ronsard et la fuite du temps dans « mignonne allons voir si la rose »
INTRODUCTION Le thème de la fuite du temps constitue l’un des lieux-communs du lyrisme. Cest cette veine qui inspire Ronsard quand il publie ses Odes en 1550. Dans le 17 poème du Livre l, le poète adresse son monologue à une jeune fille dans laquelle on peut reconnaître Cassandre Salviati (alors âgée de 13 ans), rencontrée en 1545 dans une fête à la cour de Blois, dont, à 20 ans, il était tombé amoureux. Il développe ici le thème de la fuite du temps associé à la tentation de l’amour, dans un ton gracieux et malicieux qui renouvelle le thème traditionnel.
Ainsi le poète, dans cette invitation amoureuse, grâce à une double comparaison, fuite du temps COMPOSITIOn Ode : genre antique Dans cette suite de 3 or7 Sni* to View gique le thème de la ans chaque sizain, 4 rimes embrassées suivent 2 rimes plates), l’évolution des idées suit le découpage forme13 mouvements. strophe: l’invitation d’un érotisme éger et symboliquement suggéré à la jeune fille « allons voir si la rose. + éloge comparatif 2 strophe : Lamentations du poète devant la mort de la mort de cette rose aussi fragile que belle. trophe : la conclusion de l’épisode l’élucidation du symbole et le conseil hédoniste. (L ‘hédonisme, à ne pas confondre avec l’épicurisme, consiste à ériger le plaisir et la recher Swlpe to vlew nexr page recherche du plaisir comme principe de viel’épicurisme est une philosophie, celle du grec Epicure, qui consiste à adapter son existence aux règles de la nature, à accepter la mort comme faisant partie de la vie et lui donnant naissance). ANALYSE Le poème débute par une apostrophe adressée à une dédicataire, Cassandre Salviati dont Ronsard était tombé amoureux.
Mais cette apostrophe « Mignonne » ne nomme pas la femme aimée. Elle évoque seulement sa beauté, par l’adjectif substantivé qui joue le rôle d’un nom commun, seule caractérisation en fait de l’objet aimé. On note l’importance de la thématique de la beauté qui est mise en valeur, dès ce 1 mot, par la coupe. Ensuite, vient l’invitation qui regroupe, dans l’impératif exhortatif de 2 personne, le poète et la dédicataire. « Allons voir si la rose » c’est une invitation bucolique, champêtre, évidemment symboliquela mise en relief en fin de vers de l’expression la ?rose» annonce de nombreux poèmes de Ronsard.
Cf. « Comme on voit sur la branche », «sur la mort de Marie». Cest une thématique de toute manière largement développée par toute une myriade de poètes, et Ronsard lui-même. Deux termes qui seront métaphoriquement associés, «jeune fille» et « la rose », encadrent donc le vers, l’un et l’autre mis en valeur par leur place. Les 4 premiers vers vont s’attarder sur la rose que le poète invite la jeune fille à aller regarder. Cest une évocation qui insi PAG » rif 7 rose que le poète invite la jeune fille à aller regarder.
C’est une ?vocation qui insiste sur la jeunesseles 2 premiers vers décrivant de façon imagée l’ouverture du bouton de rose dans une métaphore qul assimile déjà de façon discrète la rose à un être humain. Animation«déclose» (avait ouvert) et l’expression arobes. Érotisme léger qui prend tout son sens quand va s’affirmer de plus en plus l’assimilation entre la jeune fille et la rose (couleur de la rose«») qui évoque la couleur de l’amour et symbolise entre autres la sensualité, l’amour-passion.
La jeunesse de la fleur est également évoquée par une indication temporelle »ce matin », ui connote la nouveauté, la fraicheur en même temps que la beauté. La 2 Indication temporelle « cette vesprée » (ce soir) est nécessalre pour la mise en place du symbole, de la comparaison entre la rose et la jeune fille. Il y a en même temps un effet dramatique. Suggestion d’une petite saynète. Déjà, cependant, le 4 vers laisse prévoir la 2 stropheprescience de la mort de la rose même si elle est évoquée de façon négative, «’) point perdu… ».
Le 5 vers reprend les mêmes éléments descriptifs de la rose que précédemment »robe pourprée ». Cette répétition donne un spect un peu incantatoire souligné plusieurs fois par des jeux sonores [p, r, u] «» ? «ée» ? «és». Ces mots suggerent la même animation et la même personnification, ce que le dernier vers va rendre de façon évidente a PAGF3C,F7 la même animation et la même personnification, ce que le dernier vers va rendre de façon évidente avec une comparaison tout ? fait explicite«son teint»Compliment délicat quoique tout-à-fait traditionnel qui rappelle le lieu-commun «de lis et de rose». strophe. Le ton change. Ellipse (pause) temporelle dans la saynète imaginée. Spectacle de désolation dont la description est introduite par exclamation de désespoir mise en valeur par un monosyllabe et une coupe, évidemment parodique. Le ton s’anime donc et devient marqué par une émotion intense. La phrase s’allonge sur trois vers, avec de nombreuses coupes qui permettent la mise en valeur en tête de vers de l’apostrophe la répétition de l’expression désespérée«».
