Jacquou le croquant fiche de lecture
Jacquou le Croquant Eugène Le Roy Jacquou le Croquant est un roman d’Eugène Le Roy (1836-1907). Il est publié pour la première fois sous la forme d’un feuilleton dans la Revue de paris, du 15 mars au 15 mal 1899, puis en volume l’année suivante. Le récit nous raconte la vie de Jacquou, sous la forme d’une autobiographie de fiction. Depuis son enfance jusqu’à sa vieillesse, le héros n’aura de cesse de se révolter contre l’ordre féodal et les injustices. C’est donc un véritable portrait social que nous propose Le Roy l’injustice sociale.
Bien qu’on parle peu le Croquant a connu -que féroce contre org Sni* to View rolifique, Jacquou e, notamment au cinéma et à la télévision. En France notamment, l’adaptation cinématographique la plus récente date de 2007. l. RÉSUME DU ROMAN Il. PRESENTATION DES PERSONNAGES – Jacquou – Martlssou – Le Comte de Nansac – Vidal Fongrave – Bonal Lina – Laborie Ill. AXES D’ANALYSE DU TEXTE – Le réalisme de l’œuvre – Le roman d’apprentissage 1815). Martissou descend d’une lignée de serfs révoltés contre les féodaux.
On apprend d’ailleurs que son père a détruit le château de Reignac, accompagné des croquants ; par la suite, il décède aux galères après l’assassinat d’un homme de main du comte e Nansac, dont il est accusé à tort, car ce dernier avait tué son chien. Dès lors, Jacquou et sa mère vivent dans une grande misère (typique des conditions de vie de la paysannerie au XIXe siècle), et sont poursuivis par Nansac, fou de rage depuis le meurtre. Ils doivent se réfugier dans une maison délabrée à l’orée de la forêt Barade. La mère de Jacquou meurt d’épuisement.
Le garçon décide alors de mettre le feu à la forêt du comte, afin de concrétiser la vengeance promise à sa mère. Puis Bonal, curé de Fanlac et ancien prêtre jureur, recueille l’orphelin. Toutefois, il est estitué en 1822 et décède, laissant Jacquou seul et sans argent. Ce dernier expérimente de nombreuses aventures et péripéties (auxquelles on voit qu’il connaît parfaitement sa région et ses mœurs), avant d’être jeté dans les oubliettes du château de Nansac. Son amour d’enfance Lina, qui est devenue sa fiancée, est tellement désespérée par son emprisonnement qu’elle se jette du haut de l’abîme du Gour.
Mais Jacquou parvient à être libéré et il se réfugie dans la forêt avoisinante. A partir de cet instant, il passe le plus clair de son existence à se venger de ces hobereaux qui ont et instant, il passe le plus clair de son existence à se venger de ces hobereaux qui ont provoqué son malheur. II s’organise si bien qu’il réussit à soulever un groupe de paysans et ils prennent ensemble le château de Nansac, que Jacquou incendie. Il est sauvé en plein procès par la Révolution de 1830.
Il échappe de justesse à une condamnation, car son procès était mal parti, malgré la défense passionnée de Vidal Fongrave, son avocat, un homme dévoué à la cause des pauvres gens. Les soixante ans suivants de l’existence de Jacquou sont en fait une suite d’évènements plutôt communs, comme le résume ‘ailleurs le roman. Jacquou atteint le bonheur vers rage de quatre-vingt-dix ans, en tant que charbonnier. Dès lors, après une vie bien tumultueuse, Jacquou, « demeuré le dernier de tous ceux de [s]on temps, rassasié de jours », peut profiter de son vieil âge en attendant de mourir. l- PRESENTATION DES PERSONNAGES Jacquou Il est le héros du roman. Son enfance est terrible, marquée par la misère et les maltraitances. Par la suite, il devient un jeune homme vigoureux, beau d’après ses descriptions et qui connaît parfaitement sa région, le Périgord, et ses hommes (les paysans). Ces éléments ajoutés à son charisme lui permettent d’organiser la révolte. Il incarne alors l’image du justicier, dépassant ainsi le niveau de la vengeance personnelle. Martissou De son vrai nom Martin Ferral il est le père De son vrai nom Martin Ferrai, il est le père de Jacquou.
