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La question de l’homme dans les genres de l’argumentation du XVIeme siècle à nos jours. Sni* to View satire latine excellente, qui est publiée, par laquelle il excuse et explique la précipitation de notre intelligence, si promptement parvenue à sa perfection. Ayant si peu à durer, et ayant si tard commencé, car nous étions tous deux hommes fats, et lui plus de quelques années, elle n’avait point à perdre de temps et ? se régler au patron des amitiés molles et régulières, auxquelles il faut tant de précautions de longue et préalable conversation.
Celle-ci n’a point d’autre idée que d’elle-même, et ne se peut apporter qu’à soi. Ce n’est pas une spéciale considération, ni deux, ni trois, ni quatre, ni mille : c’est je ne sais quelle quintessence de tout ce mélange, qui ayant saisi toute ma volonté, l’amena se plonger et se perdre dans la sienne ; qui, ayant saisi toute sa volonté, l’amena se plonger et se perdre en la mienne, d’une faim, d’une concurrence pareille. Je dis perdre, ? la vérité, ne nous réservant rien qui nous fût propre, ni qui fût ou sien, ou mien.
Les Essais, livre Ier, chapitre XXVIII – Montaigne (1580) Deux vrais amis vivaient au Monomotapa; Liun ne possédait rien qui n’appartînt à l’autre. Les amis de ce pays-l? Valent bien, dit-on, ceux du nôtre. Une nuit que chacun s’occ PAGF 3 en alarme; Il court chez son intime, éveille les valets: Morphée avait touché le seuil de ce palais. L’ami couché s’étonne; il prend sa bourse, il s’arme, Vient trouver l’autre et dit: « Il vous arrive peu De courir quand on dort; vous me paraissez homme A mieux user du temps destiné pour le somme: N’auriez-vous point perdu tout votre argent au jeu?
En voici. Sil vous est venu quelque querelle, J’ai mon épée; allons. Vous ennuyez-vous point De coucher toujours seul? une esclave assez belle Etait à mes côtés; qu’on l’appelle? Non, dit l’ami, ce n’est ni l’un ni l’autre polnt: Je vous rends grâce de ce zèle. Vous m’êtes, en dormant, un peu triste apparu; J’ai craint qu’il ne fut vrai; je suis vite accouru. Ce maudit songe en est la cause. » Qui d’eux aimait le mieux? Que t’en semble, lecteur? Cette difficulté vaut bien qu’on la propose. Qu’un ami véritable est une douce chose!
Il cherche vos besoins au fond de votre coeur; Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir lui même: Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s’agit de ce qu’il aime. LA FONTAINE, « Les deux amis », Fables Alceste. Je veux qu’ on soit sincère, et qu’ en homme d’ honneur, n ne lâche aucun mot qui ne arte du coeur. Philinte. Lorsqu’ un homm mbrasser avec ioie, PAGF 3 3 avec Joie, il faut bien le payer de la même monnoie, répondre, comme on peut, à ses empressements, et rendre offre pour offre, et serments pour serments. Alceste.
Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode qu’ affectent la plupart de vos gens à la mode • et je ne hais rien tant que les contorsions de tous ces grands faiseurs de protestations, ces affables donneurs d’ embrassades frivoles, ces obligeants diseurs d’ inutiles paroles, qui de civilités avec tous font combat, et traitent du même air l’ honnête homme et le fat. Quel avantage a-t-on qu’ un homme vous caresse, vous jure amitié, foi, zèle, estime, tendresse, et vous fasse de vous un éloge éclatant, lorsque au premier faquin il court en faire autant ?
Non, non, il n’ est point d’ âme un peu bien située qui veuille d’ une estime ainsi prostituée ; et la plus glorieuse a des régals peu chers, dès qu’ on voit qu’ on nous mêle avec tout l’ univers : sur quelque préférence une estime se fonde, et c’ est n’ estimer rien qu’ estimer tout le monde. Puisque vous y donnez, dans ces vices du temps, morbleu ! Vous ni êtes pas pour être de mes gens ; je refuse d’ un coeur la vaste complaisance ui ne fait de mérite aucune différence ; je veux qu’ on me distingue ; et pour le trancher net, l’ ami du genre humain n’ est point du tout mon fait.
Philinte. Mais, quand on est du monde, il faut bien que I’ on rende quelques dehors civils que l’ us 3 Philinte. Mais, quand on est du monde, il faut bien que Il on quelques dehors civils que l’ usage demande. Alceste. Non, vous dis-je, on devrait châtier, sans pitié, ce commerce honteux de semblants d’ amitié. je veux que li on soit homme, et qu’ en toute rencontre le fond de notre coeur dans nos discours se montre, que ce soit lui qui parle, et que nos sentiments e se masquent jamais sous de vains compliments.
MOLIERE, Le Misanthrope, l, Le texte théâtral et sa représentation : du 17ème siècle à nos jours Scène première Silvia, Lisette. Silvia. Mais encore une fois, de quoi vous mêlez-vous, pourquoi répondre de mes sentiments ? Lisette. C’est que rai cru que dans cette occasion-ci, vos sentiments ressembleraient à ceux de tout le monde ; Monsieur votre père me demande si vous êtes bien aise qu’il vous marie, si vous en avez quelque joie ; moi je lui réponds qu’oui ; cela va tout de suite ; et il n’y a peut-être que vous de fille au monde, pour qui ce ui-là ne soit pas vrai, le non n’est pas naturel.
