Voyage d’orient Le Corbusier
Le « Grand tour » de Le Corbusier Voyage d’Orient, 1910-1911 Charles-Édouard Jeanneret, né le 6 octobre 1887 à La Chaux-de- Fonds, en Suisse, et mort le 27 août 1965 est plus connu sous le pseudonyme de « Le Corbusier C’est un architecte, urbaniste, décorateur, peintre, sculpteur et homme de lettres, suisse de naissance et naturalisé français en 1930. Après avoir travaillé dans la gravure et Ihorlog devenir artiste peintr L’ Eplattenier, le dirige r s Swipe p 1904.
Dès 1909, au terme nneret désire ln, Charles décoration en de en Italie, en Autriche, avec retour par l’Allemagne du Sud et la France de l’Est, l visite paris et rencontre Eugène Grasset, architecte spécialiste de la décoration. Sur ses conseils, il apprend les premiers rudiments du dessin technique concernant l’architecture en béton armé en travaillant quelques mois à Paris comme dessinateur chez les frères Perret, industriel du bâtiment spécialisé dans des constructions techniques en France.
Il va par la suite se faire embaucher quelques mois comme dessinateur dans la grande agence dirigée par Peter Behrens. Cargent qu’il gagne là-bas va lui permettre de partir faire le « Grand tour » avec son ami Klipstein. 1. Le voyage : contexte et parcours Charles Edouard Jeanneret débute son voyage d’Orient le 20 Mai 1911 à Dresde et le termine le 1er Novembre 1911 Pour déterminer son itinéraire, il se renseigne auprès de William eu une très forte influence sur lui, en lui donnant le goût de l’Orient et du monde grec.
Celui-ci lui recommande des lieux ? visiter et des personnes à rencontrer. C-E Jeanneret, accompagné de son ami Auguste Klipstein, étudiant en histoire de l’art, décident de parcourir les villes de Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest, Tarnovo, Gabrovo, Kasanlik, Istanbul, le Mont Athos (21 jours), Athènes et l’Italie méridionale. Sur la carte qui etrace son itinéraire, il identifiera chaque ville avec une de ces trois lettres : C (pour la culture), F (pour le folklore), et (pour l’industrie). Cela laisse entrevoir les principaux centres d’intérêts de Le Corbusier durant ce voyage.
Cet itinéraire a une résonance particulière avec l’histoire car Le Corbusier va visiter ces pays en 1911, peu de temps avant la guerre des Balkans, puis la première guerre mondiale. On imagine donc bien que les voyages avant et après la guerre, n’ont pas montré les villes sous le même aspect. 2. Sa posture durant le voyage Durant son voyage, il s’intéresse à quelques architectures econnues comme le Parthénon ou les mosquées de Constantinople, mais il s’intéresse principalement à « l’art populaire anonyme » : les villages, maisons paysannes, artisanat, . insi qu’à la façon de vivre des paysans, aux rituels, aux célébrations. En cela on peut dire que c’est un carnet de voyage. Il nous retranscrit tous les éléments de son périple, avec des détails sur des rencontres, des ressentis, les difficultés rencontrées, etc. Sa méthode est d’abord d’écrire dans un journal personnel des notes pêle-mêle accompagnées d’annotations plus journalistiques. Ensuite, pour 2 ournal personnel des notes pêle-mêle accompagnées d’annotations plus journalistiques.
Ensuite, pour rédiger les chroniques, il classe ses documents de manière thématique. e récit de son voyage, qui remplit six carnets, est de plus accompagné de nombreux croquis et photos. Au niveau des croquis, les instruments qu’il utilise pour ses restitutions graphiques, se sont bien affinés entre le voyage d’Italie et le voyage d’orient. Il s’oriente davantage vers un dessin synthétique qui permet de saisir en quelques traits les particularités du lieu ou de l’objet observé.
Il considère que dessiner c’est observer, egarder, cela permet de garder en mémoire, mais aussi de faire sun•enir le phénomène inventif. Pour faire des photos durant son voyage, Le Corbusier a investi dans un appareil, le Cupido 80, qui lui permet aussi bien des photos instantanées que des prises de vues composées. Il reste cependant fidèle à la tradition du carnet scolaire » en ajoutant des notes complémentaires aux observations graphiques, ou en écrivant de longs commentaires poétiques comme le faisait son maître l’Eplattenier.
