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Clovis est âgé de quinze ans et rien ne prédispose ce petit chef barbare parmi tant d’autres à supplanter ses rivaux, plus puissants. À la lumière des événements postérieurs, sa réussite, si elle est incontestable sur le plan militaire, doit au moins autant à l’expérience romaine de la guerre que les siens ont depuis longtemps acquise – la discipline exigée de ses soldats lors de l’épisode de Soissons en témoigne, tout comme la tombe de son père, Childéric – qu’à sa conversion au catholicisme (et non ? l’arianisme), et à travers celle-ci, avec les élites gallo- romaines.

Enfin, une alliance avec l’Empire d’Orient permet à point nommé de « fixer » les Ostrogoths. Aussi, le règne de Clovis s’inscrit plutôt dans la continuité de to page IAntiquité tardive qu historiens. Il contribu OF de cette dernière pér e Swap next page dynastie de rois chré élites gallo-romaines, e pour de nombreux caractère original ce a une premlere n acceptation par les iginal en Gaule 496 : bataille de Tolbiac (Zulpich) près de Cologne contre les Alamans lors de laquelle Clovis aurait fait le vœu de se convertir au christianisme si « Jésus que sa femme Clotilde proclame fils e Dieu vivant » lui accordait la victoire.

Cette victoire permet au royaume de Clovis de s’étendre jusqu’à la Haute-Rhénanie. 496 ou plutôt 498 ou encore 499 le jour de Noël, Clovis est baptisé à Reims avec « plus de 3000 hommes de son armée » (selon Grégoire) par l’évêque Remi de Reims (futur sa saint Remi). Le baptême de Clovis améliore sans doute sa légitimité dans la population gallo-romaine, mais représente un pari dangereux : les Francs, comme les Germains, considèrent qu’un chef vaut par la protection que lui inspirent les dieux ; la onversion va à l’encontre de cela ; les Germains christianisés (Goths… sont souvent ariens, car le roi y reste chef de l’Église. La conversion et le baptême ‘évêque de Reims, le futur saint Remi, cherche alors probablement la protection d’une autorité forte pour son peuple, et écrit à Clovis dès son avènement. Les contacts sont nombreux entre le roi et l’évêque, ce dernier incitant d’abord Clovis ? protéger les Chrétiens présents sur son territoire.

Grâce à son charisme et peut-être en raison de l’autorité dont lui-même jouit, Remi sait se faire respecter de Clovis et lui sert même de onseiller. Il l’incite notamment à demander en mariage Clotilde, une princesse catholique de haut lignage, fille d’un roi des Burgondes (ce peuple voisin des Francs était établi dans les actuels Dauphiné et Savoie). Le mariage a lieu en 492, probablement à Soissons. Dès lors, selon Grégoire de Tours, Clotilde fait tout pour convaincre son époux de se convertir au christianisme.

Mais Clovis est d’abord réticent : il doute de l’existence d’un Dieu unique ; la mort en bas âge de son premier fils baptisé, Ingomer, ne fait d’ailleurs qu’accentuer cette méfiance. D’autre part, en acceptant de se convertir, il craint de perdre le soutien de son peuple, encore paien : comme la plupart des Germains, ceux-ci considèrent que le roi, chef de guerre, ne vaut que par la faveur que les dieux lui accordent au 20F 14 considèrent que le roi, chef de guerre, ne vaut que par la faveur que les dieux lui accordent au combat.

S’ils se convertissent, les Germains deviennent plutôt ariens, le rejet du dogme de la Trinité favorisant en quelque sorte le maintien du roi élu de Dieu et chef de l’Église. Néanmoins, Clovis a plus que tout besoin du soutien du clergé allo-romain, car ce dernier représente la population gauloise. Les évêques, à qui échoit le premier rôle dans les cités depuis que se sont effacées les autorités civiles, demeurent les réels maîtres des cadres du pouvoir antique en Gaule.

C’est-à-dire également des zones où se concentrait encore la richesse. Cependant, même l’Église a du mal à maintenir sa cohérence: évêques exilés ou non remplacés en territoires wisi goths, successions papales difficiles à Rome, mésentente entre catholiques pro-wisigoths (par réalisme) et pro-francs (Remi de Reims, Geneviève de Paris… , etc. Cest finalement au cours de la bataille de Tolbiac contre les Alamans, vers 496, que le destin efface les doutes de Clovis : son armée est sur le point d’être vaincue.

