Laclos Lettre 81

essay B

ecture analytique na3. Lettre LXXXI « Madame de Merteuil au Vicomte de Valmont » « Mais moi… Acquérir » Introduction Ce passage est extrait de la lettre LXXX qui est la plus célèbre du roman. Madame de Merteuil s’adresse au Vicomte de Valmont, le seul à qui elle peut se confier. C’est l’unique lettre qui apprend au lecteur de quoi est vr revient sur sa jeunes 2 dissimulation qui est n p g survie sociale.

Cette un paradoxe : la narr Marquise, laquelle ntissages de la eule voie pour une ortrait présente e fonder toute sa vie sur la dissimulation nécessaire à toute femme selon elle, lors qu’elle livre une confession à cœur ouvert, et par là-mëme se met en danger. Dans ce passage, la Marquise propose une autobiographie lucide et libertine qui éclaire son comportement car elle explique son présent en décrivant son passé. Problématiques possibles : Comment une lettre qui prône Yefficacité de la dissimulation absolue peut elle se présenter sous la forme d’un dévoilement ?

De quelle façon le libertin se doit-il de gérer son image ? Quelles facettes du libertinage se lisent ici ? Comment à travers cet autoportrait, Laclos fait-il un portrait social e la femme du XVIII 0 siècle ? maîtrise des autres. I) Une lettre qui met en scène un récit autobiographique. 1) Les Indices de l’épistolarlté. L’émetteur, tout d’abord se lit dans l’intitulé de la lettre, mais aussi à travers le champ lexical de la femme (à remarquer qu’elle ne se nomme jamais).

On remarque également une forte présence du pronom personnel de la première personne du singulier, 21 fois en tant que sujet, et 12 fois en tant que complément : elle est actante. Elle est celle qui agit sur sa vie, ce qui est d’ailleurs relevé par la présence assez importante des erbes pronominaux « je me suis prescrite, je m’étudiais, j’ai porté le zèle jusqu’à me causer, je me suis travaillée, je m’indignais, je m’amusais à me montrer, je ne me trouvais Le récepteur est Valmont, son nom, là encore, n’est pas mentionné dans la lettre (si ron excepte Pintitulé).

On remarque son absence quasi-totale de ce passage : il n’est présent que deux fois en tant que sujet, et une fois en tant que complément. On peut donc facilement en déduire que cette lettre, ou du moins ce passage aura pour sujet Madame de Merteuil elle-même, e qui nous amène à nous interroger sur les fonctions de cette lettre. La fonction référentielle tout d’abord est visible à travers la volonté d’informer de cette dernière.

Les informations portent sur son attitude, mûrement pensée, réfléchie, qu’on peut lire ? travers l’anadiplose « mes principes », puis à travers l’antithèse qu’elle crée entre fabsence de réflexion des unes (« au hasard, sans examen, par habitude puis « profondes réflexions, créées, suis mon ouvrage Elle apprend également qu’elle a délibérément cherché à s’instruire, désir exp 20F 12 on ouvrage Elle apprend également qu’elle a délibérément cherché à s’instruire, désir exprimé à travers le champ lexical de l’instruction : « observer, recueillais, curiosité, instruire, appris, attention, étudiais, travaillais, observais, travail, expérience, science Cet apprentissage a abouti à la dissimulation parfaite de tout son être, ce qui lui a procuré une puissance sur ses congénères : « puissance Ainsi, elle est Pinstrument de sa réussite. La fonction phatique n’apparaît ICI qu’à travers la faible présence du pronom personnel « vous tout comme la fonction étalinguistique qui se lit à travers se vouvoiement de politesse.

