Petite epitre au roi de Clément Marot
Elément de benevolentiae captatio. >Note qu’à l’époque médiévale, elle entre dans la composition de la lettre idéale : • salutatio : l’adresse au destinataire ; • benevolentiae captatio formules visant à attirer la bienveillance du destinataire ; narratio : discours informatif : ce que l’on a à dire ; • petitio : si l’on a une requête à formuler ; • conclusio : conclusion du message.
Par le jeu d’oppositions des pronoms, c’est d’ailleurs le roi qui l’emporte dans les six premiers vers : deux « je » pour Marot, un « nous » inclusif, quatre occurrences de la deuxième personne u pluriel, deux « vous » et « rimassez « avez Cependant les deux vers suivants font basculer dans le sens de Marot l’équili Petite epitre au roi de Clément Marot Premium By tredmoreau Oeapanq 19, 2015 8 paw_s I/ Une supplique structurée : 1)- L’art de s’adresser aux puissants (avec humour) – « c’est pitié d’entre nous rimailleurs » >lnclut Marot et le roi (nous= vous et moi) dans la même catégorie des « rimailleurs >« Rimailler nous apprend le Dictionnaire Historique de la Langue Française Robert, c’est « faire des vers médiocres », ou « en amateur ». – « Et quand vous plait, mieux que moi rimassez » Le déverbal « rimailleurs » englobe donc le jeune poète et le roi, S vien « ext mais celui-ci est plac moi rimassez >Compliment au roi- pour mettre en avan smodestie de l’énonc Swip next page ratif « mieux que e à l’artiste : flatterie e roi est le meilleur. ‘équilibre destinateur/destinataire : trois occurrences de « mol » ou « Je 2)- La supplique explicitée mais digne – « Des biens avez et de la rime assez » > Parallélisme de construction rapproche « biens » et « rime » (rime à prendre au sens métonymique : on parle de rime pour désigner l’art poétique. ). Marot sous-entend ainsi que le roi eut rimer car il possède.. > « avez » « assez » insistent sur l’idée de possession et d’abondance. >Le détail qui fait la différence entre Marot et le roi, ce sont les biens ici pris au sens de possession (ne pas confondre avec les bienfaits, le bonheur… cf infra) Ce vers est un moyen d’annoncer la requête et de créer un contraste important avec Fimage qui va suivre. /V2 « Et en rimant, bien souvent je m’enrime « Si vous supplie qu’à ce jeune rimeur » >UtiIisation des temps très intéressante ; subjonctif qui exprime la supplication tandis que le terme « heur » V22 ouvre sur un avenir ibéré de soucis matériels. « Si » : forme atténuée de la supplication + marque de respect pour le roi. Seule figure après dieu à pouvoir être suppliée. >L’artifice du dialogue dans l’épître permet à Clément Marot de garder sa dignité : c’est à « Henri Macé » qu’il a parlé de son « pauvre corps » mal nourri, non au roi. La figure du poète semble d’ailleurs se dédoubler au vers 21 puisqu’il quitte la posture du « je » et supplie le roi pour « ce jeune rimeur h, celui qui dialogue. 3)- La figure du poète dépourvu V3 « pitié » « assez de rime ailleurs 2 dépourvu « pitié »
V4 « assez de rime ailleurs » VB « Je ne soustiens (dont je suis marry) maille » V15 « Si elle n’a des biens en rimoyant » V 18 « Mon pauvre corps ne seroit nourry moys, Ne demy jour » disent le dénuement du poète >Comparaison entre le poète et le mendiant : elle est renforcée par la fréquence de ces termes au début et à la fin du poème ; l’impression ainsi crée rejaillit sur l’ensemble du poème. V2 « Et en rimant, bien souvent je m’enrime > Jeu de mot rime rhume > Gérondif cause Dés le début du poète, Marot formule discrètement sa requête et commence à dénoncer les conditions de vie des poètes (qui oivent trouver un protecteur, un mécène pour vivre. e poète ne confie pas au roi, mais bien à Henri Macé qu’il rime aussi pour manger : « SI je ne rimois /Mon pauvre corps ne serait nourri mois /Ne demi-jour Il/- Un Marot virtuose 1)- Les contraintes poétique : la poésie est un travail « En m’esbatant » « Et en rimant bien souvent » « Je ne soustiens (dont je suis marry) maille » SVocabulaire de l’effort pour évoquer une conception de poésie basée sur le travail avant tout (et qui par conséquent mérite rétribution « rimassez 3 >évoquer le bruit de la plume sur le papier pour évoquer une fois e plus le dur labeur. Ce thème du travail c’est aussi le moyen de réclamer « salaire de mettre en avant ses propres qualité et ainsi de gagner la confiance du Roi.
Il met de manière concrète en application et se livre à une démonstration du travail poétique dans cette épître virtuosité formelle de l’épître est frappante : rimes léonines (homophonie sur deux syllabes et plus), séquivoquées, c’est-à-dire fondées sur une équivoque, un calembour, sur toute la longueur du poème, composé en rimes plates : « rimailleurs »/rime ailleurs », « rimeur/rime heur >A ces rimes équivoquées en fin de vers répondent des rimes risées où les vers riment par deux à l’hémistiche et à la finale : pour les six premiers vers de l’épître, puis les vers 11 et 12, 13 et 14 : « Car vois-tu bien la personne rimante/ Qui au jardin de son sens la rime ente » sone troisième remarque concernant la rime s’impose : toutes les rimes de fin de vers, ces rimes équivoquées, jouent sur des dérivés du mot rime rimailleurs, rimassez, rimart, rimant, rimoyant, rimois, rimette, rimeur, enrimant, rimonna ») en un polyptote (Le Polyptote est une figure de style où nous avons la répétition de plusieurs termes qui ont la même racine. Le mot subit des variations morphosyntaxiques) virtuose.
Marot n’hésite d’ailleurs pas çà recourir au néologisme rimonner pour le bonheur de « par rime on a >Cette richesse lexicale et ce choix lexical du mot « rime » sont significatifs, surtout si I 4 significatifs, surtout si l’on se réfère au sens métonymique de « vers » que comporte « rime » au XVI ‘siècle : cette épître a bien pour objet la poésie, le poète joue à la fois sur la double face signifiant/signlflé du mot « rime » et sur la métonymie « vers 2)- Divertir et argumenter : Marot, héritier des rhétoriqueurs La variété des situations de communications : divertir – V1-8 / V21 -23 « Je » / Marot + « Nous » les poètes s’adresse à « vous » le roi. – V10-20 dialogue direct entre Henry Macé, personnage fictif (pour la rime !! ) et Marot – V24-26 Emetteur et recepteur ne sont pas précisés : « on » >La variété des situations de communication est un moyen de diversifier les destinataires réels ou imaginaires et de donner une dimension théâtrale à son poème. Ce qui donne un côté plaisant à l’œuvre. Un dialogue argumentatif – Or ce me dit (un jour), quelque rimart : Semble introduire un élément perturbateur, un passage narratif qui interromprait la requète. SLe poète se met en scène dans un dialogue avec un personnage fictif. Il s’agit de moyen de se mettre à distance. – « Viens çà, Marot, trouves-tu en rime art Qui serve aux gens, toi qui as rimassé ? >Question rhétorique qui permettra au poète de se mettre en valeur dans la réponse. > L’objet du dialogue ne semble donc pas si éloigné des préoccupations de Marot qui cherche à obtenir le soutien financier du roi or avant il doit démontrer son utilité, son talent, faire une lettre de motivation. S