Toujours d’après Grégoire de Tours, ne sachant plus à quel dieu paien se vouer, Clovis prie alors le Christ et lui promet de se convertir s’il obtient la victoire, comme le fit un siècle plus tôt l’empereur romain Constantin. Au cœur de la bataille, alors que lui-même est encerclé et va être pris, le chef alaman est tué d’une flèche ou d’une hache, ce qui met son armée en déroute. La victoire est à Clovis et au dieu es chrétiens.

Selon d’autres sources, Tolbiac n’aurait été qu’une étape et l’illumination finale de Clovis aurait en fait eu lieu lors 30F 14 Tolbiac n’aurait été qu’une étape et l’illumination finale de Clovis aurait en fait eu lieu lors de la visite au tombeau de Martin de T ours. Toujours est-il que Clovis reçoit alors le ba ptême avec 3 000 guerriers – les baptêmes collectifs étant alors une pratique courante – des mains de saint Remi, à Reims, le 25 Décembre d’une année comprise entre 496 et 499.

Ce baptême est demeuré un évènement significatif pour l’histoire de France : à partir ‘Henri Ier tous les rois de France, sauf Louis VI et Henri IV , furent par la suite, sacrés dans la cathédrale de Reims Jusqu’au roi Charles X, en 1825. Ainsi, le baptême de Clovis marque le début du lien entre le clergé et la monarchie franque puis francaise, lien qui va durer jusqu’au début du XIXe siècle. Dorénavant, le souverain doit régner au nom de Dieu.

Ce baptême permet également ? Clovis d’asseoir durablement son autorité sur les populations, essentiellement gallo-romaines et catholiques, qu’il domine : avec ce baptême, il pouvait compter sur l’appui du clergé, et vice- ersa. Deux grande conséquences donc les conquêtes territoriales et l’alliance avec l’église à sa mort, en 51 1, Clovis est à la tete d’une vaste territoire recouvrant la quasi-totalité de la gaule et des territoires de la Belgique actuelle, ne manque alors que la Burgondie.

Mais celle- ci sera conquise par les fils Clovis en 536. Il est évident que Clovis ne serait jamais devebu ce qu’il a été sans l’appui et le soutin de l’Eglise. e lien spirituel entre l’Eglise et Clovis vient de naître et il se double Immédiatement d’un lien politique. Il s’agit même, d’une ertaine manière, d’une « symbiose », c’est 4 4 immédiatement d’un lien politique. Il s’agit même, d’une certaine manière, d’une « symbiose c’est-à-dire, de l’association réciproquement profitable de deux organismes.

L’Eglise y gagne un défenseur et une puissance politique qu’elle pourra aisément contrôler ; de ce point de vue Clovis est l’archétype du « roi très chrétien Le roi franc, quant à lui, y trouve l’appui administratif de l’Eglise et le soutien inconditionnel de la population gallo- romaine qui voit désormais en lui un « champion » choisi par Dieu t désigné par FEgIise, qui vient la libérer du joug des Barbares et de l’arianisme.

Ainsi, beaucoup plus qu’une affaire de foi, ainsi qu’il a été présenté par les historiens chrétiens dont Grégoire de Tours, le baptême de Clovis est d’abord un geste politique qui officialise une alliance qui se préparait dans l’ombre depuis un certain temps.

