Félicité
Dans cette intrigue somme toute banale, l’auteur va à l’essentiel : une cuisinière femme de p g chambre qui ne vaut … sa maitresse, – q gréable et pas da ntü_,_ „ Et tout cela dans un atmosphère étrange ux de Mme Aubain une personne urs de l’époque. ombant, une que. une plongée visuelle dans cette « maison revêtue d’ardoises » nous permet de saisir l’enjeu de cette œuvre romanesque sombre et désespérée. On est happé dès les premières lignes de l’incipit par la tristesse froide d’un décor qui nous glace.
Le personnage principal, une héroïne solitaire marquée par des blessures irréversibles, force l’admiration des autres lorsqu’elle frotte à l’émeri les cuivres le poli de ses casseroles faisait le ésespoir des autres servantes Faute d’un destin étoilé, ou de se polir les ongles, elle astique et fait briller les ustensiles de Swige to vie' » next page de cuisine. Flaubert développe un sens plutôt aigu du croquis : l’habileté de la description réside dans la simplicité de ce portrait silhouette.
Plutôt matinale, Félicité est laborieuse, travailleuse, minutieuse, méticuleuse, pour ne pas dire excessivement rigoureuse ou maniaque, courageuse et volontaire, soignée, voire perfectionniste (« Elle se levait dès l’aube et travaillait jusqu’au oir sans interruption On la devine active, compétente dans les tâches ménagères, avec acharnement : elle paraît calme et posée (« la taille droite et les gestes mesurés endurante et même entêtée dans sa besogne- Le lecteur la juge méritante, réfléchie et sage aussi.
Peu dépensière, car sans le sou, la prévoyante Félicité limite les dépenses Économe, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain Cette fée du logis conjugue les talents domestiques : elle fait sensation à la cuisine. Elle s’occupe des repas, des habits epriser, du blanchissage et du repassage du linge de maison, de la literie.
Elle sait même fabriquer du beurre, donner le grain aux poules, harnacher les chevaux et comme la petite Cendrillon de Charles Perrault, préparer le feu elle enfouissait la bûche sous les cendres et s’endormait devant l’âtre Bonne catholique, un peu bigote, elle fait merveille aux matines de la paroisse de Pont-L’Evêque Elle se levait dès l’aube, pour ne pas manquer la messe et récite son chapelet avant de s’endormir (« … t s’endormait devant I’ 2 pas manquer la messe ») et récite son chapelet avant de s’endormir … t s’endormait devant l’âtre, son rosaire à la main h). Pieuse, dévote, on la devine superstitieuse et plutôt naiVe. Elle n’a même pas le temps d’ouvrir la bouche («toujours silencieuse car elle se dévoue corps et âme à la petite maisonnée, avec la foi du charbonnier en bandoulière…
Pour ce qui concerne le portrait physique, très rapidement brossé, on apprend simplement qu’elle présente un visage « maigre » et que sa voix est « aiguë Elle porte des vêtements plutôt rustiques : un fichu en « indienne une coiffe bigoudène (coffure des femmes bretonnes), une paire de bas couleur grise, oujours le même jupon surmonté d’un tablier blanc un bonnet lui cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par- dessus sa camisole un tablier à bavette, comme les infirmières d’hôpital »). Enfin, et c’est le plus important, Félicité a pris de l’âge : son corps a perdu de sa jeunesse, de sa fraîcheur juvénile.
La physionomie de cette servante parait vieillie, à tel point qu’ « vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante Ce corps fatigué, marqué par le labeur et donc prématurément vieilli, exprime le chagrin et le renoncement. Si bien que l’auteur compare cette omestique à « une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique Autrement dit, Félicité présente l’allure d’un pantin disloqué, d’une marionnette désarticulée, d’une petite poupée cassée par la vie. La petite Cosette, quoi… Conclusion. On sen 3 d’une petite poupée cassée par la vie.