Métayer de Nansac, il braconne pour survivre. Il meurt aux galères apres avoir été accusé à tort du meurtre d’un homme de Nansac. Le Comte de Nansac Il est l’antagoniste du roman, et incarne les abus du système féodal. Lorsque les paysans se révoltent contre lui, Jacquou à leur tête, c’est l’ensemble de l’ordre qu’ils attaquent symbollquement. Nansac est un homme libertin et arrogant, souvent oisif. Le Comte est un homme odieux, aux comportements haineux et corrompu par l’argent. Il possède le château d’Herm et la forêt avoisinante.
Le Comte de Nansac symbolise l’ensemble de la noblesse réactionnaire renforcée suite au retour des Bourbons. Vidal Fongrave L’avocat est une figure presque humaniste du roman. En effet, il défend la cause des pauvres gens dès qu’il le peut et, bien qu’il ait perdu le procès de Martissou, Fongrave défend corps et âme la cause de Jacquou, avant que la révolution ne vienne mettre fin ? son procès. Intellectuel, il appartient à un milieu bourgeois. Bonal Le curé est un homme bon et généreux, qui n’héslte pas ? recueillir Jacquou. Il lui transmet une éducation et l’instruit.
Ce n’est pas par hasard, d’ailleurs, que les villageois le respectent. femme est l’amour d’enfance de Jacquou, et ils se fiancent par la suite. Sa mort dévaste le jeune homme, car il ressentait un amour pur et unique envers elle. Laborie Il fait office de régisseur pour le comte de Nansac. C’est un homme violent, impulsif et coureur de jupons invétéré. L’autorité qu’on lui a conférée lui monte facilement à la tête, et il abuse apidement de son pouvoir. Ill- AXES D’ANALYSE DU TEXTE Le réalisme de l’œuvre Le roman n’est pas réductible à ses intrigues, loin de là.
Eugène Le Roy nous livre des descriptions détaillées et un portrait de l’époque qui confèrent à l’œuvre une dimension sociale et critique proche de la démarche de nombre d’écrivains réalistes. Car le roman vise à plaider pour un ordre social plus juste. Il ne s’agit plus seulement du récit de vie d’un jeune paysan, mais bien d’une « peinture sociale » opérée par un militant de la cause républicaine. On y suit donc une figure exemplaire d’un humble qui ne peut lus supporter les exactions d’un seigneur féodal et la misère dans laquelle lui et les siens doivent vivre.
La fiction se rattache donc immédiatement à l’Histoire, ce qui est visible dès l’Incipit de l’œuvre : « Le plus loin dont il me souvienne, c’est 181 5, l’année que les étrangers vinrent à pans et où Napoléon, appelé par les messieurs du château de l’Herm « L’ogre de Corse fut envoyé ? Sainte-Hélène, par-delà les mers A cet égard, le ro l’Herm « L’ogre de Corse fut envoyé à Sainte-Hélène, par-del? les mers A cet égard, le roman rejoint aussi le rythme de la chronique. Ensuite, il est intéressant d’observer l’évolution du processus de vengeance chez Jacquou.
Son désir se transforme peu à peu en une prise conscience de classe beaucoup plus large, et qui s’affirme au cours du roman. Que penser, de plus, des personnages qui interviennent dans le roman ? On peut en tout cas constater que Le Roy échappe au manichéisme en introduisant des contradictions au sein même des ordres soclaux. Car les contrastes sont souvent frappants. On peut citer [‘opposition du chevalier de Galibert au Comte de Nansac (le héros contre le « méchant » noble), celle de Bonal face à dom Enjalbert. Quant au Tiers-Etat, Le Roy s’attarde longuement sur les catégories qui le composent.
S’y croisent ainsi les différentes parties de la paysannerie : métayers, journaliers, bordiers ou encore fermiers. Jacquou lui-même devient charbonnier. Ces catégories sont complétées par quelques personnages appartenant eux-aussi au Tiers-Etat : un gardien d’oie, ou encore des brigands. Mais quel que soit leur statut dans la paysannerie, tous les membres du Tiers-Etat sont frappés par les mêmes fléaux que sont la famine, l’insalubrité et bien souvent l’errance. Nous sommes loin de l’abondance qui règne chez les seigneurs. Cest insi que Jacquou devient le symbole de la conscience l’abondance qui règne chez les seigneurs.
