GEORGES ROUSSE
GEORGES ROUSSE œuvres réalisées au Blanc-Mesnil en 2006 – 2007 L’artiste : Artiste français né à Paris en 1947. • Réferences : Le travail de Georges Rousse puise son inspiration dans le « Carré nolr sur fond blanc » peint par Kasimir Malevitch en 191 5, et notamment ? travers deux aspects de cette peinture : d’une part, une remise en cause ironique de la perspective, invention de la Renaissance que or 11 perspective fut longt PE Snipe to nextÇEge enseignée par la réalisation de sol.
Le mme dépassée. La s la peinture et pour représenter le tableau de Malevitch nous renvoie à la planéité de la peinture, au ait que la perspective en art reste une construction, une illusion d’optique. Paradoxalement, la présence de ce noir ne renvoyant ni ombre ni lumière, cette non-couleur, est une tentative de représentation de l’infini. C’est ce paradoxe qui marquera Georges Rousse. Kasimir Malevitch. Carré Noir sur Fond Blanc, 1915 Son autre inspiration viendra du Land Art.
Les artistes rattachés à ce mouvement travaillent en pleine nature, loin de toute civilisation, pour intervenir sur un lieu spécifique, en fonction de celui-ci. Leurs réalisations en marchant, repassant inlassablement sur ses pas). Son œuvre : Georges Rousse poursuit depuis les années 1980 une réflexion l’espace et la lumière en s’appropriant de manière éphémère des sites architecturaux d’exception : certains en friches, d’autres voués ? la démolition.
Il choisit le lieu, il détermine un point de vue, celui-l? même où il posera son appareil photographique, puis il se met à peindre murs, les sols, les plafonds, de cercles, de carrés, de damiers, parfois des lettres qu’il dessine à l’aide de craies ou de peinture. Parfois même il ajoute dans l’espace existant des éléments. Et ce n’est qu’après qu’il prend a photographie. Le travail de Georges Rousse a donc ceci d’unique, outre la beauté des clichés, c’est qu’il n’intervient jamais sur la photo ellemême, mais en amont, sur l’espace, comme un architecte, comme un peintre, ou bien même comme un sculpteur.
Le résultat est évidemment une magnifique illusion d’optique, tant l’aplat de la 2D masque la tridimensionnalité de la réalité. Les images en trompe l’œil sont exposées en grand format, de façon à ce que le spectateur puisse se projeter ? l’intérieur de la photo, façon aussi de comprendre la réalité du travail. • L’anamorphose PAG » 1 anière qu’elle ne reprenne sa configuration véritable que depuis un certain point de vue, en étant regardée sous un angle particulier, ou encore indirectement dans un miroir cylindrique ou conique.
Le travail de Georges Rousse aborde donc plus particulièrement question du point de vue, les formes qu’ils réalise ne pouvant être rétablies que depuis l’endroit où il choisit de placer son appareil photographique. – Par l’usage de ce procédé singulier, Georges Rousse nous emmène sur le terrain de l’illusion d’optique, c’est-à-dire l’idée que nos sens, et notamment la vue peuvent nous tromper. Il s’agit la dune question philosophique ancienne que l’on trouve notamment chez Platon dans La République avec « l’Allégorie de la caverne Autres exemples d’anamorphoses . Hans Holbein, Les Ambassadeurs. 533 (il faut se placer à gauche et en bas du tableau pour voir apparaître le crâne dans des proportions réelles) Anamorphose à l’aide d’un miroir cylindrique (publicité) • L’importance du lieu : Georges Rousse accorde un intérêt particulier aux espaces désaffectés ou « en voie de désaffection » et cela est lié à son histoire personnelle : en effet, étant ‘une génération d’après-guerre, il a développé, enfant, un goût pour les espaces abandonnés, pléthore à cette époque, qui pouvaient alors être l’affet d’une appropriation ludique et i élément est une 3 1 réel, celui qu’il a trouvé, observé et un espace fictif, celui qu’il a projeté, peint et photographié. – Le choix du lieu est prlmordial dans le travail de Georges Rousse.
Ces espaces bruts voués à disparaître sont porteurs dune histoire, d’une memoire. Si Georges Rousse les affectionne, c’est parce•qu’ils relatent Georges Rousse. Berlin, Olympisches Dorf. 2003 quelque-chose qui n’est pas visible. Cintérêt que leur porte l’artiste vise d’une part à vivre ces lieux (y passer du temps, les explorer, les découvrir) mais aussi à les faire revivre en y travaillant, en y créant une œuvre qui sera nécessairement spécifique au lieu, qui marquera l’appropriation de cet espace par l’artiste – D’autre part, les matériaux présents dans ces espaces, leurs qualités (couleurs, formes… ) donnent dès le départ un caractère à l’image.
