Voltaire – Scarmentado
Histoire des voyages de Scarmentado écrite par lui-même, voltaire, 1756 Histoire des voyages de Scarmentado, prétendument écrit par Scarmentado , qui n’est autre que le pseudonyme de Voltaire, est, comme la plupart de ses contes, un récit inspiré des déboires du printemps 1754. Il est écrit, c’est assez rare pour le souligner, à la première personne.
Ce conte, ironique, nous fait voyager dans divers pays d’Europee, en Asie, en Afrique et fait référence à l’Amérique, à travers le personnage de Scarmentada, dont le nom provient de l’italien scarso signifiant « maigre » et mentado signifiant « doué d’esprit » voulant ire un homme doué de peu d’esprit, naif. Dans tous les pays qu’il visitera, il s coutumes ridicules d des hommes. C’est d comportant une criti Babouc, Zadig et Me ep ors Sv. iVE to nextggge -té des rites, des é et l’injustice urt, plaisant et protagonistes ntes, Scarmentado est dénué de caractère et d’ambition.
L’ironie habituelle de Voltaire s’est muée en une forme d’écœurement et se manifeste par l’utilisation d’antiphrases désabusées. Ce texte est tout particulièrement intéressant quand on sait que Candide en est dérivé; on peut facilement le remarquer étant donné a ressemblance entre Scarmentado et Candide (naiVeté, tour du monde) l. un personnage naïf A. Naweté et crédulité du personnage Personnage dénué de personnalité. Lors de ses premiers voy voyages (1. 2 S. décrit seulement ce qu’il volt sans en faire de commentaire. « vénérable veillard » allitération en « v » accentue l’innocence de S.
Il ne voit pas le mal. 2. Au fil de ses voyages, S. offre des descriptions prometteuses des villes qu’il ViSte. (L, 17-21) description hyperbolique de la ville de Séville : « La cour était ? Séville, les galions étaient rrivés, tout respirait l’abondance et la joie dans la plus belle saison de l’année. Je vis au bout d’une allée d’orangers et de citronniers un espèce de lice immense entourée de gradins couverts d’étoffes précieuses La spontanéité du personnage lui cause aussi des problèmes dans cette société jugée intolérante par Voltaire.
Ex : l. 23-25 « ‘A moins que ce trône ne soit réservé pour Dieu, je ne vois pas à quoi il peut servir’ Ces indiscrètes paroles furent entendues d’un grave Espagnol et me coûtèrent cher. Pas la naiüeté et la spontanéité de son personnage, Voltaire démontre ‘absurdité des jugements et des cerrtitudes des sociétés Européenes. La crédulité et la sincérité de S. pousse le lecteur à adopter un point de vue. En effet, étant établi que le personnage de S. ‘a pas de point de vue sur ce qui lui arrive, qu’il subit seulement des remontrances, le lecteur lui même établit si celles- ci sont justifiées ou non. Par ce tour d’adresse, Voltaire n lecteur à réfléchir et homme poli , qui me demanda comment j’avais trouvé sa petite fête. Je lui dis que cela était délicieux, et j’allai presser mes compagnons de voyage de quitter ce pays tout beau qu’il est. Ils avaient eu le temps de s’instruire de toutes les grandes choses que les Espagnols avaient faites pour la religion. » (1. 52-57).
Dans ce passage le lecteur perçoit toute l’ironie même si la narration de S. reste sincère et crédule. B. Ironie perçue par le lecteur Liutilisation d’oxymores à travers le texte confirme l’utilisation d’ironie caustique par Voltaire. Ex : « profond politique » l. IO, « dogme abominable de la tolérance » « temps funeste de la modération et de l’indulgence » Cependant, au fure et mesure de ses voyages, S. semble apprendre à se méfier. Or, S. ‘exprime jamais ses sentiments, il narre seulement les évènements sans donner son avis sur les situations délicates dans lesquelles il se retrouve.
Ex : rencontre avec le « révérend père inquisiteur » « il me serra quelque temps entre ses bras avec une affection toute paternelle ; il me dit qu’il était sincèrement affligé d’avoir appris que je fusse si mal logé ; mais que tous les appartements de la maison étaient remplis, et qu’une fois il espérait que je serais plus à mon aise. Ensuite il me demanda cordialement si je ne savais pas pourquoi l’étais là. Je dis a confiance. J’eus beau imaginer, je ne devinai point : il me mit charitablement sur les voles. » Le lecteur comprend la mauvaise foi et « hypocrisie de cet homme.
Il. un voyage initiatique qui pousse à la critique A. Voyage dans plusieurs pays échecs S. rencontre beaucoup de difficultés durant ses voyages. Il se fait capturer mais voit çà comme un honneur. « Le soir, dans le temps que j’allais me mettre au lit, arrivèrent chez moi deux familiers de « Inquisition avec la sainte Hermadad : ils m’embrassèrent tendrement, me menèrent, sans dire un seul mot, dans un cachot très frais, meublé d’un lit de natte et d’un beau rucifix Le voyage en Espagne dénonce la naiVeté du peuple face à l’intolérance de la religion.
A plusieurs reprises, S. doit fuirle pays en raison de l’extremisme regligion de celui-ci. B. Autorités religieuses intolérantes et repressives 1 . S. fait face à des bourreaux dont les instructions ont été très clairs : ne pas avoir de religion ou de foi est pire que trahir l’Etat : « Touché de pitié, je demandai quel était son crime, et s’il avait trahi l’Etat. ‘Il a fait bien pis, me repondit un prédicant à manteau noir ; c’est un homme qui croit que l’on peut se sauver par es bonnes œuvres aussi bien que par la foi. ‘ » 2. En Espagne, lors de la cérémonie, S. écrit les condamnés ? mort. : « Cétaient des juifs qui n’avaient pas voulu renoncer absolument à Moïse. C’étaient des chrétiens qui avaient épousé leurs commères, ou qui n’avaient pas adoré Notre-Dame d’Atocha, ou qui n’avaient pas voulu se défaire de leur argent c PAGF voulu se défaire de leur argent comptant en faveur des frères hieronymites. » Les condamnés à mort semblent être associés au diable. Les exemples de leurs accusations donnés par Voltraire sont ironiques. Il dénonce ‘abscence de tolérance et le rapport de l’Eglise à l’argent. 3.
Voltaire dénonce aussi des pratiques religieuses qui parfois manquent de sens pour les fidèles : « On chanta dévôtement de très bellles prières, après quoi on brûla ? petit feu tous les coupables ; de quoi toute la famille royale parut extrêmement édifiée. » Aux yeux de S. même le génocide paraît commun. Voltaire utilise une antithèse pour amplifier l’absurdité des châtiments infligés par l’Eglise au population : « Ils avaient lu les mémoires du fameux évêque de Chiapa, par lesquels il paraît qu’on avait égorgé, ou brûlé, ou oyé dix millions d’infidèles en Amérique pour les convertir.
Je crus que cet évêque exagérait ; mais quand on réduirait ces sacrifices à cinq millions de victimes, cela serait encore admirable. » Concluslon : Les héros de Voltaire, comme Scarmentado ou Candide dans l’oeuvre du même nom, font ce qu’on appelle un « voyage initiatique », c’est-à-dire un voyage d’apprentissage du monde et de la vie. Cest alors l’occasion pour l’auteur de mettre son personnage face à des situations qui lui permettent de critiquer directement ou indirectement- ce qu’il trouve mauvais ou absurde dans la société.