La fonction expressive, ou émotive se révèle dans le champ lexical des sentiments « chagrin, joie, douleurs, plaisir, indignais, amusals La fonction conative ou impressive est davantage présente : Merteuil cherche à impressionner Valmont, ce que l’on remarque à travers les deux interrogations oratoires des premières lignes, mais aussi le rappel à l’admiration qu’il éprouve déjà pour elle avec les hyperboles « vous avez loué si souvent, cette puissance dont je vous ai vu quelques fois si étonné Y, mais également ? ravers son application à narrer tout son art de la dissimulation, et donc de la manipulation qu’elle hyperbolise avec « les talents auxquels la plus grande partie de nos politiques doivent leur réputation Merteuil cherche non seulement à briller, mais en plus à montrer combien elle brille plus que Valmont. 2) Les indices de l’autobiographie Tout d’abord le rôle du « je » est primordial : il est au centre de la lettre, omniprésent, ce qui est caractéristique de l’écriture autobiographique 30F 12 au centre de la lettre, omniprésent, ce qui est caractéristique de ‘écriture autobiographique dans laquelle le narrateur évoque l’histoire de sa vie. Dés la première ligne on remarque d’ailleurs le double usage de cette première personne « moi, qu’ai-je ».

Ce double usage lui permet ainsi d’insister sur sa propre particularité, son atypisme, et s’oppose aux « autres femmes » confondues dans un pluriel généralisant par le connecteur « mais femmes d’ailleurs méprisées avec le déterminant « ces » et l’adjectif « inconsidérées Elle se place en sujet actif (vu plus haut), avec notamment l’épanode « j’étais vouée… ‘ai su en profiter… » (205), les hypozeuxes « munies de ces premières armes, j’en essayai l’usage/ non contente de ne plus me laisser pénétrer, je m’amusai / sûre de mes gestes, j’observai » (405), ainsi que l’allitération en M dans la phrase par exemple « Mais je n’avais ? moi que ma pensée On lit d’ailleurs dans cette restrictive que tout l’objet de la pensée, c’est elle. D’autre part, il y a un retour sur soi, sur le passé à travers le récit de l’adolescence propre à l’autobiographie : Mme de M se met en scène et raconte ses années de formation.

On observe d’ailleurs le champ lexical du temps « le temps, dés lors, depuis, souvent, pendant ce temps », mais aussi celui de la jeunesse « fille encore, jeune, 15 ans » souligné par les modalisateurs « j’étais bien jeune, je n’avais pas 15 ans Ce retour en arrière est également visible dans son insistance sur des débuts de quelque chose qui est ? présent accompli : « munie de mes premières armes, j’en essayai l’usage » : « premières » et « essayai » signalent qu’il s’agit d’un passé, d’un 4 2 armes, j’en essayai l’usage » : « premières » et « essayai » ignalent qu’il s’agit d’un passé, d’un commencement de début en société.

Passé qu’on lit bien sûr dans l’usage des temps avec l’imparfait de durée et d’habitude, le passé-simple des actions brèves ou ponctuelles, et le passé-composé qui ancre l’énoncé en liant les faits révolus à leurs conséquences actuelles : « ai crées » On a de plus le regard de la narratrice adolescente par le biais d’une focalisation interne qui cherche à être maîtresse d’elle- même à travers l’éloge de sa curiosité (considérée d’ailleurs comme un péché) « utile curiosité, en servant à m’instruire, ‘apprit encore mais aussi son manque d’habileté « essayai, tâchai » qui montrent des tentatives plus que des réussites, et sa révolte adolescente « indignais, armes On apprend également les progrès effectués par la jeune-femme, progrès dus paradoxalement justement à cette attitude que l’on préconise pour les jeunes-filles : « silence, inaction », et qui lui ont laissé le temps d’observer (champ lexical de l’observation : « examen, réflexions, observer, réfléchir, recueillais, curiosité, attention, étudiais, chercher, observais Mais le lecteur n’a pas pour seul repère le regard d’une dolescente, il a aussi celui de la femme d’expérience, celle qui sait à présent. Au début de l’extrait, dans le premier paragraphe, elle a exposé ce qu’elle est et ce que sont ses principes. Le récit de sa jeunesse vient ensuite comme une explication de sa nature à travers un regard rétrospectif pour évaluer le parcours qu’elle a effectué, comme le montre la prise de conscience : «Je puis dire que je suis mon ouvrage » qui clôt 2 comme le montre la prise de conscience : « Je puis dire que je suis mon ouvrage » qui clôt le discours argumentatif et ouvre le récit.

