Le service des affaires indigènes dans le protectorat du Maroc de 1912 1917
Université de Nantes Licence en droit – Travaux dirigés d’histoire des institutions et des faits sociaux Année 2011/2012 Le service des affaires indigènes dans le protectorat du Maroc de 1912 à 1917 or78 Sni* to View Source : wvw/. etudescoloniales. canalblog. com. Licence 2 groupe 1 M Bigot et M Legal Chargé de TD : M Stève Desgre Karla Lucero, Zaccharie Perais, Alexis Devilder tirer le Maroc de l’Etat d’infériorité politique et administrative dans lequel il se trouvait »2, le Maroc étant à l’époque essentiellement féodale.
Le traité de protectorat a été perçu par la population locale, omme une trahison de la part de son Sultan « qui avait vendu aux chrétiens une part de leur dar et de l’islam »3 il a suscité le soulèvement des nombreuses tribus marocaines encore insoumises contre le système Français.
Afin de faire face à ces événements, le gouvernement français conduit par Poincaré et Millerand son ministre de la guerre, nommèrent, par décret du 28 avril 1912, comme représentant de la France et sous l’appellation de premier Commissaire Résident Général au Maroc, Hubert Lyautey, devenu par la suite une figure emblématique et incontournable de ce Protectorat. En tant que Commissaire Résident Général, Lyautey est le représentant du pays sur la scène internationale, il dirige l’administration et est le chef des forces militaires. Il a en outre le pouvoir de promulguer les décrets signés par le Sultan.
II est clair que si le traité de Protectorat permet de sauvegarder « la situation religieuse, le respect et le prestige traditionnel du Sultan NI,la réalité du pouvoir est concentré dans les mains des autorités françaises qui disposent dans leur quasi-totalité des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ; l’exemple le plus parlant est celui es dahirs, formes d’ordonnance venant créer des droits, qui sont entièrement rédigés par la résidence générale et dont le seul attribut accordé au Sultan est celui d’apposer sa signature.
Même si la France tente de se montrer en tuteur et non conquérant, et même si Lyautey se qualifie lui-même de « pr OF tente de se montrer en tuteur et non conquérant, et même si Lyautey se qualifie lui-même de « premier serviteur du Sidna, notre seigneur »5, il ne s’agit-là que d’une apparence. Sous le protectorat, le Maghzen va devenir un organe intermédiaire, dont la France va se servir pour gouverner. Dans ce but, un de ses premiers gestes politiques de Lyautey sera d’obtenir l’abdication du Sultan Moulay Hafid en faveur de son frère, beaucoup plus malléable, Moulay Youssef.
Afin de mieux comprendre la politique menée par Lyautey, tout du moins pour la période 1912-1917, choisie puisqu’elle permet une étude plus approfondie du service des affaires indigènes avant les grandes réformes de 191 7, qui viendront modifier l’organisation et la mission de ce service ; il faudrait en premier lieu s’intéresser à la géographie marocaine et aux limites des territoires sous occupation française
L’espace marocain comprend d’une part une zone de plaines et des plateaux avoisinant l’Atlantique qui constituent la partie la plus fertile et accessible du Maroc ; et d’autre part se trouvent les régions montagneuses elles-mêmes divisées en deux, celles bordant la Méditerranée et les massifs du Moyen Atlas, du Haut Atlas et de l’Anti Atlas. 6 Le traité de protectorat accordait à la France la main mise sur l’ensemble du territoire marocain ? l’exception des Massifs montagneux du Nord qui eux restent sous contrôle des autorités espagnoles.
Dès son arrivée sur le sol Marocain, Hubert Lyautey, met n œuvre une politique étonnante et qui fait ses preuves, il comprend très vite que l’implantation française ne peut avoir lieu dans un pays désorganisé et en proie à la violence, et qu’une des premieres miss peut avoir lieu dans un pays désorganisé et en proie à la violence, et qu’une des premières missions de la France sera de pacifier le pays, mais aussi de revaloriser les institutions du Maghzen, dont la définition change après l’arrivée de la France sur le sol marocain.
Il est important de signaler qu’avant l’arrivée des français, le Maghzen regroupe les institutions politiques marocaines, au ommet le Sultan et ses ministres et hauts fonctionnaires nommées Vizirs, et au bas de l’échelle les Pachas et les Caïds, représentants de l’autorité centrale dans les grandes villes et les zones rurales respectivement ; après l’arrivée des français le terme Maghzen fait allusion aux institutions politiques marocaines et françaises réunies. La conception de politique indigène par Lyautey est incarné dans la citation suivante « il n’y a pas d’œuvre humaine, qui pour être vraiment grande n’ait besoin d’une parcelle d’amour »8, il est nécessaire de respecter les intérêts moraux des indigènes et e les amener à sentir les bienfaits de la domination étrangère, avec l’espoir qu’ils puissent l’accepter au lieu de la subir, cette notion implique donc la volonté d’étudier les populations, de comprendre et pénétrer ses institutions, mais requiert aussi la force de s’abstraire des préjugés européens ; ce sont ces principes que le maréchal Lyautey va tenter de transmettre à l’ensemble de l’administration française présente sur le sol marocain, dont l’organe le plus actif a été le Service des Renseignements ou Service des Affaires indigènes.
L’histoire de ce service commence en 1907, quand s’établit ? Casablanca le Service des Renseignements du corps de débarquement qui en 1913, soit un s’établit à Casablanca le Service des Renseignements du corps de débarquement qui en 1913, soit un an après la signature du Traité de Fez, deviendra le Service des Renseignements du Maroc, plus connu sous l’appellation de Semce des Affaires Indigènes qu’il obtiendra plus tard, en 1926. Le Service des Renseignements travaille en étroite collaboration avec une autre institution, le Secrétariat général du gouvernement Chérifien sur l’ensemble des questions de politique indigène et d’organisation administrative.
II dispose des ombreux officiers qui ont pour mission de faciliter l’implantation de la France au Maroc et d’agrandir progressivement le rayon d’action et de sécurité de l’Hexagone sur les périphéries insoumises, en s’appuyant constamment sur la coopération des autorités indigènes, de telle sorte que le régime de protectorat et de coopération soit toujours tangible aux populations. Concrètement la méthode de Lyautey repose dans le système des groupes mobiles d’officiers de services des affaires indigènes qui parcourent le bled, le pays, « au lieu de surprendre les indigènes, il s’efforce de les apprivoiser et de créer chez eux un arti de la paix » 9. Lyautey refuse la pénétration pacifique sauf dans certaines régions du pays, mais s’abstient de se lancer dans une conquête brutale. Son système repose en outre sur une bonne formation des différents officiers du service des affaires indigènes auxquels il exige en plus de leurs qualités militaires, des compétences en tant qu’administrateurs. ? L’officier des affaires indigènes doit aimer ses administrés comme l’officier des troupes aime les hommes de sa section »IO, leur métier est un véritable « apostolat » PAGF s OF l’officier des troupes aime les hommes de sa section »10, eur métier est un véritable « apostolat »11. Toutefois, alors que Lyautey prône un régime d’association entre indigènes et protecteurs, les premiers officiers des affaires indigènes, souvent formés par les Bureaux arabes d’Algérie, sans directive particulière, vont appliquer une méthode d’administration directe. Dans les premières années du Protectorat, la fonction principale du service des affaires indigènes sous les directives du commissaire résident général, sera d’établir ou d’améliorer les relations des autorités françaises avec les différentes tribus insoumises, principalement dans les régions de Fez, Meknès et
Marrakech qui furent durant plus de 20 ans le champs d’action prlncpal des tribus berbères dissidentes, avant de pouvoir s’implanter réellement dans les pays il faut pacifier le pays, autrement dit runifier en ralliant à la cause française le plus de dissidents possibles : le processus de pacification du Maroc commence quelques annees avant la signature du traité de Fez, en 1907 et ne sera totalement achevée qu’en 1934 officiellement, bien que des nombreux historiens admettent le fait que la pacification du Maroc n’a jamais été totalement accomplie, en raison et de la lutte plus ou moins acharnée des tribus et de la ontée des nationalismes par la suite. L’étude du processus de pacification nous permettra de comprendre le contexte national au Maroc à l’époque.
Il faut se concentrer sur deux périodes différentes tout d’abord de 1912 à 1914, à la suite du traité de Protectorat, des événements graves surviennent et le Maroc est en proie à un accès de fanatisme religieux et xénophobe, de surviennent et le Maroc est en proie a un accès de fanatisme religieux et xénophobe, des nombreux appels à la guerre sainte sont lancés par les différents adversaires de la France. En 1912 plusieurs groupes de dissidents forment un bloc ennemi de la République, au Sud du Pays, El Hiba, fils du marabout Ma-el- Aïnin « messie des petits gens »12 , bénéficiant dun important prestige religieux dont il a usé pour se faire proclamer « Sultan » à Marrakech. Au Nord du Pays, c’est Abd-el-Malek, soutenu par l’Allemagne et installé sur la zone espagnole, qui se retrouve ? la tête d’un mouvement anti-français. Enfin au Moyen Atlas, les tribus berbères dissidentes comme les Beni Ouarrain ou les Zafan dirigés par Moha-ou-Said ou encore Sidi Raho forment un foyer insurrectionnel des plus importants.
Face à ces différentes menaces, la France qui ne pouvait compter ur raide d’un Maghzen totalement désavoué, s’est d’abord concentrée sur la soumission des plaines fertiles du Maroc, avant de s’attaquer au zones montagnardes, un des points géographiques stratégiques que la France se devait d’occuper était le couloir de Taza situes entre les massifs littoraux et l’Atlas, il permettait la communication des plaines du Maroc Occidental avec les steppes du Maroc Oriental, ce point était vital pour la France car il opérait la jonction du Maroc et de l’Algérie, c’est donc rapidement que la France a donc décidé son occupation. Telle était la situation au Maroc, lorsqu’éclata en Europe, la remière guerre mondiale. ? l’apparition de ce conflit, le général Lyautey s’est vu dans l’obligation d’envoyer la plus grande partie de ses forces prêter main forte sur le front européen, il va de so 7 OF la plus grande partie de ses forces prêter main forte sur le front européen, il va de soi que « le sort du Maroc devait se régler sur le continent européen »13, où s’affrontaient les grandes puissances coloniales, dont on retrouve d’un côté, et pour partie, la France et l’Angleterre et de l’autre côté l’Allemagne qui s’employait à exciter les ambitions des mouvements anti-français u Maroc, notamment en leur fournissant des ravitaillements. Il convient de préciser que le protectorat français au Maroc avait été difficilement consenti par les différentes puissances europeennes et notamment avec de nombreuses restrictions de la part de l’Allemagne.
Entre 1914 et 1917, les autorités françaises encore présentes au Maroc, se trouvent donc dans une situation alarmante, avec plus de la moitié des effectifs envoyés en Europe, le général Lyautey et l’ensemble des services du protectorat dont le service des affaires indigènes, craignaient une révolte importante es dissidents. Cependant le « Maroc est resté paisible et les indigènes récemment soumis »14 ont fait preuve de loyauté ? l’égard de la France en l’aidant à consolider les résultats obtenus lors des premières opérations de soumission. Pendant cette période la France a même réussi à gagner d’autres territoires de l’espace marocain, ce qui prouve une fos de plus que la méthode du général Lyautey aussi étonnante soit-elle a parfaitement su saisir l’esprit des populations marocaines et principalement de ses dissidents. Le but de Lyautey dans ces années sera de « sauvegarder le
Maroc dans la lutte actuelle et l’armer par avance pour la grande lutte économique qui suivra la guerre tel a été le double objectif atteint. »1 5 8 OF avance pour la grande lutte économique qui suivra la guerre tel a été le double objectif atteint. »1 5, grâce à un savant mélange d’intimidation militaire, de dialogue avec les populations mais aussi avec la mise en place d’une politique de travaux publics, à ce propos le général Lyautey dira « un chantier vaut un bataillonl 6 h, en effet finvestissement dans les travaux publics permettra de gagner la confiance des populations et leur respect sans avoir ecours à l’intimidation par la force.
Au cours des recherches sur le Protectorat Marocain et principalement sur le service des affaires indigènes, et en ce qui concerne l’historiographie du sujet, il apparait que celui-ci a fait l’objet des nombreux études, cependant il faut préciser que la grande majorité des ouvrages portent sur Phistoire du Maroc elle-même et non pas sur le service des affaires indigènes en particulier, (ABITBOL Michel, Histoire du Maroc, paris, PERRIN, 2009) , un seul ouvrage, à notre connaissance, aborde clairement ce sujet, il s’agit de :’Histoire des affaires Indigènes, le service des ffaires indigènes de Marc Méraud, cette publication apporte un ensemble des témoignages et des textes règlementaires importants , cependant il est à signaler qu’il manque clairement d’objectivité d’une part , puisque l’auteur de l’ouvrage est un ancien officier du services des affaires Indigènes, ce qui conduit à une certaine glorification du travail accompli par les officiers du service des affaires indigènes sur le sol marocain au cours du Protectorat, et d’autre part les sources citées par l’auteur sont rares, il s’agit essentiellement du récit de sa propre expérience. En ce qui concerne les archi PAGF q OF il s’agit essentiellement du récit de sa propre expérience.
En ce qui concerne les archives diplomatiques consultés, le sujet bénéficie d’une quantité importante de fonds qui permettent de comprendre le fonctionnement du service des affaires indigènes et son rôle dans l’installation du protectorat, toutefois la quasi- totalité des sources concernent des nombreux cas d’espèce et non pas de décisions de principe qu’il aurait été judicieux de pouvoir consulter. L’implantation de la France au Maroc, n’a pas été sans difficultés, ? une situation national difficile, puisque une certaine partie de la population locale a eu énormément de mal à accepter la présence des chrétiens sur leur territoire, s’ajoute un contexte international extrêmement tendu, la première guerre mondiale approche à grand pas et la situation des pays « sous tutelle » va se jouer sur le front européen qui va voir s’affronter les plus grandes puissances coloniales de l’époque.
Les officiers français arrivées au Maroc et dirigés par le Maréchal Lyautey au sein du sen,’ice des affaires indigènes, devront accomplir un travail pour e moins complexe, dont l’ampleur est visible notamment pour la période 1912-1917, période d’organisation et de confrontation extrême avec les dissidents. Le choix de cette période conduit ? exclure du sujet tralté la modernisation du terrltoire Marocain, qui n’intervient véritablement qu’à partir des années post- pacification, et dont il a été jugé qu’il ne s’agissait pas réellement d’une mission diplomatique de la France, même si elle fait partie des engagements pris dans le traité de Fez, elle demeure le résultat de l’activité d’une multitude de services et pas seulement du s