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L’évaluation des compétences chez l’apprenant pratiques, méthodes et fondements Université catholique de Louvan Groupe de recherche interdisciplinaire en formation des enseignants et en didactique (GRIFED) pratiques, méthodes Léopold paquay Ghislain Carlier Luc Collès Anne-Marie Huynen (Éditeurs) or 225 Sni* to View Actes du colloque du 22 novembre 2000 Collection Recherches en formation des enseignants et en didactique @ Presses universitaires de Louvain, 2002. Dépôt légal : D/20û2/2720/4 ISBN 2-930344-07-5 Graphisme : Marie-Hélène Grégoire Imprimé en Belgique
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par au sein du GRIFED, des enseignants et chercheurs liés aux agrégations de l’enseignement secondaire supérieur ou œuvrant au sein du département de psychologie et des sciences de l’éducation poursuivent les objectifs suivants : 1/ développer une réflexion transdisciplinaire sur les méthodologies et les fondements conceptuels et épistémologiques des recherches en formation des enseignants et en didactique , 2/ développer en concertation de nouveaux projets de recherche et, ensemble, constituer la masse critique pour déposer des projets communs et établir des ollaborations internationales avec des groupes similaires ; 3/ diffuser les travaux de recherche en formation des enseignants et en didactique et établir des réseaux d’information et de partage de documentation. Il ne s’agit pas de mener des recherches en chambre ou en laboratoire.
Les recherches interdisciplinaires en formation des ense’gnants et en didactique ont clairement pour but de répondre à des besoins liés aux pratiques d’enseignement et de formation : 1/ alimenter et enrichir réellement la formation initiale et continuée des enseignants ; 21 améliorer la qualité de l’enseignement dans les classes (pour ‘enseignement fon- g Éditorial damental, l’enseignemen nseignement supérieur rigueur de la recherche et la nécessaire pertinence sociale de travaux liés aux pratiques d’enseignement et de formation. Mais ce ne sont pas les seules tensions constitutives de ce groupe de recherche. Le GRIFED constitue à l’UCL un véritable défi : développer des collaborations suivies entre enseignants-chercheurs issus de sept facultés différentes et se référant à des cultures de recherche différentes. Lorsqu’on sait combien, par le passé, des peurs, voire des procès d’intentions ont pu empêcher toute collaboration érieuse entre les spécialistes en didactique et les psychopédagogues, on peut mesurer le chemin parcouru.
Et l’on voit bien toute la richesse potentielle du métissage de ces cultures : ces rencontres sont éminemment formatrices pour chacun. Mais en même temps, les tensions restent présentes. Elles sont même fondatrices de ce groupe de recherche. Les tensions entre pôles complémentaires sont multiples spécificité vs généralité ; autonomie vs coordination (centralisation) ; disciplinarité vs inter-/transdisciplinarité ; didactique vs formation des enseignants ; recherche vs pratiques d’enseignement et de formation. C’est là sans doute une des spécificités des chercheurs en didactique et/ou en formation des enseignants, c’est d’être constamment tendus entre ces pôles.
L’important est sans doute de « maintenir la tension » et ce, dans un double sens : « maintenir l’attention à la tension » (pour éviter Péclatement ou l’éparpillement) mais également « maintenir la tension à la tension » (pour veiller à ce qu’elle reste dynamisante dans la complémentarité constructive des pôles) . Différents projets de recherche sont actuellement en cours de dév constructive des pôles) ! développement au sein du CRIFED. L’un d’eux a pour objet l’étude des pratiques d’évaluation des apprentissages mises en œuvre dans les classes. Dans quelle mesure ces pratiques d’évaluation se transforment-elles actuellement ? À la suite du décret sur les Missions de l’école (en juillet 1997) et des décrets plus récents sur les compétences terminales et les socles de compétences, ces évaluations portent-elles davantage sur les compétences ?