Il faut noter l’importance du mot « Ouvrage h, qui fait, de par son étymon référence directement à l’œuvre • Madame de Merteuil s’est construite telle un chef-d’œuvre, mais ce ne fut pas sans douleur, comme on le voit à travers l’hyperbole « plus de peine » , et le champ lexical du travail « ouvrage , instruire , étudiais travaillée, travail on relève la dérivation « travaillée, travail » qui fait directement référence à l’instrument de torture médiéval, le tripallium, sur lequel étaient attachés les suppliciés, et sur lequel ils étaient éviscérés. Ce thème des upplices est d’ailleurs explicite dans l’antithèse « douleurs volontaires / expression du plaisir ».

Et ce travail douloureux, constant, qui lui a permis de réaliser les progrés nécessaires à son épanouissement : « J’obtins dés lors à prendre à volonté » Le « je » renvoie donc à deux états d’une même personne : la jeune fille et la femme mature, dualité que fon retrouve dans tout récit autobiographique La Marquise ne se montre pas ainsi gratuitement, elle prend avantageusement la pose pour briller et éblouir un rival qu’elle admire mais qu’elle veut dominer en affichant son évidente upériorité. Cette lettre est une introspection complaisante, une description narcissique du moi. D’autre part, elle nous présente bien l’histoire de sa vie vue par ses propres yeux, d’où la focalisation interne, et la fonction expressive amplement exploitée. Le passage est donc bien autobiographique, puisqu’elle est l’auteur, le narrateur et le personnage principal 6 2 donc bien autobiographique, puisqu’elle est l’auteur, le narrateur et le personnage principal de cette lettre. 3) La structure de la lettre L’extrait débute par l’argument de Mme de M : ses principes. Elle répond à Valmont et à sa mise en garde envers Prévan.

La marquise se sent ainsi insultée d’être prise pour une écervelée, et tente de lui montrer qu’elle ne craint rien. Et pourquoi ne craint- elle rien ? Grâce à ses principes, mis en avant par l’anadiplose, les connecteurs d’addition « et » x3, de cause « car D, et de comparaison « comme ». A partir du deuxième paragraphe, nous avons l’explication de l’argument par le biais de son récit sur l’art de l’observation et de la dissimulation avec le champ lexical de l’observation vu plus haut, et de l’hypocrisie « dissimuler, cacher, guider… ? mon gré, prendre à volonté, régler de même les divers mouvements de ma figure, prendre l’air, chercher… ‘expression, réprimer les symptômes, prendre sur ma physionomie cette puissance h, ainsi que les connecteurs logiques d’opposition « tandis que d’addition « et d’illustration « c’est ainsi que Le quatrième paragraphe joue le rôle de l’exemple, celui d’une jeune-fille révoltée qui malgré sa jeunesse « bien jeune encore » fait preuve de conscience « pensée, indignais, volonté » dans l’art de Phypocrisie à travers le champ lexical de la dissimulation ? ne plus me laisser pénétrer, me montrer sous des formes différentes, observais, réglais, ne pas me fier et du regard (qui montre que l’enjeu est le paraître) « montrer, montrai (polyptote), observais, voir, expression des figures, caractère des physionomies, coup d’œil ». Elle conclue enfin dans le voir, expression des figures, caractère des physionomies, coup d’œil». Elle conclue enfin dans le dernier paragraphe en montrant le résultat de son argument, et qui prouve sa valeur avec le champ lexical du succès « talents, réputation Ce passage s’organise comme un paragraphe argumentatif, et et en lumière les aspects de la personnalité de cette femme des Lumières, qui pourtant joue avec l’ombre…

Il) Une vision du libertinage Mme de Merteuil fait à travers son apprentissage de la dissimulation un apprentissage de ce qui caractérise le libertin le faux-semblant, la maîtrise de soi, la maitrise de l’autre, dans un but unique : le pouvoir. 1) L’apprentissage de la dissimulation Au contraire de Cécile qui papillonne, Mme de M a vite compris que pour pouvoir jouir de sa liberté en tant que femme, il allait falloir ruser, et profiter du silence imposé pour « observer » et ? réfléchir Y. Elle est consciente de sa condition, et de sa jeunesse (champ lexical de la superficialité : « étourdie, distraite, distrait, sans intérêt ce qui nous laisse admiratifs quant à sa capacité à prendre du recul, malgré son jeune âge.