Le non n’est pas naturel ; quelle sotte naïveté ! Le mariage aurait donc de grands charmes pour vous ? Eh bien, c’est encore oui, par exemple. PAGF s 3 vôtre. Mon cœur est fat comme celui de tout le monde ; de quoi le vôtre s’avise-t-il de n’être fait comme celui de personne ? Je vous dis que si elle osait, elle m’appellerait une originale. Si j’étais votre égale, nous verrions. Vous travaillez à me fâcher, Lisette.
Ce n’est pas mon dessein ; mais dans le fond voyons, quel mal ai- je fait de dire à Monsieur Orgon, que vous étiez bien aise d’être ariée ? premièrement, c’est que tu n’as pas dit vrai, je ne m’ennuie pas d’être fille. Cela est encore tout neuf. C’est qu’il n’est pas nécessaire que mon père croie me faire tant de plaisir en me mariant, parce que cela le fait agir avec une confiance qui ne servira peut-être de rien. Quoi, vous n’épouserez pas celui qu’il vous destine ? Silvia. Que sais. je ? eut-ê viendra-t-il point, et cela -r 33 est heureux qu’un amant de cette espèce-là, veuille se marier dans les formes ; il n’y a presque point de fille, s’il lui faisait la cour, qui ne fût en danger de l’épouser sans cérémonie ; aimable, ien fait, voilà de quoi vivre pour l’amour, sociable et spirituel, voi à pour l’entretien de la société : pardi, tout en sera bon dans cet homme-là, l’utile et l’agréable, tout s’y trouve. Oui dans le portrait que tu en fais, et on dit qu’il y ressemble, mais c’est un, on dit, et je pourrais bien n’être pas de ce sentiment-là, moi ; il est bel homme, dit-on, et c’est presque tant pis.
Tant pis, tant pis, mais voilà une pensée bien hétéroclite ! C’est une pensée de très bon sens ; volontiers un bel homme est fat, je l’ai remarqué. Oh, il a tort d’être fat ; mais il a raison d’être beau. On ajoute qu’il est bien fait ; passe. Oui-da, cela est pardonnable. De beauté, et de bonne mine je l’en dispense, ce sont là des agréments superflus. Vertuchoux ! si je me marie jamais, ce supernu-là sera mon necessalre. 7 3 ; on loue beaucoup le sien, mais qui est-ce qui a vécu avec pense lui ? Scène Ill Lisette, Arlequin Arlequin.
Madame, il dit que je ne m’impatiente pas ; il en parle bien à son aise le bonhomme. j’ai de la peine à croire qu’il vous en coûte tant d’attendre, Monsieur, c’est par galanterie que vous faites l’impatient, à peine êtes-vous arrivé ! Votre amour ne saurait être bien fort, ce n’est tout au plus qu’un amour ttendant que je vive. Ne faut-il pas avoir de la raison ? Arlequin De la raison ! Hélas je rai perdue, vos beaux yeux sont les filous qui me l’ont volée. Mais est-il possible, que vous m’aimiez tant ?
Je ne saurais me le persuader. je ne me soucie pas de ce qui est possible, moi ; mais je vous aime comme un perdu, et vous verrez bien dans votre miroir que cela est juste. Mon miroir ne servirait qu’à me rendre plus incrédule. Ah ! Mignonne, adorable, votre humilité ne serait donc qu’une hypocrite ! Lisette. Quelqu’un vient à nous ; c’est votre valet. Scène VI Silvia, Lisette m’a jamais rien dit que de très sage. Je crois qu’il est homme à vous avoir conté des histoires maladroites, pour faire briller son bel esprit.
Mon déguisement ne m’expose-t-il pas à m’entendre dire de jolies choses . À qui en avez-vous ? D’où vous vient la manie, d’imputer à ce garçon une répugnance à laquelle il n’a point de part ? Car enfin, vous m’obligez à le justifier, il n’est pas question de le brouiller avec son maître, ni d’en faire un fourbe pour me faire moi une imbécile qul écoute ses histoires. Oh, Madame, dès que vous le défendez sur ce ton-là, et que cela va jusqu’à vous fâcher, je n’ai plus rien à dire. Dès que je vous le défends sur ce ton-là !
Qu’est-ce que c’est que le ton dont vous dites cela vous-même ? Qu’entendez-vous par ce discours, que se passe-t-il dans votre esprit ? Je dis, Madame, que je ne vous ai jamais vue comme vous êtes, et que je ne conçois rien à votre aigreur. Eh bien si ce valet n’a rien dit, à la bonne heure, il ne faut pas vous emporter pour le justifier, je vous crois, voilà qui est fini, je ne m’oppose pas à la bonne opinion que vous en avez, moi. Voyez-vous le mauvais esprit ! Comme elle tourne les choses, je me sens dans une indignation… qui… va jusqu’aux larmes.