Verlaine, » Mon rêve familier «
Plan détaillé : Verlaine, Poèmes saturniens, « Mon rêve familier » Introduction Paul Verlaine a écrit Les poèmes saturniens en 1886. Ce recueil est composé de quatre sections : Mélancholia, Eaux-fortes, Paysages et Caprices. « Mon rêve familier » appartient à la première sectlon : Mélancholia, qui rend sensible un état d’âme et évoque des souvenirs. Ce poème suit les règles d’une forme fixe : le sonnet. Il est donc constitué de deux quatrains et deux tercets d’alexandrins aux rimes embrassées avec alternance de rimes féminines et masculines selon un schéma traditionnel.
Si le apport entre le sonnet et la musique est prégnant depuis le XVIe siècle, Verlaine lui confère une musicalité bien particulière. Nous allons voir co rêve paradoxal l’imag u org qu’inquiétante. Pour répondre à ce temps, que Verlaine Sni* to View à faire émerger d’un si idéalisée s, dans un premier ous verrons ensuite que ce rêve chante la emme id ale, pour enfin montrer qu’il se transforme quelque peu en cauchemar. ) Verlaine fait le récit de son rêve A) un récit de rêve – Le titre : « Mon rêve familier » = Registre lyrique (Déterminant possessif « mon + thème principal du poème « rêve » = tonalité nirique 4 Adjectif « familier » – récurrence et itération + registre intime et personnel, registre lyrique redoublé. Utilisation du présent + adverbe « souven Swipe to vlew next page souvent » Je fais souvent ») un rêve itératif, une obsession.
Le poète, dès le premier vers, annonce qu’il va faire le récit de « ce rêve » en particulier, et le déterminant démonstratif montre qu’il ne s’agit pas de n’importe quel rêve, mais d’un rêve qui se répète et qui hante ses pensées, ce qui amplifie encore son caractère obsessionnel. e déterminant démonstratif « ce » a un effet d’annonce, comme n titre, il a une valeur proleptique et prépare le lecteur à ce qu va suivre. Il redouble donc le titre. B) Un rêve paradoxal – Les adjectifs « étrange et pénétrant » contrastent avec celui du titre (ce qui est familier ne devrait pas être étrange).
En effet étrange vient du latin extraneus qui signifie « qui vient du dehors, extérieur Il a d’abord désigné ce qui est hors du commun (« extraordinaire » et « épouvantable » dans la langue classique). Il désignera plus tard, par affaiblissement, ce qui est « très différent de ce qu’on a l’habitude de voir », l’étrange (n. m. ) désignant un enre littéraire (XIXe) dans lequel des éléments étranges sont intégrés au récit. Il y a donc une inquiétude paradoxale (par rapport à familier) dans ces deux adjectifs. «Pénétrant » désigne ce qui émeut fortement et ce qui laisse une trace forte (idée de douleur).
Il faut noter, dans le même ordre d’idées, l’allitération en [r] et en [t] qui fait sonner durement ce vers, ainsi que l’alternance des phonèmes vocaliques clairs (ouverture) [é] et nasalisés (profondeur) [ à] qui imite le mouvement allant de la tristesse à la [é] et nasalisés (profondeur) [ ] qui imite le mouvement allant de a tristesse à la consolation et qui sera reprise dans les voyelles de certaines rimes du poème. La musicalité du poème en mime donc l’onirisme et l’angoisse annoncée dès rouverture. C) Un rêve empreint de lyrisme – Pronom personnel « Je et dix occurrences de la 1re pers. molle douceur de l’allitération en [m] qui prolonge elle aussi l’homophonie « m’aime » / « même », et la répétition de «m’aime». Cette allitération se poursuivra dans certains des vers suivants [vv. 3, 4, 5, rime du vers 6, 7, 1 1], et elle paraît d’autant plus pertinente à souligner qu’elle apparait dans « aime, femme, me, imés, calme, blême » termes qui entrent tous dans l’orientation lyrlque du poème. – Deuxième quatrain: « mon cœUr » siège des émotions. – « hélas ! » interjection lyrique par excellence (exprime la douleur). Il. ne rêve qui chante la femme idéale A) Une femme imaginaire – Récurrence du pronom personnel « elle » + Article indéfini « une » (Qui s’oppose au déterminant démonstratif, bien défini, « Ce » rêve) + amplifié car répété à maintes reprises dans le poème. Une + Elle = Allégorie de la femme idéale, par définitlon inaccessible. – « une femme inconnue » = Article indéfini+ adjectif – Caractérise ette femme et entretient d’autant plus le mystère = registre presque fantastique au vu de la suite du poème. La femme devient elle aussi étrange. – Premier tercet. « Je l’ignore » La 1re personne réapparaît dans le cadre d’une incapacité à se souvenir. tercet: – « Je l’ignore » La 1re personne réapparait dans le cadre d’une – Questions rhétoriques = indécision = difficulté de se souvenir de son physique. Femme désincarnée. – La bi-répartition du sonnet (deux mouvements) est ici respectée, puisque après la description morale de la femme aimée vient la description physique (couleur des cheveux, voix, regard) et dentité (son nom). Mais le lecteur n’apprendra rien de précis, il ne pourra pas se la représenter, la caractérisation demeure floue et imprécise.
