succès », Innovations, 2014/2 ne 44, p. 7-77. DOI : 10. 3917/inno. 044. 0057 France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Zohr – 196. 200. 181. 120 – 14/10/2014 14h35. @ De Boeck ISSN 1267-4982 COOPERATION POUR L’INNOVATION AU NIVEAU LOCAL : UN EXEMPLE ITALIEN DE succES secondo ROLFO Z0hr – 196. 200. 181. 120 – 14/10/2014 14h35. @ De Boeck Angelo BONOMI CNR-CERIS, Turin, Italie abonomi@bluewin. ch Depuis le début des années 2000, un débat a pris place entre les économistes italiens autour du déclin italien. n nombre élevé de recherches, de rapports et de livres, a souligné trois facteurs de déclin : la tagnation de la productivité, la perte de compétitivité internationale et la réduction du revenu par tête elle-même (Faini, Sapir, 2005). À la base de ces éléments on retrouve un modèle de spécialisation de l’Italie centré sur les secteurs traditionnels et avec des technologies moyennes, qui n’est plus capable de garantir la croissance du pays.

Face au changement du cadre compétitif international, les autres pays industrialisés ont changé investissant PAGF devenu un facteur de frein au développement italien (Onida, 2004). Les défis de la globalisation des marchés t de l’innovation technologique semblent impossibles pour des PME spéclallsées dans des secteurs comme l’alimentaire, le textile-habillement, l’ameublement, la mécanique.

En effet aujourd’hui on peut constater que le système, bien que très ébranlé à la fois du point de vue économique et social, ne s’est pas effondré, mais a su évoluer vers des structures industrielles plus fortes capables de soutenir un processus d’internationalisation, en tout cas sans rompre avec l’enracinement local. Le défi de l’innovation semble plus difficile, même si on enregistre des résultats positifs ans ce domaine aussi. Ceux-ci sont sûrement la na 44 — innovations 2014/2 DOI: 10. 3917/inno. 044. 057 57 Document téléchargé depuis www. cairn. info – université Ibnou Zohr – s. rolfo@ceris. cnr. it Zohr – – 196. 200. 181. 120 – 14/10/2014 14h35. @ De Boeck conséquence de la croissance de certaines firmes ou groupes de taille moyenne qui aujourd’hui sont capables de érer une activité de recherche ou d’entretenir des relatio erche publique, mais PAGF 33 répondre à trois questions de recherche : – Est-il possible d’innover par le biais d’une stratégie de coopération ntre des firmes concurrentes de petite taille ?

La proximité géographique assurée par l’organisation en districts industriels, est-elle un facteur de soutien à la stratégie précédente ? Les politiques régionales sont-elles en ligne avec l’évolution des stratégies d’innovation des PME et sont donc capables de soutenir un parcours de coopération ? La méthodologie utilisée est celle de l’étude de cas longitudinale parce qu’il s’agit d’une expérience de coopération entre des PME relativement isolées qui a pu être analysée pour une longue période (17 ans) avec une luralité de sources.

La participation à l’activité de conseil nous a permis de rédiger, suite à des entretiens avec les responsables de chaque entreprise, des fiches technlques qul ont été constamment mises à jour, de participer aux discussions de sélection des projets et de leur lancement, et enfin d’avoir accès aux documents internes de Ruvaris, qui est une expérience tout à fait significative de coopération entre les PME.

Pour réaliser cette étude nous avons mobilisé une pluralité d’approches théoriques partant du management stratégique, dont on a utilisé surtout le oncept de compétition élaboré par Chiambretto (201 1 ) sur la base des premiers travaux de Brandenburger et Nalebuff, (1996), Bengtsson et Kock, (2000). L’approche des rée ermes de proximité 3 Le paragraphe suivant analyse les problèmes de l’innovation dans les districts industriels et l’évolution récente des districts industriels italiens suite à l’influence positive générée par l’émergence de firmes leaders et la création de réseaux plus larges.

Dans la section 3 on abordera une brève description de la robinetterie italienne et du district du Piémont oriental. Les sections et 5 seront dédiées à l’analyse du cas Ruvaris avec, respectivement, son historique et la gestion du projet utilisée, pour terminer (section 6) avec quelques éléments de discussion. 58 innovations 2014/2 – no 44 Secondo Rolfo, Angelo Bonomi Coopération pour l’innovation au niveau local. – 196. 200. 181. 120 – 14/10/2014 14h35.

De Boeck Le thème de l’innovation dans les districts industriels italiens a été longuement étudié suivant deux approches principales, celle de la technologie exogène, et celle de la création interne de l’innovation. D’une manière générale les entreprises a uvelle technologie, PAGF s 3 déterminées par la spécialisation productive des entreprises et par le modèle entrepreneurial (CNEL-CERIS, 1997). La seconde approche cherche à expliquer comment un système de PME systématiquement sous-équipées en inputs innovants puisse générer du progrès technologique.

En général on fait appel aux concepts de learning by doing, learning by using et des économies externes. Dans ces cas, on envisage un modèle d’apprentissage collectif, où le poids de l’innovation ne pese pas sur une seule entreprise, mais il est dispersé à l’intérieur du ystème local surtout par le biais des réseaux client/fournisseur. La coopération existe donc surtout dans le sens vertical de la filière de production face ? une compétition très forte dans le sens horizontal entre des entreprises qui sont placées au même stade de la filière et qui sont directement concurrentes (Dei Ottati, 1994).

