Flaubert – Hérodias – danse de Salomé
Texte extrait du chapitre 3 d’Hérodias : Mais il arriva du fond de la salle un bourdonnement de surprise et d’admiration. une jeune fille venait d’entrer. Sous un voile bleuâtre lui cachant la poitrine et la tête, on distinguait [ les arcs de ses yeux, les calcédoines de ses oreilles, la blancheur de sa peau l. Un carré de soie gorge-de-pigeon, en couvrant les épaules, tenait aux reins par une ceinture d’orfèvrerie. Ses caleçons noirs étaient semés de mandragores et d’une manière indolente, elle faisait claquer de petites pantoufles en duvet de colibri.
Sur le haut de l’estrade, elle retira son voile. C’était Hérodias, comme autrefois dan Ses pieds passaient d’une paire de crotal qui s’enfuyait toujour papillon, comme une Swipe v se mit à danser. thme de la flûte et elaient quelqu’un, s légère qu’un e une âme vagabonde, et semblait prête à s’envoler. Les sons funèbres de la gingras remplacèrent les crotales. L’accablement avait suivi l’espoir. Ses attitudes exprimaient des soupirs, et toute sa personne une telle langueur (1) qu’on ne savait pas si elle pleurait un dieu, ou se mourait dans sa caresse.
Les paupières entre-closes, elle se tordait la taille, balançait son ventre avec des ondulations de houle, faisait trembler ses deux Sv. ‘ipe to seins, et son visage demeurait immobile, et ses pieds n’arrêtaient pas. Puis, ce fut l’emportement de l’amour qui veut être assouvi (2). Elle dansa [comme les prêtresses des Indes, comme les Nubiennes des Cataractes, comme les Bacchantes de Lydie Elle se renversait de tous les côtés, pareille à une fleur que la tempête agite.
Les brillants de ses oreilles sautaient, l’étoffe de son dos chatoyait ; de ses bras, de ses pieds, de ses vêtements aillissaient d’invisibles étincelles qui enflammaient les hommes. Une harpe chanta; la multitude y répondit par des acclamations. Sans fléchir ses genoux en écartant les jambes, elle se courba si bien que son menton frôlait le plancher ; et les nomades habitués à l’abstinence, les soldats de Rome experts en débauches, les avares publicains, les vieux prêtres aigris par les disputes, tous, dilatant leurs narines, palpitaient de convoitise.
Ensuite elle tourna autour de la table d’Antipas, frénétiquement (4), comme le rhombe des sorcières ; et d’une voix que des anglots de volupté entrecoupaient, il lui disait : – « Viens ! viens ! » Elle tournait toujours; les tympanons sonnaient à éclater, la foule hurlait. Mais le Tétrarque criait plus fort : – « Viens! viens! Tu auras Capharnaüm! la plaine de Tibérias ! mes citadelles ! la moitié de mon royaume ! » 1. mélancolie empreinte de rêverie douce et d’attendrissement amoureux 2. : satisfaire pleinement un besoin, un sentiment 3. : référence à la 2 d’attendrissement amoureux 3. : référence à la tragédie grecque d’Euripide – femmes qui rendent un culte au dieu Dionysos : de façon très exaltée, presque violente, excessive Analyse du texte : Quelle vision de la jeune danseuse biblique Flaubert donne-t-il dans ce passage ?
Exemple d’introduction L’histoire de Salomé, la jeune danseuse biblique voulant obtenir la tête de St Jean-Baptiste, est devenu un véritable mythe puisqu’il a inspiré de nombreux auteurs depuis des siècles tels que Wilde, Huysmans ou Appollinaire. En fonction des auteurs et des oeuvres, Salomé n’est pas représentée de la même manière. Flaubert, dans le recueil Trois Contes (1877) et plus précisément ans le dernier de ces contes Hérodias, décrit la danse de Salomé. Une princesse champ lexical du corps jdjdj parallélisme + mot choisi arcs architecture perfection comparaison « pareille à une fleufl énumération de vêtements, de bijoux (précieux) + couleurs nnnl description physique très élogieuse : elle paraît belle et apprêtée. 3 tentatrice, une femme fatale a. envoûtante (captivante, subjective) rejoint la sensualité, qui la rend captivante sa danse devient intime, champ lexical presque érotique = très rès subjective : « frénétiquement » désir excessif de plaire (démence) chp lexical mythologique ou magique mm ensorcelante, evoutante b. ominatrice (prédatrice) » crotale » : instrument de musique mais aussi serpent très venlmeux effet qu’elle provoque sur les hommes, elle les domine, les manipule : accumulation des hommes : elle les charme tous même s’ils sont tous différents elle charme principalement Hérode : discours direct avec exclamations et il lui promet n’importe quoi (gradation) il n’y a plus de contrôle, démence des hommes : hyperboles + mage hyperbolique « enflammaient les hommes » + chp lexical du Conclusion : Salomé est mise en valeur donc image positive mais est décrite comme provocatrice et est même comparée à une sorcière donc image négative au final. début mélioratif mais à partir du SS « Les sons… » : elle devient étrange, inquiétante, presque désespérée : on s’interroge, on n’arrive pas à la cerner version mysogine de la femme Salomé est dangereuse pour l’homme par le pouvoir des sens qu’elle exerce sur lui ouverture sur Laforgue (cf. lectures complémentaires) — ouverture sur les tablea 4