Ce n’est pas un livre d’architecture, domaine qu’il évoque finalement guère plus que de nombreux écrivains. Ceci le différencie des autres architectes qui s’efforcent de donner des descriptions, des relevés, des détails des édifices visités, et qui ont donc peut-être moins d’ambitions littéraires. Le voyage d’Orient de Le Corbusier, par ses qualités tend peut-être plus à se rapprocher des récits de Chateaubriand, de Gérard de Nerval, de Théophile Gautier ou encore de Flaubert. « Le verbe de Le Corbusier y est incisif et poétique» phrase du livre 3 encore de Flaubert. ? Le verbe de Le Corbusier y est incisif et poétique» phrase du livre Le Corbusier, moments biographiques. On peut par ailleurs remarquer des similitudes entre les écrits de Le Corbusier à Istanbul et ceux de Claude Farrère. Ce dernier, écrivain, lui avait été conseillé par William Ritter, en le décrivant comme l’un des modernes essentiels pour comprendre l’Orient- Le Corbusier dans son chapitre « Sésame » fait une lecture revisitée du dialogue entre le protagoniste du roman de Farrère et le gérant d’une boutique d’antiquités à Istanbul. . Les éléments marquants du voyage et leur influence sur Le Corbusier L’une des plus fortes impressions qu’il a eue durant ce voyage ut la découverte de l’Acropole d’Athènes. Il y est allé déj? « préparé » grâce au livre de Renan « Prière sur l’Acropole Y. On devine à l’allusion récurrente de l’Acropole tout au long de son parcours que cette visite a marqué sa pensée. Il a cherché en vain dans le Parthénon un modèle adapté aux besoins du présent.
Constantinople et le mont Athos sont également des étapes marquantes. Il est déçu au premier abord par la ville d’Istanbul, avec cette mer de boue, ces rives marécageuses, les mosquées sales et les maisons sombres. Il mettra plusieurs semaines à la comprendre t l’apprécier et elle va finalement lui confirmer ses profondes convictions spirituelles. Il est aussi séduit par son architecture vernaculaire, avec ses maisons en bois (konak) qu’il considère comme « chef d’œuvre architectural Y.
Dans son journal de voyage, cette ville occupe 64 pages (sur un total de 162), ce qui illustre l’importance quia eue cette étape pour Le Corbu 4 pages (sur un total de 162), ce qui illustre l’importance qu’a eue cette étape pour Le Corbusier. Pour le mont Athos, très peu de documents graphiques, ce qui peut s’expliquer par une « saturation conographique » (hypothèse confirmée dans une lettre à Ritter où il se dit également « épuisé Cependant, il poursuit par le biais de l’écriture son travail d’analyse.
On ressent à cette étape qu’il a un rapport particulier à ce qui fait la Méditerranée. « La pyramide (le mont lui-même), la mer, le soleil dans un ciel parfaitement bleu, les blanches étoiles au zénith » ce sont ces images qui deviendront pour lui l’essence même de la poétique méditerranéenne. Les changements dans son œuvre théorique et son parcours personnel Sa vision de la culture paysanne évolue ; il la considère en uelque sorte comme supérieure à la culture « civilisée » car elle est plus fondamentale, et inspirée de profondes forces spirituelles.
Selon lui, le voyage lui a permis d’acquérir deux certitudes : Le site et le passé. Pour la première, il évoque l’importance du lieu où s’implante le projet « Le site est l’assiette de la composition architecturale. Je l’ai appris lors d’un long voyage que je fis en 1911, sac au dos, de Prague jusqu’en Asie mineure et en Grèce. Je découvris l’architecture, installée dans son Site. Plus que cela : l’architecture exprimait le site La seconde certitude concerne l’importance du passé. Il considère que l’invention architecturale ne peut que s’appuyer sur les leçons données par les siècles.
Il utilisera d’ailleurs cette phrase : « Le passé qui fut mon seul maître C’est au cours de ce voyage qu’ont commencé à s’esquis S phrase : « Le passé qui fut mon seul maitre ». C’est au cours de ce voyage qu’ont commencé à s’esquisser les sujets classiques de l’analyse corbuséenne : la stéréométrie des maisons et leur anomalie typologique, mais aussi et surtout les murs, éléments de définition de l’espace privé qui occultent la maison à la rue mais la relient à la ville.
Il s’intéresse aussi aux articularités chromatiques d’une construction. La couleur est l’élément indispensable à la compréhension spatiale. L’influence sur ses œuvres construites Ce voyage a ‘nfluencé sa vision personnelle, mais cela se retranscrit aussi dans ses œuvres. On peut voir par exemple des esquisses qui montrent en parallèle la silhouette du Mont Athos et celle du couvent de la Tourette. Mais cela a aussi influencé plus précisément son travail : plus que la silhouette, des plans sont comparables.
Par exemple les villas Jenneret-perret et Schwab, appelées aussi parfois villas « turques » reprennent des aractéristiques des maisons ottomanes, que Le Corbusier avait notées : plan avec salon central à fonction distributive, grandes fenêtres, façades relativement fermées en rez-de-chaussée sur rue, plan détage indépendant de celui du rez-de-chaussée, hauts murs qui entourent le jardin, Pour ses œuvres religieuses, le couvent de la Tourette comme la chapelle de Ronchamp, Le Corbusier s’appuie sur les références de son voyage que ce soit le Parthénon ou le mont Athos.
