La pauvrete en France

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La pauvreté en France, évolution et ampleur actuelle du phénomène Comment la pauvreté évolue-t-elle en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à nos jours et quelles sont ses caractéristiques aujourd’hui ? Paris, 2011 : des personnes passent devant un SDF dans une cabine téléphonique. (crédit photo : Eric Gaillard/Rue89) 9 p g Sommaire Introduction……. . . La pauvreté hier: 1) La pauvreté dans l’immédiat après-guerre 2) Les « Trente Glorieuses » : période de croissance économique et baisse de la pauvreté 3) Le premier choc pétrolier en 1973 : conséquences néfastes sur a société et sur l’emploi favorisant le chômage de masse Il. La pauvreté de nos jours : 1) Une réalité composite : quels sont les visages de la pauvreté actuelle ? 2) Un phénomène en progression : évolution récente du nombre de pauvres 3) Un risque d’exclusion : comment les pauvres se marginalisent- monétaire relative.

Le seuil de pauvreté est donc fixé à 60 % du revenu médian. Selon le Conseil de l’Union Européenne, « peuvent être considérés comme pauvres les individus ou les familles dont les ressources sont si faibles qu’ils sont exclus des modes de vie inimaux acceptables dans l’État membre dans lequel ils vivent I s’agit là d’une définition de la pauvreté parmi tant d’autres. La définition du CERC (Centre d’étude des revenus et des coûts) paraît plus complète. Cette dernière introduit des éléments subjectifs et donc difficilement quantifiables, mais qui sont pourtant bien réels.

La pauvreté combine trois conditions : un niveau de vie inférieur au « minimum acceptable une perte d’autonomie qui place les individus en situation de dépendance par rapport à leur environnement et enfin, la perception dune absence d’issue, le pauvre souffrant d’un fort sentiment de épréciation de lui-même. En effet, il y a toujours eu des pauvres. Du paysan de l’Égypte antique aux Bédouins du désert, du serf du Moyen Âge au petit boutiquier chinois, une grande masse de la population a toujours vécu dans une situation de dénuement.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France est totalement dévastée et peine à se reconstruire. Des ménages ont également le vif besoin de se loger compte tenu des dégâts occasionnés par le conflit. Elle vit une situation de pénurie et d’inflation, du fait que certains produits sont indisponibles ou disponible en très faible quantité. Ainsi, les cartes de rationnement règlementent le ravitaillement en France jusqu’en 1949. Selon l’Insee, en 2012, la France compte plus de 8,5 millions de perso ravitaillement en France Jusqu’en 1949. ersonnes (soit 13,9 % de la population) vivant en dessous du seuil de pauvreté, fixé par convention à 609E du niveau de vie médian de la population. Ce seuil s’établit en 2012 à 987 euros par mois. Cependant si l’on utilise le seuil de pauvreté ? du niveau de vie médian, plus restrictif, le territoire français ne comptabilise plus que 5 millions de pauvres (soit 8,2 % de la opulation) vivant avec moins de 823 euros mensuels. La pauvreté évolue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale à nos jours. Nous verrons alors quelles sont ses caractéristiques.

L’intérêt se portera, d’abord, sur l’évolution de la pauvreté dans l’immédiat après-guerre jusqu’à la fin de la période des « Trente Glorieuses » et ensuite sur la réalité composite qu’est la pauvreté aujourd’hui. . La pauvreté hier : On définit l’après-guerre comme la période qui suit immédiatement la Seconde Guerre mondiale et qui dure jusqu’au début de la guerre froide. Durant cette période, l’organisation et ‘économie de la nation sont développées et la plupart des dégâts causés par la guerre sont réparés.

Elle est fréquemment marquée par le manque de nourriture, de produits de tous types et des conditions de vie misérables. La France est marquée par des restrictions, des rationnements, le contrôle des prix mais aussi des contraintes administratives sans parler du logement et de l’approvisionnement suite à la Seconde Guerre mondiale. Le bilan de la 2ème guerre mondiale est le suivant : les victimes civiles et mi la 2ème guerre mondiale est le suivant : les victimes civiles et militaires, le déficit des naissances et ‘émigration ont entraîné une baisse de la population française d’environ 1,5 million de personnes. ‘économie est dévastée. la production agricole a chuté d’un tiers par rapport à 1938, ce qui provoque une situation de pénurie et de gros problèmes de ravitaillement. • la production industrielle est inférieure de moitié, tandis que les infrastructures de transport sont endommagées. • la situation financière est très mauvaise en raison de l’alourdissement du déficit budgétaire et de l’inflation (les prix ont quadruplé de 1938 à 1944) et ainsi s’en suit le développement du arché noir, tandis que le franc se déprécie.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale les travaux publics et les entreprises doivent répondre a une demande de logement très importante, afin d’abriter les générations du « baby-boom Les destructions du conflit dépassant de loin celle de la Première. Malgré une reconstruction s’annonçant difficile, un cycle de croissance débute. Les sociétés entrent dans les « Trente Glorieuses L’espoir naît de mettre un terme à la misère. La société française des « Trente Glorieuses » est marquée par le quasi plein-emploi.

