Douleurs animales

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Douleurs animales Les identifier, les comprendre, les limiter chez les animaux d’élevage n constate dans nos sociétés une sensibilité croissante à la douleur des anlmaux telle qu’elle peut se manifester dans des situations variées : expérimentation animale, maltraitance des animaux de compagnie, de spectacle, et élevage des animaux destinés ? l’alimentation humaine.

Cette situation suscite un dialogue difficile entre les tenants de l’émancipation animale qui refusent toute exploitation des to nextÇËge animaux, les partisan conditions de vie des lm or 13 économques qui me nt secteur d’activité. o améliorer les ntes dans leur C’est dans ce contexte qu’ont eu lieu en 2008, à l’initiative du chef de l’Etat, les Rencontres Animal-Saciété, dont l’ambition était de dresser un état des questions posées dans les différents registres des relations entre l’homme et l’animal, en réunlssant professionnels, scientifiques, élus, pouvoirs publics et associations.

Les participants se sont progressivement accordés sur le besoin de clarifier la notion clé de douleur chez les animaux qui est au cœur de ce débat. LJne demande d’expertise scientifique collective (ESCO) sur la douleur animale a été inscrite dans le plan d’action issu de ces Rencontres, et adressée à l’INRA par les ministres chargés de l’Agriculture et de la Recherche. L’expertise les animaux d’élevage. Elle a mobilisé des chercheurs de différentes disciplines, en sciences de la vie et sciences humaines et sociales.

L’analyse s’est fondée sur un corpus bibliographique de 1300 articles scientifiques et de rapports internationaux. L’expertise a ainsi conduit à une mise en perspective inédite des composantes biotechniques et sociétales de la question de la douleur animale et des connaissances utiles pour la réduire. Elle a également relevé des lacunes et des controverses cientifiques et pointé des besoins de recherche complémentaires.

Ce travail s’est traduit par la rédaction d’un rapport et d’une synthèse qul sont en ligne sur le site Internet de l’INRA. Cette ESCO se situe dans une position d’acceptation du bien fondé de l’élevage et de ses finalités. Sont donc exclues les positions extrêmes, consistant, pour les unes, ? refuser toute exploitation des animaux domestiques au bénéfice de l’homme et, pour les autres, à dénier toute possibilité à tous les animaux de ressentir de la douleur. l.

Contexte, enjeux et mise en œuvre de l’ESCo La commande d’ESCo : identifier les douleurs animales, es comprendre et les réduire chez les animaux d’élevage Les ministres chargés de l’Agriculture et de la Recherche ont formulé une demande d’expertise scientifique collective (ESCo) sur la perception de la douleur par l’animal, incluant le stade de l’abattage. Les questions concernent d’abord la définition de la douleur animale par rapport à des notions proches telles que la souffrance animale et le mal-être, et les modalités d’expression de la douleur 13 aux manière en fonction de leur position phylogénétique ?

La seconde interrogation porte sur la mesure de la douleur : quels sont les outlls dont on dispose pour identifier et esurer la douleur ? Sont-ils accessibles ? Les conséquences de la douleur sur le comportement et les performances de ranimal devront également être documentées. Enfin, l’expertise devra faire l’état des alternatives et solutions envisageables pour limiter la douleur. une mise en perspective des enjeux éthiques et socioéconomiques de la question de la douleur animale est également demandée. ?? Une approche pluridisciplinaire des questions posées Il est apparu nécessaire, en préalable à un examen du phénomène neuro-physiologique que constitue la douleur, de resituer la question dans le débat ctuel, en la replaçant dans une perspective historique, pour en retracer la genèse et en préciser les différentes com- posantes, éthiques, juridiques, économiques, culturelles et voir en quels termes elle est posée aujourd’hui. L’examen de la notion de douleur a été conduit en croisant les connaissances acquises sur ce phénomène par la médecine humaine et la médecine vétérinalre.

La capacité à mesurer la douleur chez l’animal basée sur l’utilisation de critères fiables et si possible opérationnels sur le terrain, est évidemment une question centrale pour l’ESCo car elle ermet d’identifier t de caractériser le phén ouleur, douloureuses, cette ESCO s’attache à quelques situations d’élevage et d’abattage susceptibles de provoquer de la douleur, en envisageant, lorsque c’est possible, des alternatives ou des solutions permettant de la minimiser, voire de la supprimer.

Les compétences nécessaires pour traiter les questions posées dans le collectif d’experts relèvent d’une large gamme de disciplines dans les domaines des sciences de la vie (neurophysiologie, clinique humaine, médecine vétérinaire, génétique, éthologie), et des sciences humaines, économques et sociales (histoire, anthropologie, philosophie, ?thique, droit, économie). L’expertise scientifique a réuni une vingtaine d’experts, issus de l’INRA et d’autres établissements de recherche (Assistance publiqueHôpitaux de Paris, Collège de France, CNRS, Ecoles vétérinaires), en France et à l’étranger.

