Violence en milieu scolaire
La définition de la violence à l’école en débat par Véronique Dumont Ces dernières années, le thème de la violence à l’école est très présent dans les médias, notamment au travers de faits-divers relatés, de statistiques, de débats avec des experts ou des représentants des enseignants. Différents acteurs poussent ? une prise en compte du phénomène qui fait désormais l’objet d’un traitement statistique et d’enquêtes spécifiques.
D’autres relativisent son ampleur et critiquent les mesures Swip page répressives et sécurit répandent en utilisan 8 Utilisée également p es ouvoirs politiques, c façade, recouvre pou our les justifier. homogénéité de phénomènes multiples et des situations très diverses qui sont abordés différemment selon les interlocuteurs. Cette analyse a pour objectif de faire le point sur cette notion de violence à l’école.
L’objectif est de montrer que, loin d’être homogène et stabilisée, la définition du phénomène est au cœur des débats. Introduction La question de la violence à l’école est très présente dans les médias et dans d’autres sphères de la société. Si la notion paraît homogène à première vue, il s’agit pourtant d’une hématique qui fait débat. Loin d’un consensus sur ce qu’est la C’est ainsi qu’en utilisant l’une ou l’autre définition, certains groupes soulignent l’aggravation du phénomène alors que d’autres la relativisent.
Cobjectif de cette analyse n’est pas de trancher entre les différentes définitions en présence mais de permettre à chacun d’identifier d’où parle un acteur, dans quelle approche il se situe CERE asbl -2011 / 13 et d’avoir à l’esprit qu’aucune définition ne fait l’unanimité. Chaque définition du phénomène est donc en concurrence avec d’autres et tente de se démarquer, ‘être reconnue.
Parents, enseignants, élèves, associations d’enseignants, associations de parents, responsables politiques, chercheurs ou experts de différentes disciplines, membres de diverses associations, médias, parlent désormais de la violence à l’école. Pourtant, le phénomène n’est pas présenté de la même façon par tous ces acteurs. De plus, cette omniprésence du thème est assez récente. Les enquêtes qui sont menées ou les chiffres qui sont avancés par les uns et les autres révèlent également différentes conceptions de ce phénomène.
Une analyse du thème à travers un média Méthode Le choix d’analyser la presse permet en réalité d’identifier les différents thèmes qui sont présents dans les débats autour de la violence à l’école et les acteurs qui abordent ce s termes « violence » et « école La possibilité de sélectionner uniquement les éléments relatifs ? l’école primaire n’a pas été jugée praticable, étant donné le peu d’indications spécifiques dans les articles et le fait que le problème est souvent abordé de manière générale.
Au total, 74 articles, parfois brefs ou composés de plusieurs interventions composent le dossier traité. Ce dossier est ensuite analysé de façon thématique. Description thématique Dans la presse écrite et télévisée, il est question de faits-divers particulièrement tragiques. U n jeune ou un directeur qui reçoit des coups de couteaux, un enfant dans le coma après une reconstitution d’un jeu vidéo dans la cour de récrél, etc.
Ces morceaux choisis de la vie quotidienne exacerbent un sentiment d’insécurité en mettant en avant des faits de violence particulièrement graves mais relativement rares, relatés avec détails et termes accrocheurs associés à la peur. Le fait est pourtant présenté comme un exemple, une illustration de l’aggravation de la violence à l’école, aggravation posée comme un constat validé par tous.
Dans ces faits-divers, les jeunes sont souvent étiquetés (fauteurs de troubles, racailles, délinquants, origine étrangère) et leur quartier ou l’école stigmatisés (ghettos, poubelle, zone). Ces actes sont reliés, selon les situations, à l’origine des personnes qui les commettent (immigration, pauvreté, chômage), au quartier (taux de chômage, de criminalité, ghettos), ? la banalisation de la violen édias (télévision, Internet, 3 OF « Fifa street, terreur de la cour de récré Le Soir en ligne du samedi 14 mai 2011.
Consulté le 12/08/201 1 2 l’absence d’une figure parentale forte (manque de limites, de références ou de règles posées). Le décrochage sc es est également pointé d’une réflexion approfondie, ri1 sur la méthode ou le mode de collecte (données collectées, nombre de personnes interrogées, traitement, choix des catégories et variables), ni sur la mise en rapport avec d’autres données.
Tous les pourcentages proposés ne sont pas systématiquement associés ? des chiffres absolus permettant d’évaluer la portée du hénomène ainsi décrit. Et les chiffres absolus ne sont pas associés à d’autres données permettant de prendre la mesure de l’ampleur du phénomène6. Que signifient 16 faits par jour dans les établissements scolaires en Belgique par rapport au nombre d’établissement et à la population scolaire ? D’où proviennent les chiffres ?
II faut consulter un autre journal pour voir qu’ils proviennent de chiffres donnés par la Ministre de l’Intérieur mais sans identification de l’origine de la collecte ni du traitement. S’agit-il de plaintes ? Cauteur d’un livre7 présenté dans un article8, et ancien nstituteur, souligne la violence engendrée par l’institution scolaire et les mesures qui ont progressivement renforcé cette Les appels se répartissent entre des problèmes de harcèlement moral (41 de violence (31 ,3%), d’incivilités (1 0%), de violence verbale (8%) et de cyber-violence (4,6%).