Ils sont également porteurs d’une perspective représentée naturellement, automatlquement dans les photos en tant que phénomène optique, celle-là même avec laquelle l’artiste va omposer. • Les formes . On peut déduire de ce qui a été dit précédemment que les formes créées par Georges Rousse évoluent en fonction du lieu, de ses préoccupations, du pays dans lequel il est. L’artiste cherche toujours à être au plus près de l’endroit dans lequel il se trouve. – Certalnes peuvent pourtant trouver du sens : le cercle, par exemple, symbolise l’objectif photographique, l’œil. Cest une forme parfaite qui peut également symboliser le monde, les planètes. Dans une architecture orthogonale où tout est rectili ne cette forme paraît libre et PAGFd0F11 les planètes.
Dans une architecture orthogonale où tout est rectiligne, cette forme parait libre et permet de repousser les murs. L’espace n’étant pas circulaire, cela permet de le modifier complètement, d’en changer totalement la perception. Les carrés peuvent évoquer le tableau de Malevitch et renvoyer à une certaine idée de l’infini. L’artiste éclate parfois ces formes planes pour les disperser dans l’espace et ainsi l’envahir. Les lettres, les mots, sont quant à eux faits pour interpeller directement le spectateur. • Les couleurs : – pour Georges Rousse, la couleur est toujours symbole de lumière. Cela peut-être plus évident avec certaines, comme par exemple le rouge qui renvoie directement à l’idée de feu, de soleil.
Cependant, lorsque l’on décompose la lumière blanche avec un prisme, on s’aperçoit que celle-ci contient toutes les couleurs. Cest donc encore à une expérience optique que nous renvoie Georges Rousse. – Illuminer par la couleur les lieux désertés qu’il investit est aussi l’un des choix opérés par l’artiste pour faire revivre ces espaces. « Ily a la création d’un moment poétique et c’est ce moment poétique que j’essaie de traduire : la relation entre la lumière, ‘architecture, l’action picturale que j’entreprends et la mémoire de ce lieu. Tout ça est une synthèse qui doit se retrouver dans l’image ». Georges Rousse. • La photographie. ? Ma finalité, c’est d’introduire une perspective et une action picturale à l’intérieur d’un espace qui est la photographie Georges Rousse La photographie intervient à plusieurs étapes, comm s 1 espace qui est la La photographie intervient à plusieurs étapes, comme outil pour créer un espace fictif de départ et ensuite comme témoignage de ce qui a été fait, comme le souvenir d’un « ça a été » tel que le décrit Roland Barthes ans La chambre claire . On pourrait faire de fructueuses comparaisons entre le principe photographique déjà inventé avant la Renaissance et portant le nom de Camera Obscura, l’émergence de la représentation en perspective à cette même époque et l’usage de l’appareil photographlque par Georges Rousse. Au cœur du questionnement sur la nature de l’œuvre d’art, le travail de Georges Rousse concerne fondamentalement notre rapport à l’Espace et au Temps. Avec la photographie, il nous oblige à une lecture statique des architectures, à une investigation immobile de l’Image, qui peu à peu transforment notre erception de l’Espace et de la Réalité.
Nos certitudes et habitudes perceptives sont troublées par la réunion dans l’image finale de trois espaces : à l’espace réel dans lequel l’artiste intervient et à l’espace fictif, utopique qu’il imagine puis construit patiemment dans le lieu, se superpose un nouvel espace qui n’advient qu’au moment de la prise de vue et n’existe que par la médiation de la photographie. Au-delà d’un simple jeu visuel, cette fusion énigmatique des espaces dans l’image met en abyme de façon vertiglneuse la question de la reproduction du réel par la hotographie, de l’écart entre perception et réalité, entre imaginaire et réel. Dans la photographie qui est à la fois mémo 6 1 perception et réalité, entre Imaginaire et réel.
Dans la photographie qui est à la fois mémoire du lieu, de son histoire – parfois d’histoires parallèles – et de sa métamorphose poétique, Georges Rousse met aussi en évidence la relation problématique dans les sociétés industrialisées de l’homme à sa trace, à sa mémoire, au Temps. Ces lieux de précarité, rejetés, ignorés, souvent dégradés, dont la disparition est proche, sont comme une étaphore de l’écoulement féroce du Temps vers l’oubli et la mort. En les transfigurant en œuvre d’art, Georges Rousse leur offre une nouvelle vie, éphémère. Les œuvres réalisées au Blanc-Mesnil en 2006 – 2007. Le Contexte En octobre 2005, durant trois semaines, ont éclaté dans les banlieues urbaines de Paris (dont le BlancMesnil) une série d’émeutes qui se sont répandues dans un grand nombre d’autres banlieues à travers la France. L’état d’urgence a été déclaré.
Dans certains cas, ces événements se sont transformés en émeutes opposant plusieurs centaines de jeunes en artie issus de l’immigration aux forces de police, avec parfois des tirs à balles réelles. Au total, on dénombre plus de 10 000 véhicules incendiés, des bâtiments publics de première nécessité calcinés, des écoles vandalisées, souvent des écoles maternelles, ou des Maisons associatives pillées, des passagers d’autobus menacés de mort. Ces trois semaines de violence urbaine restent les plus importantes agitations en France depuis mai 1968. En résidence d’artiste au Forum du Blanc-Mesnil, en Seine-Saint- Denis, Georges Rousse a investi des lieux aussi PAGF70F11