L’OST faisait même face à une pénurie douvriers spécialisés, l’absence de qualification n’est donc pas un obstacle à l’employabilité. Le statut de salarié permet donc d’échapper à la pauvreté bien ue dans l’absolu le niveau de vie du Français moyen des était inférieur à celui 4 39 dans l’absolu le niveau de vie du Français moyen des années 60-70 était inférieur à celui d’aujourd’hui. *OST : Organisation Scientifique du Travail, elle est souvent assimilée au taylorisme.

Les vingt-huit ans qui séparent la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, du choc pétrolier de 1973 se caractérisent ar : • la reconstruction économique de pays largement dévasté par la guerre ; • le retour vers une situation de plein emploi dans la grande majorité des pays ; • une croissance forte de la production industrielle (un accroissement annuel moyen de la production d’environ 5 %); • Une expansion démographique importante (le baby boom) dans certains pays européens et nord-américains (particulièrement en France, en Allemagne de l’Ouest, aux États-lJnis et au Canada). 938 1947 1957 1967 1973 100 99 204 338 452 Source : Tableau réalisé à l’aide de données Wikipédia : article « Trente Glorieuses Le tableau ci-dessus représente rindice de la production industrielle en France, à prix constant (base 100 en 1938) Sur ce tableau, représentant la production industrielle en France lors des « Trente Glorieuses » on remarque la forte croissance de l’indice de production industrielle. Ce dernier va doubler en seulement 19 années passant d’un indice de base 100 en 1938 ? 204 en 1957. s OF productions à des prix élevés.

La France redevient alors exportatrice nette de produits agricoles. La modernisation de l’industrie française. La concentration financière donne naissance à de grands groupes, capables de ivaliser avec les leaders européens et mondiaux : Renault et Peugeot dans l’automobile, Thomson et la CGE dans l’électricité et l’électronique. L’industrie contribue au plein emploi, en favorisant notamment l’implantation d’établissements dans les régions faiblement industrialisées de l’Ouest. La France tend ainsi ? devenir une grande nation industrielle.

L’essor du secteur tertiaire. Comme dans les autres grands pays occidentaux, les services se développent, en réponse ? la demande des ménages et des entreprises. Conséquence du baby-boom, l’État recrute des enseignants et du personnel ospitalier (+60% entre 1968 et 1975) pour faire face aux besoins d’éducation et de santé. Les secteurs du commerce, du transport, du tourisme, des banques et des assurances recrutent en masse. En 1972, la moitié des actifs travaillent dans le secteur tertiaire. C’est pendant cette période que l’on observe une baisse de la pauvreté.

Malgré tout, les inégalités sont tout de même importantes, beaucoup de personnes âgées se retrouvent à la retraite avec le minimum vieillesse, le développement du commerce de masse avec les grandes surfaces a aussi ruiné de nombreux indépendants, la situation des salariés agricoles n’est pas non lus très avantageuse. Le modèle corporatiste d’État providence laisse penser que le développement du salariat va permettre l’augmentation générale du niveau de vie tout en éradiquant complètement la pauvreté. 6 9 l’augmentation générale du niveau de VIe tout en éradiquant complètement la pauvreté.

La France est touchée par une crise du logement. Plusieurs éléments font que la demande en logement augmente. Ily a d’abord le baby-boom de l’après- guerre, qui a permis une augmentation de la population française et a également gonflé les effectifs familiaux. D’autre part, l’essor ?conomique et les transformations du monde agricole conduisent vers les villes une population croissante, attirée par les emplois de l’industrie et des services. Enfin, l’afflux d’immigrés pour fournir la main d’œuvre dont l’économie a besoin est un dernier facteur.

Certains immigrés vivent ainsi dans des bidonvilles tout autour de Paris. On tente bien d’édifier rapidement des barres de HLM mais il faut une vingtaine d’années pour que la situation s’améliore. Emploi (salarié et non salarié) par bra nches de 1949 à 2007 Source : INSEE Soixante ans d’économie française : des mutations tructurelles profondes Le graphique ci-dessus illustre l’effectif de salariés agricoles, il est constamment en baisse depuis 1949 passant d’environ 5 millions à moins d’un million en 2005.

Cette baisse s’explique par la tertiarisation qui a pris le pas sur l’agriculture. 3) Premier choc pétrolier en 1973, conséquences néfastes sur la société et sur remploi favorisant le chômage de masse La France a su durant les « Trente Glorieuses » montrer sa capacité à générer une croissance supérieure à celle des Etats- Unis – qui peut s’expliquer par l’effort de reconstruction après a Seconde Guerre mondiale et la modernisation de l’économie.