Durant un an, les promoteurs se sont réunis avec les mémorands dans le cadre d’un 1 Particulièrement, avec les groupes de recherche suivants de l’UCL : le Groupe interfacultaire de echerche sur les systèmes d’éducation et de formation (GIRSEF), le Centre de recherche en innovation sociale (CERISIS) à Charleroi et la Chaire de pédagogie universitaire. 6 L’évaluation des compétences séminaire de recherche en vue de développer un cadre théorique commun, une méthodologie et des outils cohérents. Le colloque du 22 novembre 2000 a constitué un moment fort dans ce cheminement collectif. cet ouvrage sur « l’évaluation des compétences chez l’apprenant Début d’une nouvelle collection… ébut d’une dynamique de recherche en formation des enseignants et en didactique. Merci à Gabriel Ringlet, alors vice-recteur, d’avoir introduit cette journée. Son messaee est utez, allez de l’avant ! ». Vice-recteur UCL Mes amis, Vous connaissez peut-être cette histoire de puce que les scientifiques, paraît-il, se racontent parfois entre eux, à propos de leur méthode. Donc… un chercheur examine une puce posée près de lui. Il lui ordonne : « Saute ! et la puce saute. Le chercheur écrit sur une feuille de papier : « Quand on dit à une puce de sauter, elle saute Il saisit ensuite la puce et, délicatement, lui arrache les pattes. II la repose à côté de lui et ordonne : « Saute ! La puce ne bouge pas.
Le scientifique note alors très scrupuleusement sur sa feuille de papier : « Quand on arrache les pattes à une puce, elle devient sourde Je ne suis pas ici pour introduire un cours de logique ou pour débattre de la rigueur de nos observations scientifiques, mais pour vous dire tout le plaisir que j’éprouve personnellement, en observant le saut très réel accompli dans notre université au cours de ces dernières années en matière de formation des enseignants. Quand on regarde la naissance de l’IPM, la création du Fonds d’initiatives pédagogiques, le projet « gérer sa formation n, les ormidables efforts en matière d’agrégation et toute la réflexion actuelle autour de la possible naissance d’un Institut universitaire de formation des enseignants… je me dis que vraiment, au-del? des discussions de circonstances, quelque chose a changé dans les mentalités, et même, parfois, dans les pratiques.
Vous le savez bien : il y a vingt ans, peut-être moins encore, les problèmes d’enseignement, de éda ogie, de didactique étaient traités à la marge dans no entendu, des individualités tout à fait remarquables se trouvaient déjà engagées sur ce terrain, mais elles n’étaient certainement as reconnues à leur Avant-propos juste valeur. Je ne prétends pas, au moment où je vous parle, que la tendance s’est complètement inversée, mais il me semble qu’on est passé de la marginalité à a prise de conscience et que, de plus en plus, la formation des enseignants et l’évaluation des compétences vont devenir de véritables priorités. Et c’est tant mieux.
Si j’en juge, par exemple, aux relations qui se sont établies entre l’enseignement secondaire et l’université, des progrès significatifs ont été accomplis ces derniers temps et on se dirige assurément vers de nouveaux partenariats. D’où l’importance de votre travail et de ce colloque en particulier. Car si on veut répondre en profondeur ? l’attente de nos partenaires, il ne suffira pas d’établir des contacts politiques, ce qui est indispensable, de mobiliser nos collègues, et notamment nos collègues de candidature, ou encore de développer ce remarquable réseau de maîtres de stages dont nous pouvons être fiers. Tout cela est indispensable. Mais il y a aussi nécessité d’encourager une solide recherche interdisciplinaire en matière de formation des enseignants et en didactique.
C’est tout le sens du GRIFED qui se rouve, me semble-t-il, de supérieur, et notamment l’Ensegnement supérieur pédagogique, sans oublier runiversité elle-même qui a vrament avantage à approfondlr ces questions. La puce dont je vous parlais en commençant a beaucoup grandi. j’espère qu’il ne se trouve aucun savant fou pour lui arracher les pattes. De toute façon, je vous invite à rester sourds, face à ceux qui voudraient éventuellement freiner votre élan. Je n’ai qu’un mot ? vous dire en terminant, mais c’est un impératif d’encouragement, n’hésitez pas : Sautez ! 10 Introduction L’évaluation des compétences : écessités, facettes, questionnements Léopold Paquay Département de psychologie et des sciences de l’éducation, UCL Le thème de cet ouvrage est crucial.
