L’usage du monde

essay A

Le « Point AV » américain en airain était alors 3 comparable ne maison de deux étages où l’on poursuivait deux activités divergentes. Au premier, à l’étage politique, on s’occupait à combattre la menace communiste en conservant – par les moyens traditionnels de la diplomatie : promesses, pressions, propagande – un gouvernement honni et corrompu, mais de droite, au pouvoir. Au second, à l’étage technique, une large équipe de spécialistes s’employaient à améliorer les conditions de vie du peuple ranimé. Robert était de ceux-là. Lui, la politique ne l’intéresse pas.

Ce qui l’intéresse, c’est ‘électronique, les chansons de dorés aida ou de patachon qui, dit-il, sont des anges, et la construction des écoles. C’est un scientifique, mais si e toi vie nixe a e L’usage du monde premier boy SURFILER 23, 2011 | 6 pages swaps toi vie nixe page mais aussi un homme ouvert et bienveillant auquel l’idée de faire un travail aussi utile souriait énormément. D’où sa déception. – Vous rendez-vous compte, je vais là-bas pour leur construire une école, et quand ils me voient arriver les gosses ramassent des cailloux. AI reprit en souriant : « Une école I ».

Je crois que l’Américain respecte beaucoup l’école en général, et l’école primaire en particulier, qui est la plus démocratique. Je crois qu’au nombre des Droits de l’homme, aucun ne lui paraît aussi plaisant que le droit l’instruction. Ces naturel dans un pays civilement très évolué où d’autres droits plus essentiels sont assez garantis pour que l’on n’ songe même plus. Aussi, dans la recette du bonheur américain, l’école joue-t-elle un rôle primordial, et dans l’imagination américaine, le pays sans école doit-il être le type même du pays arriéré.

Mais, les recettes de bonheur ne s’exportent pas sans être ajustées, et ici, l’homérique n’avait pas adapté a sienne à un contexte que d’ailleurs elle comprenait mal. C’était l’origine de ses difficultés. Parce qu’il y a pire que des pays sans école : il y a des pays sans juste?ce, ou sans espoir. Ainsi établir, où Robert arrivait les mains pleines et la tête bourrée de projets généreux que la réalité de la ville – car chaque ville a la sienne – démentait chaque jour.

Revenons à l’école réalité de la ville – car chaque ville a la sienne – démentait chaque jour. Revenons à l’école de Robert. Voici comment « Point AV » procédait : il offrait gratuitement le terrain, les matériaux, les plans et les conseils. De leur côté les villageois, qui sont tous un peu maçons, fourniraient la main-d’ouvre et construiraient, avec une belle émulation, le local où ils auraient e privilège de s’instruire. Voilà un système qui fonctionnerait à merveille dans une commune finnoise ou japonaise.

Ici, il ne fonctionnait pas, parce que les villageois n’ont pas une once de ce civisme qu’on leur avait si promptement prêté. Les mois passaient. Les matériaux s’évanouissaient mystérieusement. L’école n’était pas construite. On n’en voulait pas. On boudait le cadeau. Il ha bien de quoi écrouler les donateurs, et Robert était courre. Mais les villageois ? Ce sont des paysans assez misérables, soumis depuis des générations à un dur régime de fermage féodal. D’aussi longtemps qu’ils se souviennent, on ne leur a jamais fait pareil cadeau.

Cela paraît d’autant plus suspect que, dans les campagnes aériennes, l’Occidental a toujours eu réputation de sottise et de cupidité. Rien ne les a préparés à croire au Père Noël. Avant tout, ils se méfient, flairent une attrape, soupçonnent ces étrangers, qui veulent faire travailler chacun, de poursuivre un but ca attrape, soupçonnent ces étrangers, qui veulent faire travailler chacun, de poursuivre un but caché. La misère les a rendus rusés, et ils pensent qu’en sabotant les instructions qu’on leur donne, ils déjoueront peut-être ces desseins qu’ils n’ont pu deviner.

En second lieu, cette école ne les intéresse pas. Ils n’en comprennent pas l’avantage. Ils n’en sont pas encore là. Ce qui les préoccupe, c’est de manger un peu plus, de ne plus voir à se garer des gendarmes, de travailler moins dur ou alors de bénéficier davantage du fruit de leur travail. L’instruction qu’on leur offre est aussi une nouveauté. Pour la comprendre, il faudrait réfléchir, mais on réfléchit mal avec la malaria, a dysenterie, ou ce léger vertige des estomacs vides calmés par un peu d’opium.

Si nous réfléchissons pour eux, nous verrons que lire et écrire ne les mèneront pas bien loin aussi longtemps que leur statut de « vilain » n’est pas radicalement modifié. Enfin, le moula est un adversaire de l’école. Savoir lire et écrire, c’est son privilège à lui, sa spécialité. Il rédige les contrats, écrit sous dictée les suppliques, déchiffre les ordonnances du pharmacien. Il rend service pour une demi-douzaine d’feues, pour une poignée de fruits secs, et n’ pas envie de perdre ce petit revenu.

AI est trop prudent pour critiquer e projet ouvertement mais le soir, sur le pas revenu. AI est trop prudent pour critiquer le projet ouvertement mais le soir, sur le pas des portes, il donne son opinion. Et on l’écoute. En dernier lieu, on n’entrepose pas sans risque des terreaux neufs dans un village où chacun a besoin de briques ou de poutres pour réparer ces édifices dont l’utilité est évidente à chacun : la mosquée, le maman, le four du boulanger. Après quelques jours d’hésitation, on se sert dans le tas, et on répare.

Désormais, le village a mauvaise conscience et n’attend pas le retour de l’Américain avec plaisir. Si seulement on pouvait s’expliquer, tout deviendrait simple… Mais on peut mal s’expliquer. Quand l’étranger reviendra, il ne trouvera ni l’école, ni les matériaux, ni la reconnaissance à laquelle il ‘attend, mais des regards fermés, fuyants, qui n’ont l’air au courant de rien, et des gosses qui ramassent des pierres sur son passage parce qu’ils savent lire le visage de leurs parents.