Genre Et Changes Intra R Gionaux
Le genre dans les échanges commerciaux intra-africains: le cas de l’Afrique de l’Ouest 12. 1 Introduction e commerce transfrontalier formel et informell s’est développé en Afrique de l’Ouest depuis les années 1 990, stimulé par les politiques de libéralisation économique, par l’accroissement de la population et par l’urbanisation.
Cette expansion a eu pour consequenc l’intégration régional d’accélérer la croissa bénéfiques pour la p marchés et des prod de consolider es retombées sification des débouchés pour les marchandises produites et fabriqu es dans la région, et disponibilité ccrue de vivres (Salinger et Barry, 1 996; Morris et Saul, 2000). On a pu dire ainsi que le moteur de la croissance économique poursuivie en Afrique de l’Ouest serait de plus en plus le commerce de produits non tradltionnels d’exportation (produits agricoles, bétail, poisson, produits artisanaux et produits manufacturés).
Cela implique qu’il importe qu’il y ait des relations solides entre le commerce et les autres secteurs des économies de YAfrique de l’Ouest, en particulier la production agricole et les agro-industries, les pêches et les industries manufacturières (CEDEAO-UEMOA de contrôle fficiels, le commerce transfrontalier informel étant le transport de marchandises passant la frontière par des sentiers ou des cours d’eau qui ne sont connus que des habitants locaux (Marphatia et al, 2000, p. A-3).
Cette définition entraîne des difficultés, car on ne peut prendre le mode de passage de la frontière comme seul facteur distinguant commerce formel et informel. Ily a d’autres éléments importants à prendre en considération pour déterminer si une entreprise relève du secteur formel ou informel : situation de l’entreprise au regard de l’immatriculation, taille, locaux, nstallations et réseaux de distribution, rapports avec les institutions économiques et les autorités de contrôle, relations industrielles, ainsi que ses fonds propres et ses sources de financement.
Mwaniki (2004) définit le commerce transfrontalier informel comme « activités commerciales immatriculées ou non, traversant une frontière, et basées essentiellement sur l’économie populaire P. La distinction entre entreprise formelle et informelle a toujours été difficile à faire, et n’est pas plus simple dans le cas des entreprises de commerce transfrontalier.
Il y a de forts liens entre commerce ransfrontalier formel et informel, qui concourent l’un comme l’autre aux recettes publiques et à la croissance économique (Ackello-Ogutu, 1997; Randriamaro et Budlender, 2008). 471 12 et dans les échanges commerciaux en particulier, les avantages qu’ils en tirent et les difficultés qu’ils y rencontrent sont différenciés selon le genre (GENTA 2001).
On s’attache dans le chapitre pacités des femmes, au concours qu’elles apportent au commerce entre pays d’Afrique de l’Ouest, en particulier au commerce transfrontalier, et aux restrictlons qui les touchent. Il y aura des cas où on s’intéressera à la présence et au concours des hommes, ais l’objet de ce chapitre est d’offrir une base pour des politiques et des mesures susceptibles de soutenir et de renforcer le concours des femmes au commerce et de réduire les inégalités de genre dans les avantages tirés de ce commerce.
La réflexion portera sur les politiques économiques et les facteurs contextuels, ainsi que sur les questions institutionnelles et réglementaires et les contraintes correspondantes. Si l’on consacre l’étude à l’Afrique de l’Ouest, c’est pour faire ressortir les spécificités de cette région plus en détail que ce n’aurait été possible si on vait inclus l’ensemble de l’Afrique.
Il y a certes nombre d’éléments communs aux échanges commerciaux en Afrique, et les pratiques commerciales manifestent une convergence croissante, mais le commerce pratiqué par les femmes y reste marqué par les spécificités de cette région, par les problèmes d’intégration qu’elle connaît, par la période plus longue de participation intensive des femmes aux échanges commerciaux et les particularités des produits qu’elles échangent, ainsi que par leurs schémas de particlpation.
Il serait hautement recommandé de consacrer des études analogues aux égions d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe. Le chapitre commence par une descri tion du contexte ouest- africain dans lequel PAGF 8 cette région. La section suivante est consacrée à un examen des contraintes qui pèsent sur le commerce des femmes en Afrique de l’Ouest, suivie par une étude de cas de la productlon et du commerce pratiqués par les femmes dans le secteur du karité. La dernière section présente les conclusions et les recommandations.
Malheureusement, ce chapitre souffre du manque de statistiques concernant le volume et la composition du commerce transfrontalier pratiqué ar les femmes en Afrique de l’Ouest. Il n’y a pas non plus de données ventilées par sexe sur le commerce de la réglon. Une bonne part des informations sur le commerce féminin se trouvent dans des monographies et des articles consacrés au rôle des femmes dans un marché donné, un groupe particulier de commerçants ou un produit.