La petite Cosette, quoi… On sent bien tout l’attachement du narrateur qui ne veille jamais à surcharger son trait, juste assez réaliste pour sauvegarder un style sobre et travaillé. Ce qui est bouleversant ici, c’est que Félicité n’essaye même pas d’exister dans cette chronique rovinciale, en dehors de ce cercle familial qui la néglige ou la méprise. Elle ne tente même pas d’échapper à la violence de ce monde indifférent à son sort. A un autre niveau de lecture, on pourrait dire que ce roman explore l’asservissement aux mœurs d’une époque.
Flaubert a choisi la confrontation de classes sociales différentes qui cohabitent, qui s’observent, mais surtout, ne communiquent pas… Texte de référence : Un cœUr simple – Chapitre I Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l’Évêque envièrent à Mme Aubain sa servante Félicité. Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidèle à sa maîtresse, – qul cependant n’était pas une personne agréable.
Elle avait épousé un beau garçon sans fortune, mort au commencement de 1809, en lui laissant deux enfants très jeunes avec une quantité de dettes. Alors, elle vendit ses immeubles, sauf la ferme de Toucques et la ferme de Geffosses, dont les rentes montaient à 5,000 francs tout au plus, et elle quitta sa maison de Saint-Melalne pour en 4 entes montaient à 5,000 francs tout au plus, et elle quitta sa maison de Saint-Melaine pour en habiter une autre moins dispendieuse, ayant appartenu à ses ancêtres et placée derrière les halles.
Cette maison, revêtue d’ardoises, se trouvait entre un passage et une ruelle aboutissant à la rivière. Elle avait intérieurement des différences de niveau qui faisaient trébucher. Un vestibule étroit séparait la cuisine de la salle où Mme Aubain se tenait tout le long du jour, assise près de la croisée dans un fauteuil de paille. Contre le lambris, peint en blanc, s’alignaient huit chaises d’acajou. n vieux piano supportait, sous un baromètre, un tas pyramidal de boîtes et de cartons. Deux bergères de tapisserie flanquaient la cheminée en marbre jaune et de style Louis XV.
La pendule, au milieu, représentait un temple de Vesta, et tout l’appartement sentait un peu le moisi, car le plancher était plus bas que le jardin. Au premier étage, il y avait dabord la chambre de « Madame très grande, tendue d’un papier à fleurs pâles, et contenant le portrait de « Monsieur » en costume de muscadin. Elle communiquait avec une chambre plus petite, où l’on voyait deux couchettes denfants, sans matelas. Puis venait le salon, toujours fermé, et rempli de meubles recouverts d’un drap.
Ensuite un corridor menait à un cabinet d’étude ; des livres et des paperasses garnissaient les rayons d’une bibliothèque entourant de ses trois côtés un large bureau de bois noir. Les deux panneaux en retour disparaissaient sous des S côtés un large bureau de bois noir. Les deux panneaux en retour disparaissaient sous des dessins à la plume, des paysages à la gouache et des gravures d’Audran, souvenirs d’un temps meilleur et d’un luxe évanoui. Une lucarne, au second étage, éclairait la hambre de Félicité, ayant vue sur les prairies.
Elle se levait dès l’aube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu’au soir sans interruption ; puis le diner étant fini, la vaisselle en ordre et la porte bien close, elle enfouissait la bûche sous les cendres et s’endormait devant l’âtre, son rosaire à la main. Personne, dans les marchandages, ne montrait plus d’entêtement. Quant à la propreté, le poli de ses casseroles faisait le désespoir des autres servantes. Économe, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain, un pain de douze livres, cuit exprès pour elle, et qui durait vingt jours.
En toute saison elle portait un mouchoir d’indienne fixé dans le dos par une épingle, un bonnet lui cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par-dessus sa camisole un tablier bavette, comme les infirmières d’hôpital. Son visage était maigre et sa voix aiguë. À vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante; dès la cinquantaine, elle ne marqua plus aucun âge; et, toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique.