Le Sablier

essay A

Le Sablier Mon coeur pleure autant que la pluie tombe sur cette frêle coquille que j’incarnais. Les averses brutales se firent tellement épaisses qu’il était impossible d’y voir à plus de quelques mètres. Cette situation était pour mol la symbolisation même de ma vision de la vie. La vie est un sablier. Chaque vie est un sablier rempli d’une certaines maniere… Certains sont magnifiquement décorés et contiennent du sable qu’une fragile surfac e v ors qui s’écoule avant m e , S »ige to son propre sablier. ent… D’autres n’ont le peu de sable fin mpte… Chacun a Qu’en est-il du mien ?

Et bien, le verre est opaque. Personne ne avait quel genre de sable il contenait. Certains doutaient même que les parois de verre renfermaient du sable.. Moi seul savait ce qu’il contenait. La vie qui était chronométrée dans cet instrument était représentée par de la poussière de rubis… Sauf que cette poussière s’assombrissalt de manière bien trop rapide. À l’origine, ce sablier avait des parois de verre aussi transparentes que du cristal et une poussière rouge vif éblouissante. Mais les personnes ayant manipulé ce sablier n’en avaient pas vraiment pris soin…

Teintant le verre d’un noir absolu, souillant le rouge éclantant contenu à l’intérieur… Mais évidemment, tous les utilisateurs ne sont pas à blâmer. Certains ont juste cru que l’objet qu’i qu’ils manipulaient avait toujours été ainsi, sombre, mystérieux et inutile. pourtant, j’étais là dedans. Entre ces parois opaques, tentant de m’échapper ou de faire remarquer mon existence… Ce ne fut pas valn. En effet, sur toute la durée de vie de ce sablier, certains ont remarqué ma présence. Parfois même s’intéressaient-ils à moi et tentaient de percer à travers l’opacité des parois…

Mais tous perdirent patience après plusieurs tentatives vaines. Et ainsi continuaient-ils leur chemin… passant devant moi, parfois n me regardant, le reste du temps en m’ignorant. Quelques personnes plus persévérantes ont adopté ce sablier sombre et ont tenté de lui rendre son éclat naturel. Mais l’effet des années rendait la chose plus difficile à restaurer… Et à la fin finissaient-ils par abandonner le sablier noir pour en choisir un aux bordures dorées, aux parois légèrement teintées et au sable couleur champagne..

C’était évident. La beauté extérieure est beaucoup plus attirante que celle qui a été recouverte et salie par les années. Qui pouvait leur en vouloir ? Après tout, même moi j’aurais choisi l’or purifié lutôt que le rubis enfermé dans un rocher… Qui serait à blâmer pour avoir choisi une beauté déjà prête plutôt qu’une qu’il faut travailler et ce sans résultats garantis ? Qui comprendrait celui qui défend une beauté cachée plutôt qu’une qui est tout simplement visible ?

La nature même de l’homme est d’aimer la beauté… et de faire le moins d’efforts posslbles. Le nombre même de l’homme est d’aimer la beauté… et de faire le moins d’efforts possibles. Le nombre de tentatives que j’ai fat pour m’évader de ma prison du temps j’ai arrêté de compter. Aucune issue n’était possible, à moins de briser les parois. À oi seul, il m’était impossible de les briser… Mais ceux qui ont manipulé le sablier ont fait une partie du travail. Le manque de soin apporté à l’objet l’a considérablement fragilisé.

Peut-être même que des brèches s’étaient formées et que je ne m’en suis pas rendu compte ? En fait… si. Je m’en suis très bien rendu compte. Car simplement, chaque brèche m’apporte une douleur énorme… Et me fait perdre ma précieuse poudre de rubis. Parfois, il m’est arrivé d’ouvrir ces brèches un peu plus.. volontairement. Je m’attendais à y voir au travers une lumière. Mais il n’en fut rien. Tout devenait plus sombre à chaque fois. Et en plus des brèches qui étaient plus ouvertes encore, la poudre s’assombrissait également…

Et se liquéfiait lentement. Le temps passait, encore et encore… Les passants défilaient les uns après les autres. Certains ont causé des brèches bien plus larges que d’autres. Certains ont tenté de fendre les parois de verre volontairement… En ce qui me concerne, j’ai abandonné. Tout ce qu’il me restait à faire était attendre. Attendre que tout se brlse. Mais, comme si la volonté de prolonger ma torture existait, plusieurs personnes ont tenté d’éviter au sablier de tomber en pièces en recollant les morceaux bris