Synthèse et recueil de texte en philosophie et sociologie
C’est cette première édition que nous nous proposons d’étudier. L’auteur s’est inspiré des travaux du philosophe Alain, pour rédiger sa hèse de lettres intitulée « l’homme et ses passions » (1968). II est revenu sur les écrits d’un classique, Kant ; en écrivant Kant et le problème du mal, paru dans les presses Universitaires de Montréal en 1971. Il également écrit Nietzsche, critique de Kant, paru aux presses Universitaires de France en 1974.
Dans la philosophie de l’éducation, Olivier Reboul présente de manière synthétique les grands concepts qui participent aux champs théoriques et pratiques de l’éducation dans son acception la plus générale tels ceux d’institution, de pédagogie ou d’autorité. Sa problématique tourne autour des questions ajeures suivantes : Qu’est ce que la philosophie de l’éducation ? Quel est le but ou la finalité de l’éducation ? ses grandes idées contenues chacune dans un chapitre, ensuite, dans la deuxième partie, vous trouverez des commentaires, des critiques sous-tendus par d’autres auteurs.
Enfin, avant de conclure, quelques suggestions ou solutions concrètes pour l’amélioration de la situation sont proposées. 1. PRESENTATION DE L’ŒUVRE ET DE SES GRANDES IDEES Dans sa rédaction synthétique sur l’objet et les méthodes de la philosophie de l’éducation, l’auteur propose 5 méthodes de uestionnement qui sont chacune rattachée à une discipline différente qui a elle-même ses propres moyens d’investigation. Il s’agit de l’histoire de la philosophie, la réflexion sur les sciences de l’éducation, l’analyse logique, l’argumentation « a contrario » et la dialectique.
L’ouvrage est divisé en 7 chapitres, eux-mêmes divisés en plusieurs sous thématiques. L’interrogation principale d’Olivier Reboul repose sur « Qu’est-ce que l’éducation ? ». SeIon lui, c’est « une interrogation ; non pas un corps de savoirs, mais une mise en question de tout ce que nous savons ou croyons savoir sur l’éducation » P. S. Le principal critère pour une éducation réussie est que celle-ci vise à la maturité intellectuelle et à l’autonomie personnelle.
L’éducation est réussie si elle donne au sujet les moyens et le désir de la poursuivre car « on n’en finit jamais de devenir un homme » Pour définir l’éducation, Reboul insiste sur les notions élever- enseigner-former, puis étudie Péducation entre nature et culture pour s’interroger enfin sur les fins de l’éducation. Selon lui, « la fin de l’éducation est de permettre à chacun d’accomplir sa nature au sein d’une culture qui soit vraime 2 OF e l’éducation est de permettre à chacun d’accomplir sa nature au sein dune culture qui soit vraiment humaine.
Si cette fin paraît utopique, elle est la seule qui préserve l’éducation de laisser-faire comme de l’endoctrinement »P25 La philosophie de l’éducation a une double dialectique : c’est une approche par rapport aux sciences de l’éducation et par son objet particulier qu’est l’éducation. Elever-enseigner-former sont des thèmes qui ne sont pas synonymes mais porteurs de sens différents : on peut apprendre de façon spontanée une langue la maison, mais à l’école, elle sera enseignée, et en formation elle e sera dans un but précis. Reboul se demande si l’éducation relève de la nature ou de la culture.
Est-on homme de naissance ou par féducation ? Tout ce qui rend l’homme humain (langage, morale… ) relève de Péducation. Si son contenu est variable, l’éducation est inhérente à l’homme, la nature humaine exige d’être éduquée. Dans le chapitre III ; « Les institutions éducatives » (PP. 27-48), L’auteur s’attache à définir en quoi la famille, l’école et Puniversité sont des institutions éducatives. Il nous propose de comprendre une institution éducative telles « une réalité sociale, relativement utonome, stable ou régulière, contraignante selon des règles, et qui se spécifierait par sa fonction sociale. » P28.
Reboul à l’instar d’Emile Durkheim, affirme que c’est effectivement par sa fonction que l’institution joue un rôle effectif dans la société et par la confiance présumée en la capacité de ses membres, qu’une vie sociale est possible. La famille, récole et l’Université restent les 3 Institutions principales par 3 OF sociale est possible. La famille, récole et l’Université restent les 3 institutions principales par lesquelles transite féducation et selon Reboul, la famille a pour fonction de former les sentiments n transformant les pulsions les plus primitives ; l’école a pour finalité la transmission de savoirs à long terme.
Seulement l’école ne peut être la seule à instruire et elle doit être au centre d’un réseau éducatif complet et diversifié pour parvenir à ses fins. Quant à l’Université, elle doit assumer l’enseignement, la recherche fondamentale et ainsi participer à la réflexion indispensable à la juste application du savoir. Elle a cependant une fonction sociale car elle est chargée de la formation des adultes. Dans le chapitre IV (PP. 51-68) « La pédagogie et ses ntinomies Reboul pense que la pédagogie en tant qu’art d’enseigner et d’éduquer est un terrain d’étude empreint de conflits entre ses différentes approches idéologiques.