Cependant, la France ayant encore dans les années 1970 un nlveau la modernisation de l’économie. Cependant, la France ayant encore dans les années 1970 un niveau de vie inférieur à celui des Etats-Unis, on aurait dû assister à un effet de rattrapage se traduisant par une croissance économique supérieure. Or, ce n’a plus été le cas à partir de 1973. Une dynamique de progrès semble s’être cassée alors même que la démonstration avait été faite de la capacité de la France à croître rapidement.

Que s’est-il passé? Source : Ministère des affaires étrangères Dans le début des années soixante-dix, les pays producteurs de pétrole regroupés au sein de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) tentent de réagir face à la dégradation du prix du brut qui, depu•s 1950, a baissé de 40 % par rapport aux produits industriels. Nécessaire en abondance pour faire face à la croissance mondiale, le pétrole est alors une énergie bon marché.

Mais eest au lendemain de la guerre du Kippour, opposant l’Egypte et la Syrie à Israël, les principaux pays producteurs, regroupés depuis 1960 dans IOrganisation des pays exportateurs e pétrole exigent à l’automne 1973 une redéfinition des marchés pétroliers, qui leur sont défavorables jusque-là. Ils décident notamment d’augmenter le prix du pétrole brut, qui sera quadruplé entre octobre 1 973 et juin 1 974 mais aussi l’OPAEP décide de réduire la production de pétrole brut arabe de chaque mois. Ce tableau représente l’évolution du cours du pétrole depuis 1970.

Ce premier choc pétrolier a des conséquences néfastes sur les pays industrialisés, les taux de dépendance des économies de ces pays par rapport au pétrole variant sensiblement. De 13 % pour es Etats-Unis à 75 économies de ces pays par rapport au pétrole variant sensiblement. De 13 % pour les Etats-Unis à 75 % en France. Dans le but de réduire le déficit que cette hausse a causé dans leur balance commerciale, les pays importateurs sont contraints de réduire leurs importations, ce qui est à l’origine du ralentissement de leur activité économique, résultant d’une augmentation rapide et sensible du chômage.

En octobre 1974, le nombre de demandeurs d’emploi en France a atteint le seuil des 500 000, puis celui du million en 1975. Le taux de chômage est passé en moins de 2 ans a 5 Cette rogression du chômage est due aux difficultés économiques du premier choc pétrolier, par le recul de l’activité industrielle, mais aussi par l’arrivée sur le marché du travail d’un grand nombre de jeunes issus du baby-boom. Ce tableau représente le taux de chômage en France de 1955 ? 2000. Le milieu des années 1970 amorce un retournement sans précédent, bouleversant les économies mondiales.

Le choc pétrolier de 1973 révèle la fragilité des Etats, dépendants du pétrole dont le prix augmente fortement (+70 %) suite à la guerre du Kippour. Les phases de crise et de croissance molle e succèdent donc pendant vin t ans entre 1974 et 1994. Le chômage de masse s’insta ce à une catégorie élevant seule ses enfants, un immigré isolé et même de plus en plus un jeune, qui enchaîne emplois précaires et instables (contrat à durée indéterminée, alternance, intérim, apprentissage… et qui est également contraint de travailler ? temps partiel. On peut également citer les SDF, qui représentent la pauvreté « visible » de la France. En effet, les Français sont de plus en plus sollicités par les sans-abris : dans la rue, à la sortie des commerces et même dans les transports en commun. Ils semblent « partout » et gênent. Le sigle a surgi dans le vocabulaire de tous les jours à la fin des années 1980. La dernière bouleversante campagne « 24h dans la peau d’un SDF » du Samu Social représente des SDF pris au piège par la rue.

Ce cliché montre à quel point cette dernière est dévastatrice : ces exclus sont victimes de la perte de repères de temps et d’espace, et même d’identité. Après tant d’années, ils ne savent plus qui ils sont ni qui ils ont été. En bas à gauche de cette image, on peut lire : « Plus on vit dans la rue, moins on a de chance de s’en sortir ». Chaque hiver, les médias ouvrent un nouveau dossier sur le triste sort des sans domicile fixe.

Le collectif Les Morts de la Rue a comptabilisé 145 décès de sans-abri de novembre 2006 à mars 2007, dont 91 en Île-de-France. La durée de vie moyenne de ces 145 morts a été de 49 ans, contre une moyenne nationale de 80. Sur les 145 défunts, seuls cinq d’entre eux sont décédés à cause du froid (hypothermie). En effet, les principales causes de mort sont la malnutrition, à ceci s’ajoute la forte consommation d’alcool et de tabac, parfois de drogues, entraînant maladies cardio-vascu 0 9