L’impératif «» est un effet de style qui permet la visualisation du spectacle, qui attire l’attention de la belle comme du lecteu Cest une évocation imagée de la fleur maintenant fanée«a essus la place… ». «és», mot abstrait = «étales». Exclamation blasphématoire, imprécation lyrique et parodique qui dénonce la «marâtre Nature». Connotation tout à fait péjorative pour une nature doublement anthropomorphée : «marâtre» (mauvaise belle-mère) ; or, habituellement, la nature est considérée comme une mère bienveillante. (Cf. chez Montaigne par exemple).
De plus, absence de déterminant, toutefois assimilation nature et mère tout à fait traditionnelle. Et sous ce ton exagérément plaintif toutefois assimilation nature et mère tout à fait traditionnelle. Et sous ce ton exagérément plaintif et qui dénote une Intention parodique, expression d’un thème qui, s’il est traditionnel, est cher à Ronsardla mort frappe tout, même les êtres les plus beaux, les belles choses, la jeunesse, cf. Sonnets sur la mort de Marie. Le caractère éphémère de la vie de la rose symbolise celle de la vie humaine. Ellipse du temps : «que du matin jusques au soir», rapidité extrême, symbolique. Cf.
Fontenelle : «De mémoire de rose/ on n’a jamais vu mourir un jardinier’. Malherbe : «a vécu ce que vivent les roses ‘l’espace d’un matin». La 3 strophe élucide le symbole. ?Donc» : lien logique, aspect concluslf. Montre de façon évidente l’assimilation entre la rose et la jeune fille jusque-là suggérée. (La «rose» était tout le temps comparée de façon métaphorique à la jeune fille), maintenant, c’est la jeune fille qui va être comparée à la rose. Jeux subtils de correspondances. Désormais, l’apostrophe est rejetée en fin de vers «Mignonne» (3 fois, cette apostrophe, dans chaque strophe, a une place différente).
Donc, l’assimilation va se poursuivre sur 3 vers et dem sous la forme de métaphore filée. «feleuronne», «verte ouveauté» : connotation comme pour «rose», «ce matin», de nouveauté, de fraicheur, de beauté. Elle va permettre le conseil didactique exprimé sous forme doublement impérative (au ton persuasif) : «c le conseil didactique exprimé sous forme doublement impérative (au ton persuasif) : «cueillez votre jeunesse» ; cela rappelle le conseil du poète latin Horace, acarpe diem» (« le jour», vivre le moment présent) et annonce : «dès aujourd’hui les roses de la vie» du même Ronsard (Sonnets pour Hélène 1578).
Conseil hédoniste plus qu’épicurien. Et la symbolique sexuelle est ransparente dans cette phrase au magnifique raccourci imagé. Les 2 derniers vers résument l’argument en même temps qu’ils précisent le symbole : «à cette fleur… ». Didactisme, (ton du moraliste) enseignement pseudo philosophique : «vous me croyez». Interpellation rhétorique pour retenir l’attention, ton persuasif. Et constamment, il manie dans le poème l’alliance du concret et de l’abstrait.
Le concret fleuronne verte cueillez L’abstrait âge nouveauté votre jeunesse Dans ce poème, donc, Ronsard renouvelle heureusement 1 ‘un des thèmes traditionnels du lyrisme, la fuite du temps, la fugacité e la vie. Il utilise ainsi des effets poétiques (jeux dans les comparaisons, entre l’abstrait et le concret, des sous-entendus, des métaphores, la musicalité), un ton bien souvent parodique, dans son pathétique, et gracieux, et une invitation dont la finalité sensuelle est symboliquement et malicieusement suggérée comme dans «vous envoie un bouquet» (1555) ou «vous serez bien vieille», Sonnets pour Hélène, 1578).
Ce poème qui utilise le thème bouquet » (1555) ou «vous serez bien vieille», Sonnets pour Hélène, 1578). Ce poème qui utilise le thème de la fuite du emps comme argument de séduction amoureuse, annonce celui dédié à Marquise par Corneille et surtout celul de Queneau : «tu t’imagines». PLAN DU COMMENTAIRE COMPOSE l. L’invitation amoureuse à la fois symbolique et Yrique. A. Deux personnages en présence. – Une jeune fille désignée par une triple apostrophe « Mignonne» : beauté et jeunesse. 2- Le poète plus âgé, plus expérimenté qui s’adresse à elle dans un monologue volontiers didactique. B- une invitation symbolique Symbolisme traditionnel de la rose rouge, ce qui implique l’amour sensuel, passionné C- Un lyrisme malicieux 1- Musicalité. – Exagéralion parodique dans l’expression du désespoir du poète. (2 strophe) Il. La double comparaison implicite et explicite. A.
La rose comparée à la jeune fille (léger érotisme) B. La jeune fille comparée à la rose C. L’élucidation de la comparaison et du symbole Ill. La fuite du temps et la réflexion didactique. A. Un thème traditionnel et des métaphores traditionnelles inspirées du «diem» d’Horace B. La fugacité de la vie de la jeunesse et de la beauté ainsi que l’imprécation à la nature C. Une leçon de morale marquée par l’hédonisme qui devient un argument de séduction amoureuse.