Preuve d’une vive intelligence (qu’elle met d’ailleurs en avant avec « je n’avais ? mol que ma pensée »), elle sait ne pas confondre les apparences avec la réalité ; elle a vite compris l’importance du paraître présent dans son champ lexical : « croyait, yeux, regard, figure, air, expression, symptômes, physionomie x2, coup d’œil », et que à était l’enseignement à retenir. Les discours qu’on lui tient par contre n’éveillent pas du tout son intérêt ce qui est révélé par « écoutant peu » associé à l’h erbale « les discou pas du tout son intérêt ce qui est révélé par « écoutant peu » associé à l’hyperbole « les discours qu’on s’empressait à me tenir Cette étude de la psychologie humaine est fondée sur une conception presque scientifique.

En effet les verbes « observer » (considérer avec attention, étudier scientifiquement) et « instruire » (former l’esprit en donnant des connaissances ouvelles, rendre apte à comprendre), ainsi que les substantifs « curiosité » (avidité de connaissances) et « science » (ensemble cohérent de connaissances constitué à partir de l’observation et de l’étude) attestent d’une démarche scientifique. Cet apprentissage marque une étape décisive dans l’évolution du personnage : elle réussit très jeune à se libérer des pièges des usages de son temps, des conditions artificielles et factices, pour trouver les mouvements et les réactions de l’âme humaine. Elle est ainsi armée pour passer à l’étape suivante : la maîtrise de ) La maîtrise de soi Mme de M ne peut en effet exceller dans l’aventure libertine si, en plus de l’analyse psychologique, elle ne maîtrise pas parfaitement Part de la dissimulation.

Sa condition de femme rend l’opération d’autant plus nécessaire, car il ne suffit pas d’égaler l’homme, il faut le surpasser. En effet, sa position de femme l’empêche de montrer qu’elle s’intéresse aux mêmes choses que les hommes « forcée souvent de cacher les objets de mon attention » (hyperbole). Et pourtant, son ambition première est bel et bien de dominer. Afin d’y parvenir, elle s’exerce à maîtriser on regard, (champ lexical de la maîtrise : « Guider, obtins de prendre, tâchai de régler, m’étudiais à prendre l’air, chercher… l’exp maîtrise : « Guider, obtins de prendre, tâchai de régler, m’étudiais à prendre l’air, chercher… ‘expression, réprimer les symptômes, réglais les uns et les autres ») afin de lui donner un air « distrait », c’est-à-dire absent, vague, illisible ce qui est le moyen de masquer en fait son âme, puisque le regard est le miroir de l’âme. En masquant son regard, c’est elle-même qu’elle masque, qu’elle dissimule. Elle arrive à abuser les autres en contrôlant également ‘expression de son visage, comme le montre l’hyperbole : « ? régler de même les divers mouvements de ma figure ». Cette maîtrise est accompagnée d’une gradation ascendante qui va de la sérénité au plaisir : « sécurité, joie, plaisir », plaisir qui est relevé dans l’antithèse avec « douleurs volontaires » (milieu du S 3). Merteuil se fait non pas une attitude, mais un réel masque, elle est indécelable sous cette carapace. Rappeler également les verbes pronominaux qui marquent sa volonté, et sa propre formation) Cet empire sur elle, ce contrôle va jusqu’à inhiber « les ymptômes de la joie Et elle n’avait « pas 15 ans ce qi va lui octroyer « cette puissance dont je vous ai vu quelques fois si étonné » (hyperbole). C’est ce pouvoir de se dissimuler en tout occasion, tant dans la souffrance que dans le bonheur, qui va la rendre invincible. 3) La maîtrise des autres Une fois parvenue à cette parfaite maitrise d’elle-même, la Marquise l’expérimente sur autrui : « j’en essayai l’usage En femme des Lumières, elle ne croit qu’en l’empirisme, et organise ses essais comme un combat, présent au travers de son champ lexical : « munie, armes ». Elle entreprend d’abord, comme par jeu, (« amu 0 2