LES INSTITUTIONS MEROVINGIENNES Le roi Lointain descendant du mystérieux Mérovée, qui confère un charisme héréditaire à sa dynastie, ne devant en fait la possession du trône qu’à la force, considérant enfin ce dernier comme un ien patrimonial, le roi mérovingien détient un pouvoir absolu de type germanique, qu’il exerce par des bans (ou ordres) auxquels nul ne peut désobéir, qu’il soit clerc ou laïque, sous peine d’une amende de 60 sous d’or et, en cas de récidive, de mise hors la Le palais Adaptation de l’institution impériale de même nom, le palais, qui est devenu une institution itinérante de villa en villa, réunit plusieurs organismes. Les services de cour Ils sont dirigés par les grands dignitaires antiques : le majordomus (ou major palatii), s 4 dirigés par les grands dignitaires antiques : le majordomus (ou ajor palatii), sans doute successeur du curopalate byzantin, responsable de l’intendance du palais et qui finit par étendre son autorité à l’ensemble de la Cour avant de la substituer à celle du souverain au cours du VIIe sr, lors de la constitution d’entités régionales, Austrasie, Neustrie, Bourgogne ; le comte du palais, qui préside en son absence le tribunal du palais, formé de leudes ; le sénéchal (francique siniskalk), responsable de la discipline qui dirige l’ensemble du personnel domestique du palais ; le chef des échansons (pincernae), qui commande le service de bouche ; e connétable (comes stabuli), chef des services de l’écurie, ayant sous ses ordres des maréchaux (valets de chevaux) ; le chambellan (cubicularius), valet de chambre du roi, sous l’autorité duquel sont placés les camériers (camerarii), responsables de la garde du trésor royal, déposé dans une chambre (camera) qui jouxte celle du roi. – Les bureaux d’écriture (scrinia) Ils réunissent de nombreux scribes (notarii, cancellarii), dirigés par les référendaires (referendarii), auxquels sont même confiés des missions politiques ou des commandements militaires. – La garde militaire des antrustions Ces derniers sont les successeurs des compagnons germaniques qui jurent « truste et fidelit » au roi, devant lequel ils se présentent en armes. L’administration locale Le comte Il en est l’agent essentiel.

Représentant par excellence du roi, il exerce son autorité soit dans le cadre de la civitas (cité) gallo- romaine, transformée en circonscription ecclésiastique (au vie s. , on en compte 120), 6 4 gallo-romaine, transformée en circonscription ecclésiastique (au vie s. , on en compte 120), soit dans celui, plus réduit, du pagus dans les contrées germaniques, par assimilation, au viie s. de ses fonctions à celle d’un officier royal de rang originellement inférieur, le grafio. Responsable de l’administration et de la justice, il lève l’impôt, réunit et commande les troupes de son ressort, si possible en accord avec l’évêque, dans l’élection duquel le roi intervient dès le vie s. et dont seule l’autorité peut, de ce fait, limiter la sienne.

Recruté d’abord parmi les Grands fréquentant la Cour royale, il échappe finalement à l’autorité du souverain lorsque celui-ci doit admettre en 614 un recrutement local. Le duc À un niveau supérieur, le duc exerce un commandement urement militaire dans des cadres territorialement fluctuants, sauf dans les duchés de Champagne et de Toulouse. Le Centenarius À un rang très inférieur, le centenarius (centenier) n’est responsable que de 100 à 120 soldats francs implantés sur la terre royale. Les finances Confondant les revenus du royaume avec leur fortune personnelle, mis dans l’impossibilité de procéder à la révision du cadastre et donc de lever régulièrement l’impôt foncier, les rois multiplient dès la seconde moitié du vie s. es impôts indirects (péages et tonlieu), dont le produit complète celui des droits égaliens : monnayage, droit de gîte ou fredum, part revenant au roi lorsqu’il y a « composition » judiciaire. Mais, amputé de la fraction du fredum qui sert à rétribuer le comte, réduit par ailleurs par la concession trop fréquente du privilège d’immunité à l’Église, le produi réduit par ailleurs par la concession trop fréquente du privilège d’immunité à ‘Église, le produit de l’impôt se révèle insuffisant pour faire vivre les rois mérovingiens, qui tirent en fait l’essentiel de leurs ressources de la guerre, qui leur fournit butin, esclaves t tributs, et surtout de l’exploitation économique de leur domaine foncier, constitué d’anciennes terres du fisc impérial.

Aussi ne faut-il pas s’étonner que sa dissipation, soit au profit de l’Église pour des raisons religieuses, soit au profit des Grands pour en étayer la fidélité chancelante, ait été l’une des raisons fondamentales de la décadence de la dynastie mérovingienne face à l’aristocratie bénéficiaire de ce transfert de propriétés. La justice et le régime de la personnalité des lois Le système judiciaire des Mérovingiens repose sur l’utilisation e plusieurs codes à caractère ethnique rédigés à l’initiative des souverains barbares. Certains de ces codes sont des abrégés des lois romaines applicables à leurs sujets gallo-romains de l’Ouest et du Sud-ouest (Bréviaire d’Alaric de 506) ou du Sud- Est (lex romana Burgondionum, compilée au début du vie s. sur l’ordre du roi Gondebaud).