Ces imprécisions accentuent d’ailleurs l’idéalisation de la femme, qui peut être, ainsi, n’importe quelle femme. B) une femme idéalisée ou le rêve de réclprocité – es deux relatives et que j’aime et qui m’aime b) sont mises en valeur par le rythme (3/3) et par la reprise de la structure grammaticale équivalente = construction binaire et symétrique (la seule nuance étant la fonction du pronom relatif d’abord sujet puis complément d’objet direct, ce qui implique que tout tourne utour de cette femme aimée).
Ces deux procédés soulignent la similitude du sentiment et la symbiose (z le couple miraculeux). – D’autre part l’insistance forte sur le verbe aimer sera reprise par l’homophonie des vers 2-34 la même » pronom indéfini et «m’aime verbe aimer Be pers. Singulier présent de l’indicatif) pour faire entendre de façon obsessive le thème du poème.
La polysyndète [fait de répéter une conjonction (ici elle est appelée copulative) plus que la grammaire ne l’exige] procède aussi du souli PAGF elle est appelée copulative) plus que la grammaire ne Hexige] rocède aussi du soulignement de cette recherche d’une symbiose (polysyndète qui sera d’ailleurs continuée dans le vers suivant, et d’autant plus que cette conjonction de coordination est répétée onze fois dans le poème).
C) une femme cathartique ou une relation thérapeutique Deuxième quatrain: « cesse d’être un problème » = Connotation euphorique du signifiant du verbe « cesser » qui s’appose au signifié dysphorique du nom commun « problème » + La répétition du groupe « elle seule » insiste sur la solitude du poète (mais cela s’intensifiera par la suite, notamment par le etour à l’inquiétude à travers les périphrases) et sur la symbiose miraculeuse du couple.
En effet, l’adjectlf « seule » a ici une valeur adverbiale (après un pronom accentué) « se dit d’une personne qui réalise l’action à l’exclusion des autres – « transparent » = qui se laisse pénétrer, saisir, apercevoir aisément », épithète détachée en contre-rejet externe doublement mis en valeur. Il rime avec me comprend » dont les connotations sont proches = symbiose de deux êtres. « doux et sonore » : Deux adjectifs plutôt antithétiques, mais Verlaine a écrit : « De la musique avant toute chose », donc valeur athartlque de la musicalité du poème voir aussi les allitérations et les assonances du poème. Ill) Mais un rêve qui peut se terminer en long sommeil, un rêve inquiétant et cauchemardesque A. Une non-descriptian, un non-souvenir – L’adjectif inconnue » mis en cauchemardesque A.