On s’est fondé sur ces sources pour le présent chapitre, ainsi que sur quatre études récentes, l’une sur les femmes dans les échanges commerciaux en Afrique de l’Ouest, réalisée par le programme Femmes et développement (WIDTECH) de l’USAlD, qui était asée sur des entretiens avec 100 personnes pratiquant le commerce transfrontalier et d’autres agents au Mali, au Sénégal, au Bénin, au Ghana, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Nigéria (Morris et Saul, 2000; ainsi qu’un tour d’horizon des 472 État de l’intégration régionale en Afrique IV publications par Marphatia et al 2000),’ la deuxième sur les femmes pratiquant le 8 deux autres études sont, l’une sur les protocoles de la CEDEAO et la libre circulation des personnes et des biens (Ibeanu, 2007), et l’autre un plan d’action pour l’intégration régionale (CEDEAO et UEMOA, 2006). 12. Cadrer les questions En volume et en valeur, le commerce entre pays de l’Afrique de l’Ouest est très modeste. Mais des segments nombreux de la population y participent, et il a les moyens de se développer.
Les échanges informels n’apparaissent pas en majeure partie dans les statistiques, mais ils représentent une part importante du commerce transfrontalier d’Afrique de l’Ouest, assurant emploi et revenus à une partie importante de la population de cette région, et redistribuant des vivres des zones excedentaires vers les zones à déficit vivrier (Marphatia et al, 2000). II n’est donc pas surprenant ue certains aient pu dire que le commerce transfrontalier informel faisait plus que les échanges formels pour l’intégration économique, car la majorité des agents travaillent de manière informelle. Les observateurs considèrent généralement que la participation des femmes au commerce transfrontalier est importante.
Mais on ne la trouve pas dans les statistiques du commerce, car elles traversent les frontières de manière informelle, ou transportent leurs marchandlses par des méthodes telles que le port sur la tête, qui ne sont pas incluses dans les statistiques du commerce transfrontalier. Leurs méthodes vont de pair avec l’ampleur de leurs échan es généralement faible (Randnamaro, 2008). PAGF s 8 commerce et aux activités de réglementation. Les marchandises des femmes sont dans bien des cas différentes de celles que vendent les hommes. une étude a montré qu’à part les produits tels que es pièces détachées, les pneumatiques d’occasion et les voitures, qui sont vendus par des hommes, le commerce en Afrique de l’Ouest était pour une grande part une activité féminine (Morris et Saul, 2000; Marphatia et al, 2000).
La plupart des commerçants sont des commerçantes, mais es transporteurs, les agents de réexpédition, les changeurs, et les différents agents formels et informels qui travaillent à d’autres activités de transport et de réexpédition, sont des hommes. La différenciation du commerce selon le genre est due en partie ? une différenciation analogue de la production agricole, des activités manufacturières, de l’éducation et Le genre dans les échanges commerciaux intra-africains: le cas de l’Afrique de l’Ouest 473 de la formation artisanale. Elle présente aussi des spécificités régionales et nationales. Dans une grande partie de l’Afrique de l’Ouest, le commerce ransfrontalier, est dominé par les femmes, mais il y a des pays comme le Niger où ce sont les hommes qui vendent sur les marchés.
Les femmes sont souvent spécialisées dans les cultures vivrières, laissant les produits d’exportation (cacao, coton, café… ) aux hommes, mais des cultures de rapport comme le karité restent aux mains des femmes. Dans PAGF 6 8 ressort des hommes. Les femmes qui en faisaient le commerce transfrontalier ne les vendent qu’en petites quantités. La différenciation des cultures selon le genre varie de pays à pays. L’importation du bétail, la transformation des roduits agricoles et le commerce de détail sont pour l’essentiel du fait des hommes, les femmes ne pratiquant qu’un petit commerce de détail de produits carnés. Au Mali, les femmes vendent les parties de viande que les hommes ne manient pas. Les commerçantes ne sont pas un groupe homogène.
Il y a parmi elles un grand groupe de femmes pratiquant le petit commerce, avec très peu de fonds de roulement et d’équipement, et des compétences rudimentaires en lecture et en calcul, mais aussi un groupe beaucoup plus restreint qui pratique le commerce régional et international avec un capital substantiel, pouvant dépasser 00 000 dollars, et toute une gamme d’autres commerçantes qui se situent entre ces deux extrêmes (Morrls et Saul, 2000; Darkwah, 2002). Quelles que soient les différences tenant au genre, le commerce est une activité que les femmes peuvent pratiquer avec les ressources dont elles disposent, quelles qu’elles soient. Selon la manière dont il est organisé, le commerce transfrontalier des femmes peut apporter une contribution substantielle aux revenus et aux ressources des ménages, et concourir ? l’autonomisation des femmes en leur donnant plus d’indépendance financière et de contrôle de eurs propres ressources (Morris et Saul, 2000).