DOULEURS ANIMALES. LES IDENTIFIER, LES COMPRENDRE, LES LIMITER CHEZ LES ANIMAUX D’ÉLEVAGE Il. Bilan La question de la douleur des animaux s’est progressivement constituée en question de société La mise à jour des références scientifiques en sciences humaines et sociales et en droit a montré que la question de la douleur animale est traitée par n grand nombre de disciplines dont l’histoire, l’anthropologie, la philosophie, le drolt, féconomie et la sociologie. Ces approches différentes pointent la difficulté d’isoler la notion de douleur des animaux d’autres concepts tels que la souffrance et le bien-être animal.

Elles conver ent dans leurs conclusions sur l’importan 3 affecte l’homme ou les animaux placés sous sa responsabilité. La montée en puissance de la question de la douleur chez les animaux de ferme résulte de changements multiples et progressifs dans la société : • La reconnaissance et la prise en compte de la douleur chez l’homme, et par extension hez les animaux, a connu une forte évolution. Alors que la douleur était par le passé considérée comme en partie inévitable, des solutions existent désormais pour la réduire, sinon pour l’éliminer. ?? Les relations des populations de plus en plus urbanisées avec les animaux de ferme se sont raréfiées et, dans la pratique, les seuls animaux avec lesquels elles restent en contact sont leurs animaux familiers qui ont un statut et une relation avec l’homme très différents de ceux des animaux de ferme. • Les systèmes de production mis en place dans différentes filières animales pour répondre à des impératifs e production suscitent de multiples interrogations. • Les porteurs d’enjeux intervenant dans le débat se sont multipliés.

Alors qu’auparavant, seul l’éleveur avait à prendre des décisions, désormais tous les acteurs des filières, de l’élevage à la distribution, mais également d’autres intervenants, tels que les associations de protection des animaux sont présents dans le débat. • L’étude de la douleur humaine est utile pour mieux cerne PAGF s 3 probablement eu un effet d’entrainement pour les recherches sur la douleur animale. L’objet d’étude central est la compréhension es mécanismes physiologiques de la douleur à des fins de sédation.

L’analyse de la physiologie de la douleur chez les animaux dans cette expertise a donc conduit à élargir le cercle des disciplines habituellement mobilisées sur cette question en associant aux neurobiologistes et aux physiologistes, des éthologues, des vétérinaires et des zootechniciens. Comme pour les sciences sociales, l’analyse de la llttérature a mis en avant la difficulté de définir précisément la douleur en regard de notions voisines couramment utilisées, telles que la souffrance et le bien-être animal.

Cette notion de conscience, les formes qui lui ont attribuées (état de vigilance, conscience primaire incitant à l’action, et conscience réflexive) et les espèces qui en seraient dotées sont actuellement objets de débats entre différentes communautés scientifiques • II faut parler de douleurs animales au pluriel L’analyse de la douleur chez fhomme a falt apparaître un élargissement significatif de la notion de douleur elle-même. Il existe différents types de douleurs, en fonction de leur localisation et de leur durée.

On distin notamment douleur aigüe PAGF 13 e animaux. • La douleur implique nociception, émotlon et conscience Il existe des définitions reconnues au plan international de la douleur chez l’homme et chez l’animal qui ont en commun d’associer trois composantes : la nociception, l’émotion et la conscience. La nociception est la capacité à détecter des stimuli susceptibles de menacer l’intégrité du corps. L’émotion correspond à la capacité à évaluer les caractéristiques du stimulus pour en moduler les effets.

L’existence d’une forme de conscience qui conduit à l’action est devenue sous l’impulsion des sciences cognitives un élément clé dans la reconnaissance des capacités des espèces animales à ressentir de la douleur. 4. Des degrés dans la capacité ? ressentir de la douleur en fonction des espèces Toute transposition d’une donnée obtenue sur une espèce particulière à la diversité des espèces animales n’est pertinente que si elle s’inscrit dans une perspective d’analyse phylogénétique.

Il existe des controverses sur la capacité de tous les vertébrés et de certains invertébrés à mobiliser, à l’identique de ce qui se passe chez les mammifères, des émotions, un comportement d’évitement du stimulus nociceptif et une forme de conscience. La douleur, avec ses composantes sensorielle, cognitive, émotionnelle et PAGF 7 3 outils de mesure encore eu développés pour les animaux L’évaluation par l’homme de la douleur et du ressenti de l’animal ne peut se faire que de façon indirecte.

Elle est réalisée à partir d’un faisceau d’indices qui sont d’ordres lésionnel, physiologique, comportemental et zootechnique. Ces critères sont très détaillés pour les mammifères, moins nombreux chez les oiseaux, et encore moins chez les poissons. Ces indices peuvent être utilisés pour élaborer des grilles multiparamétriques de la douleur qui permettent d’effectuer un diagnostic de douleur fiable à grande échelle. Ces grilles ne sont validées aujourd’hui que pour le chien t le cheval. ?? La douleur au moment de l’abattage On observe des lésions dues aux manipulations ou aux interactions entre animaux avant leur arrivée sur la chaine d’abattage. Cependant, si ces lésions sont un élément important pour détecter des sources de douleur, l’appréciation de leur caractère douloureux ou nociceptif s’avère souvent difficile. La plupart des études sur l’efficacité de l’étourdissement et/ou de la saignée avant abattage porte sur des mesures indicatrices de l’état de conscience ou d’inconscience, ou de la capacité du cerveau à percevoir des stimuli venant de renvironnemen