Une non-description, un non-souvenir – L’adjectif « inconnue » mis en valeur devant la césure est en opposition loglque avec les deux relatives suivantes . il y a là un paradoxe avec alliance de mots, mais qui peut être décrypté ? condition que le lecteur s’y arrête. Le paradoxe fait du reste partie des figures de soulignement. Tout le début met en scène ce paradoxe : « Familier » s’oppose à « inconnue » et connote le texte d’une visée fantastique. – « ni tout à fait la même » ni… ni… onjonction de coordination répétée: La négation de l’affirmation catégorique (assertion) qui est redoublée par la locution adverbiale (tout à fait), implique une indécision qul est bien de l’ordre de l’étrange, du rêve inquiétant, ou, pour reprendre l’expression freudienne, de l’ordre de « l’inquiétante étrangeté Enfin, les deux pronoms indéfinis antonymes (La même, une autre) désignent le même antécédent ne femme inconnue et que j’aime et qui m’aime»), ce qui ajoute du flou au paradoxe.
B) Des signes inquiétants – A noter la quasi-paronomase entre « problème » et « front blême » (différence de deux phonèmes p-o / f-on) qui accentue encore cette incertitude, d’autant que le « front blême de même que le « cœur transparent » sont des signes inquiétants qui connotent la mort par rabsence de couleur. Blême était, en ancien français, inséparable de l’idée de blessure (blêmir).
Le sens transitif (blêmir quelque chose ou quelqu’un) a disparu depuis le XIIIe siècle m ens transitif (blêmir quelque chose ou quelqu’un) a disparu depuis le XIIIe siècle mais est encore utilisé comme archaïsme au XIXe siècle (cette connotation est donc encore vivace à cette époque). L’adjectif n’est attesté qu’à partir du XIVe siècle avec le sens, relativement usuel de « très pâle ». Il suggère quelquefois le signe d’une émotion vive.
Enfin, plus important, sans doute, la connotation mythologique de ce mot (le Styx, fleuve des Enfers que doivent passer les morts, est appelé « rivage blême » par Malherbe au XVIIe siècle). Cette connotation (pâleur mortelle t funeste, inquiétante) correspond parfaitement aux signes inquiétants, aux signes de mort, qui relèvent de Fétrange et qui vont s’accumuler ensuite dans le poème. – premier tercet: « Son nom ? » = conversation avec un personnage absent (le lecteur ? ) mais amical. Le poète se livre-t-il à un soliloque ?
Est-il pris d’hallucinations ? C) Un poème mortifère « comme ceux que la Vie exila » = Comparaison + « Vie » = personnification allégorique de la Mort + « que la Vie exila» qui sont morts (périphrase) : La comparaison utilisée dans l’expression « comme ceux que la vie exila » met en exergue une ersonnification de la vie et une périphrase révélatrice, puisque ceux que la vie exila revoient à ceux qui sont morts. Ces procédés tendent à amplifier la dimension mortifère du poème et à lui conférer une atmosphère inquiétante et angoissante. ? exila » métaphore (et euphémisme, pour ne pas dire la mort, pour échapper au risque de lui faire face). Le métaphore (et euphémisme, pour ne pas dire la mort, pour échapper au risque de lui faire face). Le passé simple, totalement coupé du présent, tranche très fortement avec le présent dominant dans le sonnet, et signant ici une sorte de falre-part de écès. – Deuxième tercet: « pour » = pour ce qui est de sa voix, quant ? sa voix. épithètes détachées marquées par une polysyndète (rythme ternaire très particulier de cette suite: lointaine, calme, grave). Les trois épithètes sont connotées par l’idée de mort: euphémisme: « se sont tues sont mortes. « tues » le sonnet se termine par ce mot lugubre, qui sonne comme un couperet, obligeant presque à relire le sonnet autrement. Comparaison avec la statue = déshumanisation + « statue » rime avec « se sont tues », ce qui renforce singulièrement cette impression d’étrangeté et d’irréalité.
Conclusion : Pour dépeindre cette femme idéalisée et inquiétante, Verlaine joue de l’ambigüité et de la richesse du mot «rêve» et du charme musical et puissant de ses vers. La mélancolie y apparaît comme le pays où la poésie prend sa source, elle transforme les contours du monde et de l’être. La femme célébrée ici reste imprécise et floue, définie seulement par sa douceur. Elle est femme, mère et Muse. Mais ce rêve paradoxal conduit le lecteur dans un monde troublant et inquiétant, où la mort rode, inexorable, et confère au poème toute sa tonalité obsédante et quelque peu morbide.