Cela inscrit ses édifices profondément originaux dans la continuité d’une tradition architecturale. On retrouve le système des cropoles où comme l’explique Le Corbusier : « les temples sont la raison du paysage la raison du paysage Il évoque ainsi le mont Athos, esquissant parallèlement la silhouette d’un volume simple accroché au sommet du rocher, et celle du couvent de la Tourette, parallélépipède implanté sur la crête de la colline. L’exemple de la chapelle de Ronchamp est particulièrement révélateur de sa relation avec l’histoire et la Méditerranée.
Tout d’abord le crépi blanchi évoque de manière évidente les constructions méditerranéennes sur lesquels joue la lumière. Mais cette relation ne s’arrête pas là. Il s’est inspiré pour la toiture, d’une coque de crabe ramassé lors d’une balade. L’idée de la forme des tours surmontant et éclairant les chapelles secondaires, vient d’un principe d’éclairage qu’il a vu dans la villa Adriana à Tivoli. Dans le serapeum creusé dans le rocher, la niche de l’abside est éclairée par une cheminée qui émerge pour capter la lumière.
Il avait alors fait quelques croquis de principes. Toutes ces caractéristiques nous font établir des allers-retours entre le voyage d’Orient, et les réalisations futures. Le Corbusier retournera dans certaines villes dans le futur, omme à Athènes sur l’Acropole avec les architectes du 4ème CIAM en 1933. Après l’échec de Moscou, il souhaite avec son cercle d’amis grecs, organisait le 4ème CIAM sur un paquebot qui se rend de Marseille au Pirée en Grèce. Le thème est alors la ville fonctionnelle.
En 1948, il va retourner à Istanbul avec ses précédents carnets, mais il aura cette fois un outil supplémentaire, le modulor, avec lequel il étudiera à nouveau les différents édifices. 4. Autres architectes aux p modulor, avec lequel il étudiera à nouveau les différents édifices. 4. Autres architectes aux parcours similaires La tradition du « Grand tour » Visait d’abord la péninsule italienne, qui était un incontournable. Cest un voyage classique chez les architectes, notamment pour les titulaires du prix de Rome.
Mais dès la fin du 18ème siècle, les voyageurs regardent plus loin, jusqu’aux côtes orientales de la Méditerranée. D’abord la Grèce, puis la Turquie, la Palestine, l’Égypte. Ces différents pays sont aussi parcourus par des poètes, écrivains, peintres, archéologues. Le voyage en Orient est devenu très fréquent dans la carrière des architectes du début du 20ème siècle. Nombreux sont ceux ui iront jusqu’à Constantinople, en passant par Bursa, le mont Athos, Athènes… Parmi les pensionnaires de l’académie de France à Rome, on peut citer : A. Thomas, E. Coquart, J-L. Joyau, S L.
Bernier, G-A. Gerhardt, L Pille, H. Eustache, Ed. Guillaume, E. Pontremoli (dont on trouvera de belles pages sur la Turquie dans « Propos d’un solitaire C. Garnier, J. Guadet (colaborateur de Garnier pour l’opéra de paris), H. Prost. La perception des villes du Grand tour diffère d’un voyageur ? l’autre. Pour la ville d’Istanbul, Le Corbusier est nostalgique de la ville ancienne avec ses maisons en bois, ses jardins, Mais cet spect de la ville est déjà en train de disparaître lorsque le Corbusier la visite ; l’utilisation de la maçonnerie s’étant déj? imposée, suites aux incendies.
I rejoint ainsi l’attitude de Jean-Nicolas Huyot qui après avoir voyagé entre 1817 et 1820, défend l’architecture traditionnelle de la ville turque, et s’oppo 8 la ville turque, et s’oppose au mauvais goût européen. En revanche, Le Corbusier apparaît plus nostalgique que ses contemporains comme Albert Gabriel, qui a découvert Istanbul 3 ans avant lui, et qui malgré son admiration du site et de l’architecture, admet la nécessité de la modernisation de la ville. Mais paradoxalement, celui qui est ici comme un défenseur de la modernité ne sera pas, des années plus tard, un adepte des réalisations modernes de Le Corbusier.
Charles Garnier a lui aussi fait son voyage d’Orient. Il fut pensionnaire de l’Académie de France à Rome du 17 janvier 1849 au 31 décembre 1853. II fit de nombreux voyages en Italie dabord, La Toscane, la Vénétie, Rome et la Sicile deux fois. En 1852 il effectua un long voyage en Grèce où il décide de réaliser le relevé du temple d’Aphaia à Égine en insistant sur la polychromie. Ce voyage de cinq ans dans la lumière méditerranéenne lui aissera une empreinte définitive : son goût pour la couleur et l’orient.
En cela il est possible de le rapprocher de Le Corbusier dans ce que leur a apporté le voyage. Le Corbusier, dans une publication posthume intitulée Voyage d’orient, relate ce lent périple entamé en mai 1911 par celui qui est encore Charles-Édouard Jeanneret, mais qui deviendra durant ce voyage Le Corbusier, c’est-à-dire l’architecte. Ce voyage est donc un tournant pour lui. C’est peut-être pour cela qu’il s’est efforcé, autant après son voyage qu’à la fin de sa vie, d’en publier le récit. 9