Face à la pression que font les entreprises, les médlas et les parents sur l’école, l’école est contrainte à des résultats. Même les publicités se font insistantes : « Pour réussir, il faut développer chaque jour de nouvelles compétences » ! Le décret « Mission de l’école » (Communauté française de Belgique, 1997) fixe d’ailleurs les finalités de ité obligatoire a pour but compétences Ce n’est pas en soi une nouveauté. Depuis qu’elle existe, récole vise le développement des compétences des élèves , c’est assez évident pour l’école primaire dont le but traditionnel est de rendre les élèves capables de lire, d’écrire, de calculer… de façon à s’insérer dans la société.
Mais, particulièrement dans l’enseignement secondaire général, la priorité de l’école est souvent devenue la transmission de connaissances. On a connu la caricature d’une telle dérive dans certains cours de langues 2 Les documents définissant les socles de compétences pour l’enseignement fondamental et l’enseignement secondaire du remier degré, ceux définissant les compétences terminales ? atteindre au terme de l’enseignement secondaire ainsi que les profils de qualification et de formation pour l’enseignement qualifiant, sont accessibles sur le site www. agers. cfiub/pedag. pedag. asp modernes où, pour réussir, les élèves devaient étudier le vocabulaire, connaître les règles et les appliquer et pouvoir disserter en français des ouvrages lus en classe.
Or à l’évidence, une compétence centrale en langues modernes est bien évidemment de pouvoir interagir efficacement dans des situations et des contextes divers de communication orale ou écrite. Les connaissances de vocabulaire, des procédures, des habitudes culturelles constituent des ressources indispensables mais elles ne naissance) en vue de faire face efficacement aux situations de communication. Tous les experts admettent plus généralement que les compétences consistent précisément dans la mobilisation des ressources cognitives, affectives, motrices, conatives… de rapprenant pour faire face à des situations- problèmes, réaliser des projets et résoudre des tâches significatives. Une telle finalisation de l’école vers la construction de compétences implique de nombreuses transformations.
Dans son petit ouvrage de 1997, Perrenoud a bien montré les nécessaires évolutions des pratiques enseignantes et corollairement des métiers d’élève et des métiers d’enseignant. Mais ce sont aussi les pratiques d’évaluation qui devraient se transformer dans le cadre d’une école qui vise la construction de compétences. 2. Vers une transformation des pratiques d’évaluation, une préoccupation de tous les acteurs de renseignement C’est d’abord une préoccupation des pouvoirs publics de vérifier si les buts nouveaux de l’école sont atteints ; car, face à la société civile, les pouvoirs publics sont ontraints à une obligation de résultats (Lessard & Meirieu, ? paraître). Mais c’est aussi une préoccupation des enseignants.
Même si l’évaluation finale de l’atteinte des compétences est confiée à une instance externe, ce sont les enseignants qui ont à faire le point régulièrement quant ? l’évolution du processus de construction des compétences. CYOù la nécessité de développer une méthodologie adaptée de l’évaluation des apprentissages. Les cadres intermédiaires t concernés : d’abord directions détablissement qui coordonnent les dispositifs collectifs d’évaluation au sein de leur ?cole (les bulletins, les conseils de classe, etc. ), mais aussi les inspecteurs et les conseillers pédagogiques qui accompagnent les équipes d’enseignants dans la rénovation des pratiques enseignantes et, conséquemment, des pratiques d’évaluation. 2 Sont également interpellés aujourd’hui par les évolutions en cours les chercheurs en didactique et, plus largement, les chercheurs en éducation, et ce, à plus d’un titre : – en tant qu’experts consultés pour contribuer à l’évaluation externe des compétences ; – en tant que formateurs d’enseignants quand ils sont invités ? répondre aux nquiétudes des enseignants relatives aux modalités souhaitables d’évaluation formative des compétences ; – en tant que chercheurs tout simplement : lorsqu’ils veulent établir des relations entre certaines modalités d’enseignement et les effets attendus, il est indispensable aujourd’hui de mesurer si les élèves ont construit les compétences attendues. Depuis 1999, nous sommes plusieurs membres du GRIFED à être engagés dans une recherche commune avec l’aide d’étudiants mémorands pour étudier les pratiques d’évaluation que mettent en œuvre les enseignants en classe. Po PAGF ID OF