Il faut néanmoins souligner que les relations à l’intérieur des districts italiens étaient, au moins dans le passé, absolument informelles et donc il n’y avait pas de limites juridiques à la circulation des informations sinon des normes sociales. L’accumulation d’améliorations infinitésimales, rendue plus facile par la proximité spatiale et sectorlelle et par le déplacement de personnel technique et d’ouvriers d’une firme à l’autre, mène ? des innovations significatives avec un investissement en R minimal ou souvent nul (Marini, Toschi, 2011). ?liorations sont PAGF 6 OF exemple de coopération dans les sens qu’on retrouve bien une coopération de type vertical entre les clients et les fournisseurs, mais aussi une coopération horizontale entre les concurrents : l’explication de ce deuxième aspect est ? rechercher ? l’intérieur des districts eux-mêmes car ils sont caractérisés par une structure sociale constituée de nombreux réseaux où les individus, puis leurs na 44 – innovations 2014/2 59 CRÉATION ET DIFFUSION DE L’INNOVATION DANS LES DISTRICTS INDUSTRIELS entreprises, se rencontrent et commencent à coopérer (Pellegrin- Boucher, Le Roy, 2009), en général d’une façon informelle.

Cette capacité à innover sans recherche dans le cadre dun système local, est généralement sous-évaluée et représente encore un problème irrésolu pour les analystes. par contre il ne faut pas retenir que cette apacité puisse être suffisante pour maintenir un avantage compétitif dans une économie PAGF 7 7 des progrès technologiques d’envergure générale. Certains auteurs soulignent aussi le rôle des acteurs publics ou collectifs, comme les assoclations patronales, les centres de services, les communautés locales dans le procès d’innovation. En réalité ce rôle n’est pas uniforme et varie beaucoup selon les spécificités locales.

Une condition nécessaire pour l’efficacité de leur intervention, renvoie à la pleine intégration de Finstitution dans le territoire, ais aussi au partage, par les entreprises et les institutions, des mêmes objectifs et du même code idéologique À partir des années 1990 on s’est aperçu que les avantages de la localisation d’un territoire ne sont pas produits uniquement par les entreprises qui y sont concentrées, mais aussi par les relations qui se sont créées parmi les différents acteurs locaux et de leur évolution. Une attention particuliere a donc été manifestée à ‘égard de différentes formes denracinement social (embeddedness).

Plusieurs études ont mis en évidence que e succès des territoires est de plus en plus lié à leur capacité d’instaurer des relations avec des acteurs externes (fournisseurs, clients, institutions). Il est aussi évident que pour assurer un développement durable des systèmes productifs locaux, il faut garantir un juste mélange local-global où cet enracinement social joue un rôle très délicat d’équilibre : Grabher (1993) a souligné comment un niveau insuffisant d’enraci exposer un territoire ? 1997). L’équilibre est aussi assuré par un juste mélange de grandes et petites entreprises surtout là où la grande taille eprésente encore la dimension globale face à la petite firme qui est en général plus ancrée au milieu local. ar contre l’expérience italienne a mis en évidence une très forte capacité d’évolution vers la globalisation même de la part des toutes petites 60 innovations 2014/2 – na 44 entreprises (TPE). Les analyses sont riches en renseignements et en informations à ce propos avec la proposition des différentes catégorisations du tissu industriel local (Chiarvesio, Micelli, 2007 ; Marini, Toschi, 201 1), qui en général est aujourd’hui caractérisé par la présence d’entreprises leader ouvent organisées en groupes. Les modalités peuvent être groupées en trois typologies • Croissance interne ou externe d’une entreprise du district. Naissance de groupes de etites entreprises. Apparition d’une firme I l’acquisition par une g 7 de l’Italie, de réseaux interrégionaux (qui selon Vieweg, 2001 auraient en effet une extension multinationale comprenant aussi une partie de l’Allemagne, la Suisse et FAutriche) caractérisés par une proximité géographique très affaiblie, tandis que la proximité organisationnelle elle-même est souvent limitée par la présence e groupes peu formalisés qui laissent une très large autonomie ? leurs sociétés. Plus récemment Grandinetti et al. (201 0), en analysant des entreprises de moyenne et grande taille, confirment la création de réseaux au-delà des anciens districts vers un espace qui en général n’est pas encore global, mais limité au nord de l’Italie, où ces entreprises peuvent trouver des fournisseurs stratégiques, des concurrents et des partenaires.

L’utilisation du concept de réseau (network) nous semble importante car elle permet d’analyser non seulement les relations entre les entreprises, ais aussi celles entre les entreprlses et les institutions, et les systèmes d’innovation eux-mêmes ont été définis par Carlsson et Stankiewicz (1995) comme des réseaux (network). Le réseau est en plus considéré (Hakanson, 1989) comme une structure de gouvernance qui se positionne au-delà de la dichotomie marché- hiérarchie. Bien que le réseau n’ait pas une définition spatiale très précise en effet la proximité géographique a son importance surtout en terme de création d’une communauté d’intérêts économiques capable de mobiliser toutes les ressources (même celles i s) et donc de louer son 37