Les auteurs des faits rapportés sont les élèves (50%), les parents la direction (16,2%) ou les collègues (1 1 « Harcèlement moral à l’école » Article du soir en ligne du 1 juin 2011, consulté le 12/08/2011 5 Un enseignant sur 6 a contracté une assurance pour le couvrir n cas de violence ou d’agression dans ou hors de l’école. « 30 000 enseignants sont assurés contre la violence » ce soir en ligne du 1/09/2011 consulté le 6/10/2011 6 « Chaque jour, 16 faits de violence » Le Soir en ligne du 14 mars 2011, consulté le 6/10/201 1 7 Bernard Collot (2010) Une école du troisième type.
L’Harmattan 3 violence en augmentant la taille des établissements et en introduisant des mesures de coercition et de surveillance de plus en plus importantes. Il propose une remise en question de l’école afin de réintroduire le lien entre l’école et le territoire, la ommunauté, afin qu’elle redevienne un projet collectif, investit, inscrit en lien avec d’autres espaces. Le Délégué général aux droits de l’enfant présente chaque année son rapport annuel qui fait l’objet de quelques lignes dans le journal.
En 2010, il constate l’augmentation (quatre fois plus de cas, 142 demandes contre 24 Pannée précédente) de demande d’intervention d 6 OF marquent plus les consciences, la presse écrite se fait également relais d’initiatives menées contre la violence à l’école. Dans une commune, c’est une charte contre la violence scolaire qui a été rédigée par la ommune et les directeurs d’école pour « rappeler les principes fondamentaux du respect mutuel entre enfants, parents et corps enseignant »10 à signer par les parents et élèves. Dans d’autres écoles, c’est un règlement qui a été défini avec les élèves.
Dans certaines communes, c’est également mis en place un parrainage de classes par des policiers. Ou encore, un jeu conçu par Yasbl Zinloos Geweld destiné aux élèves afin de réfléchir à la violence gratuitel 1. Il y a également le cas des parents qui choisissent l’instruction à domicile12 (mille enfants en Communauté ançaise), seul ou en se regroupant13 afin notamment d’éviter ? leur enfant cet environnement qu’ils jugent violent, voire inadapté ou qui refusent les principes et la vision du monde sous-tendue par l’école (compétition, fragmentation des savoirs, etc. . Dans une école fortement stigmatisée (faits de violence nombreux, population d’origine étrangère), c’est un projet de film qui est proposé par le réalisateur des Barons, ancien élève de l’école, afin de mobiliser les élèves et les profs, de rendre confiance aux élèves et de renouveler l’image de l’école14.
I y a également des initiatives qui ne visent pas directement les faits de violence mais leurs conséquences, par exemple, avec la création d’assurance spécifique RC pour enseignant 1 5 les couvrant notamment e nce à leur égard ou À travers la presse, certaines initiatives prises par les responsables politiques sont également éclairées. Ainsi la création d’un Observatoire de la violence en milieu scolaire, mis en place par la Ministre de l’Enseignement en 2009 et créé notamment pour étudier le phénomène.
Différentes enquêtes ont été financées par la Communauté Française depuis 2000. La mise en place des équipes mobiles d’intervention de la Communauté Française est également annoncée en 2011. Des cellules bien-être sont également prévues pour la rentrée scolaire 2011-2012, d’abord à partir de projets expérimentaux au sein d’une soixantaine d’écoles et de valorisation de projets existants dans une quarantaine d’autres écoles. par ailleurs, un outil de signalement des faits de violence est prévu.
Si les médias permettent d’avoir un aperçu des différents acteurs gravitant autour du phénomène de la violence à récole, les éléments proposés dans es articles sont souvent fragmentaires et très fortement simplifiés. Ils focalisent leur discours sur l’un ou l’autre élément particulier afin d’attirer Pattention de leur audience. pour aller plus loin dans les approches de tous ces acteurs, il est utile de rechercher leurs propres écrits et communications.
Au-delà du média Canalyse du matériau récolté dans un média a montré les limites des messages provenant des différents acteurs présents autour de cette problématique. Pour poursuivre, il V a lieu enseignants proposent également des regards sur ce phénomène à travers des enquêtes enées, en posant des revendications, en rédigeant des articles ou en vulgarisant des approches scientifiques sur le sujet (voir point suivant).
Les syndicats enseignants réclament en front commun depuis de nombreuses années une politique de prévention de la violence, plus de moyens pour permettre une meilleure sécurité dans les écoles, la formation du personnel ainsi qu’une protection des enseignants victimes de violence. Le regard porte ici sur la violence vécue par les enseignants et perpétrée par d’autres personnes (élèves, famille d’élèves, personnes sans lien vec l’établissement) que les collègues ou supérieurs.
En effet, d’autres mesures sont demandées en ce qui concerne le harcèlement. Proposition h (2003) : « Meilleure protection et suivi des membres du personnel et des autres acteurs scolaires victimes d’actes de violence, notamment par la mise en place d’équipes mobiles susceptibles d’intervenir immédiatement dans les établissements concernés. Dans ce même cadre, mise en place d’une véritable politique de prévention de la violence, ce qui implique en outre une formation des personnels à la gestion de ce problème. »1 6 0 8