C’est ainsi que Jacquou devient le symbole de la conscience de sa classe dans son ensemble. Il parle des « malheurs des miens « la triste condition du peuple de France « Je suis d’une race où l’on s’y connait Réalisme donc dans la dénonciation et le portrait social, mais aussi à travers les descriptions précises des lieux, des forces en présence, et des éléments historiques réels ; tant et si bien que le lecteur frôle parfois le misérabilisme. Le Roy n’est donc pas un écrivain « de terroir » ou limité à une imension régionaliste, comme on a pu souvent le lire.
Une autre étiquette commune lui a d’ailleurs été attribuée, celle de « barde de la démocratie L’ambigüité subsiste toutefois. Car si les personnages sont révoltés contre l’ordre établi, aucune solution n’est cependant mise en avant, ni par les protagonistes, ni par récrivain. On perçoit même souvent le caractère réfractaire du héros face aux progrès techniques et à la modernité. Il en va de même des considérations rationalistes qui passent par plusieurs personnages. Le rejet des superstitions et d’une oi aveugle est souvent contrebalancée par l’impossibilité d’équilibrer, de renouveler la pensée.
Derrière les considérations laïques pointe toujours la peur de l’ouverture, susceptible de dissoudre les valeurs anciennes et rustiques. Dès lors, nous sommes presque noyés dans une sorte de valeurs anciennes et rustiques. mythe de la civillsatlon paysanne. Mals cela ne doit pas pervertlr l’œuvre et la vie d’Eugène Le Roy, que beaucoup ont rattaché à la tradition voltairienne ou rousseauiste en raison de la force de son engagement. A la fois écrivain et polémiste, Eugène Le Roy n’a jamais hésité ? rendre des risques en délivrant sa critique sociale, ses opinions politiques et en affirmant sa liberté de pensée.
Adulte, l’écrivain est anticlérical, républicain et appartient à la franc-maçonnerie. Et s’il n’a pas connu la misère des paysans qu’il décrit, le monde rural lui est très familier, puisqu’il a habité dans une ferme pendant sa jeunesse. C’est cette observation du réel et ses propres connaissances qui ont permis de donner leur matière à nombre de ses écrits. On y retrouve aussi fréquemment une critique féroce des dogmes religieux, une thématique chère à fauteur, ais beaucoup moins développée dans Jacquou le Croquant que dans, par exemple, ses Etudes critiques sur le christianisme.
Le roman dapprentissage Le roman n’est pas que réaliste et critique : il reste fiction et, en tant que tel, plonge le lecteur dans les aventures de Jacquou, un personnage énergique et souvent charismatique. Le récit s’apparente d’ailleurs bien souvent à un roman d’apprentissage. En effet, le héros est soums à une double initiation : sociale, com à un roman d’apprentissage. En effet, le héros est soumis à une double initiation : sociale, comme nous l’avons vu, mais aussi amoureuse. Dès la mort de Lina, son amour d’enfance, Jacquou est tenté par Galiote, la fille de Nansac, mais finit par choisir la Bertille.
C’est un premier pas victorieux dans sa lutte contre l’emprise de la passion et des sens. Puis son lien au monde se construit par plusieurs ponts : le curé commence son instruction (« classique »), mais c’est surtout l’épreuve de la vie qui forge le caractère du jeune homme : procès, emprisonnement, organisation des révoltes nous assistons à la naissance d’un personnage. Cela est complété par l’importance du temps passé par Jacquou dans les parties lus désertes et naturelles du Périgord, comme la forêt Barade.
D’ailleurs, Le Roy avait prévu d’intituler ainsi son roman. On le voit, l’apprentissage du héros passe à la fois par la socialisation (constitution et organisation de la révolte en groupe) et par la marginalisation, à travers ces longs jours passés loin de la vie civile et paysanne, dans un espace naturel propice ? l’aventure, à la liberté et à l’harmonie. La forêt joue donc un rôle important, et pas seulement dans le conflit de propriétés de l’époque. Elle s’inscrit dans l’ensemble des dispositifs romanesques du roman populaire.