D’autres sont des résumés en latin des coutumes barbares profondément pénétrées par le droit romain : loi Gombette, codifiant le droit burgonde vers 501-515 ; lex salica « en 65 titres qui date de 507-511 et dont sont dérivées aux vie s. , viie s. t viiie s. la loi ripuaire, la loi des Thuringiens et la loi des Francs Chamaves, alors que le pactus Alamannorum et la lex Bajuvariorum empruntent en outre au droit gothique ou au droit canonlque. Dans chaque cité est établi u B4 Dans chaque cité est établi un tribunal, le mallus, généralement mixte (chez les Gallo-Romains, les Francs et même les Bourguignons) et gratuit, recruté par voie d’autorité parmi les notables du lieu (boni homines, rachimbourgs, etc. ) et dont le comte proclame et exécute les sentences.

La personnalité des lois apparait comme l’élément caractéristique d’un système udiciaire dont les principaux traits sont, par ailleurs, d’inspiration germanique • oralité et formalisme de la procédure ; pratiques défavorables à l’accusé de la conjuratio et des ordalies, puis du duel judiciaire ; enfin et surtout renonciation aux peines afflictives, remplacées par le wergeld (de l’allemand Wehr, défense, et Geld, argent) dont le montant est déterminé notamment dans la lex salica par un tarif des « réparations » établi selon un barème minutieusement proportionné ? l’importance du délit : 200 sous pour le meurtre d’un homme u d’une femme libre ; 100 sous pour avoir arraché une main, un pied, un œil ou un nez ; 3 sous seulement pour le vol d’un porcelet à la mamelle, etc. Ainsi se trouve arrêté l’exercice de la vengeance privée et limitée la propension des victimes ou de leurs parents à se faire justice eux-mêmes.

Protégeant particulièrement le roi et les gens de son entourage, dont le wergeld est triplé, ce système fournit en outre d’abondantes ressources financières, puisque le tiers de la composition, ou fredum, lui est versé. Conceptions et organisation du pouvoir mérovingien Les rois francs étalent en principe élus par les « hommes libres » du peuple, un conce Les rois francs étalent en principe élus par les « hommes libres » du peuple, un concept juridique qui recouvrait à l’origine des situations sociales diverses. Ces hommes libres, que Grégoire de Tours désigne sous le nom de ‘Francs », furent progressivement assimilés à un groupe supérieur de la société, des « Grands » qu’on ne peut pas encore appeler noblesse.

Cependant le principe héréditaire prévalut et les « Grands » durent choisir le souverain parmi les descendants mâles de la famille mérovingienne, ainsi ?rigée en dynastie. Les rois mérovingiens détenaient le mund, puissance charismatique et surnaturelle transmise par le sang et légitimée par les victoires du chef. On pensait alors que l’ascendant magique du roi franc résidait dans sa chevelure : ils sont surnommés les « rois chevelus’ (en latin Reges criniti). Cest pour cette raison que le dernier des rois mérovingiens, Childéric Ill, fut tondu avant d’être enfermé par le nouveau roi, comme nombre de ses prédécesseurs qui avaient été écartés du trône.

En 750, les derniers Mérovingiens, appelés ultérieurement « ois fainéants » par Eginhard pour légitimer la prise de pouvoir carolingienne, avaient depuis longtemps perdu tout pouvoir, excepté dans les apparences. Ce fut le temps d’une nouvelle dynastie franque issue de l’aristocratie austrasienne : les Carolingiens, dont le premier roi, Pépin Ill, dit le Bref, fut couronné et sacré après avoir déposé Childéric Ill, le dernier Mérovingien, avec l’aval du Pape. La puissance de la dynastie mérovingienne s’appuyait surtout sur un réseau de fidélités. Les rois distribuaient terres, revenus et charges « publiques » à partir du tréso 0 4