La pédagogie semble être en effet un art difficile puisqu’il faut accepter qu’elle soit plurielle afin d’éviter tout dogmatisme qui en négligeant le contenu ne travaillerait que la forme. L’auteur dégage ainsi 3 courants, le courant classique attaché à ce qui doit être transmis, le courant novateur qui cherche à adapter aux enseignés ce qu’on leur enseigne et le courant fonctionnel qui tend à faire de la pédagogie une science exacte. Dans le chapitre V « L’autorité Y, (PP. 69-80) le rapport vertical entre éducateur et éduqué instaure une corrélation avec l’autorité.
Mais l’autorité est-elle légitime ? Reboul distingue 6 cas de figures qui légitiment l’autorité : celle du contrat, de l’expert, 4 OF Reboul distingue 6 cas de figures qui légitiment l’autorité : celle du contrat, de l’expert, de l’arbitre, du modèle, de leader, et enfin celle du Roi Père. Les tenants de l’éducation nouvelle s’opposent à ceux de l’éducation classique en ce sens qu’ils prétendent remplacer l’autorité des modèles par celle des contrats ; mais ce ui est surtout néfaste, est l’autorité imposée par la contrainte.
Le but de Péducation est d’être capable d’apprendre par ses propres moyens sans maitre, d’aller de la contrainte à l’autocontrainte, donc de devenir adulte. Pour Reboul, la contrainte n’est pas forcément un mal si elle n’est pas imposée par la force. En effet, il faut parfois contraindre l’enfant à apprendre à faire ce qu’il ne veut pas faire pour l’inciter à apprendre ce qu’il n’apprendrait pas par lui-même et qu’il se félicitera d’avoir appris par la suite. Le chapitre VI « la rigueur (PP. 1-94) suppose que l’exercice de ‘autorité fait appel à la rigueur en tant que valeur qui peut à la fois impliquer la cohérence logique d’un discours ou d’un comportement et la sévérité qui peut être douloureuse ; rigueur réglée par la discipline. Reboul fait ici référence aux théories de l’éducation de Jean-Jacques Rousseau comme premier exemple de pédagogie anti-rigueur ; l’enfant ne devant pas être corrigé mais protégé contre les institutions dites éducatives, la famille, l’école.
Il prône pour autant une rigueur éducatrice qui réside simplement dans la nécessité des choses. Reboul accepte la igueur comme une valeur qui apprendra à chaque enfant de manière adaptée à grandir sans violence. Dans le dernier chapitre « les valeurs et l’éd s OF Dans le dernier chapitre « les valeurs et l’éducation (PP. 95-117) l’auteur pose le postulat selon lequel il n’y a pas d’éducation sans valeur ; mais toute valeur est relative, elle dépend du lieu et de l’époque et elle n’est jamais que ce que chacun pense.
Si on impose des valeurs on est dans l’endoctrinement. La valeur est « ce qui vaut la peine c’est-à- dire, ce qui mérite un sacrifice, ainsi on n’apprend rien si on ne renonce pas a quelque chose. On peut alors parler du caractère sacré de l’enseignement. Toute éducation demande un effort de la part de l’apprenant. Pour résumer, on peut affirmer avec Reboul que l’éducation a pour mission principale, au-delà de celle de la transmission des savoirs, de permettre à l’enfant de devenir un homme libre.
L’éducation a pour but la maturité intellectuelle et l’autonomie de l’individu. 2. COMMENTAIRES ET CRITIQUES, RESSEMBLANCE ET DISSEMBLANCE PAR RAPPORT A D’AUTRES AUTEURS Si on reprend les valeurs apprendre-enseigner-former, dans Les valeurs de l’éducation d’Olivier Reboul, l’auteur s’engage dans ne perspective humaniste de l’éducation. Reboul dans sa thèse humaniste se trouve dans la même mouvance intellectuelle qu’Alain dans le sens où la famille serait « l’école du sentiment h.
La famille est présente pour développer faffectivité qui serait à la base de tout savoir et de tout développement humain. Apprendre c’est d’abord élever et s’élever, puisque, apprendre a toujours le sens passif (s’instruire) et actif (instruire). Elever correspond l’éducation familiale, qui est spontanée, sans programme, et qu apprend les vale 6 OF correspond à l’éducation familiale, qui est spontanée, sans rogramme, et qui apprend les valeurs chaudes de l’affection, de la fidélité et de l’admiration. « La famille est une école du sentiment » disait Alain.
La société fait confiance à chaque famille pour élever ses enfants sauf ci celle-ci s’avère indigne de confiance. Ici se réfère une mouvance humaniste et classique. En effet Reboul se définit lui-même comme étant humaniste et classique. Il est rationaliste, démocrate en recherche de la sagesse. Il est également moraliste mais soucieux d’éviter le manichéisme. Reboul est partisan de l’éducation classique, dont le but est de former le libre jugement. Elle insiste au contraire sur celle de l’expert et de l’arbitre, mais surtout sur celle du modèle.