Il n’est pas inutile d’inscrire la réflexion sur le genre et le commerce entre pays d’Afri ue de l’Ouest dans les débats plus larges sur les rapports ent n du commerce et eenre. PAGF 7 OF sur les rapports entre libéralisation du commerce et genre. Williams a fait observer une relation réciproque entre les deux. « La libéralisatlon du commerce peut faire progresser ou reculer l’inégalité entre les sexes, tandis que l’inégalité entre les sexes peut empêcher la libéralisation du commerce de livrer les résultats souhaités » (Williams, 2004, p. 3). Certaines études avaient toutefois pour hypothèse que la libéralisation du commerce améliore les perspectives des femmes, surtout des travailleuses sans qualifications (Joekes, 1999; Nordas, 2003).
Les auteurs parlent notamment du travail des femmes dans les zones franches industrielles (pour [‘exportation) en Asie et dans les sociétés agricoles d’Afrique subsaharienne où la propriété des ressources naturelles est répartie de manière plus égale, et où les femmes jouent un rôle d’importance pour la distribution et la vente des produits de la ferme et du poisson. Si la situation des femmes ans le ménage 474 peut se détériorer à mesure qu’un ménage passe à des cultures de rapport destinées ? l’exportation, les femmes ont été nombreuses à trouver des avantages à travailler hors du ménage dans les nouvelles branches horticoles (Joekes, 1999; Nordas, 2003). Cette analyse a été contestée par des auteurs pour qui la est défavorable aux perspectives de moyens d’existence des femmes, ce qu’elles perdent du fait des politiques de libéralisation étant parfois plus importa Iles V gagnent.
Même PAGF OF coûts de transaction et des risques élevés, ainsi qu’une charge de ravail plus lourde, et le manque de temps (UNIFEM, 2006; Sander, 2009). Des recherches sur l’agriculture ont, par exemple, montré que dans plusieurs pays d’Afrique, la libéralisation du commerce avait entraîné la fermeture de points de vente publics locaux, et que si les hommes comme les femmes ont été touchés, les femmes en avaient plus pâti du fait qu’elles ont moins de mobilité. Le passage aux cultures d’exportation a entraîné par ailleurs la spéculation sur les terrains et la perte de ressources foncières communes. Les femmes en étaient plus tributaires que les hommes, et leurs moyens ‘existence ont de ce fait été plus touchés par cette perte que ceux des hommes (Baden, 1998).
La libéralisation du commerce fait aussi que les produits agricoles deviennent bon marché, et peut faire baisser les prix à la sortie de l’exploitation et augmenter la concurrence avec les produits importés. Ajoutés à l’élimination des subventions dans les pays en développement, ces facteurs peuvent soit augmenter les revenus du secteur des exportations, soit les faire baisser du fait de la concurrence des produits importés et du coût élevé des produits chimiques, des engrais et es autres intrants agricoles. La libéralisation du commerce peut ainsi menacer l’accès aux vivres, au logement et aux services de base, du fait que les cultivatrices et les entrepreneuses risquent de perdre leurs moyens dexistence et leurs marchés sous l’effet de l’afflux d’articles fortement subventionnés de pays dévelo és Williams, 2004; Musa, 2006).
Les politiques de libéralisa ue expliquent aussi libéralisation économique expliquent aussi pourquoi les femmes pratiquant le commerce transfrontalier sont si nombreuses dans des emplois non viables, solutions d’emploi de remplacement. Dans certains cas, du fait qu’elles sont désavantagées au plan socioéconomique, les femmes n’ont pas la possibilité de tirer parti des opportunités ouvertes par la libéralisation du commerce. La libéralisation du commerce peut donc faire diminuer ou accroitre les inégalités entre les sexes, les revenus des femmes et leur pauvreté, selon son Impact global sur l’économie et la société de leur pays, la place où elles se situent dans l’économie, l’ampleur de leurs activités et les activités particulières qu’elles pratiquent.
Les différences de genre qui se marquent dans le ontrôle des ressources, la division du travail et la prise de décisions retentissent aussi sur la possibilité qu’elles ont de tirer avantage de la libéralisation du commerce. Dans les pays où cette dernière a créé des emplois dans les zones franches (pour l’exportation) ou les branches horticoles, 475 emplois qui sont dans une large mesure occupés par des femmes qui étaient auparavant chômeuses, il est plus facile de noter les avantages. 2 Mais dans les situations où la libéralisation du commerce a touché les femmes par le biais de l’agriculture et du commerce, le tableau est plus nuancé.