La chicotte

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La chicotte, l’emblème de la colonisation numérisation0003 Le mot « chicotte » désigne un fouet singulier beaucoup plus connu sous les tropiques qu’en Europe. Tel l’étendard que l’on brandit pour montrer sa fierté et son pouvoir de domination, voici la fabuleuse histoire de la chicotte, véritable emblème de la colonisation de l’Afrique et des Amériques. Qui donc a eu l’idée d’inventer ce fouet terrible capable de vous déchirer la peau pour ensuite vous laisser d’horribles cicatrices indélébiles maniable et efficace, la maladresse ou la s qui n’arrivaient jamai les attendaient d’eux,

Swp next page instrument délicat, châtier l’indolence, ouleur d’ébène e les colons des champs, la fourniture de manioc, de viande d’antilope ou de cochon sauvage et autres aliments assignés à chaque hameau ou famille, ou que ce soit la levée des impôts pour financer les travaux publics entrepris par le gouvernent ? (1) un génie, celui-là ! Car la « chicotte » dépasse en efficacité du coup de fusil ou la machette qui vous prive d’un esclave. Le bâton est peu maniable. Les lianes sont capricieuses parce qu’elles éclatent et finissent par se casser en menus morceaux. La hicotte, non !

Son « inventeur, disait-on, avait été un capitaine de la force publique nommé Chicot, un Belge de la première vague [au Congo], un homme pratique, à l’évidence, et imaginatif, doté dun sens vien « ext sens aigu de l’observation, pour avoir remarqué avant tout le monde que de la peau très dure de l’hippopotame on pouvait fabriquer un fouet plus résistant et pernicieux que des boyaux de cheval et de félin, une corde sarmenteuse capable de produire plus de brûlure, de sang, de cicatrices et de douleur que n’importe quel autre fouet et, en même temps, légère t fonctionnelle car, nouée à un petit manche de bois, les contremaîtres, gardiens, soldats, geôliers ou chefs d’équipe pouvaient l’enrouler à leur ceinture ou la suspendre à l’épaule, sans presque se rendre compte qu’ils l’avaient sur eux tant la chose pesait peu » (2). Je parie que vous tremblez de frayeur en imaginant la silhouette d’un de ces porteurs de chicotte avancer vers vous. Mais continuez la lecture, sinon c’est moi qui vais vous chicoter !

Bien sûr, « sa seule présence chez les membres de la Force publique produisait un effet d’intimidation : les yeux des Noirs, des Négresses et des Négrillons s’agrandissaient quand ils la reconnaissaient, le blanc, dans leur visage d’encre ou bleuté, en étincelait deffroi à imaginer qu’à la moindre erreur ou faute, au moindre faux pas, la chicotte cinglerait l’air de son sifflement caractéristique et tomberait sur leurs jambes, leurs fesses et leur dos, en les faisant hurler » (3). Cet effroi dans les yeux, les nombreuses cicatrices sur le dos et sur les fesses, ce sont les marques visibles de la colonisation et de l’esclavage. Elles précèdent les mutilations.