C’est ainsi que Reboul en matière d’autorité se réfère à Kant (1966) en reprenant la citation de ce dernier : « On doit prouver à l’enfant qu’on exerce sur lui une contrainte qui le conduit l’usage de sa propre liberté ». PIB. Mais il ne faut pas comprendre cette contrainte comme une forme de dictature. Pour mieux comprendre le sens qu’il en donne, il est important de recourir à l’un de ses écrits récents sur les valeurs de l’éducation (1992). « L’éducation ne se réduit pas à un dressage » (p. ) « L’éducation peut enseigner des règles, mais abstraites et négatives ; s’il prétend programmer les actes, il tombe dans le conditionnement. » (p. 35) En ce qui concerne la relative liberté dans le processus éducatif, si Reboul accorde, à l’instar de Durkheim (1963), un peu d’importance à la contrainte « pour le bien de l’enfant Rousseau reste par contre catégorique sur la noti OF d’importance à la contrainte « pour le bien de l’enfant », Rousseau reste par contre catégorique sur la notion de liberté ; elle doit être totale.
Dans l’Émile ou de l’éducation (1762), il rétend qu’il faut laisser libre jeu à la nature; l’art de l’éducateur consiste à écarter les obstacles et à créer les meilleures conditions possibles, qui permettent aux facultés et aux instincts de se développer conformément à leur propre nature. On ne doit imposer aucune culture du dehors, ni par le moyen de l’autorité, ni par celui des lumières, Cenfance a sa fin en elle-même, comme toute autre période de la vie, et elle ne doit pas être traitée comme une simple préparation.
On ne connaît pas l’enfant, car jusqu’ici on ne le considérait qu’au point de vue des adultes. Il a le droit naturel de se développer librement. Il renchérit en disant que la civilisation doit être l’épanouissement de la nature, et non une enveloppe, non une lourde forme imposée du dehors, l’éducation, loin d’opprimer la nature, en favorise le développement. Mais si l’on laissait faire tous les enfants, SI on laissait s’exprimer tous les instincts, n’aurions nous pas à faire une société ana rchique, voire animale à la limite ?
Je pense que la notion de contrainte est inhérente à toute société dès lors que les gens doivent se mettre ensemble sur la base de normes sociales. D’ailleurs, de ce point de vue, Foucault (1969) voit en la société une prison, du fait même que celle-ci nous impose ses normes. Donc, l’homme en tant qu’être social n’est jamais tout à fait libre, de même que l’éducation. La méthode dialectique convoquée par Reboul ne date pas d’auj 8 OF l’éducation.
La méthode dialectique convoquée par Reboul ne date pas d’aujourd’hui, Platon y avait déjà pensé dans La république lorsqu’il affirme à la page 292 que « La méthode dialectique est donc la seule qui, rejetant les hypothèses, s’élève jusqu’au principe même pour établir ses onclusions, et qui, vraiment, tire peu à peu l’oeil de l’âme de la fange grossière où il est plongé et l’élève vers la région supérieure, en prenant comme auxiliaire et comme aides pour cette conversion les arts que nous avons énumérés. Quant à la finalité de l’éducation, Reboul s’inscrit dans la logique kantienne à savoir que l’éducation a un but humanitaire, on éduque l’être pour qu’il devienne homme. Et selon Kant (1966), « L’homme ne peut devenir homme que par l’éducation. I n’est que ce que l’éducation fait de lui. Il faut bien remarquer que l’homme n’est éduqué que par des hommes et par des hommes ui ont également été éduqués. De plus, pour Reboul (1992 : 32), on ressort transformé de l’apprentissage : « Apprendre, dans tous les domaines c’est découvrir quelque chose de différent, d’un autre ordre que tout ce que l’on connaissait jusque-là, quelque chose qui nous rend « autre » une autre critique adressée à Reboul est qu’il semble idéaliser l’école, alors que celle-ci représente pour des auteurs comme ILLICH, PEGUY ET DEWEY, un danger pour la société. Pour eux, l’école est souvent comme la vie, elle écrase les faibles au lieu de les aider, elle sélectionne au lieu d’instruire, elle reproduit les négalités au lieu de les supprimer.
Illich prône pour une société sans école et va jusqu’à réclamer la suppressio lieu de les supprimer. Illich prône pour une société sans école et va jusqu’à réclamer la suppression de l’école au profit de la vie. L’école pour lui est inefficace car en étant obligatoire elle écœure les gens d’apprendre et elle a des limites puisque si elle échoue massivement à instruire les pauvres, elle réussit pourtant à les endoctriner en leur inculquant le sentiment irrémédiable de leur infériorité et de leur culpabilité. Quant
DEWEY, ni le désir immédiat d’apprendre ni l’effort contraint ne sont éducatifs car ils ne sont jamais que des motivations court terme et superficielles. Le pédagogue doit susciter l’intérêt véritable, c’est-à-dire la participation du moi tout entier à l’œuvre qu’il accomplit. Au-delà du désir éphémère et de l’effort ingrat il faudrait trouver selon lui, Flntéressant, qui suscite de lui-même l’effort en profondeur et la joie véritable. Mais comment ? Dewey montre que tout enseignement doit être une réponse, c’est-à-dire partir des questions à la fois intellectuelles et affectives que se osent les élèves.